Dynamique socio-environnementale et développement local des régions côtières du Sénégal

Les activités de pêche et d’aquaculture font vivre plus de 38 millions de personnes dans le monde « soit 200 millions de personnes qui dépendent de ces activités en tenant compte des emplois induits» (WWF, 2007). La pêche joue un rôle primordial dans l’alimentation des populations mondiales. En effet « la consommation humaine représente 76% des captures mondiales ». Les pêcheries mondiales « ont produit en 2006 environ 110 millions de tonnes de poisson destiné à l’alimentation», dont 85,8 millions de tonnes provenant des captures marines. Ainsi « l’offre apparente par habitant » est estimée à 16,7 kg en 2006. Elle a contribué à plus de 20% des apports en protéines animales de 2,6 milliards de personnes dans le monde en 2002 (WWF, op.cit.).

En Afrique, la pêche artisanale joue un rôle capital dans l’économie et l’alimentation des populations. Elle participe à l’équilibre de la balance des paiements, et génère des emplois importants. Selon la FAO (2004), dans la sous-région ouest-africaine, « les moyens d’existence de 5,3 millions de personnes dépendent directement du poisson (eaux douces et salées) ». La production halieutique est estimée à 1,1 million de tonnes par an.

Sur le littoral sénégalais en particulier, la pêche artisanale ou pêche piroguière occupe la première place des activités économiques. Elle réalise plus de 1,8% du PIB national et plus de 12% du PIB total du secteur primaire. La pêche constitue « la principale source de devises étrangères » du Sénégal, avec « 280 millions d’euros de recettes soit 18% des exportations sénégalaises » (Missions économiques, 2006). Elle est pratiquée le long du littoral dans sept régions : Dakar, Thiès, Saint-Louis, Louga, Fatick, Kaolack et Ziguinchor. Elle a connu un développement rapide. En effet, c’est un secteur très dynamique et pourvu d’une forte adaptabilité (FAO, 2002). La pêche artisanale réalise 87% de la production halieutique sur le littoral, contrairement à la pêche industrielle nationale et européenne qui produisent respectivement 10% et 2% de la production halieutique. Le secteur artisanal assure l’approvisionnement du marché intérieur et 60% des besoins des industries exportatrices de produits halieutiques (CRODT, 2000).

Elle concentre une partie significative de la population sénégalaise et assure une part importante de l’approvisionnement en ressources halieutiques. Elle emploie plus de 57 820 pêcheurs (CRODT, 2006) en plus des emplois connexes liés à la transformation artisanale et au mareyage.

la pêche artisanale dans le contexte socioéconomique ouest-africain et sénégalais 

La pêche artisanale s’est beaucoup développée dans la sous région ouest-africain depuis les années 1970. Elle contribue actuellement de façon majeure au développement économique et social des pays ouest-africains. Le secteur joue un rôle primordial dans les secteurs vitaux tels que l’alimentation, la création d’emplois et de richesses ainsi qu’à l’équilibre de la balance des paiements de ces pays.

La pêche artisanale est devenue depuis 20 ans une des principales activités économiques génératrices de revenus au Sénégal, avec plus 200 milliards de francs CFA (soit environ 360 millions d’Euros) de devises par année. Par ailleurs, la pêche artisanale joue un rôle important dans les apports en alimentation de la population sénégalaise avec 27 kg de poissons/habitant/an. Actuellement, elle contribue à 75% des apports en protéines animales des populations de l’intérieur du pays avec la transformation artisanale des produits halieutiques qui absorbe 40% des débarquements. Elle capitalise plus de 600 000 emplois directs, représentant 17% de la population active du pays . Mais actuellement, c’est un secteur en pleine crise avec la baisse des débarquements de certaines espèces, surtout démersales (nobles), et l’épuisement des stocks des zones de pêche. Cette situation entraîne une baisse des revenus des pêcheurs. La non application de la réglementation du code de la pêche, une gestion des ressources halieutiques quasi inexistante au niveau national et local, sauf pour certaines localités comme Kayar, expliquent en partie cette situation de crise.

Il faut aussi noter la diminution de plus en plus importante de la taille des espèces capturées (Octopus vulgaris, Epinephelus aenus, Sparidae, Pomadasys jubelini, etc), le manque d’encadrement des acteurs qui interviennent dans le secteur, sans compter l’accès libre et gratuit à la ressource, l’importance des licences de pêche distribuées aux partenaires internationaux pour de la pêche industrielle et qui exploitent sans répit les zones de pêche. Comme facteur aggravant de cette crise, on constate, depuis quelques années, une surexploitation et une dégradation constantes des zones de pêche par des techniques de pêche nocives comme les mono-filaments, et l’approvisionnement de plus en plus difficile du marché local au profit des exportations vers l’Union européenne et la sous région OuestAfricaine.

Tous ces facteurs conjugués montrent bien les contraintes auxquelles sont confrontés le développement de la pêche artisanale et la gestion efficiente des ressources halieutiques sur le littoral sénégalais.

La place de la pêche artisanale dans l’économie de l’Afrique de l’ouest 

Cette partie est essentiellement extraite des études de la FOA sur la pêche en Afrique, des rapports de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE, op.cit.) et de la Commission Sous Régionale des Pêche (CSRP) sur les politiques et stratégies de gestion de la pêche dans la sous région Ouest-Africaine. La pêche occupe une place importante dans l’économie des pays de l’Afrique de l’Ouest. Le secteur représente entre 10 à 30% des recettes budgétaires de la plupart des pays. Les accords de pêche ont contribué entre 1993 à 1999 à plus de 30% des revenus gouvernementaux en Guinée Bissau, 15% en Mauritanie et 13% en Sao Tome (OCDE, 2005). Les pêcheries dominent dans les exportations agricoles de l’Afrique vers l’Union européenne avec une valeur US de 1,75 milliards (128 millions d’Euros) (OCDE, op.cit.).

Dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest « la pêche occupe la première place au niveau du secteur primaire et constitue le premier secteur d’exportation. La moyenne de la consommation en poisson dans la région couverte par la CSRP est évaluée à 20 kg/hab./an selon les statistiques les plus récentes. Elle dépasse largement la moyenne africaine estimée à 9 kg/hab./an. Sur le plan de l’emploi, le secteur de la pêche contribue pour environ 5% à la population active dans la sous région » (CSRP, 2002).

La pêche artisanale emploi 1,5 millions de pêcheurs en Afrique de l’Ouest, soit plus de 10% du total mondial (OCDE, op.cit.). Elle joue un rôle important au plan social et économique dans la plupart des pays de la sous région. En effet, la production halieutique n’a cessée d’augmenter depuis les années d’indépendance avec l’ouverture aux marchés européens. Les pays de L’Afrique de l’Ouest sont parmi les premiers exportateurs de produits halieutiques en Europe. Selon les statistiques de la FAO et de l’OCDE (op.cit.), la production halieutique est passée de 300 000 tonnes en 1960 à plus de 1 854 000 tonnes en 2000 (cf. figure 1) soit plus de 1,4% du total mondial. La production des pêches maritimes représente 1 390 000 tonnes soit plus de 1,6% du total mondial sans la Mauritanie. Si on ajoute la production de ce pays, les pêcheries maritimes approchent les deux millions de tonnes. Etant donné que la production mondiale des pêches maritimes est de 74 millions de tonnes sans la Chine (FAO, 2008), la production de la sous région se situe autour de 4% du total mondial.

Les principaux pays producteurs et exportateurs de produits halieutiques vers les marchés internationaux et européens en particulier, sont la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée Bissau et la Sierra Léone . Ceci s’explique par la présence de conditions écologiques et climatiques favorables au développement de ressources halieutiques et de la pêche. En effet, dans ces pays le plateau continental est plus étendu avec des canyons, les upwellings et les apports terrigènes importants, présence de mangroves etc. En Mauritanie la pêche représente le quart du PIB national et la moitié des exportations. La production halieutique dépasse les 500000 tonnes, mais elle est pratiquement assurée par des armements étrangers (95%). En effet, la Mauritanie n’a pas une tradition de pêche artisanale, ce qui freine d’ailleurs son développement. La production pourrait être davantage plus importante et mieux contrôlèe.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : LE CONTEXTE ACTUEL DE LA PECHE ARTISANALE SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
Chapitre 1 : la pêche artisanale dans le contexte socio-économique ouest-africain et sénégalais
Chapitre 2 : La dynamique écologique de la pêche artisanale sur le littoral sénégalais
Chapitre 3 : Les stratégies adoptées par les pêcheurs face à la dynamique écologique
DEUXIEME PARTIE : STRUCTURE ET ORGANISATION DE LA PECHE ARTISANALE
Chapitre 1 : L’Insuffisance des politiques de gestion des ressources halieutiques au Sénégal
Chapitre 2 : L’organisation et la dynamique socio-économique de la pêche artisanale
Chapitre 3 : la dynamique spatiale des zones d’usage de la pêche artisanale
Chapitre 4 : Les conflits liés à la pêche artisanale
TROISIEME PARTIE : PECHE ARTISANALE ET DEVELOPPEMENT LOCAL : LES STRATEGIES DE GESTION DES RESSOURCES HALIEUTIQUES SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
Chapitre 1 : Les stratégies de développement local de la pêche artisanale et la gestion des ressources halieutiques sur le littoral
Chapitre 2 : Quelles politiques globales et locales de protection et de limitation des aires de pêche
Chapitre 3 : Quelles perspectives pour la gestion durable des ressources halieutiques et le développement de la pêche artisanale sur le littoral ?
CONCLUSION GENERALE
VERS UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES HALIEUTIQUES SUR LE LITTORAL SENEGALAIS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES MATIERES
LISTE DES TABLEAUX
TABLE DES FIGURES
TABLE DES CARTES

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