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La diffusion dโInternet en Afrique
Le modรจle de Larry Press
Le modรจle illustratif le plus usitรฉ dans la diffusion dโinternet dans un pays est celui de Larry Press8 (1998, 2001).La mรฉthodologie est un audit, rรฉalisรฉ ร partir dโune mรฉthode dโรฉvaluation รฉprouvรฉe au niveau international et basรฉ sur un modรจle descriptif et analytique spรฉcifique-pays. Elle sโappuie sur un examen mรฉthodique et indรฉpendant des tรฉlรฉcommunications dans la zone de rรฉfรฉrence en vue de dรฉterminer si les activitรฉs et rรฉsultats observรฉs satisfont aux dispositions pertinentes et si elles sont mises en ลuvre de faรงon efficace et optimale, apte ร atteindre les objectifs. Lโรฉvaluation montre les acquis mais surtout les faiblesses des pays dans ce domaine de plus en plus important du dรฉveloppement รฉconomique. Le modรจle dรฉfinit รฉgalement un cadre utile pour รฉvaluer lโรฉtat de dรฉveloppement de lโinternet. Cโest un moyen dโaide ร la prise de dรฉcision stratรฉgique dans lโexpansion des capacitรฉs dans le secteur de lโรฉconomie numรฉrique.
Le modรจle repose sur six (6) dimensions: adoption sectorielle (AS), dรฉploiement (D), degrรฉ dโappropriation (DA), distribution gรฉographique (DG), infrastructure de connectivitรฉ (IC), infrastructure organisationnelle (IO). A chacune de ces dimensions est attribuรฉe une gamme de cinq (5) valeurs ordinales de 0 (nul ou inexistant) ร 4 (fortement dรฉveloppรฉ). Chaque valeur reprรฉsente un niveau caractรฉrisant des variables propres ร la dimension utilisรฉe. Chaque dimension dรฉcrit un aspect de lโรฉtat de lโinternet dans un pays, quand leur ensemble, lui, en constitue lโimage globale.
Productivitรฉ de lโรฉconomie numรฉrique et de lโinnovation
Aujourdโhui ร lโรจre du tout numรฉrique, la difficultรฉ est que la productivitรฉ porte davantage sur des domaines de production intellectuelle difficile ร chiffrer, ร comptabiliser, ร rendre statistiquement. La mutation sโoriente vers la civilisation de la connaissance qui suppose un profond changement de nature de la richesse et donc de la croissance.
Lโinnovation est dรฉfinie comme un moyen mis en ลuvre pour acquรฉrir un avantage compรฉtitif. Une innovation rรฉpond aux besoins du marchรฉ. Elle permet de crรฉer de nouveaux produits, de dรฉvelopper ou dโamรฉliorer des produits existants, dโoptimiser un systรจme de production ou encore dโadopter des technologies nouvelles. Le plus souvent ces technologies sont issues de la recherche fondamentale ou appliquรฉe publique ou issue du dรฉpartement Recherche et Dรฉveloppement (R&D). Frascati, (OCDE, 2012).
Lโinnovation numรฉrique est donc, le produit de la R&D digitale et consiste ร multiplier lโintelligence par la puissance intellectuelle gรฉnรฉralisรฉe et numรฉrisรฉe. Au fond, la matiรจre premiรจre de la crรฉation des nouvelles richesses du nouveau monde est la connaissance qui par nature est un bien public car lorsquโon partage une connaissance, on ne sโappauvrit pas et grรขce ร lโinternet, elle se diffuse, se reproduit, se multiplie ร coรปt marginal nul.
Cependant, des entreprises naissent en masse (les start-ups) surtout dans le secteur du tertiaire avec de plus en plus de rendements, et la population est presque laissรฉe en rade dans cette mutation, avec en perspective un vrai monde sans emplois.
