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La communauté du Jardin
La communauté du Jardin pourrait se définir selon la formule « Pas seul mais pas avec n’importe qui ». Autrement dit, il y avait dans le jardin d’Épicure une forme de cooptation pour admettre de nouveaux membres, un contrat, des rituels, des formes d’adoubements, peut-être des formes de « démocratie participative », nom donné aujourd’hui à une forme de partage et d’exercice du pouvoir, fondée sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de décision politique. Ces formes de démocratie participative s’observent par exemple dans le jardin partagé de Repainville que nous avons étudié à Rouen. Quelques indices de la philosophie de l’école d’Épicure nous sont donnés par Jacqueline de Romilly dans son ouvrage « la douceur de la pensée grecque » qui souligne des termes comme philanthrôpia qualité bien présente à Athènes et tout spécialement au jardin d’Épicure. Cette forme d’évergétisme visant à faire profiter de son bien les plus démunis du groupe, les étrangers par exemple160 « comme l’attitude accueillante d’Athènes à l’égard des étrangers, qu’elle ne chassait pas comme on faisait à Sparte », et faire fonctionner une communauté à hauteur de ses moyens par les dons161 : « ces libéralités qui tendent à devenir l’expression privilégiée de l’évergétisme ». Rappelons que le jardin d’Épicure a été acheté en commun par les épicuriens. Cette notion « d’attitude accueillante des étrangers » prépare en l’illustrant notre propos de xénologie dans la suite de cette recherche. Cet accueil des étrangers se fait par l’hospitalité du repas commun des produits du jardin. Marcel Conche illustre ce propos : Dans le Jardin, il devait y avoir un jardin – j’entends un jardin potager (où, sans doute, travaillait Mys, l’esclave d’Épicure). Puisque les disciples mangeaient ensemble avec le Maître, la société devait avoir un caractère communautaire, à l’image d’un kibboutz. Les sociétés qui se rapprochent le plus de ce modèle sont les sociétés agricoles, où les paysans ne font que gagner leur vie, sans ambitions ni désirs vains, la différence étant que, dans le Jardin, règne l’amitié philosophique.162 L’évergète163 était en Grèce officiellement un « bienfaiteur », on lui donnait ce titre en récompense de bienfaits reçus par la cité, comme une sorte de citoyen d’honneur. Cette auteure parle également d’agapèsis, ces fameuses agapes ou repas pris en communs, agape signifiant un amour désintéressé, agapesis étant un signe d’attachement donné à la communauté, tout comme le terme aristotélicien philia ou amour affectueux, amitié, amour bienveillant, plaisir de la compagnie. C’est une forme d’amour vertueux et impartial, un concept développé par Aristote dans son ouvrage l’Éthique à Nicomaque. La philia s’exprime comme une forme de loyauté envers les amis, un amour des frères de la communauté que l’on retrouvera dans les communautés utopistes fouriéristes. Cet amour fraternel requiert la vertu, l’égalité et la familiarité entre les membres de la communauté. Autant de qualités requises pour entrer dans cette communauté qui s’ouvrait aux femmes, aux esclaves, aux pauvres, aux métèques, aux étrangers mêlés à de très riches amis d’Épicure citoyens d’Athènes. Jean Salem illustre ce fait : La petite communauté en vint à grossir de disciples nouveaux, lesquels pouvaient provenir d’origines extrêmement diverses : de ce nombre furent des esclaves, ainsi que quelques prostituées, en un temps où la simple présence de femmes à des discussions philosophiques pouvait donner aux adversaires de l’école un motif suffisant de raillerie (…) L’école maintint des liens étroits avec les centres épicuriens qui étaient restés vivants en Asie après le départ de leur fondateur (…) Épicure continua d’enseigner à ces groupes désormais lointains sa doctrine en entretenant avec eux des relations épistolaires très fournies.
Vivre en communauté hors du monde et dans le monde en même temps
Le jardin école d’Épicure est un lieu conceptuel, un lieu qui fait sens, qui répond à une interrogation philosophique singulière : comment peut-on vivre hors du monde et dans le monde en même temps ? Le jardin semble résoudre cette aporie, cette difficulté à résoudre un problème philosophique. Épicure nous invite à rompre avec le monde trivial, le monde banal de la cité et de son effervescence. Ce terme « jardin » hautement symbolique comme hortus conclusus, lieu clos, renvoie à l’âge perdu d’un paradis géographiquement situé entre le Tigre et l’Euphrate, la Mésopotamie, entre deux potamos fleuves, l’âge d’or des Grecs du paradis terrestre où les hommes vivaient bien plus longtemps et en parfaite santé selon Virgile qui en parle dans ses géorgiques168.
L’âge d’or est celui qui suit immédiatement la création de l’Homme alors que le dieu Cronos règne dans le ciel, c’est le temps de l’’innocence, de la justice, de l’’abondance et du bonheur terrestre. Gaïa la Terre jouit d’un printemps perpétuel, les champs produisent sans que les hommes travaillent le sol et le cultivent. Nous avons aujourd’hui une fausse sensation d’âge d’or169 par notre système de distribution qui fait que tout est disponible à profusion et en toutes saisons, que les machines nous apportent presque jusque dans l’assiette nos aliments, que la corne d’abondance alimentaire est inépuisable, alors que le coût carbone de cette abondance est énorme notamment par le transport des denrées d’un bout du monde à l’autre.
Héphaïstos et les robots agricoles de la mythologie grecque, le mythe d’une alimentation produite par des machines et sans efforts pour les hommes
Héphaïstos le dieu forgeron avait conçu des robots de bronze anthropoïdes, notamment pour que les champs produisent sans que les hommes travaillent le sol et le cultivent, récit mythologique étonnant que nous précise Adrienne Mayor, historienne des sciences et technologies de l’antiquité :
Talos is outstanding among mythic artificial beings because ancients writers and artists represented Talos as an automaton, a « self-mover » », a bronze statue animated by internal mechanism.170 Talos était un célèbre robot, une sorte de colosse de Rhodes en bronze animé d’un fluide étrange pour se mouvoir, Talos « gardien de la Crète » que l’on retrouve dans le mythe de Jason et des argonautes. Adrienne Mayor décrit des robots antiques, représentés sur des poteries anciennes, créés par Héphaïstos pour remplacer l’homme dans les tâches de production de nourriture. Le dieu lui-même étant servi par des femmes automates androïdes dont Fritz Lang donnera un exemple visuel dans son film Métropolis de 1927 ou encore Villiers de L’Isle-Adam dans son Eve future (1886). Ces robots de métal qui rappellent les engins agricoles ultra modernes sans pilotes qui labourent les champs OGM des Etats-Unis par guidage satellite et scans du sol sont ainsi attestés dans les mythes grecs : « Héphaïstos est d’une habileté sans égale dans son travail, il fabriqua un jour deux femmes articulées en or pour l’aider dans sa forge ».
Le jardin des Hespérides, jardin d’Eden des Grecs, l’arbre sacré et les pommes d’or de la connaissance
Épicure reprend à son compte la légende du jardin des Hespérides dans la dénomination de son école qui se veut « publique » et non une hétairie ou société secrète :
Associations tolérées par l’état, mais souvent secrètes, les premières étaient des sortes de sociétés d’entraide qui soutenaient leurs membres dans la recherche des emplois et dans les affaires judiciaires176 .
Cette notion d’hétairie peut se retrouver dans le jardin partagé contemporain, dès lors qu’une communauté de jardiniers travaille dans un jardin collectif, des liens de solidarité et d’entraide se tissent. Le jardinier en difficulté d’emploi ou de socialisation n’est plus seul, le réseau des jardiniers lui permet de continuer à avoir une vie sociale, des contacts, une aide frumentaire, un système de dons et d’échanges.
Le jardin des Hespérides avec son arbre aux pommes d’or, cadeau de mariage de la terre Gaïa à Zeus et son épouse était gardé dans la légende par les filles de la nuit Nyx et de l’obscurité Erèbe ainsi que par un dragon Ladon qui sera tué par Hercule dans l’avant dernier des douze travaux. Hercule, dont se prévalait Sparte comme étant la glorieuse descendante, commet beaucoup d’actes rédibitoires dans la mythologie dont cette transgression des pommes d’or, symbolisant la science et la connaissance, comme pour le futur Adam du jardin d’Eden hébraïque. Hercule en particulier va libérer le jardinier des enfers Ascalaphe en soulevant la pierre qui le retenait, placée sur lui par Perséphone pour l’empêcher de nuire, au plus profond des abîmes du royaume des morts : « L’arbre était également protégé par le dragon Ladon (que tua Héraclès) C’est du même arbre que provenaient les pommes jetées devant Atalante »177.
Ce jardin des Hespérides a fait l’objet de recherches par les archéologues pour éventuellement le situer géographiquement comme l’archéologue Heinrich Schliemann (1822-1890) le situera à partir du mythe dans l’Iliade d’Homère pour le site de Troie 178
Les survivants de la catastrophe, représentés par les Hespérides, ont pu se réfugier dans une contrée voisine qu’il est naturel qu’ils aient choisie ou rendue fertile. Et cette contrée prend enfin consistance si l’on se rappelle que le nom d’Hesperis fut celui d’une cité réellement édifiée soit sur la côte d’Afrique soit sur celle d’Espagne, aux environs de Cadix (…) le jardin des Hespérides fut une sorte de vaste et opulente oasis, créée et entretenue dans le sol calciné de l’Andalousie, comme le sont encore, à notre époque, et aux mêmes lieux, les frais jardins d’ombre, d’eaux jaillissantes et de silence qui font le plus bel ornement de Grenade ou de Cadix.
Voilà qui est fort intéressant pour cette recherche, des jardins créés après (ou à l’approche) d’une catastrophe dans des zones de sécheresse et de canicule, une forme d’oasis au milieu d’un monde inhospitalier. Une hétérotopie donc, dans laquelle « on n’entre pas comme dans un moulin (Foucault 1966) »179, car gardée par des déesses et un dragon, des lieux refuge de fraîcheur et d’ombre, le lieu de l’arbre de la connaissance et du savoir, un lieu où la civilisation peut renaître offrant nourriture et savoir, une école jardin mythologique ?
Des oasis jardins citoyennes en retrait, des Hétairies cachées, Platon contre Épicure
Le jardin est donc pour les grecs un lieu où l’on peut méditer, réfléchir, être ensemble pour se réunir dans un endroit de fraîcheur qui offre aussi les ressources alimentaires du groupe. Épicure crée son jardin école en 305 av. J.C. Athènes vit des temps difficiles, les guerres du Péloponnèse entre Athènes et Sparte ont ruiné la ville, des famines se déclarent car les jardins qui alimentaient la ville ont été rasés par les sièges et les batailles. Les longs murs qui rejoignaient le port du Pirée ont été abattus, les bateaux de ravitaillement n’arrivent plus, on assiste à la prévarication généralisée, à la corruption des politiques et le détournement des biens publics, Athènes vit une forme d’effondrement.
La vie philosophique au sein de la cité en est également perturbée, le Lycée, l’Académie, le Portique situés au centre d’Athènes, alors que le Jardin est à l’écart en périphérie, sont troublés dans leurs sessions philosophiques par les séditions et émeutes urbaines. Épicure propose à ses adeptes de changer leur façon de vivre par des principes de simplicité, en faisant communauté, dans des formes d’oasis qui à la longue, en se multipliant, pourraient changer l’ordre du monde, dans une sorte de contagion de bonnes pratiques philosophiques. Les critiques d’Épicure disent souvent que cette philosophie est un désengagement et un abandon de la vie publique, de la vie citoyenne. On peut y voir une forme de sectarisme ou d’égoïsme de choisir ainsi ses membres par cooptation mais on peut voir au contraire, dans la philosophie épicurienne, un projet de reconstruire le monde par le principe « associatif ». Ce principe sera cher à Emile Durkheim :
Ce qui lie ainsi, selon ces auteurs, la corporation durkheimienne aux associations libres et aux sociétés mutualistes, c’est la nature même de la conciliation entre fins individuelles et fins collectives que les unes et les autres entendent mettre en œuvre : une conciliation morale dans laquelle la résolution de la question sociale parvient à être respectueuse des libertés individuelles en tant qu’elle se fonde ultimement sur un choix moral des individus.180
Durkheim voit ainsi par exemple avec la loi de 1901 sur les associations en France, un grand espoir de cohésion sociale à ses yeux. L’association de gens de bonne volonté sur un projet, en l’occurrence dans cette recherche d’une école dans un jardin, autour d’une communauté solide sur laquelle on peut rebâtir, une communauté liée par un contrat éthique et pratique en quelque sorte. Rebâtir une école et une société sur des valeurs d’écologie profonde peut passer par le « politique » d’un point de vue platonicien, d’un point de vue épicurien cela peut passer peut– être par des associations jardinières, des écoles jardins, des communautés d’habitants de jardinage de rues ou d’immeubles, des communautés d’habitat participatif, des fablabs jardiniers.
Épicure choisit donc un lieu, les rares sources précisent qu’il se trouve au nord–ouest d’Athènes (en direction du mont Olympe), hors les murs, hors de la ville : « Épicure avait choisi d’établir son jardin dans la banlieue d’Athènes. »181
L’éloignement avec la cité est choisi entre campagne et ville (comme les jardins ouvriers à la périphérie des villes aujourd’hui). Pétrarque et Horace qui admiraient ce jardin d’Épicure s’en souviendront dans leurs œuvres en se réclamant de lieux champêtres propices pour mener une vie philosophique. Sur l’importance de la communauté on sait peu de choses mais vu le prix d’achat du jardin de 80 mines, on peut en déduire que le lieu était vaste et qu’il pouvait accueillir une communauté importante de quelques centaines de personnes. Épicure a pu acheter ce terrain grâce à deux mécènes de ses amis, Léontéus et Lycophron, philosophes fortunés qui seront mentionnés par Plutarque dans une lettre adressée par Léonteus à Lycophron (poète et tragédien). Plutarque souligne l’admiration que portait Épicure à Démocrite pour la découverte des principes de la connaissance de la nature. Mais Plutarque critique Épicure, dans ses œuvres morales il attaque Épicure et ses principes avec le même zèle que contre la secte des stoïciens.
Si l’on en croit plusieurs écrivains célèbres de l’antiquité, le fondateur de l’épicurisme fut un libertin d’esprit et de cœur, qui n’eut ni religion ni vertu ; qui, peu content de se livrer par goût à la volupté, l’érigeait en dogme dans ses écrits, en faisait la règle du bonheur de l’homme, et tenait chez lui, pour ses disciples, une école ouverte de libertinage. On lui reproche encore une intempérance qui lui causa des maladies cruelles et le fit périr au milieu des douleurs les plus aiguës. Jaloux, dit-on de la gloire des autres philosophes, il les décriait publiquement dans ses ouvrages, et les traitait d’orgueilleux, d’ignorants et d’imposteurs.182
L’école jardin de Philodème de Gadara à Pompéï, le retour de l’Epicurisme par l’archéologie
Une école épicurienne, la villa des manuscrits à Pompéï, située face à la mer dans la baie de Naples, a été retrouvée dans les fouilles françaises de 1750 avec une bibliothèque épicurienne de milliers de rouleaux sanglés de cuir en état de carbonisation avancée par la chaleur de la lave. Les lieux de fouille ont été progressivement dégagés et on assiste à une véritable cartographie d’une école jardin antique, Daniel Delattre la décrit ainsi : Le premier péristyle était de forme carrée et au milieu se situait une piscine aux angles ornés d’une fontaine en forme de coquille et de statuettes de bronze. À l’est de cet espace se situaient des pièces destinées à l’habitat et aux loisirs, et dans une de celles-ci furent trouvés les papyrus ayant donné leur nom à la villa. À l’ouest se situait un vaste péristyle de 100 mètres de long sur 37 mètres de large, avec une piscine aux dimensions de 66 mètres de long sur 7 mètres de large. Le long de l’ambulacrum et dans tout l’espace lié à ce grand péristyle les fouilleurs découvrirent « une véritable galerie d’œuvres d’art » témoignant du goût du maître des lieux : groupes d’animaux, de danseuses, représentations de faunes, de philosophes, etc. Vers l’ouest, au-delà du grand péristyle, une allée conduit à un kiosque rond situé sur un belvédère surplombant de 4 mètres la campagne. La villa était alimentée en eau par un aqueduc souterrain.188 Bâtiments et logements, bibliothèque, piscine, jardins, galerie d’œuvres d’art, loisirs, on a tout lieu de penser à ce que pouvait représenter le jardin d’Épicure à Athènes dans cette école construite par un de ses disciples romain deux cent ans plus tard. Daniel Delattre a mis plus d’une dizaine d’années grâce à des technologies d’imagerie très puissantes (CNRS Grenoble), à reconstituer un texte d’un rouleau carbonisé de Philodème sur le thème de la Musique. Ceci laisse à penser que cette discipline était présente dans les enseignements épicuriens aux côtés de la philosophie et de la connaissance de la nature dont on a retrouvé le résumé dans la lettre à Hérodote. Cicéron a connu et fréquenté Philodème de Gadara, peut-être a t’il hésité à ce stade à devenir épicurien lui-même au contact de ce fin lettré, formé en Egypte à Alexandrie et à Athènes notamment par l’épicurien Xénon de Sidon. Mais Cicéron s’attaquera bientôt au protecteur de Philodème, le riche sénateur Pison, avec son « contre les épicuriens »189. Cicéron qui a fait ses études de philosophie à Athènes mais pas au jardin épicurien, tout au contraire de cette philosophie, voue sa vie au domaine public de façon très platonicienne, à la démocratie et à la politique, il sera finalement assassiné sur ordre de César au milieu de son jardin et de ses oses pour avoir refusé de fuir et mourra en stoïcien. Pour Daniel Delattre, la bibliothèque retrouvée à Pompéï est la seule de toute l’antiquité à avoir été découverte complète, c’est aussi certainement celle de Philodème de Gadara et d’une école épicurienne, une école jardin épicurienne de l’époque romaine. Cette bibliothèque est exceptionnelle, même s’il reste des années de travail pour déchiffrer ses rouleaux, elle contient des textes épicuriens inconnus et inédits, plus de 700 rouleaux manuscrits sur le thème de l’épicurisme. Daniel Delattre pense qu’elle contient les 37 rouleaux disparus depuis presque deux millénaires sur la notion de nature chez Épicure. Sur ce thème, nous n’avons que trois lettres résumées transmises par Diogène Laërce, poète romain du troisième siècle ap. J.C, dans ses vies et doctrines des philosophes illustres190 qui forment le corpus d’études sur ce philosophe avec les écrits de Lucrèce. D’autres textes épicuriens sont en voie de restauration comme ceux de Métrodore de Lampsaque, disciple préféré d’Épicure qui avait été pressenti pour lui succéder mais qui mourut avant lui, dont un livre sur la richesse est en phase d’être reconstitué. On retrouve ainsi Hermarque de Mytilène qui a continué à faire vivre l’école du jardin après Épicure et peut-être au fil des analyses quelques éléments sur le fonctionnement de l’école. Sur celui-ci quelques informations subsistent 191: L’école a été immédiatement très unie autour du Maître, de son enseignement et du mode de vie prôné : culte de l’amitié, frugalité, pratique du repas en commun, fête le 20 du mois, pour célébrer le jour de la naissance d’Épicure.
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Table des matières
Introduction
Partie I : L’école jardin pour éduquer en temps de crises et de catastrophes
I.1 Une société en crises juxtaposées : crise écologique, crise sanitaire, crise économique, crise scolaire
I.2 Crise sociale sur fond de crise écologique
I.3 Des crises locales en sus des crises mondiales, l’anthropocène au quotidien
I.4 L’école jardin, une proposition pour éduquer en anthropocène et repenser l’éducation50
1.4.1 Penser l’école jardin
1.4.2 Placer le jardin physiquement et symboliquement au centre de l’éducation
1.4.3 Les territoires de l’utopie à l’hétérotopie
1.4.4 L’école jardin, une philosophie laïque et républicaine
1.4.5 L’école jardin ou l’éducation sensorielle
1.4.6 Ethique de l’école jardin en anthropocène
1.4.7 Une école du fait social total de l’alimentation
1.4.8 Une éducation en anthropocène au-delà du développement durable
1.4.9 L’école jardin en anthropocène pour sortir du virtuel et des écrans
Partie II : Eclairages historiques et philosophiques
II.1 Le Jardin d’Épicure
2.1.1 La nature au centre de la philosophie et de l’éducation
2.1.2 La communauté du Jardin
2.1.3 Vivre en communauté hors du monde et dans le monde en même temps
2.1.4 Héphaïstos et les robots agricoles de la mythologie grecque, le mythe d’une alimentation produite par des machines et sans efforts pour les hommes
2.1.5 Le jardin des Hespérides, jardin d’Eden des Grecs, l’arbre sacré et les pommes d’or de la connaissance
2.1.6 Des oasis jardins citoyennes en retrait, des Hétairies cachées, Platon contre Épicure
2.1.7 Entre amis tout est commun, naissance des communautés utopiques autour de la nature
2.1.8 Le Jardin, école pour accueillir les femmes, les pauvres, les esclaves, les étrangers au même niveau que les athéniens
2.1.9 L’école jardin de Philodème de Gadara à Pompéï, le retour de l’Epicurisme par l’archéologie
2.1.10 Du jardin clos à l’appel universel au bonheur simple
2.1.11 Rendre heureux à l’école jardin, eudaimonia
2.1.12 L’école jardin, un système pour revenir les pieds sur terre, des « sachants » humbles et respectueux de la nature plutôt que des beaux parleurs rhétoriciens
2.1.13 Grands principes de la philosophie épicurienne liés à l’école jardin
2.1.14 Les cinq sens et l’école jardin
2.1.15 A la recherche des sources sur la pédagogie épicurienne, censure ou omission ?
2.1.16 Remy de Gourmont et Épicure, plaisir d’apprendre, corporalité, sensorialité, nutrition
II.2 L’école jardin romaine
2.2.1 L’enfant romain jardinier : cultiver la terre de ses mains
2.2.2 L’école jardin romaine pour acclimater les plantes et fruits venus des conquêtes de l’Empire et nourrir Rome
2.2.3 L’ager publicus, les terres communes ou communs des romains
2.2.4 Fin de l’ager publicus romaine par la dictature de César, Cicéron assassiné
2.2.5 Respect de la nourriture chez les enfants romains, rites et rôle de l’enfant aux repas du triclinium
2.2.6 Pedagogium, savoirs botaniques, animaliers, cuisiniers, de soins des hommes, des animaux et de la terre
2.2.7 Une éducation romaine à la frugalité, à la simplicité, au travail des mains, à l’effort
II.3 Ascalaphe jardinier des enfers
2.3.1 Les écuries d’Augias, mythe antique et contemporain
2.3.2 Un jardinier qui hait les hommes dans son laboratoire botanique souterrain
2.3.3 Métamorphoses d’Ovide, Ascalaphe jardinier empoisonneur de la nature
II.4 L’école jardin à l’époque chrétienne
2.4.1 Hildegarde de Bingen, Saint François d’Assise, Claire d’Assise, des communautés autour du jardin
2.4.2 Fracture éducative de l’éducation à la nature par l’arrivée du christianisme
II.5 Cultiver la terre en commun pour la protéger
2.5.1 Origine des communs, des territoires qui appartiennent à tous
2.5.2 Le grand tournant des enclosures
2.5.3 Sorcières, sourcières, persécutions du savoir végétal féminin
2.5.4 Survivances des cultes à la nature
2.5.5 La sorcellerie en tant que sacralisation païenne du savoir végétal
2.5.6 Médecine et savoir végétal
2.5.7 Les simples et les plantes puissantes
2.5.8 Chasse aux sorcières, chasse aux femmes savantes, relégation des femmes
2.5.9 Censure d’un savoir ancestral populaire des plantes
II.6 L’école jardin et son rapport à l’histoire de l’alimentation
2.6.1 Histoire de l’alimentation donnée par les légumes
2.6.2 Histoire de l’alimentation carnée
2.6.3 Mythologies modernes de l’alimentation carnée
II.7 Formes d’écoles jardins des mouvements de jeunesse, Wandervögel en Allemagne,
Scouts et éclaireurs en France et en Angleterre, classes vertes
Partie III : Eclairages anthropologiques sur l’espace
III.1 L’école jardin, histoire d’une hétérotopie
III.2 Ecole et jardins, des hétérotopies
III.3 Le tiers paysage et l’école jardin
III.4 L’école jardin dans les Fablabs, tiers lieux de coworking et de convivialité, une nouvelle génération d’éducation populaire et de maison des jeunes
III.5 Tiers paysage, tierce pédagogie, tierce citoyenneté
Partie IV : Eclairages de l’anthropologie sur l’histoire du religieux
IV.1 Antiquité
IV.2 Paganisme et christianisme
IV.3 Judaïsme
IV.4 Islam
IV.5 Une vision abrahamique de la nature
IV.6 Révolution française
Partie V : Une approche pédagogique pour penser l’école jardin, quelques pédagogues et précurseurs de l’école jardin
V.1 Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)
V.2 Henry David Thoreau (1817-1862) et John Muir (1838-1914)
V.3 Aldo Léopold (1887-1948)
V.4 Patrick Geddes (1854-1932)
V.5 Jean-Baptiste André Godin (1817-1888)
V.6 Maria Montessori (1870-1952)
V.7 Rudolf Steiner (1861-1925)
V.8 Célestin Freinet (1896-1966), Paul Geheeb (1870-1961)
V.9 Ludwig Wittgenstein (1889-1951)
V.10 Ovide Decroly (1871-1932)
V.11 Gilles Clément
V.12 Pierre Rabhi
Partie VI : Une approche empirique pour penser l’école jardin
VI.1 Trois fonctions anthropologiques selon Camille Tarot pour caractériser les institutions symboliques
VI.2 La fonction dorologique
VI.3 La fonction xénologique
VI.4 La fonction pharmakologique
VI.5 La fonction pédagogique
VI.6 Méthodologie d’enquête
VI.7 Analyse des 11 entretiens individuels
VI.8 Synthèse générale des entretiens sur le principe des quatre fonctions anthropologiques reliées au tétrapharmakon, quadruple remède d’Épicure
6.8.1 Dorologique
6.8.2 Xénologique
6.8.3 Pharmakologique
6.8.4 Pédagogique
VI.9 Conclusion générale de l’analyse empirique
Partie VII : Propositions pour une éducation en anthropocène par une pédagogie de l’école jardin
VII.1 Une tierce pédagogie
VII.2 Ecole jardin et écoformation
VII.3 Propositions de formation de formateurs pour l’école jardin, permaculture et agroécologie
VII.4 Ecole jardin de quartier à l’initiative des villes
VII.5 Tierce citoyenneté ou écocitoyenneté des écoles jardins
VII.6 Ecoquartiers, une forme d’école jardin intergénérationnelle dans la gestion collective du vivant
VII.7 L’Ecole jardin compatible avec les nouvelles technologies
VII.8 Propositions didactiques
VII.9 Une éducation aux cinq sens, contraire d’agueusie, dysgueusie, anosmie et hyposmie
VII.10 Une éducation à l’écocitoyenneté, au respect de la nature et à l’écologie
VII.11 La réforme des collèges de 2015 et l’éducation à la nature et au développement durable
VII.12 Aspects d’écocitoyenneté
VII.13 Une éducation à la terre
VII.14 Propositions de contenus didactiques
VII.15 Les sept groupes de savoirs sur la pratique du jardinage
7.15.1 Techniques de jardinage
7.15.2 Education sensorielle, activités corporelles
7.15.3 Ecriture, lecture, expression orale
7.15.4 Relations écocitoyennes avec les jardiniers formateurs, les personnels des établissements et municipaux, les parents impliqués dans l’activité jardin
7.15.5 Expression artistique
7.15.6 Aménagement collectif et participatif du cadre de vie scolaire, classes et cours de récréation
7.15.7 Mathématiques, numérique et informatique
VII.16 Le langage des jardiniers
VII.17 L’écocitoyenneté au contact de la nature : eau, air, terre
VII.18 L’école jardin du loisir sensoriel versus les loisirs numériques chronophages
VII.19 L’école de l’économie de l’eau
VII.20 La pédagogie du jardin au cœur de la construction du langage et de la pensée chez l’enfant
Conclusion et perspectives
Bibliographie
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