Dynamiques culturalitaires et approches médicales en contexte d’enclavement

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L’anthropologie médicale et de la médecine

L’anthropologie médicale et de la médecine est unebranche de l’anthropologie sociale. Elle repose sur le postulat que la maladie (fait universel) est gérée et traitée suivant des modalités différentes selon les sociétés. Ces odalitésm sont liées à des systèmes déterminés de croyances et de représentations et dépendent de la culture dans laquelle émerge la maladie. Son but premier est d’accéder par une autre voie à la connaissance de l’homme en société. La maladie doit être envisagéecomme un moyen (comme le religieux ou le politique par exemple) pour accéder à la compréhension et à la connaissance des sociétés.

Les travaux relevant du domaine de l’anthropologie médicale portent sur les représentations de la maladie, les itinéraires desmalades, le rôle des thérapeutes ou les pratiques thérapeutiques de toutes sortes (dont les rituels de guérison), en fonction du système socioculturel dans lequel ils s’insèrent. L’anthropologie de la santé (ou anthropologie médicale) est une branche de l’anthropologie qui étudie la santé, notamment la maladie et le soin chez l’Homme. Certains auteurs assimilent parfois l’anthropologie de la santé avec l’ethnomédecine. Mais pour Jean-Pierre Willem, le terme Ethnomédecine (en) désigne plutôt une pratique de soin se voulant une synthèse entre l’art médical occidentalet les thérapeutiques traditionnelles des populations des pays non occidentaux.
Cette discipline utilise les méthodes de l’anthropologie et des sciences sociales pour étudier les questions de la santé, de la maladie, ed la guérison et des systèmes de soins. Les spécialistes de cette discipline sont, soit des anthropologues, soit des soignants (médecins, infirmiers, psychologues) qui se sont formés secondairement en anthropologie.

La tradipratique et la médecine traditionnelle

Un tradipraticien exerce une pratique médicale non conventionnelle, reposant sur des approches présentées comme traditionnelles, dans certaines communautés africaines.
Les tradipraticiens sont parfois des personnes formées à l’approche scientifique dispensée en université ou des personnes revendiquant un enseignement traditionnel. Les pratiques du tradipraticien sont souvent considérée comme du charlatanisme.
Selon des revendications de tradipraticiens, les « premiers scientifiques » seraient apparus en Afrique noire avant la colonisation ; avec ce postulat, ils affirment qu’il s’agirait des ancêtres des tradipraticiens, faisant des synthèses à partir de plantes, animaux … et aussi pratiquant la médecine spirituelle.
Selon la définition officielle de l’ OMS, la médecine traditionnelle « se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels – séparément ou en association – pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé ». Dans les pays industrialisés, les adaptations de la médecine traditionnelle sont nommées « complémentaires », « alternatives », « non conventionnelles », ou encore « parallèles ». 13

En Afrique, en Asie et en Amérique latine, différents pays font appel à la médecine traditionnelle :
· En Afrique, jusqu’à 80 % de la population a recours à la médecine traditionnelle au niveau des besoins de soins de santé primaires.
· En Chine, les préparations traditionnelles à base de plantes représentent entre 30 et 50 % de la consommation totale de médicaments selonl’O.M.S.

LA RÉGION DU MENABE

La population malgache fait face à un paradoxe : le territoire sur lequel elle est implantée est vaste, pourtant, elle s’agglutine dans certains endroits qui finissent par être surpeuplés. La population augmente de manière constante, alors que les terres cultivables n’arrivent pas à nourrir convenablement toute la po pulation. Par ailleurs, nous avons aussi les phénomènes de migration qui créent des pôles depauvreté dans les zones urbaines. En effet, les zones rurales malgaches se vident de leur population. Ces perspectives sur la démographie et les documents officiels y afférentsnous sont nécessaires pour situer le pays dans la problématique de population. Il y a à coté de cela des problèmes liés à l’urbanisation sauvage, l’absence de comportement c ivique de la population, qui se répercute sur l’environnement, notamment en matièred’hygiène. Mais surtout, le problème du développement se pose ici plus particulièrement.

Localisation géographique et administration régionale

Le Menabe est une région côtière du Canal de Mozambique

La région du Menabe est une région qui côtoie le Canal de Mozambique sur 350 km de long. Elle est limitée : au Nord par la région de Melaky (province de Mahajanga), à l’Est par les régions de Bongolava et de Vakinankaratra (province d’Antananarivo), au Sud-Est par la région d’Amoron’i Mania (province de Fianarantsoa), et au Sud par la région d’Atsirmo Andrefana (province de Toliara).

Sa position au niveau des structures décentralisées

La région fait partie de la province de Toliara. Ele est administrativement composée de 5 districts à savoir : Morondava, Mahabo, Belo sur Tsiribihina, Miandrivazo et Manja , et de 51 communes dont deux communes urbaines (CD de Morondava et CD de Mahabo). La capitale administrative et économique du Menabe est Morondava.

Vulnérabilité de la population

La population du Menabe vit en majorité (taux de 85%) de l’agriculture (exploitants ou ouvriers). Ce taux varie selon le district: 60% pour Morondava7, 90% pour les autres (RGPH, 1993). Les occupations professionnelles principales ne sont pas toujours stables.

Une crise dans le secteur secondaire (arrêt de la Société de Développement et d’Exportation de Production Animale et de la Société de Développement et d’exportation de Morondava, flottement de la SIRANALA) oblige la population ouvrière à revenir dans l’agriculture ou la pêche. De nouvelles opportunités d’emplois hors agriculture (relance Sucrerie du Complant de Madagascaro ou SUCOMA, Aquaculture du Menabe ou AQUAMEN, Grand Sel de Menabe ou GSM, et Société dePêche de Morondava ou SOPEMO) déclenchent à l’inverse l’exode agricole. L’enquête ROR indique que 81% des ménages de la région exercent des activités secondaires.
Cette mobilité, liée à des situations imprévues, peut entraîner les ménages à courir le grand risque de tomber dans le cercle vicieux de la pauvreté. Un des facteurs favorables à l’instabilité est le faible niveau de qualification de la population ouvrière et de professionnalisation de la population agricole. N’ont jamais été à l’école 54% des chefs de ménages du Menabe. Le meilleur niveau d’instruction est enregistré dans le district de Morondava (71% des chefs de ménages ayant été à l’école). Mahabo et Manja enregistrent le niveau d’instruction le plus bas avec 60% et 70% des chefs de ménage n’ayant jamais connu l’école. Pour l’ensemble de la région, le pourcentage de ménages analphabètes où aucun individu ne sait ni lire ni écrire (6 ans etplus) est de 23% en 20049.

La situation n’est pas désespérante dans la mesureoù la population est jeune : 23 ans d’âge moyen pour la population masculine et 22 ans pour la population féminine ; 41% de la population en dessous de 15 ans. Cette jeunesse devrait être capable de rattraper son retard en alphabétisation fonctionnelle pour les adultes, et en formation technique pour les plus jeunes.

Enjeux de la migration

Sur le plan historique et culturel, la région correspond à l’ancien royaume du Menabe (du fleuve Mangoky, à celui de Tsiribihina), et est composée essentiellement de Sakalava. Plus tard, elle est devenue multiethnique (une bonne douzaine de groupes ethniques) suite à d’anciennes vagues d’immigration.
Le rôle des migrants a été déterminant dans l’histoire du développement agricole de la région de Menabe. Les migrations historiques les plus importantes sont celles des Antesaka (Korao), des Betsileo (Antanandro) et des Bara. Vers les années 1960, on a déjà enregistré un taux de migrants de 55% pour le district de Manja, 49% pour Belo/Tsiribihina, et 40% pour Morondava. La région du Menabe reste toujours une terre d’accueil. Belo/Tsiribihina est le théâtre d’une immigration incessante attirée par les vastes et fertiles les plaines alluviales de la Tsiribihina. Miandrivazo continue de recevoir une immigration saisonnière importante de main-d’œuvre agricole (2.000 personnes/an), pour les cultures de haricot et de tabac, et la pêche eneau douce. Selon le Plan Régional de Développement du Menabe(P.R.D.M.).

Autres occupations professionnelles à Morondava : a rtisans ouvriers des métiers de type artisanal de marché (+8%); Personnel des services et vendeurs de magasin et de marché (-8%) ; ouvriers et employés non qualifiés ‘entreprised (+6%) ; conducteurs d’installation (5%) ; professions intellectuelles intermédiaires (+4%), selon le P.R.D.M
La multiethnicité est également perceptible à travers les religions pratiquées : animiste (50%), chrétienne (30%), autre dont musulmane (20%). A part quelques exceptions, les différents groupes ethniques cohabitent dans un même village et entretiennent leur cohésion par le partage des mêmes valeurs traditionnelles et culturelles : l’entraide, le culte des ancêtres, le respect des înés,a les us et coutumes locales, …

Cette partie nous a permis de poser quelques regards sur le contexte global dans lequel s’inscrit notre étude. La tâche de faire connaître la santé comme problème social est en réalité élémentaire, c’est-à-dire qu’elle fournit un cadre général de référence. Elle nécessite donc des compléments. Plus d’un champ d’activités s’offrent présentement aux sociologues dans la réforme structurelle des services de santé. Cette immense tâche de réorganisation a des incidences sur la profession médicale, sur les lieux de distribution des soins et sur les comportements des consommateurs eux-mêmes. Le sociologue est amené à porter un diagnostic sur ces types variés d’incidences, à l’exemple du reste des groupes sociaux qui composent la collectivité.
De plus, dans le cadre de la sociologie de développement, et plus particulièrement du développement rural, la situation sanitaire a un impact prédominant sur le développement d’une région.

Pragmatiques du vécu communautaire dans la Région du Menabe

Les différents contextes philosophiques et les origines diverses de la médecine traditionnelle et de la médecine moderne font toujours obstacle à la compréhension et au respect mutuels et peuvent expliquer le peu d’empressement à lancer des actions soutenant l’usage de la médecine traditionnelle. Nombreux sont les pays qui négligent le potentiel de la médecine traditionnelle pour améliorer la santéet les services sanitaires, et son rôle possible dans le développement économique et social.

Dynamiques dans la médecine moderne

En présence d’une maladie, une personne peut décider, soit de se soigner seule, soit de faire appel à des institutions ou à un personnel qualifié susceptible de la soigner. Il est à noter que le comportement vis-à-vis de ce choix dépend, d’une part, de la gravité de la maladie et, d’autre part, des caractéristiques économiques et sociales du malade.

Le recours à la consultation médicale officielle

En ce qui concerne le traitement des maladies, il existe un médecin pour environ 5410,2 habitants dans notre terrain d’étude. Globalement, 57,33% des malades effectuent des consultations, contre 42,67% de taux de non consultation en cas de maladie10.

Mais pour les plus démunis, le taux de consultation est légèrement supérieur par rapport à la non consultation ; il y a un taux de 5 2,72% contre 47,28% de non consultants. Par contre, le recours à la consultation est partic ulièrement plus élevé chez les nantis et les moyens (respectivement évalué à 70% et 68%) .
D’une manière générale, parmi les malades qui effectuent une consultation, 51,16% de ces derniers effectuent des consultations chez les médecins privés. Ce taux est légèrement supérieur par rapport au choix à consulter le médecin public qui est de 48,83%.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Contexte
Choix du thème
Choix du terrain
Problématique
Hypothèses
Objectifs
Objectifs généraux
Objectifs spécifiques
Méthodologie
Documentation
Les différentes approches
Les techniques d’enquête
Techniques vivantes
Techniques d’échantillonnage
Problèmes rencontrés et limites de l’étude
Plan de rédaction
PREMIERE PARTIE : Dynamiques culturalitaires et approches médicales en contexte d’enclavement
CHAPITRE 1 : Perspectives théoriques concernant la santé communautaire
1.1.- Société, individu et maladie
1.1.1.- Société et maladie
1.2.- Les sciences sociales, la médecine et la santé
1.2.1.- La santé publique
1.2.2.- L’anthropologie médicale et de la médecine
1.3.- La tradipratique et la médecine traditionnelle
CHAPITRE 2 : LA RÉGION DU MENABE
2.1.- Localisation géographique et administration régionale
2.1.1.- Le Menabe est une région côtière du Canal de Mozambique
2.1.2.- Sa position au niveau des structures décentralisées
2.2.- Population et démographie
2.2.1.- Territoire vaste et relativement sou- peuplé
2.2.2.- Vulnérabilité de la population
2.2.3.- Enjeux de la migration
DEUXIEME PARTIE : Pragmatiques du vécu communautaire dans la Région du Menabe
CHAPITRE 3 : Dynamiques dans la médecine moderne
3.1.- Le recours à la consultation médicale officielle
3.2.- Raisons du choix de praticien
3.3.- Les qualités exigées au médecin
3.3.1.- Attitudes des malades qui vont chez leur médecin
3.3.2.- Portées et limites de la médecine moderne
CHAPITRE 4 : Dynamiques dans la médecine traditionnelle
4.1.- Personnalité des tradipraticiens
4.1.1.- Identification
4.1.2.- Classification des tradipraticiens
4.1.3.- Ancienneté de l’exercice
4.1.4.- Niveau d’instruction
4.2.- Analyse des activités pratiquées par les tradipraticiens
4.2.1.- Origine du savoir-faire
4.2.2.- Domaine d’intervention
CHAPITRE 5 : faire un bilan
5.1.- Les dépenses des ménages
5.2.- Le recours au traditionnel
5.3.- Fréquentation des tradipraticiens par les malades
TROISIEME PARTIE : Prospectives de conciliation entre médecine moderne et tradipratique pour le développement durable
CHAPITRE 6 : Axiologie pour la santé publique
6.1.- Malade et institutions sociales
6.2.- Accès de la population aux soins de la médecine traditionnelle
CHAPITRE 7:corrélation entre médecine moderne et médecine traditionnelle dans le contexte post moderne
7.1.- Rôle du malade dans la société
7.2.- Améliorer la considération du médecin par le malade
7.3.- Collaborations entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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