Malgrรฉ cette vision assez pessimiste, il est facile de reconnaitre que la mรจre de toutes les rรฉvolutions est bien le numรฉrique. La R&D explose avec, la robotique, les รฉnergies renouvelables, les nanotechnologies, la gรฉnรฉtique, lโamรฉlioration de lโhumain, la thรฉrapie cellulaire, la fabrication dโADN sur mesure, la reproduction dโorgane. Cโest le symbole mรชme des gains de productivitรฉ qui sont mesurรฉs par un indicateur nouveau ยซ la vitesse du numรฉrique ยป.
Sur le plan รฉconomique, il est ร noter que le dรฉveloppement du numรฉrique est rรฉgi par quatre (4) lois: la loi de Moore complรฉtรฉe par la loi de Kryder, la loi de Gilder (qui est une loi technologique), et la loi de Metcalfe (qui est une loi sociale).
La combinaison de ces quatre (4) lois confรจre au digital un caractรจre quasi irrรฉmรฉdiable ร sa fulgurante expansion รฉconomique (Source: Jarrosson, 2009 : Vers lโรฉconomie 2.0 p 22).
Ainsi, la numรฉrisation qui est immatรฉrielle accentue irrรฉversiblement la composante informationnelle et mondialisรฉe de l’รฉconomie numรฉrique et surtout de lโinnovation. Elle est gรฉnรฉratrice dโeffets de rรฉseau11 et dโun autre principe social fondamental de la connectivitรฉ connu sous lโappellation de la loi de Metcalfe12 qui indique que: ยซ lโutilitรฉ dโun rรฉseau est proportionnelle au carrรฉ du nombre de ses utilisateurs (N2)ยป. Ainsi, si une seule personne dispose dโInternet, la valeur du rรฉseau est pour ainsi dire nulle. Si deux individus ont accรจs ร internet, son utilitรฉ est de quatre. Si trois personnes sont connectรฉes, lโutilitรฉ dโinternet est de neuf, etc. Autrement dit : ยซ Plus un rรฉseau est grand, plus sa valeur augmenteยป. Cette loi sociale est la rรฉsultante technique de ยซlโeffet de rรฉseauยป ou ยซeffet de clubยป directs (tรฉlรฉphone), indirects (internet) cโest-ร -dire, un bien ou un service TIC est dโautant plus utile ร chacun quโil profite ร tous.
En dรฉfinitive, le sous-jacent de lโรฉconomie de lโinformation est la technologie. La digitalisation est portรฉe et rรฉsumรฉe surtout par la loi de Moore. En 1965, Goldon Moore lโun des fondateurs dโIntel Corporation (la premiรจre entreprise en termes de capitalisation boursiรจre) avait constatรฉ quโune puce (un microprocesseur) en remplacer une autre tous les 18 mois. Et chaque nouvelle puce รฉlectronique รฉtait deux (2) fois plus puissante que la prรฉcรฉdente. Ce principe de doublement de la productivitรฉ de la puce tous les 18 mois, ร prix constants, est appelรฉ la premiรจre loi de Moore: ยซ la puissance de traitement des microprocesseurs doublera, ร prix constants, tous les dix-huit mois ยป. Dix ans plus tard, en 1975, il amende cette loi en prรฉcisant: ยซ le nombre de transistors qui peuvent รชtre placรฉs sur une puce de silicium double tous les deux ans ยป. Cette รฉtonnante deuxiรจme loi sโest avรฉrรฉe exacte et tรฉmoigne de la rapiditรฉ de lโรฉvolution technologique dans lโรฉlectronique. En effet, un tel rythme de performance ne sโรฉtait jamais vu dans aucune technologie. Mais ร lโรฉpreuve du temps et de la densitรฉ du nombre des transistors, la loi de Moore sโessouffle, ralentit pour cause de difficultรฉs de dissipation thermique qui empรชchent une montรฉe en frรฉquence en dรฉpit de la taille toujours plus faible des composants. Elle est complรฉtรฉe par la loi de Kryder: ยซ la densitรฉ de stockage des disques magnรฉtiques sโest accrue plus rapidement que la densitรฉ des puces ยป. Cโest cette loi qui explique la prรฉsence dans le marchรฉ dโordinateurs de plus en plus puissants, compacts, et de moins en moins chers. Par exemple, un processeur qui en 1971, contenait 2000 transistors interconnectรฉs (Intel 4004) en contient en lโan 2011, un (1) milliard (Intel Core i3/i5/i7 Sandy Bridge)13: ce phรฉnomรจne engendre une vรฉritable explosion des capacitรฉs des disques durs des ordinateurs qui passent de mรฉgabits (106) ร Tรฉrabits (1012), et tendent irrรฉmรฉdiablement vers des pรฉtabits (1015), exabits (1018), zรชtabits (1021), yottabits (1024) etc. A chaque augmentation de performance, de nouvelles applications deviennent automatiquement possibles. Cette nouvelle vague devrait รฉmerger davantage dans les prochaines annรฉes, associรฉes tout dโabord ร la fabrication et ร la diffusion des puces 3D, puis dans un avenir beaucoup plus lointain, ร lโรฉlectronique quantique14. Les lois de Moore et de Kryder impulsent ainsi le rythme avec de belles perspectives, et sont le sous-jacent de la transformation de lโรฉconomie numรฉrique et de lโinnovation dans le cadre de lโรฉvolution qui rend possible la diffusion. La cadence est encore plus vive, plus nette que celle des rรฉvolutions prรฉcรฉdentes (la machine ร vapeur en 1765 en Angleterre, et lโรฉlectricitรฉ en 1870 aux Etats-Unis qui ont certes suscitรฉes des progrรจs dรฉfinitivement majeurs, mais ร une vitesse beaucoup plus lente).
Par ailleurs, la loi de Gilder รฉnoncรฉe en 1993: ยซ la capacitรฉ des rรฉseaux de tรฉlรฉcommunication triplera tous les ans ยป, montre lโeffort et le bond remarquable fait dans les tรฉlรฉcommunications. ยซ La performance รฉconomique ne dรฉpend pas seulement de la puissance de traitement, mais aussi de lโรฉchange qui est crรฉateur de valeur (quand deux personnes รฉchangent, cโest que pour chacune dโentre elles ce quโelle acquiert a plus de valeur que ce quโelle cรจde). Les rรฉseaux de tรฉlรฉcommunication constituent le systรจme nerveux de lโรฉconomie de lโinformation, au mรชme titre que les porte-conteneurs constituent le systรจme nerveux de lโรฉconomie industrielle ยป. Jarrosson (2009).
Cependant, une diffรฉrence de taille se pointe, dans le cas de lโรฉchange dโun bien physique, une fois vendu, le bien nโest plus possรฉdรฉ, il est perdu par le cรฉdant. Alors que dans le cas de lโรฉchange dโinformations, celui qui cรจde lโinformation continue de la dรฉtenir, il ne fait que la dupliquer et la transmettre presque sans coรปt. Autrement dit, dans lโรฉconomie industrielle, la valeur gagnรฉe par lโun est perdue par lโautre alors que dans lโรฉconomie de lโinformation la valeur gagnรฉe par lโun nโest pas perdue par lโautre.
La productivitรฉ globale des facteurs (PGF) issue du numรฉrique, va crรฉer รฉnormรฉment de nouvelles richesses qui risquent de se dรฉverser vers les services. Alors que les biens et services traditionnels prรฉsentent des limites physiques, lโintelligence est un bien durable, reproductible ร souhait. Les nouveaux biens numรฉriques, les nouvelles connaissances produisent de nouvelles richesses qui ร terme aboutissent ร des emplois de services dans les filiรจres dโavenir (Tableau 6, page 41). Ainsi comme le prรฉdisait Jouvenel(1968) ยซ les emplois de lโamรฉnitรฉ (bienveillance) de la vie ยป, cโest-ร -dire les emplois dโun nouveau type sโinstallent. Les gains de productivitรฉ sont plutรดt socialisรฉs de maniรจre qualitative et difficilement monรฉtarisรฉs, alors que lโamplification des qualitรฉs de la vie ne fait pas le PIB qui est quantitatif.
A la suite de ce progrรจs technique, on est en face de la destruction-crรฉatrice de Schumpeter(1942) prolongรฉe par la thรฉorie du dรฉversement dโAlfred Sauvy (1980) de ces secteurs numรฉriques en รฉbullition permanente.
HISTORIQUE DE LA R&D DANS LA ZONE UEMOA
A lโinstar des pays de lโOCDE, la R&D est formellement matรฉrialisรฉe par la Propriรฉtรฉ Intellectuelle (PI) au sein de lโOrganisation Mondiale de la Propriรฉtรฉ Intellectuelle (OMPI). De tout temps, le brevet dโinvention a toujours รฉtรฉ le titre de propriรฉtรฉ intellectuelle le plus connu des environnements scientifiques, technologiques, industriels et des affaires. A ce titre, il concentre, aujourdโhui, toutes les questions liรฉes au dรฉveloppement des entreprises, des politiques nationales et internationales. Il devient ainsi, lโoutil indispensable de lโextension des niches commerciales et industrielles.
Mais globalement la mesure de l’innovation est loin dโรชtre simple. Les instruments de mesure ou indicateurs sont de deux types. Les ยซ inputs ยป, c’est-ร -dire tout ce qui est injectรฉ dans le systรจme d’innovation (financement R&D, nombre de chercheurs, etc.) et les ยซ outputs ยป (publications, brevets, etc.). Si les premiers sont assez fiables, les seconds, en revanche, le sont moins (Massard, 2004).
Lโindicateur principal nรฉanmoins demeure la protection par les dรฉpรดts de brevets ร dรฉfaut l’innovation peut toujours รชtre considรฉrรฉe comme un produit sans valeur. Le propre de lโAfrique est que les populations ne disposent pas de la culture de brevets. Par consรฉquent, le niveau de lโinnovation apparait faible. Pour sa rรฉactivation afin de lui impulser une nouvelle dynamique les รฉtapes itรฉratives suivantes sont essentielles et dรฉterminantes : (i) dโabord sโappuyer sur des investissements publics & privรฉs consรฉquents, dans la durรฉe (ii) ensuite, cibler principalement deux indicateurs : la hausse du financement de la R&D, et lโaccroissement du nombre de chercheurs. Cโest lโinnovation qui va naรฎtre de la compilation de ces deux instruments financiers qui porte la vitalitรฉ dโune รฉconomie, autrement dit, la productivitรฉ est le fruit de lโinnovation qui ร son tour dรฉpend des choix d’investissement publics et privรฉs dans le long terme sur des infrastructures rรฉsilientes.
Historiquement, le processus de protection des ลuvres, en Afrique, a dรฉmarrรฉ le 13 septembre 1962, avec la signature ร Libreville au Gabon, entre douze (12) Chefs d’Etat et de Gouvernement, de l’Accord portant crรฉation de l’Office Africain et Malgache de la Propriรฉtรฉ Industrielle (OAMPI). Cet Accord est rรฉvisรฉ ร Bangui (Rรฉpublique Centrafricaine), le 2 mars 1977, pour donner naissance ร l’Organisation Africaine de la Propriรฉtรฉ Intellectuelle (OAPI).
Le 24 Fรฉvrier 1999, l’Accord de Bangui est ร son tour rรฉvisรฉ. Cette nouvelle rรฉvision
vise ร :
โข rendre ses dispositions compatibles avec les exigences des traitรฉs internationaux en matiรจre de propriรฉtรฉ intellectuelle auxquels les Etats membres sont parties, notamment l’Accord sur les Aspects des Droits de Propriรฉtรฉ Intellectuelle qui touchent au Commerce (Accord sur les ADPIC) de lโOrganisation mondiale du commerce (OMC);
โข simplifier les procรฉdures de dรฉlivrance des titres;
โข รฉlargir les missions de I’OAPI qui, au-delร de ses missions traditionnelles, doit promouvoir le dรฉveloppement des Etats membres au moyen notamment d’une protection efficace de la propriรฉtรฉ intellectuelle et des droits connexes et assurer la formation en propriรฉtรฉ intellectuelle;
โข รฉlargir la protection ร des objets nouveaux (obtentions vรฉgรฉtales, schรฉmas de configuration des circuits intรฉgrรฉs).
