DYNAMIQUE SOCIALE DANS UN CONTEXTE DE CHANGEMENT

Approche socio-historique et anthropologique de la Commune rurale de Morafeno

ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย La formation du nom ยซ Morafeno ยป est historiquement due ร  un phรฉnomรจne migratoire quโ€™a connu cette localitรฉ ร  une certaine รฉpoque. En effet, pendant la pรฉriode prรฉcoloniale, Morafeno fut un espace forestier et que les populations des villages environnants eurent ensuite amรฉnagรฉ pour obtenir des surfaces cultivables. En constatant la fertilitรฉ de ce sol et les rendements que cela procurait aux occupants, dโ€™autres populations des quatre coins sโ€™y รฉtaient rendues et ont demandรฉ aux occupants de sโ€™y installer et dโ€™y amรฉnager des terrains cultivables. Quand la permission fut donnรฉe, le nombre dโ€™immigrants nโ€™a cessรฉ dโ€™augmenter et beaucoup de villages sโ€™รฉtaient formรฉs en peu de temps, cโ€™รฉtait de ce fait que le nom ยซ Morafeno ยป, qui signifie littรฉralement : ยซ rempli facilement ou rapidement ยป, sโ€™รฉtait constituรฉ. Les premiers occupants de cette localitรฉ furent les ยซ Betsimisaraka ยป venus de la partie Est de Madagascar (Mahanoro, Vatomandry, Toamasina). Mais du fait des incessantes immigrations susmentionnรฉes, des populations originaires des localitรฉs environnantes, notamment, de Mananjary, Manakara-Vohipeno, Irondro, Ambositra โ€ฆ constituent actuellement les habitants de la Commune rurale de Morafeno. Effectivement, la population de la commune est hรฉtรฉrogรจne, constituรฉe, outre les Betsimisaraka, dโ€™autres groupes ethniques tels que les ยซ Antembahoaka ยป, les ยซ Antemoro ยป, les ยซ Betsileo ยป, etc. Pendant la colonisation, plus prรฉcisรฉment en 1921, des ยซ tompomenakely13 ยป รฉtrangers รฉtaient venus retracรฉs les terres des populations autochtones et les ont dรฉpossรฉdรฉ de leurs terres. Ces ยซ tompomenakely ยป ont emmenรฉ avec eux une forme de capitalisme forcรฉ dans laquelle ils sโ€™รฉlevaient en propriรฉtaires fonciers, dรฉtenteurs des moyens de production et les habitants furent contraints de travailler moyennant un salaire. Ceux qui manifestaient une opposition furent bannis du territoire. A lโ€™รฉpoque, la culture dominante fut la culture dโ€™exportation (le cafรฉ, le girofle, la vanilleโ€ฆ). Cette emprise des ยซ tompomenakely ยป sur les terres des populations locales a pris fin avec la dรฉcolonisation, plus prรฉcisรฉment avec lโ€™avรจnement de la deuxiรจme Rรฉpublique. Aprรจs la restitution faite par les autoritรฉs de la deuxiรจme rรฉpublique des terres ร  leurs propriรฉtaires lignagers (ce qui nโ€™รฉtait pas sans problรจmes et consรฉquences sur la propriรฉtรฉ fonciรจre actuelle ร  cause des confusions), les paysans รฉtaient de nouveau en possession de leurs terres avec les droits qui y sont rattachรฉs. Ce qui a donnรฉ lieu ร  une nouvelle formation sociale basรฉe, non plus sur la parentรฉ (comme elle le fut pendant la pรฉriode prรฉcoloniale), ni sur lโ€™exploitation capitaliste directe (pรฉriode coloniale), mais sur la famille nuclรฉaire comme cellule de production et de reproduction. Sur le plan administratif, Morafeno fut un Canton depuis lโ€™accession ร  lโ€™indรฉpendance (1960), mais avec les rรฉformes politiques et administratives quโ€™a opรฉrรฉ la Rรฉpublique malgache et avec les systรจmes de dรฉcentralisation, Morafeno รฉtait un ยซ Firaisana ยป en 1975 et est devenu Commune rurale avec la Constitution malgache de 1992.

Les activitรฉs รฉconomiques de la population

ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย Avant la Deuxiรจme Rรฉpublique (avant 1975), les cultures dโ€™exportations (Cafรฉ, girofle, poivre noirโ€ฆ) avaient รฉtรฉ les principales cultures pratiquรฉes ร  Morafeno ร  cause de lโ€™occupation, ร  lโ€™รฉpoque, de terrains dโ€™environ 6000 ha par les ยซ tompomenakely ยป. Mais actuellement, les cultures vivriรจres, notamment la riziculture, constituent la spรฉculation dominante. Ce tableau nous renseigne sur la prรฉdominance du secteur agricole (70%) en tant quโ€™activitรฉs principales de la population dโ€™enquรชte. Cette activitรฉ agricole est basรฉe essentiellement sur la riziculture et pour une part infime, la culture de manioc, de patate douce… Aprรจs cette activitรฉ agricole, il y a รฉgalement lโ€™extraction dโ€™or qui constitue pour certaines lโ€™activitรฉ principale (23,3%), mais elle constitue รฉgalement la principale activitรฉ secondaire de la population locale. Ceux qui vivent de la maรงonnerie et de lโ€™enseignement constituent seulement 6,6% de notre population dโ€™enquรชte, mais il faut tout de mรชme remarquer que lโ€™agriculture et lโ€™extraction dโ€™or constituent pour eux des activitรฉs รฉconomiques secondaires. Ces rรฉsultats font ressortir la ruralitรฉ de cette commune sur le plan รฉconomique (prรฉdominance du secteur primaire). En effet, lโ€™รฉconomie y est ร  base agricole, il y a รฉgalement la profusion du secteur informel, dans le sens oรน presque toutes les activitรฉs รฉchappent aux contrรดles de lโ€™Etat, que ce soit au niveau local, rรฉgional ou national. Tel est le cas des petits commerces, de lโ€™extraction dโ€™or โ€ฆ que ce soit dans les activitรฉs principales ou secondaires des populations locales. La riziculture et lโ€™extraction dโ€™or constituent donc les principales sources de revenu et moyens de subsistance pour la population locale. Lโ€™une et lโ€™autre se combinent pour satisfaire les besoins des mรฉnages. Dโ€™une part, la riziculture est rรฉpartie en deux saisons culturales qui rรฉgissent, enquelques sortes les activitรฉs รฉconomiques de la population : la saison culturale ยซ vary vatomandry ยป et la saison culturale ยซ vary hosy ยป. Les comportements รฉconomiques des populations locales se basent sur ces deux saisons. En effet, la taille moyenne cultivรฉe par les paysans, ainsi que le rendement par ha varient selon la saison culturale. Ils, cultivent sur des surfaces plus รฉtendues (1,5 ร  2 ha de terrains cultivรฉs en moyenne) en saison ยซ vary vatomandry ยป et rรฉcoltent plus quโ€™en saison ยซ vary hosy ยป, ce calendrier agricole รฉtant ainsi ร  cause des conditions climatiques et pรฉdologiques propres ร  ces deux saisons. Notre investigation sur le terrain sโ€™est effectuรฉe pendant la saison ยซ vary hosy ยป, la population dโ€™enquรชte a cultivรฉe en moyenne 0,8 ha de terrains. La figure suivante fait ressortir la carte factorielle des superficies cultivรฉes par rapport ร  la situation de famille des enquรชtรฉs, la diffรฉrence des moyennes de modalitรฉs รฉtant significative (t = 2,58 ; 1-p = 