Ecologie de la Sarcelle marbrée Marmaronetta angustirostris dans les zones humides

Le domaine de l‟écologie est traditionnellement scindé en deux disciplines distinctes:
l‟écologie des communautés, qui décrit la structure des communautés naturelles et identifie les facteurs qui en sont responsables, et l‟écologie fonctionnelle qui décrit et mesure les flux de matière et d‟énergie au sein de l‟écosystème. Au cours des dernières décennies, la biologie de la conservation s‟est développée lorsqu‟on s‟est rendu compte que notre mode de développement faisait peser une menace importante sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes. Il entraîne en effet la pollution des milieux, la destruction des habitats, la surexploitation de nombreuses ressources naturelles et le déplacement des espèces à travers le globe, favorisant les invasions biologiques et l‟homogénéisation biotique. La biologie de la conservation est donc une science de crise qui doit étudier les causes de déclin de la biodiversité et tenter d‟y apporter des solutions (Soulé, 1985).

Les premières mesures de protection de la nature allant au-delà, c‟est-à-dire visant explicitement à la conservation de la biodiversité, datent des années 1970 aussi bien au niveau mondial, qu’européen et national (Convention de Ramsar sur les zones humides, Convention sur le Commerce International des Espèces de faune et de flore Sauvages menacées d‟extinction ou CITES, Convention de Berne, …). Ces mesures sont avant tout des décisions politiques passant par le vote d‟un texte de loi. La mise en œuvre de ces textes est assurée par les gestionnaires de l‟environnement regroupés au sein de structures diverses, comme les services centralisés ou décentralisés de l‟Etat et les associations nationales ou internationales. Les listes d‟espèces protégées constituent le deuxième outil le plus largement utilisé dans le cadre de la conservation de la biodiversité. Elles sont des outils législatifs essentiels pour la protection de la nature. Au niveau mondial, il existe plusieurs accords internationaux qui reposent au moins partiellement sur des listes d‟espèces devant faire l‟objet de mesures de protection. C‟est le cas de la Convention sur le Commerce International des Espèces de faune et de flore Sauvages menacées d’extinction, connue par son sigle CITES (1973), et de la convention de Ramsar sur les zones humides (1971) .

Les zones humides de l’Est 

Wilaya d’El-Tarf

Lac Oubeïra
Le Lac Oubeïra (36°50’N, 08°23’E) s’étale sur une superficie de 2 600 ha avec une profondeur maximale de 2 m (Morgan, 1982). Il est caractérisé par une végétation submergée dominée par les potamots Potamogeton lucens, P. pectinatus, les rubaniers Sparganium erectum, les callitriches, la glycérie d’eau, la menthe, les renoncules, Polygonum amphibium et les scirpes. Cependant le plan d’eau est réputé pour sa châtaigne d’eau Trapa natans qui donne une couleur rouge caractéristique (Miri 1996, Samar 1999). Ce lac constitue un site d’importance unique en Afrique du Nord pour le Fuligule Morillon et le Canard Chipeau (Van Dijk et Ledant 1980). Il est le siège de nidification pour les Foulques macroules, Grèbes huppés, grèbes castagneux, et les Canards Colvert (Chalabi et Van Dijk 1987, Triplet et al., 1991). Dix espèces de poissons à intérêt économique et écologique ont été répertoriées dans le lac, six allochtones Ctenopharyngodon idella, Hypophtalmichthys molitix, Aristichthys nobilis, Cyprinus carpio, Carassius auratus et Gambusia affinis et quatre autochtones Barbus callensis, Anguilla anguilla, Mugil ramada et Pseudophoxinus callensis (Kahli, 1996).

Lac Tonga 

Le Lac Tonga (36°53’N, 08°31’E) de 2 400 ha de superficie (Abbaci 1999). Il est alimenté principalement par l‟Oued El-Hout au Sud et par l‟Oued El-Eurg au Nord-Est avec quelques petits cours d’eau issus des crêtes qui l’entourent. Au Nord, nous remarquons l’Oued Méssida qui permet d’évacuer l‟excès d’eau vers la Méditerranée. La côte du lac est située à 2.20 m au-dessus de la mer et sa profondeur est voisine de 2.80 m ce qui permet d’avoir un écoulement lent et pourrait expliquer l’échec des travaux d‟assèchement entrepris par le gouvernement français au début des années 1920 (Thomas, 1975). La végétation du Lac Tonga est très diversifiée (Kadid 1989, Dd Belair 1990, Abbaci 1999). Les collines gréseuses sont recouvertes de chênes liège. Les dunes à l’Ouest de la Messida sont occupées par le pin maritime et le pin pignon. Cependant une aulnaie de 57 ha décrite par Maire et Stephensson (1930) comme étant une association Alnetum glutinosa occupe le Nord du lac (Belkhenchir 1998, Abbaci 1999). Le climat quasi tropical régnant sur cette aulnaie a favorisé le développement des cyprès chauves, peupliers de Virginie, aulnes glutineux, ormes champêtres et les acacias. Dans le plan d’eau, il y a des formations émergentes de Scirpus lacustris, Phragmites australis, Typha angustifolia, Iris pseudoacorus, Sparganium erectum, Lythrum salicaria, Lycopus europaeus, Oenanthe fistulosa, Ranunculus baudotii (Kadid 1989, Abbaci 1999). Du point de vue avifaunistique, le Lac Tonga est un site privilégié de nidification pour le Fuligule Milouin Aythya ferrina, la Poule sultane Porphyrio porphyrio, Héron crabier Ardea ralloïdes, Héron bihoreau Nycticorax nycticorax, Héron pourpré Ardea purpurea, Butor étoilé Botaurus stellaris, Le Fuligule nyroca Aythya nyroca et l‟Erismature à tête blanche Oxyura leucocephala (Chalabi, 1990).

Lagune Mellah

De forme ovoïde, de longitude 8° 20’E et de latitude 36°53′ N, s‟étale sur une superficie de 860 ha, le grand axe orienté Nord-Ouest, El Mellah est une lagune d‟une profondeur maximale de 6 m reliée à la mer par un chenal artificiel long de 900 m. Oued El Aroug qui se jette au sud du lac sous forme d‟un delta forme des milieux saumâtres de Salicornes et de Joncs et inonde une ripisylve de frêne (Fraxinus angustifolia). Le lac Bleu, situé sur la berge-Est du Mellah, est une dépression interdunaire d‟eau douce alimentée par la remontée de la nappe phréatique et des eaux de pluies qui s‟infiltrent à travers les sables des dunes qui l‟entourent. La salinité, caractéristique hydro -chimique la plus originale du site, se caractérise par une distribution qui décroît selon un gradient Nord-Sud avec des valeurs de sel atteignant 23% du millième près du chenal et 19% du millième près de l’embouchure (Anonyme, 1982).

Site de gagnage et de remise, le Mellah est important pour la sauvagine qui l‟exploite d’octobre au début mars. Le Fuligule morillon (Aythya fuligula), y prélève principalement et durant 5 mois environ des mollusques bival ves ou Coques blanches (Cardium edule), des palourdes (Ruditapes decussatus) et des moules (Mytillus galloprovencialis ) très abondantes. Le Canard siffleur (Anas penelope) en fait sa remise durant près de sept mois, de septembre à mars. C‟est un gîte d‟étape pour la Foulque macroule (Fulica atra) qui s‟y arrête en cours de migration. Le Grèbe huppé (Podiceps cristatus), présent toute l’année, y prélève une nourriture piscicole abondante et le Grèbe castagneux (Podiceps ruficollis) l‟exploite toute l‟année. La richesse biologique et la grande production d’invertébrés et de poissons s‟expliquent par le gradient de variation spatiale et temporelle dans la salinité de l’eau (Morgan1982). La présence d’oeufs d’Enchoie (Engraulis engrasicholus) met en évidence un milieu particulièrement favorable à la ponte et au développement des juvéniles de cette espèce (DGF, 2004).

Lac des Oiseaux
Le Lac des Oiseaux (36°47’N 08°7’E) présente une surface plus ou moins ovale (Houhamdi 1998), étirée vers le Nord-Ouest par une queue d‟étang caractéristique de rives faiblement inclinées et de petite profondeur (Arrignon 1962). D‟après Joleaud (1936) le lac s‟étendait sur 150 ha avec une profondeur de 2.5 m au maximum et un dépôt de matières organiques de 1 à 3 cm. (Samraoui et al., 1992) précise que diverses pressions s‟exercent sur le lac menaçant son intégrité écologique et que ce dernier occupe uniqueme nt 70 ha en période de pluie et 40 ha en période sèche avec un dépôt de matière organique de 20 cm. Actuellement après des estimations planimétriques, le lac s‟étale sur 46 ha avec une surface d‟eau libre de 35 ha et une profondeur de 2 m. Notons que Morgan (1982) in (Houhamdi 2002) rapporte que le lac a une salinité de 0.3‰ maximale en septembre et octobre.

Marais de la Mékhada
Le marais de la Mékhada de 10000 ha de superficie présente une salinité voisine de 4.6g/l et une profondeur moyenne de 1 m (Morgan 1982). Cette étendue d’eau caractérisée par ses assèchements annuels entre juin et novembre, présente une végétation très diversifiée recouvrant plus de 90% du marais. Le cortège floristique du site est constitué principalement de scirpes (Scirpus lacustris et S. maritimus), phragmites (Phragmites australis), typhas (Typha angustifolia), glycéries, myriophylles (Myriophyllum spicatum), Nitella sp, Alisma plantago aquatiqua, Zanichellia sp, Lemna minor, Ranunculus baudotii. Autour du marais Cynodon dactylon, Paspalum distichum, Bellis annua et B. repens (De Belair et Bencheikh El Hocine 1987). En décembre 2 000 un effectif voisin de 40 000 oiseaux d’eau a été recensé, constitué principalement de Fuligule Morillon, Fuligule Mil ouin, Sarcelle d’hiver, Canard Colvert, Canard Souchet et Canard Siffleur (Quezel et Santa (1962). Enfin quatre nichées d’Erismature à tête blanche ont été observée s durant en juillet 1992 (Boumezbeur, 1993).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction générale
Contexte et objectifs de cette thèse
Structuration de la thèse
Chapitre I Présentation de la région d’étude
Introduction
1. Les zones humides de l‟Est
1.1. Wilaya d‟El-Tarf
1.1.1. Lac Oubeïra
1.1.2. Lac Tonga
1.1.3. Lac Mellah
1.1.4. Lac des Oiseaux
1.1.5. Marais de la Mékhada
1.1.6. Lac Noir
1.1.7. Aulnaies d‟Aïn Khiar
1.2. Wilaya d‟Annaba
1.2.1. Lac Fetzara
1.2.2. Sidi Achour
1.2.3. Boukhadra
1.2.4. Salines
1.2.5. Boussedra
1.3. Wilaya de Skikda
1.3.1. Le complexe de Guerbes-Sanhadja
1.4. Wilaya de Jijel
1.4.1. Lac de Béni Bélaïd
1.5. Wilaya de Sétif
1.5.1. Sebkhet El Hamiet
1.5.2. Sebkhet Bazer
1.5.3. Chott El Beïda-Hammam Essoukhna
1.5.4. Chott El-Frain
1.5.5. La sebkha de Melloul
1.6. Wilaya d‟Oum El Bouaghi
1.6.1. Garaet Tarf
1.6.2. Garaet Ank Djemel
1.6.3. Garaet Guellif
1.6.4. Garaet El-Marhsel
1.6.5. Chott El-Maleh
1.6.6. Sebkhet Djendli
1.6.7. Ougla Touila
1.6.8. Sebkhet Gémot
1.6.9. Sebkhet Ezzemoul et Chott Tinsilt
1.6.10. La plaine de Remila et la Garaet de Timerganine
1.7. Wilaya de khenchela
1.7.1. Sebkhet Ouled Amara et Sebkhet Ouled M‟Barek
2. Description du site d‟étude
2.1. Garâa Timerganine
2.1.1. Situation géographique
2.1.2. Carde biotique
a. Flore
b. Habitats
c. Faune
1. Avifaune
2. Amphibiens et reptiles 363. Mammifères
4. Entomofaune
2.1.3. Caractéristiques socio-économiques de la zone humide
2.1.4. Description du bassin versant de la Garaet de Timerganine
2.1.4.1. Régime hydrique
2.1.4.2. Climatologie
2.1.4.3. Géologie et géomorphologique
2.1.5. Fonctions de la zone humide
2.1.5.1. Fonctions hydrologiques
2.1.5.2. Fonctions biologiques
2.1.5.3. Fonctions socio-économiques
2.2. Marrai de Boussedra
2.2.1. Géologie et géomorphologie
2.2.2. Régime hydrique
2.2.3. Climatologie
2.2.4. Fonctions de la zone humide
2.2.4.1. Fonctions hydrologiques
2.2.4.2. Fonctions biologiques
2.2.4.3. Fonctions socio-économiques
Conclusion
Chapitre II Matériel et méthodes
Introduction
1. Matériel
1.1. Matériel biologique
1.1.1. Présentation de la famille des Anatidés
1.1.2. Description de l‟espèce étudiée
1.1.2.1. Comportements et activités
1.1.2.2. Dynamique des populations
1.1.2.3. Organisation sociale
1.1.2.4. Démographie et causes de mortalité
1.2. Matériel utilisé
2. Méthodologie de travail
2.1. Dénombrement
2.1.1. Buts et raisons
2.1.2. Techniques de dénombrement des oiseaux d‟eau
2.1.3. Méthodes d‟échantillonnage
2.1.3.1. La méthode absolue
2.1.3.2. La méthode relative
2.1.4. Dates et fréquences des dénombrements
2.1.5. Choix des points d‟observation
2.2. Etude des rythmes d‟activités diurnes
2.2.1. Méthodes d‟échantillonnage
2.2.1.1. Méthode FOCUS
2.2.1.2. Méthode SCAN
2.3. Biologie de la reproduction
Chapitre III Résultats et Discussion
Partie I
1. Phénologie de la Sarcelle marbrée dans les différentes zones humides des hauts plateaux
1.1. Evolution des effectifs de Sarcelle marbrée dans les différentes zones humides de la wilaya d‟Oum El Bouaghi
1.2. Evolution des effectifs de Sarcelle marbrée dans les différentes zones humides de la wilaya de Batna
1.3. Evolution des effectifs de Sarcelle marbrée dans les différentes zones humides de la wilaya de Sétif
1.4. Evolution des effectifs de Sarcelle marbrée dans les différentes zones humides de la wilaya de Khenchela
1.5. Suivi de l‟effectif hivernant à la Garaet de Timerganine
1.6. Occupation spatiale
1.7. Discussion
Partie II
2. Etude du rythme des activités diurnes
2.1. Variations journalières des rythmes d‟activités diurnes
2.2. Variation menstruelle des rythmes d‟activités diurnes de la Sarcelle marbrée dans la Garaet de Timerganine
2.1. Discussion
2.1.1. Analyse statistique multivariée
2.1.2. Utilisation de la zone humide
Partie III
3. Biologie de la reproduction
3.1. Effectif nicheur
3.2. Installation des nids
3.3. Caractéristiques des nids
3.4. Taille de ponte
3.5. Caractéristiques des œufs
3.6. Eclosion des œufs
3.7. Discussion
Conclusion

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *