Depuis des décennies, la prise de conscience du rôle essentiel de l’accès à l’eau de qualité et à l’assainissement adéquat, dans toutes perspectives de développement durable fait qu’ils constituent un enjeu crucial dans le monde. « Eau et assainissement » sont ensemble des éléments clés pour la préservation de l’environnement, des écosystèmes, de la santé publique et du bien-être des populations. C’est ainsi que beaucoup de programmes et de réflexions sont menés dans le but de réduire le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau salubre et à l’assainissement, d’où la décennie mondiale 1981-1989 de l’eau et de l’assainissement. L’eau et l’assainissement occupent aussi une place de choix dans les objectifs du millénaire pour le développement.
Malgré les efforts fournis, la problématique de l’accès à l’eau et à l’assainissement se pose avec acuité dans le monde, plus particulièrement dans les pays en développement, situés pour la plupart en Afrique. Cette dernière a les taux de couverture les plus bas au monde en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement, respectivement 62% et 60% en 2000, Mukami Kariuki et al. (2004) . La situation est devenue inquiétante et urgente. Un facteur déterminant pour l’explication d’une telle situation est la pauvreté face au coût très élevé que nécessitent la mise en place et l’administration des services d’accès à l’eau et à l’assainissement. D’après WSP (2008) beaucoup de pays africains ne sont pas susceptibles d’atteindre les objectifs du millénaire pour l’assainissement. Au Sénégal, malgré le potentiel hydrique important, l’accès à l’eau est encore loin d’atteindre les normes de la DIEPA qui prévoit 35 litres par habitant par jour, le taux actuel est de 28 litres par habitant par jour, Touré. M et al. (2009) . Concernant l’assainissement, la situation est préoccupante. Les taux d’accès à l’eau et à l’assainissement sont plus favorables en milieu urbain qu’en milieu rural .
Néanmoins, ces chiffres ont du mal à masquer les problèmes dans les zones urbaines. L’agglomération dakaroise est aujourd’hui confrontée à d’énormes difficultés d’accès à l’eau et à l’assainissement. Depuis 1972 les réserves en eau souterraines n’arrivent plus à satisfaire la forte demande. Le lac de Guiers situé à plus de 250 kilomètres de Dakar est sollicité pour combler le déficit.
L’assainissement est très inadéquat dans la mesure où le raccordement à l’égout concerne un faible taux des ménages. Certains ont recours aux fosses, d’autres n’en disposent pas. La seule station d’épuration de Cambérène est fonctionnelle avec une faible capacité de traitement des eaux usées, 15 000 m3 par jour, le reste, 85 000 m3 d’eaux usées générés à Dakar sont rejetées directement dans l’océan, sans aucun traitement CSE (2010) . Le taux d’accès des ménages à l’assainissement dans la région de Dakar est de 64% dont 25% seulement par assainissement collectif, Niang(2005) . Quant au drainage des eaux pluviales le développement des infrastructures n’a pas suivi celui de l’urbanisation croissante. Ce qui se traduit par des inondations face à l’augmentation des débits de ruissellement provoquée par l’imperméabilisation des sols. Dalifort, à l’instar des autres quartiers périurbains de Dakar connait de véritables problèmes d’accès à l’eau et à l’assainissement.
PROBLEMATIQUE
L’eau est la ressource naturelle et le bien de consommation le plus important, ce qui fait que son usage et sa gestion préoccupent tous les pays du monde, en termes d’accès à l’eau salubre et à l’assainissement adéquat pour une grande partie de leurs populations. Selon le Rapport mondial des Nations Unies sur l’eau de 2006, 1,1 milliards de personnes, soit 20 % de la population mondiale, n’ont pas accès à une eau potable et 40 % ne disposent pas de services d’assainissement. L’Afrique est le continent le plus touché par ce fléau du fait de la pauvreté, de la forte croissance démographique et urbaine, ainsi que du changement climatique qui fait alterner depuis des décennies sécheresses et inondations.
Au Sénégal, la problématique de l’accès à l’eau et à l’assainissement est longtemps restée au centre des débats et mobilise de plus en plus l’Etat, les ONG, les bailleurs et les partenaires privés. Elle demeure cependant beaucoup plus complexe au niveau des zones urbaines, particulièrement au niveau de la capitale. La forte croissance urbaine de Dakar avec plus 25% de la population sur un espace restreint d’environ 0,3% du territoire national, influe de plus en en plus sur la dégradation de l’environnement et des équipements sociaux de base. L’eau potable n’est pas en quantité suffisante. Le taux d’accès à l’assainissement reste faible en milieu urbain, il est passé de 56,7% en 2004 à 63,3% en fin 2011, PEPAM (2012) malgré les efforts dans ce domaine.
La réforme institutionnelle de 1996 sur eau et assainissement en milieu urbain, voit la scission de la Société Nationale d’Exploitation des Eaux du Sénégal (SONEES) en trois entités : la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES), l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) et la Sénégalaise Des Eaux (SDE). La SONES est chargée de la gestion du patrimoine et de la maitrise d’ouvrages de travaux neufs et de renouvellement. La SDE assure la production et la distribution d’eau dans les principales villes sénégalaise, l’ONAS est chargé de l’assainissement. La création du PEPAM (Programme d’Eau Potable et d’Assainissement du Millénaire) dans le cadre des OMD pour l’eau et l’assainissement et la mise en place d’une Ecole Doctorale « Eau, Qualité et Usage de l’Eau » (EDEQUE) par l’UCAD vont dans ce sens.
Malgré les efforts fournis et les fonds colossaux mobilisés, 440 milliards dans le cadre du plan directeur d’assainissement des eaux usées et pluviales à Dakar pour atteindre les OMD, la question de l’accès à l’eau et à l’assainissement reste de plus en plus épineuse au niveau de Dakar et surtout dans ses quartiers périphériques. Dans ces derniers, la situation est rendue complexe par la pauvreté, l’insuffisance et la vétusté des infrastructures et des services existants, le mode d’habitat, le comportement des populations, l’urbanisation croissante et anarchique et tant d’autres facteurs. Face à une telle situation le Programme d’Assainissement des Quartiers Périurbains de Dakar (PAQPUD) a été créé par le gouvernement du Sénégal et appuyé par la Banque Mondiale en 2002 mais reste toutefois confronté à d’énormes contraintes rendant difficile sa mise en œuvre.
Dans la Commune d’Arrondissement de Dalifort-Foirail, notre zone d’étude, les problèmes d’accès à l’eau potable et à l’assainissement se posent avec acuité. Beaucoup de ménages ne disposent pas de branchement direct et ont recours aux bornes fontaines pour s’approvisionner en eau potable. Le taux de couverture en branchement en eau potable est de 25% pour l’habitat de type restructuré et de 100% pour l’habitat de type planifié (source : rapport Mairie Dalifort) . D’autres se servent des puits de faibles profondeurs, 2 à 4 mètres pour satisfaire des besoins domestiques en eau ou encore par le système de pompage des nappes. La qualité de cette eau est douteuse avec les réels risques de contamination.
METHODOLOGIE
La méthodologie s’articule autour de trois axes majeurs à savoir la documentation, les travaux de terrain et le traitement de l’information.
La Documentation
La documentation nous a permis de mieux approfondir notre thème d’étude. Ce travail de recherche bibliographique nous à amener à voir tous les travaux qui sont utiles ; qu’ils s’agissent de livres, de rapports, de données statistiques, d’enquêtes, etc. L’enjeu majeur du thème a fait que beaucoup d’experts, d’ONG, l’Etat, les bailleurs, etc., s’y intéressent et qu’il existe beaucoup de travaux sur ce thème. La bibliothèque de l’UCAD nous a fourni des livres, des thèses, des mémoires relatifs au thème. L’ONAS nous a fourni des rapports, des études d’avant-projet et des cartes de réseaux d’assainissement relatif à notre zone d’étude. La mairie nous a fourni des cartes, des photos, des archiveset des documents concernant la commune .
Les travaux de terrain
Tout d’abord, on a commencé par des entretiens auprès des chefs de quartiers, des notables, de la mairie, des ASC, des GIE, des Agents de Développement Communautaire (ADM), de l’ONAS, de la SDE, du poste de santé et des gérants des bornes fontaines. Cette recherche qualitative nous a permis d’avoir un aperçu global sur la situation de la zone en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement. Les entretiens avec les chefs de quartiers et les notables nous ont aussi permis de mieux comprendre l’historique et le processus d’occupation de l’espace de la zone d’étude. Après cette étape, il en est suivi la recherche quantitative basée sur des enquêtes ménages. Ce travail s’est appuyé sur un échantillonnage bien défini. Pour une population estimée en 2013 à 26049 habitants réparties dans 3558 ménages, nous avons pris un quota de 5 %. Ce qui représente 178 ménages à interroger dans les 16 quartiers que compte Dalifort. Du fait que les quartiers n’ont pas les mêmes dimensions, la répartition s’est faite comme suit. Le quartier de Dalifort Village qui est le plus peuplé avec 10 sous quartiers a eu les 20 %, suivi du quartier Belvédère (10 %) qui regroupe deux grands sous quartiers. Le reste des quartiers ont le même quota vu qu’ils ont approximativement la même taille.
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Table des matières
Introduction générale
Problématique
Méthodologie
Analyse conceptuelle
Revue critique de la littérature
Première partie : présentation de la zone d’étude
Chapitre 1 : milieu physique
Chapitre 2 : historique et occupation de l’espace
Caractéristiques démographiques et activités socioéconomique
Deuxième partie : les systèmes d’assainissement et d’approvisionnement en eau
Chapitre 1 : les systèmes d’alimentation en eau des populations
Chapitre 2 : les problèmes d’approvisionnement en eau
Chapitre 3 : les systèmes d’assainissement existants
Chapitre 4 : les inondations
Chapitre 5 : les acteurs intervenants dans l’accès à l’eau et à l’assainissement
Troisième partie : les impacts liés aux difficultés d’accès à l’eau et à l’assainissement
Chapitre 1 : les impacts liés aux difficultés d’accès à l’eau potable
Chapitre 2 : les impacts liés aux difficultés d’accès à l’assainissement
Conclusion
Bibliographie
Annexes