Biologie de la conservation des espèces
La biologie de la conservation repose principalement sur l’analyse des processus de maintien de la biodiversité, à différents niveaux spatio-temporels et éco-systémiques, afin de fournir des éléments tangibles pour la gestion conservatoire et durable des espèces, des communautés, des écosystèmes et des paysages. Suite aux pratiques anthropiques plus ou moins drastiques et aux changements des modes d’usage des sols, la dynamique de la biodiversité constitue une préoccupation scientifique, économique et sociale de premier plan en cette fin de siècle. Aussi, les recherches et opérations de biologie de la conservation en milieu méditerranéen s’avèrent primordiales dans l’élaboration d’une stratégie de développement durable, pour cette région à haute biodiversité (richesse spécifique et endémisme). La diminution récente de la biodiversité est associée à la perte et la fragmentation des habitats et à la surexploitation des ressources vivantes par l’homme. Le prélèvement abusif d’espèces, l’introduction d’espèces exotiques, la pollution, les changements climatiques y contribuent également. Les perturbations humaines modifient les processus naturels de recolonisation ou de restauration et seule une gestion raisonnée des écosystèmes pourront limiter le nombre d’extinctions des espèces sauvages. Une prise de conscience générale de ce que l’on a appelé la crise de la biodiversité a émergé dans les années 1960-1970 mais ce n’est qu’au début des années 1980 qu’une nouvelle discipline, la Biologie de la conservation, a pris son essor (SOULÉ, 1980). Les grandes lignes en sont :
Etudier et comprendre les effets de l’activité humaine sur les espèces et les écosystèmes;
Développer des solutions judicieuses pour prévenir l’extinction des espèces les plus exposées. Il est donc devenu urgent d’étudier le comportement des populations animales et végétales face aux bouleversements environnementaux, d’où la mise en place, ces dernières années, d’un nombre croissant de programmes de conservation. Pour de nombreuses espèces, il est grand temps d’initier de tels projets afin de protéger et maintenir les populations naturelles existantes plutôt que d’envisager des plans de réintroduction beaucoup moins fiables et efficaces, et de surcroît nettement plus coûteux au plan économique. Pour limiter les échecs dans les opérations de protection, la biologie de la conservation doit passer par une phase d’étude approfondie de la biologie de l’espèce concernée. Dans le passé, la conservation des espèces se faisait par la réduction des taux d’extinction locale en maintenant un habitat local convenable. En 1985, SOULÉ définissait la biologie de la conservation comme étant un domaine visant à fournir des principes scientifiques et à les développer du point de vue technologique dans le but de maintenir la diversité biologique. L’apport de ces principes scientifiques montre qu’il est souvent nécessaire de changer d’échelles spatiale et temporelle. En effet, il est dangereux de se focaliser uniquement sur l’espèce menacée ; son maintien passe par la gestion de l’écosystème afin de ne pas se limiter à la population mais considérer le système dans sa totalité. La protection des espèces ne peut donc se concevoir sans celle de leur habitat dont la pérennité dépend du fonctionnement des systèmes écologiques de niveaux supérieurs dans la hiérarchie de l’organisation du monde vivant (communautés, écosystèmes, paysages) (BARNAUD, 1998).
Contexte du problème mondial de gestion des zones humides
A partir des années 1970, la société remet en cause l’exploitation abusive des ressources naturelles. Les notions de « fonctions écologiques » et de « valeurs » des zones humides se sont répandues au cours des dernières décennies (FUSTEC et al., 2000). Ce constat s’est opéré progressivement et a donné lieu à diverses législations relatives à leur protection sur le plan international et sur le plan européen. La Convention de Ramsar du 2 février 1971, consacre la conservation des zones humides d’importance internationale (BERNARD, 1994). Même si, comme le souligne ROMI (1992), la convention de Ramsar ne constitue pas un outil de protection à part entière, elle a permis d’ouvrir le débat tant à l’échelle européenne que nationale. Par ailleurs, la surproduction agricole incite à repenser la Politique Agricole Commune (PAC) au profit d’un plus grand respect des territoires d’un point de vue environnemental. A ce titre, le début des années 1980 marque un véritable essor et un tournant dans la recherche sur les zones humides (FUSTEC et al., 2000). Parmi les mesures éparses tendant à une reconnaissance des zones humides, on peut citer : Les directives « Oiseaux » et « Habitats » représentent la contribution communautaire au maintien de la biodiversité telle que stipulée par la convention de Rio.
Législation algérienne pour la protection des zones humides
En Algérie, il existe de nombreux textes juridiques qui régissent le domaine de la protection de la nature d’une manière générale, la principale loi est celle relative à l’environnement (N°83.03 du 5 février 1983). D’autres textes de loi dont les principales sont : la loi portant code de l’eau, la loi portant régime général des forêts, la loi portant code maritime, la loi relative à l’aménagement du territoire, la loi relative à l’urbanisme, la loi phytosanitaire, le code de la route, la loi relative à l’hygiène et à la santé, le code rural. En application de la loi N° 03-10 du 19 Juillet 2002, relative à la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable et la loi N°02-02 du 5 février 2002, relative à la protection et à la valorisation du littoral, l’Algérie doit allier de plus en plus la conservation des zones humides au développement durable. Elle doit en effet dans le but de les sauvegarder et de les gérer de manière rationnelle et durable, se préoccuper de connaître leurs aspects socio-économiques, leurs valeurs et fonctions.
Exploitations et altération du Lac des Oiseaux
Cinq menaces réelles sont connues :
Le pâturage : C’est l’une des plus grandes menace régnant sur le Lac des Oiseaux, les ruminants des riverains pâturent les bords du Lac pendant toute l’année, provoquant la destruction des plantes qui sont souvent difficilement identifiables surtout pendant l’été (HOUHAMDI, 1998). Cette végétation est aussi menacée par les riverains qui coupent les touffes de Typha angustifolia et de joncs Juncus acutus pour construire des abris et renforcer les toits de leurs chaumières.
Les pollutions : Le site est devenu une décharge publique, où les riverains viennent jeter leurs déchets et ordures. Les eaux polluées des entreprises et les égouts du village menacent dangereusement la qualité de l’eau du lac, augmentant ainsi la quantité des nitrates.
Le développement urbain : Le village est en pleine expansion surtout du côté de la sortie vers Boutheldja occupant toute la région méridionale du lac (construction des habitats et du lycée); L’aménagement d’un terrain de football sur les rives sud du lac, utilisé par les jeunes pendant toute l’année et les habitations implantées sur les secteurs nord-est et sudouest provoquent des dérangements importants pour l’avifaune aquatique.
L’agriculture : L’eau du lac est souvent utilisée pour irriguer les cultures environnantes, mais son pompage n’est pas très important. L’équilibre minéral du lac est perturbé suite à l’utilisation excessive des produits chimiques à des fins agronomiques.
Le dérangement des oiseaux : Par son positionnement à proximité de la route Nationale 44 et suite à l’expansion du village, les oiseaux se trouvent dérangés par les activités humaines autour du lac (la pêche, la chasse, le pâturage….), surtout pour les espèces nicheuses, telles que l’Erismature à tête blanche Oxyura leucocephala, la Poule sultane Porphyrio porphyrio et le Fuligule nyroca Aythya nyroca.
Méthode SCAN
Cette méthode se basant sur l’observation d’un groupe permet d’enregistrer les activités instantanées de chaque individu puis grâce à des transformations mathématiques fait ressortir le pourcentage temporel de chacune d’elle (ALTMANN, 1974). Elle présente l’avantage d’être la seule méthode appliquée dans des sites à végétations denses où les oiseaux d’eau (surtout les Anatidés) ne sont pas toujours observés durant de longues périodes (limite de l’échantillonnage focalisé). Elle élimine aussi le choix d’individus (BALDASSARE et al., 1988) mais comme il s’agit d’un échantillonnage instantané, il est pratiquement impossible de déterminer le statut social (par paires ou séparés) des oiseaux observés (PAULUS, 1984). L’étude des rythmes d’activités diurnes du Fuligule milouin a été menée une fois par quinzaine, en utilisant la méthode FOCUS durant trois années d’étude soit de septembre 2011 à mai 2014. Le comportement instantané d’un échantillon d’oiseaux est enregistré à des intervalles d’une heure à partir de 7 h du matin jusqu’à 17 h, totalisant 705 heures d’observations. Le comportement est divisé en cinq activités qui sont l’alimentation, le sommeil, la nage, le toilettage et le vol. Cette méthode adaptée aux grandes concentrations et aux grands espaces (BALDASSARE et al., 1988), fournit l’avantage d’une vision globale notamment sur les facteurs externes agissant sur les oiseaux (en particulier le dérangement) et les comportements de réponse adoptés par eux (modifications d’activités et de distribution).
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Table des matières
Introduction
Chapitre I: Cadre théorique de la biologie de la conservation des espèces et de la gestion de l’habitat
1.1.Processus d’extinction
1.1.1.Causes d’extinction des espèces
1.1.2. Principales raisons de déclin des espèces
1.1.2.1. Destruction ou modification des habitats
1.1.3. Aires protégées pour limiter les extinctions
1.2. Biologie de la conservation des espèces
1.3. Gestion des habitats
Chapitre II : Généralités sur les zones humides
2.1. Contexte du problème mondial de gestion des zones humides
2.1.1. Directive « Oiseaux »
2.1.2. Directive « Habitats »
2.1.3. Autres textes internationaux
2.2. Zones humides algériennes
2.2.1. Bref historique des zones humides algériennes
2.2.2. L’Algérie et la convention Ramsar
2.2.3. Principales menaces sur les zones humides algériennes
2.2.4. Législation algérienne pour la protection des zones humides
2.3. Complexe des zones humides d’El Kala
2.3.1. Marais de la Mékhada
2.3.2. Lac Tonga
2.3.3. Lac Oubeira
2.3.4. Lacs Mellah et Bleu
2.3.5. Lac des Oiseaux
Chapitre III : Matériels et Méthode
3.1. Présentation du site d’étude « Le Lac des Oiseaux »
3.1.1. Commune du lac des Oiseaux
3.1.2. Lac des Oiseaux (site Ramsar)
3.1.3. Pédologie
3.1.4. Géologie
3.1.5. Hydrologie
3.1.6 Climatologie
3.1.7 Cadres biotiques
3.2. Exploitations et altération du Lac des Oiseaux
3.3. Présentation du modèle biologique
3.3.1. Fuligule milouin
3.3.1.2. Systématique
3.3.1.3. Description générale
3.3.1.4. Écologie
3.3.1.5. Répartition géographique
3.3.1.5.1. Dans le monde
3.3.1.5.2. En Algérie
3.3.1.6. Menaces contre l’espèce
3.3.1.7. Difficultés d’identification (similitudes)
3.3.1.8. Comportements
3.3.1.9. Régime alimentaire
3.3.1.10. Propositions de gestion
3.3.2. Structure et dynamique du Fuligule Milouin dans le Lac des Oiseaux
3.3.3. Modalités d’occupation spatiale du Lac des Oiseaux par les Fuligules milouin
3.3.4. Etude des rythmes d’activité des Fuligules milouin
3.3.4.1. Méthodes d’échantillonnage
3.3.4.2. Méthode FOCUS
3.3.4.3. Méthode SCAN
3.3.4.4. Choix des postes d’observation
3.3.4.5. Analyses statistiques
Chapitre IV : Résultats et discussion
4. Résultats et discussion
4.1. Phénologie du Fuligule milouin Aythya ferina
4.1.1. Hivernage du Fuligule milouin durant la saison 2011/2012
4.1.2. Hivernage du Fuligule milouin durant la saison 2012/2013
4.1.3. Hivernage du Fuligule milouin durant la saison 2013/2014
5. Modalité d’occupation spatiale avec schéma de la distribution spatiale
6. Etude des rythmes des activités diurnes du Fuligule Milouin
6.1. Proportions des différentes activités diurnes durant la saison d’hivernage 2011/2012
6.2. Proportions des différentes activités diurnes durant la saison d’hivernage 2012/2013
6.3. Proportions des différentes activités diurnes durant la saison d’hivernage 2013/2014
7. Analyse statistique
8. Discussion
8.1. Phénologie du Fuligule milouin
8.2. Bilan des rythmes d’activités
8.2.1. Proportions des différentes activités diurnes
8.2.2. Variations des différents rythmes d’activités
Conclusion
Références Bibliographiques
Publication
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