98,4%), nous pouvons dรฉclarer une dรฉpendance entre ces deux variables: La taille minimale de terrains cultivรฉs รฉtant de 0,2 ha et la taille maximale de 2,5ha. Cette figure nous montre que ce sont les mรฉnages avec une seule chef de famille, qui sont pour la plupart des femmes (veuve), qui cultivent une surface trรจs restreinte (0,2 ha), suivie par les nouveaux mariรฉs et les cรฉlibataires qui cultivent sur une taille moyenne dโ€™environ 1 ha et enfin, ceux qui sont mariรฉs depuis longtemps ou ceux qui possรจdent des terrains plus vastes et les moyens pour les cultiver constituent la troisiรจme catรฉgorie de population qui peuvent cultiver sur une superficie de plus de 1,6 ha durant cette saison. En effet, la lourde tรขche incombรฉe aux femmes veuves ne leur permet pas de sโ€™occuper principalement des activitรฉs agricoles. Il est certain quโ€™en raison des obligations naturelles (fรฉconditรฉ) ou sociales (travaux domestiques, obligations collectives, etc.) hommes et femmes ne rencontrent pas les mรชmes contraintes au mรชme moment pendant leur cycle de vie. Les diffรฉrences en ce qui concerne les superficies cultivรฉes, ne relรจvent pas ici dโ€™un problรจme de propriรฉtรฉ fonciรจre, mais relรจvent plutรดt dโ€™un problรจme de moyens dโ€™exploitation et de main dโ€™ล“uvre. En effet, les familles (nuclรฉaires) ayant รฉtรฉ fondรฉ depuis un certain temps ont une taille de mรฉnage plus grande que les autres familles nouvellement fondรฉes. En dโ€™autres termes, ces mรฉnages possรจdent les forces productives nรฉcessaires (main dโ€™ล“uvre) pour pouvoir exploiter un terrain de cette taille, contrairement aux autres mรฉnages ayant une taille de mรฉnage rรฉduite. Toutefois, une autre catรฉgorie de population, avec une famille nouvellement constituรฉe et une taille de mรฉnage rรฉduite, a รฉgalement le pouvoir dโ€™exploiter des terrains plus vastes grรขce ร  lโ€™exploitation par salariat agricole. En ce qui concerne le rendement de ces activitรฉs rizicoles, nous retrouvons le mรชme schรฉma puisque le rendement dรฉpend รฉtroitement de la superficie cultivรฉe et de la technique agricole utilisรฉe, qui est essentiellement traditionnelle pour les 93,33% de notre population dโ€™enquรชte. La production y est mesurรฉe en sacs et un sac de paddy รฉquivaille ร  environ 30 Kg. La production minimale pour notre population dโ€™enquรชte รฉtant de 2 sacs, donc 60 Kg ; laproduction maximale de 42 sacs donc 1260 Kg, et la production moyenne est de 17 sacs, รฉquivalent ร  510 Kg. Ces productions ne peuvent pas, en effet, satisfaire les besoins essentiels du mรฉnage assez longtemps, cโ€™est pourquoi, les paysans doivent recourir ร  dโ€™autres activitรฉs rรฉmunรฉratrices pour assurer leur survie. Lโ€™extraction dโ€™or constitue la principale source de revenu en numรฉraire de la population. En effet, on trouve presque dans chaque Fokontany de la Commune une carriรจre. La population en extrait en moyenne 1 ร  2dg dโ€™or de 24K par jour, qui se vend dans la localitรฉ mรชme ร  8000 Ariary le 1dg auprรจs des grands commerรงants locaux, qui constituent les principaux acheteurs.

Education

ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย Lโ€™รฉducation reprรฉsente un investissement ร  long terme dans la productivitรฉ des individus. Ainsi, cโ€™est un moyen de subvenir aux besoins du systรจme de production actuel. Mais le monde rural se caractรฉrise par le manque dโ€™รฉducation et par la suite le manque de mains dโ€™ล“uvre qualifiรฉes pour entrer dans le systรจme รฉconomique afin de lutter contre la pauvretรฉ rurale. La cause en est que ce secteur rencontre de nombreux obstacles. La commune rurale de Morafeno possรจde un รฉtablissement prรฉscolaire, 17 รฉtablissements primaires publics (EPP) et un seul collรจge dโ€™enseignement gรฉnรฉral (CEG). Chaque mรฉnage a en moyenne 2 enfants qui vont ร  lโ€™รฉcole primaire et 1 enfant qui va ร  lโ€™รฉcole secondaire. Il ressort de cette figure que la plupart des enquรชtรฉs ont, dโ€™une part, fait lโ€™รฉcole primaire (33,3%) et, dโ€™autre part, nโ€™ont jamais frรฉquentรฉ lโ€™รฉcole (30%). Ce chiffre est suivi par ceux qui sont allรฉs jusquโ€™au secondaire du premier cycle (23,3%) et, enfin, une infime minoritรฉ dont 10% ont pu aller jusquโ€™au lycรฉe et les restes 3,3% ร  lโ€™universitรฉ. Lโ€™abandon scolaire se situe entre la classe primaire et celui du secondaire du premier cycle. En effet, les habitants sont dรฉmotivรฉs ร  sโ€™investir dans lโ€™รฉducation, tout dโ€™abord, ร  cause de lโ€™inexistence des structures correspondantes, de plus quโ€™ils nโ€™ont pas les moyens de payer les รฉtudes de leurs enfants en ville (Mananjary) aprรจs le brevet dโ€™รฉtude du premier cycle (BEPC), mais รฉgalement et surtout, parce quโ€™ils ne voient pas lโ€™intรฉrรชt dโ€™envoyer leurs enfants ร  lโ€™รฉcole ร  cause de la prรฉsence dโ€™une ressource gรฉnรฉratrice de revenu dans la localitรฉ, notamment lโ€™extraction dโ€™or. Effectivement, les jeunes quittent lโ€™รฉcole et rentrent directement dans le domaine de lโ€™extraction dโ€™or qui ne nรฉcessite pas trop de qualification mais qui rapportent beaucoup.Ainsi, nous avons constatรฉ quโ€™aprรจs lโ€™รฉcole, les enfants rejoignent directement les autres dans les carriรจres. Le caractรจre informel de lโ€™extraction dโ€™or dans cette localitรฉ (lโ€™inexistence des diffรฉrentes ponctions รฉtatiques, la non observation des textesโ€ฆ donc lโ€™absence de contraintes lรฉgales) et surtout la facilitรฉ de ventes de ces produits dans la localitรฉ elle-mรชme, renforcent chez les habitants un sentiment de suretรฉ et dโ€™assurance que cette ressource serait inรฉpuisable et quโ€™elle assurerait leur subsistance et leur reproduction, lesquelles, lโ€™รฉducation ne pourra point satisfaire. Il sโ€™agit donc ici dโ€™une logique de subsistance marchande, une stratรฉgie de survie ร  court terme que les paysans dรฉploient pour subvenir ร  leurs besoins quotidiens.

Contexte de lโ€™interaction

ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  Lโ€™opรฉration de dรฉveloppement menรฉe par lโ€™organisme ADRA est la premiรจre dans la commune rurale de Morafeno, elle a รฉtรฉ instaurรฉe dans la localitรฉ depuis 2010 dans le cadre gรฉnรฉral du programme SALOHI. En effet, cโ€™est la premiรจre fois que la population locale fut confrontรฉe ร  des actions de dรฉveloppement induites de lโ€™extรฉrieur par un organisme spรฉcialisรฉ. Lโ€™ADRA a choisi cette localitรฉ ร  cause de sa vulnรฉrabilitรฉ aux catastrophes naturelles et aux alรฉas de tout genre, ainsi quโ€™aux problรจmes sociaux que ceux-ci soulรจvent. Leurs actions dans cette localitรฉ consistent ร  lโ€™amรฉlioration des conditions de vie de chaque mรฉnage en intervenant dans le domaine sanitaire, agricole et dans la gestion des risques et catastrophes. Leur objectif est la pรฉrennisation, quand ils auront quittรฉ la localitรฉ, les techniques seront tout de mรชme utilisรฉes par la population. Les รฉquipes de lโ€™ADRA sont pluridisciplinaires. Effectivement, il y a des mรฉdecins, des agronomes, des techniciens de dรฉveloppement communautaire etc. Ces agents ont pour tรขche de mettre les paysans au parfum des nouvelles techniques en matiรจre dโ€™agriculture (techniques agricoles et entreprenariat rural), de gestion de risques et catastrophes, de comportements alimentaires et culinaires, et ensuite de les persuader ร  adopter ces nouvelles techniques. En somme, les interventions menรฉes par lโ€™ADRA consistent ร  inculquer chez les paysans une culture technico-scientifique et entrepreneuriale, que les experts de cette configuration ont constatรฉ lโ€™absence dans cette localitรฉ. Pour ce faire, les agents de cet organisme procรจdent par sensibilisation, formation, distribution de semences et de vivres, etc. Le choix des bรฉnรฉficiaires se fait par critรจre dโ€™assiduitรฉ (ceux qui sont les plus actifs sont รฉrigรฉs en chef par les habitants eux-mรชmes). Effectivement, les agents de lโ€™ADRA usent des outils de la communication de masse pour convoquer les habitants en rรฉunion afin de les organiser, ils convoquent, par exemple, la population par clameur public, affichage ou annonce radio. Durant la rรฉunion, ils font un recensement, ร  la base duquel les appuis nutritionnels et les semences seront distribuรฉs pour chaque groupe dans le village. Telles sont les approches utilisรฉes par les รฉquipes de lโ€™ADRA pour atteindre son objectif.

Motivation et dรฉmotivation

ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  ย  Aprรจs le traitement et lโ€™analyse de nos rรฉsultats dโ€™enquรชtes, nous avons pu dรฉceler les diverses logiques et stratรฉgies qui sous-tendent les actions des paysans dans leur cycle de vieet devant un projet de dรฉveloppement ou, mieux, dans le systรจme du dรฉveloppement. En effet,nous avons dรฉbouchรฉ sur lโ€™existence des logiques de subsistance marchande, de solidaritรฉ de groupe, dโ€™assistancialisme et surtout de recherche de sรฉcuritรฉ, ce qui explique en fait les tendances des paysans de la Commune rurale de Morafeno ร  rรฉsister aux changements ou ร  en adopter sรฉlectivement. Comme nous lโ€™avons dit plus haut, les paysans sont dรฉmotivรฉs ร  adhรฉrer aux actions de dรฉveloppement, autrement dit, ร  adopter les innovations technico scientifiques apportรฉes par les opรฉrateurs de dรฉveloppement ร  cause des risques que reprรฉsentent lโ€™adoption mรชme deย ces innovations. Ainsi, ils adoptent une stratรฉgie de recherche de sรฉcuritรฉ ou dโ€™assurance en rejetant en bloc ces innovations, ou encore une stratรฉgie de recherche de sรฉcuritรฉ en minimisant les risques par une adoption sรฉlective des innovations qui reprรฉsentent moinsย  risques et dont lโ€™adoption leur assure le bรฉnรฉfice de lโ€™assistance de lโ€™ADRA. En effet, cette assistance (appui matรฉriel, formationโ€ฆ), constitue la principale motivation des paysans ร  adhรฉrer aux actions de dรฉveloppement, puisquโ€™elle reprรฉsente pour les bรฉnรฉficiaires une ressource supplรฉmentaire pour assurer leur existence et celle de leur famille proche, dans la mesure oรน le rendement agricole est faible surtout en saison ยซ vary hosy ยป. Cette stratรฉgie assistancialiste est rencontrรฉe chez tous les paysans bรฉnรฉficiant de lโ€™aide de lโ€™institution de dรฉveloppement ADRA dans la localitรฉ. De leur cรดtรฉ, ceux qui ne bรฉnรฉficient pas de cette assistance rejettent en bloc les innovations apportรฉes, car elles reprรฉsentent pour eux un facteur de lโ€™exclusion sociale dont ils sont victimes ร  cause de leur diffรฉrence dโ€™origine. Par rapport aux hypothรจses que nous avons posรฉes a priori, nous pouvons dire pour la premiรจre hypothรจse que dans une certaine mesure, elle se confirme. Effectivement, lโ€™homo oeconomicus rรฉgit en quelques sortes les actions des paysans quand ils cherchaient avant tout son intรฉrรชt et celui de sa famille en adhรฉrant aux actions de dรฉveloppement menรฉes par lโ€™ADRA qui leur offraient aide et assistance. En dโ€™autres termes, cโ€™est lโ€™homo oeconomicus qui agit dans cette stratรฉgie assistancialiste que les paysans dรฉploient frรฉquemment, et dans laquelle ils cherchent ร  tirer profit personnellement des appuis sans pour autant les utiliser comme ils se doivent. Toutefois, cette rationalitรฉ instrumentale nโ€™est quโ€™une facette des logiques dโ€™actions dรฉployรฉes par les paysans et ne recouvre pas lโ€™ensemble des actions et rรฉactions paysannes sur cette scรจne du dรฉveloppement. Nous avons รฉgalement vu la propension des paysans ร  la stratรฉgie de recherche de sรฉcuritรฉ. En effet, la prรฉcaritรฉ, laquelle caractรฉrise lโ€™รฉconomie rurale, nโ€™offre pas aux paysans une assez grande marge de manล“uvre dans le choix des activitรฉs et des techniques ร  adopter pour garantir leur survie et de se retirer du rapport de productionexistant qui, avons-nous dit, gรฉnรฉrateur de production. Ainsi, pour protรฉger lui et sa familledes risques et รฉventuelles catastrophes, ils prรฉfรจrent rester fidรจles ร  son mode et technique dโ€™exploitation. En dโ€™autres termes, les paysans sont dรฉmotivรฉs ร  adopter les innovations technico-scientifiques parce quโ€™ils ne voient pas dans ces innovations une sรฉcuritรฉ sociale nรฉcessaire qui pourrait assurer sa production et sa reproduction. Concernant notre deuxiรจme hypothรจse, elle est confirmรฉe dans la mesure oรน les innovations symbolisent pour les paysans quelques choses dโ€™inconnues, dโ€™inexpรฉrimentรฉes, รฉtrangรจres et dont lโ€™adoption pourrait รชtre risquรฉe et dangereuse. Ainsi, suivant encore une logique de recherche de sรฉcuritรฉ, les paysans sont dรฉmotivรฉs ร  adopter les innovations et prรฉfรจrent utiliser leurs techniques habituelles qui leur offrent plus de garantie de sรฉcuritรฉ pour assurer leur survie.

