La dyshidrose est une dermatose chronique et rรฉcurrente souvent invalidante, caractรฉrisรฉe par une รฉruption de vรฉsicules enchรขssรฉes dans lโรฉpiderme, contenant un liquide citrin et siรฉgeant aux paumes et/ou aux plantes et parfois aux faces latรฉrales des doigts et/ou des orteils . Lโรฉruption est volontiers bilatรฉrale et symรฉtrique, un prurit ou une sensation de cuisson sont parfois prรฉsents [27] [28]. Le cadre nosologique est souvent sujet ร controverse et lโรฉtiopathogรฉnie est vraisemblablement multifactorielle . Certains auteurs considรจrent cette affection comme une forme dโeczรฉma des mains , et que la dyshidrose constitue un mode rรฉactionnel eczรฉmateux ร divers stimulis [1] . Une prรฉdisposition hรฉrรฉditaire a รฉtรฉ รฉvoquรฉe par lโobservation de dyshidose chez des jumeaux monozygotes aprรจs leur sรฉparation, ainsi que par la survenue de cas familiaux [7] . Par ailleurs, une รฉtude immunopathologique a rรฉvรฉlรฉ que les altรฉrations des acrosyringiums รฉtaient quasiment constantes au cours de cette affection et pouvaient aller jusquโร la nรฉcrose partielle de leur paroi sans cependant obstruer leur lumiรจre [6] . Certains facteurs รฉtiologiques peuvent expliquer l’apparition et/ou l’aggravation de la dyshidrose , parmi eux le contact avec certains allergรจnes comme le nickel, les intertrigos interdigitoplantaires mycosiques , le stress รฉmotionnel , et le tabac [20] [12] [30] [31] . Lโassociation entre la dyshidrose et lโatopie a รฉtรฉ รฉgalement suggรฉrรฉe, mais aucune preuve formelle nโa รฉtรฉ apportรฉe [1] . Il en est de mรชme pour l’hyperhidrose qui a รฉtรฉ avancรฉe dans de nombreux travaux sans qu’il ne soit rรฉellement possible d’รฉtablir une relation de cause ร effet [6].
La dyshidrose peut รฉgalement survenir ou รชtre aggravรฉe par certains mรฉdicaments tels que les immunoglobulines polyvalentes, le mycofรฉnolate mofรฉtil et le diphencyprone[14]. Lโingestion des aliments riches en nickel (hareng โฆ) peut causer le dรฉclenchement de cette maladie chez les personnes allergiques ร ce mรฉtal [15]. Nรฉanmoins ,certaines dyshidroses restent idiopathiques malgrรฉ les investigations [18] . Le diagnostic positif est facile et repose sur la clinique mais la problรฉmatique rรฉside dans lโaltรฉration de la qualitรฉ de vie des patients et le retentissement psychologique quโ entraine cette affection chronique [5]. Au Togo, lโรฉtude Pitchรฉ et al portant sur les facteurs associรฉs ร la dyshidrose palmo-plantaire ou plantaire a identifiรฉ l’atopie et la prรฉsence de l’intertrigo mycosique interdigitoplantaire comme des facteurs associรฉs de faรงon significative aux dyshidroses [20]. En Italie , lโรฉtude Meneghini et al [9] a identifiรฉ une sensibilitรฉ de contact aux mรฉdicaments et ร dโautres allergรจnes chimiques chez environ 30 % de patients atteints de dyshidrose . Le traitement repose essentiellement sur les dermocorticoides forts ou trรจs forts , et parfois sur la coticothรฉrapie gรฉnรฉrale (orale ou intraveineuse) [39] . La photothรฉrapie et la ciclosporine sont des thรฉrapeutiques utilisรฉes dans les cas sรฉvรจres et rebelles [37] . La suppression du tabac et du stress demeure nรฉcessaire dans la prise en charge de cette affection , tout comme lโรฉviction de lโallergรจne responsable sโil est identifiรฉ . Certaines professions ร risque (mรฉtiers de la restauration ,mรฉtiers de la santรฉโฆ) nรฉcessitent parfois un reclassement professionnel .
METHODOLOGIE
Type dโรฉtude
Il sโagit dโune รฉtude transversale multicentrique avec un recueil prospectif des donnรฉes, menรฉe sur une pรฉriode de 6 mois ( du 1 Janvier 2021 au 31 juin 2021 )
Cadre dโรฉtudeย
Notre รฉtude a รฉtรฉ effectuรฉe dans les Services de Dermatologie de Dakar ร savoir le Centre Hospitalier Aristide le Dantec (HALD), lโInstitut dโHygiรจne Social (IHS), et le Centre Hospitalier National dโEnfant Albert Royer (CHNEAR).
– Le service de dermatologie de HALD : il constitue le centre de rรฉfรฉrence en dermatologie ร Dakar et mรชme au Sรฉnรฉgal. Les ressources humaines comportent 2 professeurs titulaires , 2 professeurs assimilรฉs , 1 maรฎtreassistant , 3 internes , des mรฉdecins praticiens hospitaliers et des mรฉdecins en cours de formation pour lโobtention du diplรดme dโรฉtudes spรฉcialisรฉes en dermatologie-vรฉnรฉrรฉologie. Le service compte 20 lits et reรงoit en moyenne 7000 patients par an en consultation avec environ 250 hospitalisations annuelles.
– Le service de dermatologie de lโIHS : il est le premier centre de rรฉfรฉrence des maladies sexuellement transmissibles et le 2รจme centre de rรฉfรฉrence en dermatologie au Sรฉnรฉgal. Les ressources humaines sont constituรฉes par des mรฉdecins dermatologues dont un professeur titulaire, un professeur assimilรฉ , deux internes ,des mรฉdecins praticiens hospitaliers et des mรฉdecins en cours de formation pour lโobtention du DES en dermatologie-vรฉnรฉrรฉologie , ainsi que par un personnel paramรฉdical . Le service reรงoit en moyenne 17000 patients par an en consultation avec environ 200 hospitalisations annuelles .
– Le service de dermatologie du Centre Hospitalier National dโenfants Albert Royer (C.H.N.E.A.R) : Il sโagit dโun centre de rรฉfรฉrence national pรฉdiatrique de niveau III. Il se situe dans lโenceinte du Centre Hospitalier Universitaire de Fann de Dakar. Les ressources humaines comportent un professeur titulaire, 1 maรฎtre-assistant , 1 interne ,des mรฉdecins praticiens hospitaliers et des mรฉdecins en cours de formation pour lโobtention du DES en dermatologie-vรฉnรฉrรฉologie.
Population dโรฉtude
La population cible de notre รฉtude รฉtait constituรฉe de lโensemble des malades consultant dans les services de dermatologie suscitรฉs durant la pรฉriode de lโรฉtude.
Critรจres dโinclusion
Nous avons inclus les patients consultant dans les services de dermatologie suscitรฉs durant la pรฉriode de lโenquรชte et prรฉsentant une dyshidrose, quel que soit lโรขge et le sexe.
Critรจres de non-inclusion
Nโรฉtaient pas inclus les patients non consentants
Critรจres diagnostiquesย
Le diagnostic de la dyshidrose รฉtait clinique par la constatation de vรฉsicules enchรขssรฉes dans lโรฉpiderme , contenant un liquide citrin , siรฉgeant aux paumes et/ou plantes parfois aux faces latรฉrales des doigts et /ou des orteils .
Le diagnostic de DA รฉtait basรฉ sur la prรฉsence :
-d’un eczรฉma aigu vรฉsiculo-suintant ou chronique รฉrythรฉmato-squameux voire lichรฉnifiรฉ .
-de signes mineurs de DA ร savoir la xรฉrose cutanรฉe, l’ichtyose vulgaire, l’hyperlinรฉaritรฉ palmaire et plantaire, la kรฉratose pilaire, les dartres achromiantes, le signe de Dennie-Morgan, le signe de Herthoge, la pigmentation pรฉriorbitaire, la pรขleur ou lโรฉrythรจme facial, le dermographisme blanc, les plis antรฉrieurs du cou. Le terrain atopique รฉtait รฉvoquรฉ sur la base dโรฉquivalents atopiques: (asthme, rhinite allergique, conjonctivite allergique) chez le sujet et confirmรฉ par la sensibilitรฉ aux pneumallergรจnes attestรฉ par les prick tests respiratoires. Les critรจres de Hanifin et Radjka et les critรจres de lโUnited Kingdom working party รฉtaient appliquรฉs chez lโenfant .
Les prick tests respiratoires et alimentaires รฉtaient effectuรฉs au service de dermatologie de lโhรดpital Dantec par un professeur titulaire en dermatologie vรฉnรฉrologie et spรฉcialisรฉe en allergologie avec lโaide dโune assistante .Leur rรฉalisation se faisait ร distance de l’รฉpisode aigu, sur une peau saine. Les antihistaminiques et les corticoรฏdes รฉtaient arrรชtรฉs une semaine avant. Le principe de la technique รฉtait de reproduire une rรฉaction urticarienne sur la peau aprรจs pรฉnรฉtration d’allergรจnes par des piqures. Ces derniรจres รฉtaient faites par des stallerpoints des Laboratoires Stallergรจnes et les allergรจnes รฉtaient fournis en extraits commerciaux par le mรชme laboratoire. (Blomia, Dermatophagoides pteronyssinus, Dermatophagoide farinae, Alternaria alternata, Poils de chien, Poils de chat, Latex, Histamine (tรฉmoin positif), sรฉrum salรฉ (tรฉmoin nรฉgatif ) โฆ) Des gouttes de ces extraits รฉtaient dรฉposรฉes sur la face antรฉrieure de lโavant-bras ร 4cm du pli du coude et du poignet, avec un intervalle de 2cm entre elles pour รฉviter que les รฉventuelles rรฉactions ne se superposent. On fait une piqure au centre des gouttes avec les Stallerpoints.. La lecture des tests รฉtait effectuรฉe aprรจs 20 minutes . Le prick-test รฉtait considรฉrรฉ comme positif si le diamรจtre de la papule obtenue รฉtait supรฉrieur ร 3mm ou lorsque le diamรจtre de la papule รฉtait supรฉrieur ou รฉgal ร la moitiรฉ de celui du tรฉmoin positif . En cas de positivitรฉ du tรฉmoin nรฉgatif, la lecture du test รฉtait considรฉrรฉe comme ininterprรฉtable car tรฉmoin d’un dermographisme . Le diagnostic de l’allergie respiratoire repose sur la concordance entre l’histoire clinique et les prick-tests . Dans l’allergie alimentaire IgE-dรฉpendante, la positivitรฉ des prick tests alimentaires et des IgE spรฉcifiques permet initialement de poser le diagnostic de sensibilisation alimentaire. Le diagnostic d’allergie alimentaire est ensuite confirmรฉ par la positivitรฉ du test de provocation oral. Dans les formes mixtes et non IgE-dรฉpendantes ,les prick-tests doivent รชtre complรฉtรฉs par des atopy patch-test aux aliments consommรฉs couramment. En cas de positivitรฉ, la pertinence des tests est affirmรฉe par l’amรฉlioration des symptรดmes sous rรฉgime d’รฉviction. La rรฉcidive des symptรดmes lors d’un test de provocation oral confirmera le diagnostic d’allergie alimentaire.
La technique de collecteย
Le recueil des donnรฉes a รฉtรฉ fait ร lโaide dโun questionnaire confectionnรฉ et validรฉ. Ce questionnaire a permis de recueillir les informations suivantes :
โ Les donnรฉes de lโinterrogatoire : รขge, sexe, profession, lieu de rรฉsidence des patients , les habitudes et mode de vie , les facteurs dรฉclenchants de la maladie โฆ
โ Les donnรฉes de lโexamen clinique , et des examens para cliniques (patch tests , prick tests alimentaires , prick tests respiratoires โฆ.)
โย La prise en charge.
โย Lโรฉvolution clinique des patients .
Lโaspect รฉthique
Le consentement oral libre et รฉclairรฉ du participant รฉtait requis.
La confidentialitรฉ des donnรฉes รฉtait รฉgalement respectรฉe .
Les autres pathologies dermatologiques de mรชme que les pathologies non dermatologiques รฉtaient prises en charge .
Lโ autorisation des chefs de services รฉtait prรฉalable pour lโexploitation des donnรฉes des dossiers .
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
MATERIEL ET METHODES
I. OBJECTIFS DE LโETUDE
II. METHODOLOGIE
II.1. Type dโรฉtude
II.2. Cadre dโรฉtude
II.3. Population dโรฉtude
II.4. Critรจres dโinclusion
II.5. Critรจres de non-inclusion
II.6. Critรจres diagnostiques
II.7. La technique de collecte
II.8.Lโaspect รฉthique
II.9. La saisie et lโanalyse des donnรฉes
RESULTATS
III. ETUDE DESCRIPTIVE
III.1. Aspects รฉpidรฉmiologiques
III.1.1. Rรฉpartition selon le site de recrutement
III.1.2. Rรฉpartition en fonction de la frรฉquence hospitaliรจre
III.1.3. Age et sexe
III.1.4. Origine gรฉographique et catรฉgorie socio-professionnelle
III.2. Habitudes et mode de vie
III.2.1. Pratique du sport et saison
III.2.2. Stress et tabagisme
III.2.3. Produits de contact suspectรฉs par les patients
III.2.4. Aliments suspectรฉs par les patients
III.2.5. Retentissement socio-professionnel
III.3. Aspects cliniques
III.3.1. Antรฉcรฉdents et terrain
III.3.2. Hyperhidrose
III.3.3. Durรฉe dโรฉvolution
III.3.4. Signes fonctionnels
III.3.5. Prรฉsentation clinique
III.3.10. Intertrigo interorteil
III.4. Aspects paracliniques
III.4.1. Tests allergologiques
III.4.2. Prรฉlรจvement mycologique
III.5. Aspects thรฉrapeutiques
III.6. Aspects รฉvolutifs
IV. ETUDE ANALYTIQUE
IV.1. Relation entre lโaspect clinique et le tabagisme
IV.2. Relation entre lโaspect clinique et lโatopie
IV.3. Relation entre lโรฉvolution et le tabagisme
DISCUSSION
V. Reprรฉsentativitรฉ et limites
VI. Aspects รฉpidรฉmiologiques
VII. Habitudes et mode de vie
VIII. Aspects Cliniques
IX . Aspects paracliniques
X. Aspects thรฉrapeutiques
XI. Aspects รฉvolutifs
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES