Madagascar est l’un des plus grands producteurs de clous de girofle dans le monde. Il arrive en seconde place après l’Indonésie et précède entre autre la Tanzanie, le Brésil et les Comores (MFB, 2008). La production moyenne est estimée à environ 10 000 tonnes par an (PPRR, 2009). Cette production est repartie de Mananjary à Fort Dauphin et les Régions de Sava et de Diana (RANOARISOA, 2012). Ainsi, l’exportation de ces produits tient une place importante dans l’économie du pays (MFB, 2008). Le giroflier est cultivé pour les clous et pour les huiles essentielles extraits à partir des feuilles appelées communément « essence de girofle ». La culture et l’exploitation des girofliers se concentrent surtout Fenerive-Est, Mananara Nord et Soanierana Ivongo d’où l’appellation de la Région: « Analanjirofo », littéralement « Forêt des girofliers ». En effet, la région d’Analanjirofo particulièrement le District de Fénérive-Est est l’une des zones appropriées pour la plantation des girofliers et constitue la zone de production principale qui assure les 60% des produits de girofle total de Madagascar (PPRR, 2009). Les produits de girofliers y représentent la source principale de revenus avec éventuellement la vanille et les autres épices (PENOT et al., 2011). Depuis fort longtemps, la culture du giroflier y est pratiquée et une amélioration de la qualité de production a été enregistrée en adoptant les systèmes d’agroforesterie. Cette dernière a fait l’objet de quelques travaux de recherche. MICHELS et al. (2011) ont travaillé sur la détermination et l’analyse du système de plantation de giroflier de façon agronomique. L’histoire et l’évolution du mode de culture a été étudiée par RANOARISOA (2012). L’indication géographique des clous de girofle à Madagascar a été tracée par DEMANGEL (2011). RANAIVOARISOA (1980) a étudié la production et l’économie de girofliers.
Ces travaux antérieurs sont limités à la détermination du type de systèmes existants. Peu de données existent sur les caractères écologiques des parcelles et les types de système existants. De plus, la potentialité de production de chaque système de plantation est encore mal connue et très peu d’informations scientifiques sont disponibles quant à la croissance du giroflier ainsi que l’âge des plantations.
Localisation de la zone d’étude
Milieu abiotique
Climat et régime du vent
La Région Analanjirofo fait partie du domaine climatique perhumide chaud (CORNET, 1974). Cette zone est soumise au régime d’Alizé. Elle est caractérisée par l’abondance de précipitations, l’absence de saison sèche marquée et la fréquence des cyclones (DONQUE, 1975).
Pluviométrie
La pluviosité moyenne annuelle oscille autour de 2700 mm. Le nombre de jours de pluie varie entre 180 et 300 jours par an. Les mois les plus pluvieux s’étalent décembre à mars, tandis que la période allant du mois d’août au mois de novembre est considérée comme la moins arrosée Il n’existe pas de mois éco-secs dans la zone d’étude (DONQUE, 1975). La station météorologique la plus proche des sites d’étude se situe à Toamasina. Ainsi, les données climatiques recueillies et considérées sont celles de Toamasina.
Température
La température moyenne annuelle est de 24°C. Les mois les plus chauds sont décembre au mars et les températures les plus basses sont enregistrées entre le mois de mai et le mois d’août (DONQUE, 1975).
Diagramme ombrothermique
GAUSSEN (1955) a établi le diagramme ombrothermique pour mettre en évidence la répartition des mois écologiquement secs (éco-secs) et les mois pluvieux pendant une année. Le diagramme a été fait d’après la relation P = 2T entre la variation mensuelle de la température (T) et de la précipitation (P). Dans le diagramme il n’y a pas de saison sèche et de saison humide bien distinctes .
Relief et paysage
La zone d’étude présente une morphologie particulière. Des collines de haute altitude (800 à 900m) se dressent au fur et à mesure qu’on pénètre vers l’ouest (cas de site 1). Le plus souvent, les vallées sont drainées par des cours d’eau et sont propice à la riziculture irriguée (ONE, 2006). Dans ce cas, les plaines sont formées par :
– des plaines alluviales ou « hôbaka » ou « Baiboho »
– des bas-fonds ou « hôraka »
– des plaines côtières ou « ratanga»
La partie littorale (cas du site 2), est constituée par une série de collines de basse altitude (inferieur à 800m), séparées par des vallées de petite profondeur, parfois marécageuse (ONE, 2006).
Pédologie
Les substrats de la zone sont constitués par des :
– sols hydromorphes des bas-fonds ;
– sols ferrallitiques des pentes de collines et de hauts massifs ;
– sols d’apport fluvial.
Les sols hydromorphes, dénommés « hôraka », de couleur noirâtre; situés dans les basfonds sont en permanence saturés d’eau et dégagent une odeur de soufre. Ce type de sol ne convient à la riziculture que s’ils sont bien drainés. Par ailleurs, ils ne sont pas appropriés aux cultures pérennes (ONE, 2006). Les sols ferrallitiques, de couleur jaune sur rouge, apparaissent sur les hauts massifs. Ils y sont fortement rajeunis, humifiers, peu profonds et sensibles à l’érosion au moment de la mise en culture (ONE, 2006). Les sols d’apport fluvial, appelés « Baiboho » sont plus riches sur alluvions argileuses ou sableuses, surtout dans les vallées. Ces sols se trouvent surtout en bordure des cours d’eau. Ils sont favorables aux cultures pérennes pour autant qu’ils ne soient pas inondables, ou peuvent être aménagés en rizière (ONE, 2006).
Hydrographie
Le réseau hydrographique de cette zone est particulièrement abondant en conséquence de la forte pluviosité annuelle. Les principaux fleuves, rivières et lacs dans le District de FénériveEst sont : Maningory, Sahavaviana, Saranindona, Mananoka et Sahavatoina (ONE, 2006).
Milieu biotique
Flore et Végétation
Du point de vue phytogéographique, les sites font partie du domaine de l’Est (HUMBERT, 1955). Les types de végétation rencontrés sont des forêts denses humides sempervirentes et des forêts littorales (KOECHLIN et al., 1974), appartenant à la série à MYRISTICACEAE et Anthostema (HUMBERT, 1955). Ils sont inclus dans la zone écofloristique orientale de basse altitude (RAJERIARISON et FARAMALALA, 1999). En général, la nature de la formation végétale et leur mode de répartition varient en fonction des facteurs édaphique, anthropique et topographique, ainsi on observe les cinq variétés de formation suivantes :
– la forêt dense humide sempervirente qui s’installe sur les collines orientales ;
– les savoka à Ravenala qui sont localisés sur les bas-fonds ;
– les savoka boisées ou non qui se trouvent sur les collines plus ou moins hautes ;
– la forêt littorale qui se situe sur les dunes sableuses ;
– et les mosaïques de savanes, de cultures et de plantations (cocotiers, caféier, canne à sucre, giroflier, palmier à huile, bananier,…) qui occupent les plaines et les versants à pente faible.
Faune
La disparition des habitats naturels dans la région d’étude est à l’origine de la pauvreté de sa faune. Les Amphibiens, les Reptiles (Sanzinia madagascariensis, Chamaeleonidae pardalis), les Oiseaux et les Mammifères sont représentés dans cette zone. 75 espèces sur les 223 espèces décrites dans la grande île aussi bien que les Reptiles 70 espèces sur les 342 etles micromammifères 19 espèces sur 53 y sont trouvées. (ONE, 2006).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE – MILIEU D’ETUDE
I-Localisation de la zone d’étude
II- Milieu abiotique
II-1- Climat et régime du vent
II-1-1- Pluviométrie
II-1-2- Température
II-1-3- Diagramme ombrothermique
II-2- Relief et paysage
II-3- Pédologie
II-4- Hydrographie
III- Milieu biotique
III-1- Flore et Végétation
III-2- Faune
IV- Milieu humain et socio-économique
IV-1- Population et démographie
IV-2- Us et coutumes
IV-3- Activités humaines
DEUXIEME PARTIE – MATERIELS ET METHODES
I-Matériels biologiques étudiés
I-1- Position systématique de l’espèce Syzygium aromaticum
I-2- Description de l’espèce
I-3- Organes étudiés
II-Méthodes d’études
II-1- Etudes préliminaires
II-1-1- Recueils bibliographiques
II-1-2- Choix des zones d’étude
II-2- Travaux sur le terrain
II-2-1- Choix des parcelles
II-2-2- Enquête ethnobotanique
II-2-3- Etude de la productivité en clous des systèmes agroforestiers
II-2-4- Etude écologique
II-2-5- Collecte des matériels végétaux
II-3- Etude au laboratoire
II-3-1- Anatomie du bois
II-3-2- Dendrochronologie
II-4- Traitement et analyses statistiques des données
II-4-1- Partie écologique
II-4-2- Partie anatomie
II-4-3- Partie dendrochronologie
TROISIEME PARTIE – RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I-Sites et caractères stationnels
II- Résultats des enquêtes
II-1- Histoire et évolution des plantations de giroflier selon les paysans
II-2- Estimation de l’âge de plantation de giroflier
II-3- Perception paysanne des girofliers
II-4- Menaces et pressions sur les girofliers
II-5- Productivité en clous
III-Caractérisations écologiques des systèmes de plantations de girofliers
III-1- Caractéristiques stationnelles globales des parcelles de plantation
III-2- Caractéristiques écologiques des parcelles de plantation de giroflier
III-2-1- Identification du type de système de plantation de giroflier
III-2-2- Subdivision des types en sous-types (ST) de système de plantation de girofliers
III-2-3- Caractéristiques stationnelles, floristiques et structurales de chaque système de plantation de girofliers
V-Anatomie du bois de Syzygium aromaticum
VI-Résultats des études dendrochronologiques
VI-1- Annualité des cernes de Syzygium aromaticum
VI-2- Rapport âge-croissance
VI-3- Ages de 15 rondelles collectées
QUATRIEME PARTIE – DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
I-Discussion
I-1- Méthodes
I-1-1 Communication avec les paysans
I-1-1 Dendrochronologie
I-2- Résultats
II-Recommandations
CONCLUSION