Généralités sur le mil
Le terme « mil » regroupe un ensemble de graminées alimentaires annuelles qui ont pour caractéristique commune, la petitesse de leurs graines (Kane, 2014). Ces céréales sont surtout cultivées sur les terres marginales des régions sèches des zones tempérées, subtropicales et tropicales (Diakhate, 2013). Les espèces les plus importantes sont le mil pénicillaire ou mil à chandelle (Pennisetum glaucum (L.) R. Br.), l’éleusine (Eleusine coracana Gaertn.), le millet commun (Panicum miliaceum L.) et le millet des oiseaux (Setaria italica (L.) P. Beauv.) (FAO et ICRISAT, 1997 ; Diouf, 2015). Le mil à chandelle (Pennisetum glaucum (L.) R. Br.) compte pour près de la moitié de la production mondiale du mil (Kane, 2014 ; Diouf, 2015). Dans le monde, le mil à chandelle, avec une forte diversité morphologique et de nombreux cultivars, est essentiellement produit en Afrique sahélienne et en Asie (Inde et Chine). L‘Inde est le plus grand producteur mondial de mil alors qu‘en Afrique, les principaux producteurs sont le Nigéria, le Niger, le Burkina Faso, le Sénégal et le Soudan. En Afrique occidentale, notamment au Sahel et en Afrique centrale, orientale et australe, le mil est une culture traditionnelle (Elyas et al., 2002).
L‘adaptation aux conditions particulières de production du Sahel, zone à faible disponibilité en eau, à températures élevées, à terres à dominance plus ou moins sableuses et à systèmes de cultures traditionnels avec des itinéraires extensifs, fait que le mil y est une culture privilégiée par les paysans (ICRISAT et FAO, 1996 ; Serpentier et Milleville, 1993 ; Diouf, 2015). Au Sénégal, le mil est la principale céréale cultivée dans le Bassin arachidier qui fournit 60% de la production céréalière nationale avec 75% de la superficie totale emblavée en céréales (DSA, 1995-2002). La production annuelle de mil est d‘environ 600 000 tonnes avec des rendements faibles ne dépassant pas 750 kg à l’hectare (Diouf, 1990). Cette faible production fait que le Sénégal importe environ 600 000 tonnes de riz par an pour résorber le déficit en céréales (MDR, 1986 ; Kane, 2014).
Origine et répartition géographique
Les premiers écrits sur le mil remontent à Al-Idrissi (1154 cité par Brunken, 1977) qui a mentionné la culture de deux espèces de céréales dans la région d’Abyssinie. Ces deux espèces seraient le sorgho et le mil qui sont encore cultivés au Nil (Brunken,1977 ; Diouf, 2015). Tous les auteurs s‘accordent sur une origine Ouest Africaine du mil pénicillaire qui s‘est ensuite diffusé au sud du Sahara et au nord de la zone forestière (Clément, 1985 ; Tostain et al., 1987) entre le Soudan occidental et le Sénégal où on trouve de nombreuses espèces à l‘état sauvage (P. monodii et P. mollissimum) et celles cultivées. L’Inde est considérée comme un centre secondaire de diversité (Brunken et al, 1977). Le mil à chandelle a été domestiqué au Sahel il y a 4000 à 5000 ans à partir de Pennisetum violaceum (Lam.) Rich (Andrews et Kumar, 2006 ; Ben & Omar, 2013). Il s‘est répandu jusqu‘en Afrique de l‘Est et de là en Afrique australe, puis au subcontinent indien, il y a environ 3000 ans. Il a atteint l‘Amérique tropicale au XVIIIe siècle et les EtatsUnis d‘Amérique au XIXe siècle (Ben & Omar, 2013). Le mil (Pennisetum glaucum (L.) R. Br) est actuellement cultivé régulièrement pour son grain dans les zones semi arides d‘Afrique occidentale, les régions sèches d‘Afrique orientale et d‘Australie et dans le souscontinent indien. Il se cultive également pour son fourrage au Brésil, aux Etats Unis, en Australie et en Afrique du Sud (Kane, 2014).
Taxonomie et diversité génétique
Le mil à chandelle est une graminée, rustique, annuelle appartenant au genre Pennisetum. Le genre Pennisetum comprend environ 140 espèces (Jauhar, 1981) reparties dans les régions tropicales et subtropicales (Kane, 2014). Position systématique du mil (Source : Staff et Hubbard, 1934 ; Portères, 1950) :
→ Embranchement : Spermaphytes
→ Sous–embranchement : Angiospermes
→ Classe : Monocotylédones
→ Famille : Poaceae
→ Sous-famille : Panicoideae
→ Tribu : Paniceae
→ Genre : Pennisetum
→ Section : Penicillaria
→ Espèce : Pennisetum glaucum .
La section Penicillaria comprend, en plus des mils céréaliers cultivés, des formes d’aspect fourrager à l’état spontané retrouvées en Afrique (Brunken, 1977 ; Tostain et Marchais, 1993 ; Bezançon et al., 1997 ; Rai et al., 1997). Le mil est une espèce diploïde avec sept paires de chromosomes (2n=2x=14). Son génome est d‘une taille de 2400 Mb. C‘est une plante annuelle sexuée, hermaphrodite et allogame avec une protogynie fortement marquée, ce qui lui confère une hétérogénéité non négligeable (Hassane Moumouni, 2014). Sa pollinisation est anémophile (Mbaye, 2013). Pennisetum glaucum appartient à un complexe de trois taxons qui se croisent librement (Brink et Getachev, 2006 ; Bezançon et al., 1994). En l‘état actuel de la taxonomie du mil, Brink et Getachev (2006) recommandent de maintenir une distinction entre ces trois taxons : Pennisetum glaucum (L.) R. Br., Pennisetum sieberianum (Schltdl.) Stapf & C.E.Hubb. et Pennisetum violaceum (Lam) Rich (Kane, 2014).
Description botanique
Le mil est une plante annuelle d‘une hauteur moyenne de 1,50 à 4,50 m selon les conditions de culture et les variétés (Djibo, 2003). L‘appareil racinaire est de type fasciculé avec une seule racine séminale suivie par de nombreuses racines adventives à la base de la tige et des talles et par des racines de soutien qui naissent des nœuds les plus proches du sol. Le front racinaire colonisant le profil du sol, peut aller jusqu‘à 3.6 m de profondeur et explore les couches les plus profondes du sol en cas de stress hydrique (Ferraris, 1973 ; Diallo, 2012). La tige est de forme circulaire avec un nombre variable d‘entre-nœuds séparés par des nœuds à la base desquels les feuilles sont insérées par l‘intermédiaire de la gaine. Elle se termine par une inflorescence en forme d‘épi cylindrique de longueur pouvant aller de 20 à 120 cm et d‘un diamètre de 1,5 à 3 cm. Les entre-nœuds peuvent donner des talles secondaires et tertiaires pouvant porter des épis productifs mais de moindre importance. Les feuilles s‘insèrent sur les nœuds, elles sont longues, étroites, alternes et formées d‘une gaine enveloppant complètement la tige et d‘un limbe lancéolé (Diallo, 2012). Au-dessous du limbe et de la gaine se trouve une petite languette membraneuse appelée ligule qui est courte et très ciliée. Les nervures sont parallèles. L‘inflorescence est constituée d‘une panicule apicale très dense et de forme cylindrique (Ben & Omar, 2013). Les épis sont formés d’épillets solitaires ou groupés en 2 à 5, biflores avec une fleur inférieure mâle et une fleur supérieure femelle. La floraison mâle se fait avant la floraison femelle et la fécondation croisée est dominante (Noba, 2002). Le fruit est un caryopse ovoïde de taille variable selon la variété et selon la condition (Diouf, 2015). Les graines sont densément réparties sur l‘épi et sont longues de 3 à 5 mm, globuleuses à elliptiques, de couleur blanche, jaunâtre ou grise (Illiassou, 2009 ; Mbaye, 2013).
Ecologie du mil
Le mil est une plante herbacée annuelle des zones semi-arides chaudes (Bouzou, 2009). C‘est une espèce xérophile considérée comme la céréale la plus effective pour l‘utilisation de l‘humidité du sol et présentant une tolérance à la chaleur plus élevée que celles du sorgho et du maïs (White et al., 1959). C‘est une graminée très adaptée aux milieux secs à pluviométries faibles comme le sahélien (Diouf, 2015).
Le mil a une forte aptitude à mettre en place des mécanismes physiologiques de tolérance à la sécheresse : ralentissement des pertes en eau au niveau des feuilles supérieures, maintien d’un niveau hydrique favorable au bon remplissage des grains (Winkel et Do, 1992 ; Ben & Omar, 2013). C‘est une culture peut exigeante pour la fertilité des sols et qui peut se développer sur des sols légers notamment sablo argileux bien drainés contrairement au sorgho qui se développe sur des sols plus lourds ou argileux (Yahaya, 2009 ; Niang, 2018).
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Table des matières
INTRODUCTION
I. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1. Généralités sur le mil
1.1 Origine et répartition géographique
1.2 Taxonomie et diversité génétique
1.3 Description botanique
1.4 Ecologie du mil
1.5 Culture du mil au Sénégal
2. Généralités sur l’Arachide
2.1 Origine et distribution géographique
2.2 Taxonomie et diversité génétique
2.3 Conditions écologiques de l’arachide
2.4 Culture de l’arachide au Sénégal
3. Généralités sur le Niébé
3.1 Origine et distribution géographique
3.1 Taxonomie et diversité génétique
3.2 Ecologie du Niébé
3.4 Culture du Niébé au Sénégal
4. Symbioses mycorhiziennes
4.1 Généralités sur les symbioses mycorhiziennes
4.1 Endomycorhizes ou mycorhizes arbusculaires
4.2 Rôles des symbioses endomycorhiziennes
5. L’association céréale-légumineuse
5.1 Types d’’associations de cultures
5.2 Avantages de l’association des cultures
5.3 Inconvénients de l’association des cultures
II. MATERIEL ET METHODES
2.1. Présentation de la zone d’étude
2.2. Le site d’étude
2.3. Types de sols
2.4. Matériel biologique
2.5. Méthodologie
2.5.1. Traitements et dispositif expérimental
2.5.2. Observations et mesures
2.5.2.1. Paramètres de croissances
2.5.2.2. Echantillonnage de racines
2.5.2.3. Evaluation des paramètres de mycorhization des racines
2.6. Analyses statistiques
III. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. RESULTATS
3.1.1. Effet de l’association culturale sur les paramètres de mycorhization et de croissance du mil en condition fertilisée ou non fertilisée
3.1.1.1. Effet sur les paramètres de mycorhization du mil
3.1.1.2. Effets sur les paramètres de croissance du mil
3.1.2. Effet des dates de semis de la légumineuse sur les paramètres de mycorhization et croissance du mil en condition fertilisée ou non
3.1.2.1. Effet sur les paramètres de mycorhization du mil
3.1.2.2. Effet sur les paramètres de croissance du mil
3.1.3. Effet des densités et des dates de semis de l’arachide sur les paramètres de mycorhization et de croissance du mil en association
3.1.3.1. Effet sur les paramètres de mycorhization du mil en association avec l’arachide
3.1.3.2. Effet des densités et des dates de semis de l’arachide sur les paramètres de croissance du mil en association
3.1.4. Effet des densités et des dates de semis du niébé sur les paramètres de mycorhization et de croissance du mil en association en condition fertilisée ou non
3.1.4.1. Effet des densités et des dates de semis du niébé sur les paramètres de mycorhization du mil en association
3.1.4.2. Effet des densités et des dates de semis du niébé sur les paramètres de croissance du mil en association
3.2. DISCUSSION
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES