La fasciolose à Fasciola gigantica est une maladie des ruminants bien connue à Madagascar depuis 1966 (DAYNES). C’est une helminhtose majeure provoquant de grosses pertes économiques pour l’éleveur. La diminution des productions de viande et de lait provient en partie de la propagation de cette maladie. Les paysans commencent leurs activités agricoles en début de saison de pluie avec leurs animaux de trait. Mais en cette période la fasciolose fait sentir au maximum ses effets d’où la nécessité de la traiter. Le traitement périodique instauré jusqu’ici n’a pas diminué la prévalence de cette maladie.
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LA FASCIOLOSE
Définition
La fasciolose est une des helminthoses majeures des animaux domestiques ou sauvages, c’est une affection parasitaire caractérisée par la migration des formes immatures des douves dans le parenchyme hépatique, puis par le développement et l’accumulation des formes adultes dans les voies biliaires des animaux ou même de l’homme. Fasciola hepatica ou Fasciola gigantica adultes se nourrissent de bile et de sang de l’hôte définitif.
Historique de la maladie à Madagascar
Dans l’histoire de la distomatose à Madagascar l’infestation à Fasciola hépatica et Fasciola gigantica ne se distinguent pas clairement (DAYNES, 1966). En 1901 des ovins Solognotes et Algériens ont les foies parasités par la petite douve. En 1904, le Lieutenant AMONC montre qu’il y a des moutons morts de la cachéxie ictérovermineuse à IBOAKA Fianarantsoa mais le genre de parasite responsable n’a pas été identifié. En 1905 le vétérinaire DUFOUR a signalé la présence de distomatose à Fianarantsoa(Iboaka). En 1929, POISSON et ADVIER , ont pu rencontrer dans la ferme de Vavavato (Betafo Antsirabe) et dans la ferme d’Ambovombe (Tuléar) des douves. En 1966 DAYNES a confirmé l’existence de Fasciola gigantica à Madagascar sur une vache de race zébu Malagasy dans la région de Mahasolo (Tsiroanomandidy). En 1968, on la rencontre sur les troupeaux laitièrs, sur les bœufs de charrette, sur les élevages traditionnels de Behenjy , Manalalondo et d’Ambatomirahavavy. En 1969, toute la région de Sakay est infestée, de même pour Ambohimandroso, Arivonimamo, Faratsiho ,Ambatolampy. Depuis 1970, la Fasciolose s’est rependue sur la cote Est de l’Ile, de Fort-Dauphin , Moramanga, en passant par le Sud de Fianarantsoa. Jusqu’en 1979, le Nord de l’île a été réputé indemne de la maladie mais depuis 1984, la partie Sud d’Antsiranana a été atteinte (Andapa, Antalaha, Maroantsetra).
Actuellement, la Fasciolose se répartit dans toute l’île et l’éleveur malagasy appelle sous divers noms comme « Belaziozy », « Dinta », « Dintan’omby » dans le haute terre ; « Linta»dans le Sud et « Dinta amin’ny atiny » dans le moyen ouest.
Epidémiologie
Epidémiologie descriptive
Caractéristique de la population étudiée
a. Connaissance de la population cible
La douve parasite le foie de très nombreux mammifères : ce sont les petits et les grands ruminants domestiques et sauvages qui sont les cibles préférées mais la maladie attaque aussi les Equidés, les Léporidés, les souris et les porcs. Selon EUZEBY en 1971 les chevaux sont aussi infestés par la fasciolose mais le cas est limité à cause de la rareté de broutage de l’herbe dans le pâturage humide. Des plus le cheval a de résistance spécifique vis-à-vis de ces parasites. L’espèce ovine est plus disposée à faire des hépatites suraiguë ou aiguë lors de la phase d’invasion alors que l’espèce bovine résiste mieux au cours de la période de pénétration car le foie du bovin à une structure plus fibreuse. Les lapins de type sauvage sont plus attaqués par la fasciolose par rapport aux lapins domestiques selon EUZEBY en 1971.
b. Connaissance de la population affectée
• Taux de morbidité
Le taux de morbidité varie suivant les régions et les traitements des animaux effectués .Il dépend aussi de la zone climatique car le climat favorise et amplifie le parasitisme chez le ruminant.
• Taux de mortalité
Le taux de mortalité dépend du degré d’infestation dans une région, de la zone climatique et surtout du traitement des animaux atteints.
La répartition dans l’espace
La propagation
A Madagascar, la morphologie du réseau hydrographique est très dense facilitant le déplacement des mollusques parasités par les formes intermediaires de Fasciola. De plus la circulation et la commercialisation du bétail favorise la dissémination de la maladie par les fécès. Si dès 1969, un cas était signalé à l’abattoir de Marovoay , sur un animal en provenance des plateaux , et ayant donc suivi un trajet anormal , la fasciolose ne s’est pas installée dans cette région. A l’abattoir de Tuléar, depuis 1970 où fut reconnu le premier cas, on note des saisies de foies atteints par la fasciolose. Ce qui s’explique non par un développement de la fasciolose au tour de Tuléar mais, par le fait que la zone d’approvisionnement de cet abattoir est la région de Mahafaly, d’Androy mais aussi la région Bara qui sont déjà dit infestés.
A l’abattoir de Tamatave, on note le premier cas en 1970 et depuis, les saisies effectuées dans cette région (Tamatave-Ambatondrazaka-Anosibe an’Ala) n’ont cessé d’augmenter. De même il faut noter l’abattage des bovins parasités à Mananjary et Manakara et l’on commence à trouver la fasciolose à l’état endémique dans la région en 1970.Mais il faut noter le problème d’élevage de bovin dans son ensemble ; en y incluant la transaction commerciale et le déplacement des bovins ainsi que les techniques d’embouche à l’herbe comme le « Dabokandro ».Souvent, ce transit se fait avec un arrêt plus ou moins prolongé à des fins d’embouche ou d’entretien même dans des zones dites d’élevage comme le moyen Ouest en particulier et où ils ont la possibilité de s’infester de façon importante et de façon grave.
La distribution
La fasciolose est fréquente d’un bout à l’autre de l’Afrique et se rencontre également en Asie. Sa prévalence varie selon les zones climatiques et la répartition des réseaux hydrographiques. En Afrique, le taux d’infestation est parfois élevé. Voici quelques chiffres qui montrent ce taux :
Ethiopie : 9 à 30%
Kenya : 30%
Madagascar : 35%
Soudan : 37%
Tchad : 60 à 70%.
Si on parle le cas de Madagascar, les conditions climatiques sont compatibles au développement de parasites d’où le taux d’infestation élevé dans les six provinces. On peut classer les six provinces en trois cas :
-Les régions le plus touchée sont les provinces de Fianarantsoa et d’Antananarivo.
-Les régions moyennement touchée sont la province de Toamasina plus précisément dans la région Alaotra Mangoro et de la province de Tuléar.
-Les régions faiblement touchées comme Antsiranana et Majunga.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. Définition
II. Historique de la maladie à Madagascar
III. Epidémiologie
III.1. Epidémiologie descriptive
III.1.1. Caractéristique de la population étudiée
a. Connaissance de la population cible
b. Connaissance de la population affectée
III.1.2. Répartition dans le temps
a. Fréquence de la maladie
b. Evolution saisonnière
III.1.3. La répartition dans l’espace
a. La propagation
b. La distribution
c. La répartition
III.2. Epidémiologie analytique
III.2.1. Source de contamination
a. Organisme vivant
b. Les cadavres
c. Les milieux extérieurs
III.2.2. Mode de transmission
III.3. Epidémiologie synthétique
III.3.1. Etude de l’agent pathogène
a. Systématique
b. Morphologie
c. Biologie
d. Résistance
e. Cycle évolutif de la douve du foie
f. Exigences du parasite
III.3.2. Etude de l’hôte intermédiaire
a. Systématique
b. Morphologie
c. Biologie
d. Phénomène dynamique
e. La répartition des Limnées
f. Cycle de développement de Limnaea natalensis
g. Les gîtes
h. Variation saisonnière des limnées
III.3.3. Les relations entre l’hôte intermédiaire et les milieux
a. Relation de l’hôte par rapport au milieu
b. Relation du milieu par rapport à l’hôte
IV. Pathogénie
IV.1. Action mécanique
IV.2. Action spoliatrice
IV.3. Actions inoculatrice et favorisante des infections
IV.4. Etude anatomo-clinique
IV.5. Les symptômes
IV.6. Les lésions
IV.7. Résistance de l’hôte définitif à l’infestation
V. Diagnostics
V.1. Diagnostic clinique
V.2. Diagnostic expérimental
V.3. Diagnostic direct
V.4. Diagnostic indirect
VI. Importance de la Fasciolose
VI.1. Les pertes observées sur les animaux vivants
VI.2. Les pertes observées sur les animaux abattus
VII. Luttes et traitements
VII.1. Lutte écologique
VII.2. Lutte biologique
VII.3. Lutte chimique
VIII. Prophylaxie
VIII.1. Prophylaxie sanitaire
VIII.1.1. Mesures défensives
VIII.1.2. Les mesures offensives
a. Les moyens physiques
b. Les moyens chimiques
c. Les moyens biologiques
VIII.2. Prophylaxie médicale
CONCLUSION