Madagascar présente une diversité biologique et un taux d’endémicité très élevé en espèces animales, allant de 91 à 96% des espèces reptiliennes malgaches sont endémiques (Glaw & Vences, 1997). Actuellement, 76 espèces de caméléons sont décrites dans la Grande Île parmi les 173 espèces dans le monde et reparties au sein de trois genres qui sont Furcifer, Calumma et Brookesia. De nouvelles espèces continuent à être découvertes. Cependant, des menaces pèsent sur les caméléons, à savoir la déforestation qui détruit l’habitat de l’animal en question et l’exploitation illicite par les collectes. Ces menaces diminuent la densité de la population des caméléons, voire même l’anéantir puisqu’il existe des espèces en voie de disparition. C’est la raison de notre étude car malgré la perception de ces dangers, les caméléons malgaches, même l’espèce la plus vulnérable telle que Furcifer belalandaensis, continuent à être exportés.
Depuis 1995, le commerce international des caméléons malgaches a été interdit par la convention CITES, à l’exception des 4 espèces qui sont : Furcifer lateralis, F. verrucosus, F. pardalis et F. oustaleti. Ces espèces ont une large aire de distribution. Les principales raisons sont la non exploration de certains habitats, le manque d’informations sur les espèces et l’absence de suivi des populations sauvages impliquées dans le commerce. Seulement quatre espèces malgaches ont été évaluées dans la Liste Rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) pour lesquelles le commerce est formellement interdit: Brookesia perarmata, Furcifer labordi, Furcifer minor et Furcifer campani. Parmi ces quatre espèces, le statut des trois dernières a besoin d’être mis à jour à cause de la densité de leur population assez élevée.
ZONE D’ETUDE
La forêt dense humide de basse altitude de Tsitongambarika est située au nord de la ville de Taolagnaro. Elle est l’une des nouvelles aires protégées et incluse dans le Système d’Aires Protégées de Madagascar(SAPM). Cette forêt a son importance particulière dans la région d’Anosy à cause de sa richesse en biodiversité. Elle est aussi une source de revenus pour la communauté locale par le bois de construction et le bois d’usage. La plupart des gens possèdent de parcelles de terre pour l’agriculture dans la zone d’occupation contrôlée de cette nouvelle aire protégée.
Choix de la zone d’étude
La zone d’étude a été choisie en raison de sa propre potentialité et de sa richesse en matière de biodiversité. L’espèce cible est Brookesia nasus. Elle est endémique de Madagascar. D’après les études faites par beaucoup de chercheurs, ce petit caméléon préfère les forêts intactes, il ne se trouve jamais dans une végétation dégradée ou ayant subi un défrichement. La forêt dense humide de Tsitongambarika abrite beaucoup d’espèces endémiques. Cependant, peu d’études ont été effectuées sur l’écologie et la préférence en habitat des caméléons malgaches malgré la forte endémicité, particulièrement dans le sud-est de Madagascar. Une grande partie de cette aire protégée n’a pas encore été touchée, seule une petite partie est réservée à l’usage quotidien de la population locale. La présence de ce deux types de milieux semble être nécessaire pour l’étude écologique afin de faire une comparaison entre différents milieux et de savoir la préférence en habitat de l’espèce B. nasus. C’est la raison pour laquelle la nouvelle aire protégée de Tsitongambarika a été choisie pour faire cette étude.
Situation géographique de la zone d’étude
La zone d’étude est la nouvelle aire protégée (NAP) de Tsitongambarika, forêt de Mamoareny, fokontany d’Ivorona, commune rurale d’Ifarantsa, district de Taolagnaro, avec les coordonnés géographiques S 24°49’25,6’’ et E 046°56’56,9’’ à 259m d’altitude. La recherche a été faite dans le noyau dur de l’aire protégée, dans deux localités dont l’une est située à l’est de la rivière Mamoareny et l’autre à l’ouest. Cette rivière est considérée comme une limite séparatrice entre ces deux sites.
La nouvelle aire protégée de Tsitongambarika
Tsitongambarika est une forêt dense humide de basse altitude, une aire protégée gérée par l’ASITY Madagascar, en étroite collaboration avec Bird life. Depuis l’année 2006, Tsitongambarika (I, II et III) est l’une des priorités nationales pour la nouvelle aire protégée. Cette zone est la source d’approvisionnement de bois de construction, d’où son importance dans les domaines social et économique. Depuis 2007, des travaux ont été entrepris dans cette nouvelle aire protégée pour la gestion durable. En 2007, les travaux effectués sont les suivants : création du « Task Force » à Tsitongambarika, cartographies et zonage provisoire du noyau dur, inventaire forestier, stratégie de gestion d’aménagement durable développée, scénario de gestion et de gouvernance sectionnés. En 2008, les actions faites pour la gestion durable de l’aire protégée de Tsitongambarika sont : une élaboration des dossiers de financement durable par l’Union européenne (U.E), une création des données disponibles pour l’élaboration du plan d’aménagement de gestion sécurisée. (PAGS), un arrêté de protection temporaire (décret 21480 du 02 décembre 2008). En 2009, une validation du plan de zonage a été faite suivie de la participation de la communauté locale de base (COBA) à la gestion des zones d’exploitation durable dans le zonage et plan(s) d’aménagement de l’Aire Protégée et ses environs. Les limites du noyau dur ont été également révisées.
Les difficultés rencontrées depuis la mise en place de cette aire protégée sont:
● Sortie de l’arrêté de protection temporaire retardé
● Compréhension de la délimitation de la NAP
● Durée de financement trop courte
● Recherche de financement à long terme
● Retard du financement des processus de la mise en statut définitif .
Climat
Pluviométrie
La commune rurale d’Ifarantsa avait un centre météorologique datant de l’année 1949. Ce centre a comme rôle de déterminer la température et la pluviométrie de la région. Le dernier service de ce centre date de 1976. La pluviométrie dans cette région est présumée être proche de celle du district de Taolagnaro. Le Service Météorologique de Taolagnaro se trouve sous la responsabilité de l’ASECNA. Le tableau suivant indique les moyennes de la pluviométrie, mesurées en millimètre d’eau, prélevées depuis 1976 à 2006 dans le district de Taolagnaro.
Dans cette région, il y a une alternance de saisons de pluies et de saisons sèches. Les pluies sont abondantes de Novembre à Avril, pendant lesquels la pluviométrieatteint une moyenne de 176,7mm. La moyenne mensuelle jours pluvieux est de 9 jours. Au mois de Mars, la pluviométrie atteint la valeur maximale de 240,8mm. Le mois le plus sec est le Septembre, la pluviométrie n’atteint que 58,8 mm d’eau seulement.
Température
La température la plus basse tourne aux alentours de 16°C en moyenne et la plus élevée est estimée à 30°C en moyenne ; données fournies par la direction régionale des eaux et forêts (DREFT) de la région Anosy en 2007. Des données ombrothermiques plus récentes ont été collectées au près du service météorologique d’Antananarivo, elles datent de l’année 2008 .
Le district de Taolagnaro connaît une précipitation assez importante. La moyenne mensuelle des pluviométries est de 123mm d’eau et la moyenne annuelle dépasse 1500mm. C’est un climat humide. En se référant au diagramme ombrothermique, les mois qui semblent les plus secs sont septembre et octobre. Pendant ces périodes, la pluviométrie est inférieure à 60 mm. Les pluies sont abondantes de novembre à avril, la pluviométrie atteint 170 mm et peu abondantes de mai au mois d’août. Ce sont les saisons humides.
En comparant les moyennes de la température et de la pluviométrie de l’année 2008 aux moyennes des trente dernières années (1976- 2006), nous constatons une élévation de la température moyenne annuelle et une diminution de la pluviométrie annuelle. La moyenne des trente dernières années montre que dans le district de Taolagnaro, le mois sec est seulement Septembre. Les données récentes montrent que dans cette région, la saison sèche est prolongée jusqu’au mois d’Octobre. Diverses causes en sont responsables, mais le plus spectaculaire est l’action anthropique par la surexploitation de la forêt.
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Table des matières
I- INTRODUCTION
II- ZONE D’ETUDE
II-1- Choix de la zone d’étude
II-2- Situation géographique de la zone d’étude
II-3- La nouvelle aire protégée de Tsitongambarika
II-3- Climat
II-3-1-Pluviométrie
II-3-1-Température
II-4- Relief, hydrologie et pédologie
II-5- Faunes et Flores
II-5-1-Faunes
II-5-2-Flores
II-6- Population humaine
II-7- Généralités sur les animaux étudiés
II-7-1-Systématique
II-7-2-La famille des Camaeleonidae (GRAY, 1825)
II-7-2-1-La sous-famille des Brookesinae (GRAY, 1865)
II- 8 – Brookesia nasus (BOULENGER, 1887)
II- 8 – 1- Morphologie
II- 8 – 2- Biologie
II- 8 – 3- Alimentation
II- 8 – 4- Reproduction
III- MATERIELS ET METHODE UTILISEE
III-1- MATERIELS
III-1-1- Matériels d’étude
III-1-2- Choix du matériel biologique
III-2- METHODOLOGIE
III-2- 1-L’échantillonnage à distance ou « Distance Sampling »
III-2- 1-1- Historique
III-2-1- 2- Principes
III-2-1- 3- Méthode sur terrain
III-2- 2- Analyse de l’habitat
III-2- 3- Etude biométrique
III-2- 4- Analyse et traitement des données
III-2- 4-1- Le Programme DISTANCE
III-2-4-2- Le programme Stat View
III-2- 4-3-L’Indice d’abondance de chaque espèce par 100m
IV- RESULTATS ET INTERPRETATIONS
IV-1-Richesse spécifique du site d’étude
IV-2- Structure de la population des Brookesia nasus
IV-2- Densité de la population des Brookesia nasus dans la forêt de Mamoareny
IV-3-Indice d’abondance des caméléons dans la forêt de Mamoareny
IV-4-Relation entre l’abondance des Brookesia nasus et la perturbation de la forêt
IV-4-1-Classification de l’habitat
IV-4-2- Influence de la perturbation de la forêt sur l’abondance des Brookesia
nasus
IV-5- Influence des variables caractéristiques de l’habitat sur l’abondance des
Brookesia nasus
IV-5- 1- La couverture de la canopée
IV-5- 2- La couverture de la litière
IV-5- 3- L’indice de bambou
IV-5- 4- Le nombre des arbres de taille moyenne
IV-5- 5- Le nombre des petits arbres
IV-5- 6- Les végétations ayant une hauteur inférieure à 50cm
IV-5- 7- La présence des arbres coupés
IV-5- 8- La présence des arbres brûlés
IV-5- 9- La présence de la rivière
IV-5- 10- L’épaisseur de la litière
IV-5- 11- La couverture rocheuse
IV-5- 12- Le nombre des grands arbres
IV-5- 13- L’indice de fougères
IV-5- 14- L’indice de lianes
IV-6- La hauteur du perchoir des Brookesia nasus
IV-6-1- Variation de la hauteur du perchoir de Brookesia nasus
IV-7- Préférences des Brookesia nasus
IV-7-1- Préférence en habitat
IV-7-2- Préférence en microhabitat
IV-7-2-1- Le type de plante préférée par B.nasus
IV-7-2-2- Etat du support préféré par l’animal : plante morte ou plante vivante
IV-7-2-3- La partie de la plante préférée par l’animal
IV-7-2-4- La hauteur de plante fréquentée par B. nasus
V- DISCUSSIONS
V-1- Richesse spécifique du site d’étude
V-2- Abondance et densité
V-3- Préférence en habitat
V- 4- Mensuration biométrique
V-5- Méthodologie
VI – CONCLUSION