Le nouvel Accord est entrรฉ en vigueur le 28 fรฉvrier 2002. II renforce la crรฉativitรฉ et la protection des droits de propriรฉtรฉ intellectuelle pour garantir les investissements, faciliter le transfert de technologie et contribuer ainsi ร la croissance รฉconomique des Etats membres.
ยซ LโAfrique de lโOuest a enregistrรฉ une forte croissance รฉconomique ces derniรจres annรฉes, en dรฉpit de lโรฉpidรฉmie dโEbola et dโautres crises. Toutefois, cette croissance masque des faiblesses structurelles : les membres de la Communautรฉ รฉconomique des รtats de lโAfrique de lโOuest (UEMOA, CEDEAO) sont encore tributaires des revenus tirรฉs des matiรจres premiรจres et nโont pas rรฉussi ร ce jour ร diversifier leurs รฉconomies. Le principal obstacle est la pรฉnurie de personnel qualifiรฉ, notamment de techniciens. Seuls trois pays de lโAfrique de lโOuest consacrent plus de 1 % de leur PIB ร lโenseignement supรฉrieur (Ghana, Mali et Sรฉnรฉgal) et lโanalphabรฉtisme demeure une entrave majeure au dรฉveloppement de la formation professionnelle. Le Plan dโaction consolidรฉ de lโAfrique dans le domaine de la science et de la technologie (2005-2014) prรฉconisait la crรฉation de rรฉseaux rรฉgionaux de centres dโexcellence et une plus grande mobilitรฉ des scientifiques sur le continent. En 2012, lโUnion รฉconomique et monรฉtaire ouest-africaine a dรฉsignรฉ 14 centres dโexcellence qui, forts de ce label, ont obtenu une aide financiรจre de deux ans. La Banque mondiale a lancรฉ un projet similaire en 2014, mais sous la forme de prรชts. Le programme Vision 2020 de la CEDEAO (2011) fixe une feuille de route pour amรฉliorer la gouvernance, accรฉlรฉrer lโintรฉgration รฉconomique et monรฉtaire et promouvoir les partenariats public-privรฉ. La Politique de la science et de la technologie de la CEDEAO (2011) fait partie intรฉgrante de Vision 2020 et รฉpouse les ambitions du plan dโaction du continent en matiรจre de science et de technologie industrielle (STI). Jusquโici, le secteur de la recherche a eu peu dโimpact en Afrique de lโOuest, du fait de lโabsence de stratรฉgies nationales de la recherche et de lโinnovation, du faible niveau de lโinvestissement en R&D, de la participation limitรฉe du secteur privรฉ et du caractรจre insuffisant de la coopรฉration intrarรฉgionale entre chercheurs ouest-africains. Lโรtat reste de loin la principale source de dรฉpense intรฉrieure de recherche et dรฉveloppement (DIRD). La production ouest africaine de travaux scientifiques demeure faible, seuls la Gambie et Cabo Verde publiant 50 articles ou plus par million dโhabitants ยป. (Rapport 2015 Unesco).
Dans le domaine de lโรฉconomie numรฉrique et de lโinnovation, il faut rรฉaffirmer lโaspiration de lโAfrique ร devenir un centre dโexcellence, ce qui est de nature ร garantir son positionnement dans le commerce mondial. Pour ce faire, un รฉtat des lieux de la contribution de lโOAPI est nรฉcessaire pour faire de la propriรฉtรฉ intellectuelle un vรฉritable instrument de dรฉveloppement en Afrique impliquant la prise en compte dโune double dimension lรฉgislative et institutionnelle. LโOAPI doit rรฉsolument sโengager ร faire รฉmerger le continent africain, en lโextirpant de la hantise de la dรฉpendance, eu รฉgard ร lโรฉventail de richesses naturelles dont la nature lโa dotรฉ et du potentiel de ressources humaines de haute qualitรฉ souvent peu utilisรฉ. En effet, malgrรฉ le foisonnement et la fertilitรฉ des idรฉes, force est de reconnaitre que lโinnovation ouest africaine est dans une dynamique molle et semble un peu nonchalante reflรฉtรฉe par la rรฉalitรฉ des chiffres de lโinventaire des brevets dรฉposรฉs et des publications scientifiques (Tableaux 11 & 12, page 54 & 55).
ECONOMIE NUMERIQUE, INNOVATION ET PERFORMANCE ECONOMIQUE
Ce chapitre traite en deux sรฉquences les interactions thรฉoriques et empiriques entre lโรฉconomie numรฉrique, lโinnovation et la croissance รฉconomique. Dans une premiรจre approche, il sera procรฉdรฉ ร une revue des connaissances thรฉoriques et dans une seconde รฉtape
ร lโapport empirique, mais รฉgalement et surtout ร la prรฉsentation des historiques dans lโespace dโintรฉgration รฉconomique et monรฉtaire ouest africaine.
LIENS ENTRE ECONOMIE NUMERIQUE, INNOVATION ET CROISSANCE ECONOMIQUE: ETAT DES CONNAISSANCES
Dans cette section, nous donnons un aperรงu des thรฉories dans lesquelles les auteurs ont traitรฉ de lโรฉconomie numรฉrique, et de lโinnovation, notamment du rapport entre les deux concepts pour crรฉer de la valeur et valoriser la croissance.
Economie numรฉrique et croissance รฉconomique
Cette sous-section essaie dโexaminer lโapproche thรฉorique de lโรฉconomie numรฉrique et sa relation avec la croissance en Afrique de l’Ouest, oรน les TIC et la diffusion ont รฉtรฉ promues ร des initiatives politiques assez vigoureuses malgrรฉ des rรฉsultats pour lโinstant relativement maigres. Lโรฉconomie numรฉrique รฉvolue dans un monde de plus en plus basรฉ sur le savoir. Elle permet aux รฉconomies dโacquรฉrir et de partager des idรฉes, des compรฉtences, des services et des technologies au niveau local, rรฉgional, et mondial. Elle contribue aussi ร rendre lโรฉconomie mondiale plus intรฉgrรฉe par le principe de la dรฉmatรฉrialisation ร faible coรปt.
Lโรฉconomie numรฉrique est largement considรฉrรฉe comme ayant le potentiel pour contribuer positivement ร la croissance รฉconomique, au dรฉveloppement et ร amรฉliorer les conditions et la qualitรฉ de vie des individus et des mรฉnages. Dโune maniรจre gรฉnรฉrale, elle se prรฉsente comme lโun des fondements de la prospรฉritรฉ dโun pays. Une riche littรฉrature permet dโexaminer les contributions de lโรฉconomie numรฉrique ร la croissance รฉconomique. Cependant, les diffรฉrentes รฉtudes, notoirement axรฉes sur les pays amรฉricains et europรฉens ont fourni une vue d’ensemble de la contribution de l’investissement dans les TIC ร la croissance รฉconomique dans plus de 100 pays dans le monde entier notamment avec Jorgenson & Vu, (2005).
Parmi les pionniers, ร avoir initiรฉ les premiรจres รฉtudes, nous pouvons citer : Oliner & Sichel (1994), Jorgenson & Stiroh (1995). Les travaux se sont dรฉroulรฉs principalement : aux Etats-Unis, Jorgenson (2001), Stiroh (2002), Oliner & Sichel (2003), Jorgenson & al. (2003a), Martรญnez & al. (2010); au Japon, Jorgenson & Motohashi (2005); en Espagne, Martรญnez & al. (2008); sur les รฉconomies de l’Union Europรฉenne, Colecchia & Schreyer (2001), Daveri (2002); sur les รฉconomies du G716, Jorgenson (2003); sur les comparaisons au niveau de l’industrie entre l’Union Europรฉenne et les รtats-Unis, Dimelis & Papaioannou, (2011).
Lโรฉconomie numรฉrique affecte tous les secteurs de lโรฉconomie de faรงon transversale quel que soit le niveau de dรฉveloppement surtout par le biais de lโinfrastructure mobile. La revue de la littรฉrature indique que la tรฉlรฉphonie mobile et l’accรจs ร la large bande peuvent conduire ร des marchรฉs compรฉtitifs, ร la crรฉation massive dโemplois, et ร la croissance du PIB. Plusieurs รฉtudes รฉconomiques dans des pays รฉmergents notamment avec Jensen, (2007) ร Kerala en inde, Klonner & Nolen, (2010), en Afrique du Sud, et Katz & al, (2011a), au Brรฉsil, montrent que lโรฉcosystรจme des tรฉlรฉcommunications rรฉpond ร des prรฉoccupations rรฉelles et amรฉliore le bien-รชtre des populations. En Afrique, il est relevรฉ globalement un retard pour tirer pleinement profit de cette nouvelle รฉconomie. Mais lโassaut des technologies mobiles et la libรฉralisation des marchรฉs ont permis le dรฉploiement rapide et ร moindre coรปt dans certains cas, des rรฉseaux de communication. Le marchรฉ de la tรฉlรฉphonie mobile est particuliรจrement important pour les pays en dรฉveloppement, oรน il croรฎt plus vite et oรน il apparaรฎt comme un outil qui permet de sauter les รฉtapes dโadoption technologique. Le nombre des nouvelles connexions tรฉlรฉphoniques dans les pays ร faibles et moyens revenus a dรฉpassรฉ celui des pays ร revenus intermรฉdiaires et ร hauts revenus depuis 1998 (World bank, 2008c).
Beaucoup de travaux ont รฉtรฉ rรฉalisรฉs ces derniรจres annรฉes sur les dรฉterminants de lโadoption des TIC, compte tenu de son impact sur lโaccรฉlรฉration du dรฉveloppement รฉconomique. Ces travaux ont รฉtรฉ menรฉs aussi bien dans les pays dรฉveloppรฉs que dans les pays en dรฉveloppement. ยซ Au total, il est nรฉcessaire de procรฉder ร une analyse des facteurs explicatifs de la demande de lโInternet par les mรฉnages africains, en sโappuyant sur une gamme assez large de facteurs relevant aussi bien du niveau microรฉconomique que du niveau macroรฉconomique, et portant sur un nombre reprรฉsentatif des pays africains subsahariens, tant aux plans รฉconomique, spatial que dรฉmographique ยป Diagne, A. & Birba, O (2009).
Alors que la plupart des รฉtudes ont tendance ร se concentrer sur les รฉconomies dรฉveloppรฉes, des รฉtudes plus rรฉcentes offrent des preuves de ces avantages dans le cas des pays รฉmergents et des pays en dรฉveloppement (PED). Par exemple, ร Kerala (Inde), l’introduction de la tรฉlรฉphonie mobile a positivement impactรฉe le marchรฉ de la demande dans le secteur de la pรชche (Jensen, 2007). De mรชme, au Niger, les prix des cรฉrรฉales ont chutรฉ, entraรฎnant une augmentation des profits et, en dรฉfinitive, l’amรฉlioration du bien-รชtre des consommateurs Aker(2008). Les producteurs de bananes en Ouganda ont su contournรฉ le caractรจre pรฉrissable des produits par une meilleure supply chain basรฉe sur une baisse des coรปts de distribution grรขce ร la couverture mobile. Au Kenya et en Tanzanie, le lancement des services financiers mobiles ont ร la fois, rรฉduit le coรปt des services bancaires et les charges transactionnelles, conduisant ร une forte rรฉduction de la population non bancarisรฉes. De mรชme, l’introduction de nouvelles applications mobiles m-Santรฉ (mobile-Health) au Ghana et au Cap-Vert a donnรฉ lieu ร des services de santรฉ de qualitรฉ plus accessibles et abordables. Tagodoe (2006), a รฉtudiรฉ le rapport entre la diffusion du droit et internet en Afrique de lโOuest pour rรฉvรฉler lโimportance de ce mรฉdium de communication. Conte (1999), en rรฉgressant le logarithme du nombre de comptes Internet pour 100 habitants, dans chaque pays africain, sur le logarithme de la population urbaine totale (en pourcentage), est parvenu ร la conclusion que lโusage de lโInternet est un phรฉnomรจne essentiellement urbain en Afrique.
Dans certains cas, la mise en place des rรฉseaux mobiles peut conduire au dรฉveloppement de nouveaux marchรฉs et services. Lorsqu’une rรฉgion a reรงu une couverture de rรฉseau sans fil en Afrique du Sud, par exemple, l’emploi a augmentรฉ de faรงon significative (Klonner & Nolen, 2010). En outre, plusieurs รฉtudes (Waverman, Meschi & Fuss, 2005; Shiu & Lam, 2008) trouvent un impact rรฉel sur la croissance รฉconomique. Gruber & Koutroumpis (2011) montrent, les effets de la tรฉlรฉphonie mobile sur la croissance du PIB en corrรฉlation avec le boom du mobile qui atteint des taux de pรฉnรฉtration qui dรฉpassent les 100% dans les pays de lโUEMOA (UIT, 2015).
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : ECONOMIE NUMERIQUE ET INNOVATION DANS LโUNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE
I. GAIN DE PRODUCTIVITE DE LโECONOMIE NUMERIQUE ET FAIBLE CREATIVITE DES PAYS DE LA ZONE UEMOA
I.1. Mise en lumiรจre de la notion ยซ dโรฉconomie numรฉrique ยป
I.1.1. Comprรฉhension de lโรฉconomie numรฉrique
I.1.2. La diffusion dโInternet en Afrique
I.1.2.1. Le modรจle de Larry Press
I.1.2.2. Description et analyse de la diffusion dโInternet en Afrique
I.2. Productivitรฉ de lโรฉconomie numรฉrique et de lโinnovation
II. HISTORIQUE DE LA R&D DANS LA ZONE UEMOA
CONCLUSION
CHAPITRE II : ECONOMIE NUMERIQUE, INNOVATION ET PERFORMANCE ECONOMIQUE
I. LIENS ENTRE ECONOMIE NUMERIQUE, INNOVATION ET CROISSANCE ECONOMIQUE: ETAT DES CONNAISSANCES
I.1. Economie numรฉrique et croissance รฉconomique
I.2. Innovation et croissance รฉconomique
I.3. Les liens de causalitรฉ thรฉorique entre lโรฉconomie numรฉrique, lโinnovation et la croissance รฉconomique
I.3.1. Interaction par le canal de lโinclusion financiรจre en Afrique de lโOuest
I.3.2 Les nouvelles opportunitรฉs offertes par les TIC
II. ROLE DES INNOVATIONS DANS LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION SUR LES PERFORMANCES ECONOMIQUES EN AFRIQUE DE L’OUEST
II.1. Contribution empirique des TIC aux performances รฉconomiques
II.2. Analyses empiriques du rapport entre lโinnovation et la croissance รฉconomique dans lโUEMOA
II.3. Rรฉvolution du digital et performance รฉconomique
CONCLUSION
CHAPITRE III: MODELISATION DE L’APPORT DE L’ECONOMIE NUMERIQUE ET DE L’INNOVATION
I. REVUE DES APPROCHES METHODOLOGIQUES
II. SPECIFICATION DU MODELE
II.1. Prรฉsentation des diffรฉrentes variables: variable ร expliquer, variables dโintรฉrรชt et variables de contrรดle
II.2. Sources des donnรฉes
III. PRINCIPAUX RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Estimation et les tests essentiels par rapport au modรจle
III.1.1. Lโanalyse descriptive
III.1.2. Les diffรฉrents tests et estimation du modรจle
III.2. Interprรฉtations รฉconomiques des coefficients dโestimation et des รฉcart-types du
modรจle ร effets alรฉatoires
IV. IMPLICATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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