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Table des matiรจres

REMERCIEMENTS
INTRODUCTION GENERALE
1. Gรฉnรฉralitรฉs
2. Choix du thรจme et du terrain
3. Problรฉmatique
4. Objectifs
a. Objectif global
b. Objectifs spรฉcifiques
5. Hypothรจses
6. Mรฉthodologie
a. Les mรฉthodes
Approche thรฉorique
Rubriques รฉpistรฉmologiques
b. Les techniques
Technique documentaire
Techniques vivantes
๏‚ท Le questionnaire
๏‚ท Lโ€™interview
๏‚ท Lโ€™observation
Technique dโ€™รฉchantillonnage
Tests
7. Problรจmes rencontrรฉs et limite de lโ€™รฉtude
8. Annonce du plan
PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE DU CHANGEMENT SOCIAL ET DU DEVELOPPEMENT
CHAPITRE 1 : APPROCHE THEORIQUE DU CHANGEMENT SOCIAL
Section 1 : Dimensions thรฉoriques du changement social et du dรฉveloppement
I. ANTHROPOLOGIE DYNAMIQUE
II. SOCIO-ANTHROPOLOGIE DU DEVELOPPEMENT
Section 2 : Grille dโ€™analyse
I. INDIVIDUALISME METHODOLOGIQUE
II. INTERACTIONNISME
CHAPITRE 2 : MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE RURALE DE MORAFENO
Section 1 : Approche socio-historique et anthropologique de la Commune rurale de Morafeno
Section 2 : Physionomie de la commune
I. SITUATION GEOGRAPHIQUE
1. Liste des Fokontany de la Commune rurale de Morafeno
2. Ressources naturelles
II. POPULATION
A. Donnรฉes dรฉmographiques
B. Activitรฉs de la population
1. Agriculture
2. Elevage
III. INFRASTRUCTURES
Section 3 : Lโ€™institution de dรฉveloppement ADRA et le programme SALOHI
DEUXIEME PARTIE : VECU DES PAYSANS ET DEVELOPPEMENT
CHAPITRE 3 : APPROCHE SOCIO-ECONOMIQUE ET CULTURELLE
Section 1 : Les activitรฉs รฉconomiques de la population
Section 2 : Rapports de production et mode dโ€™actions รฉconomiques
Section 3 : Le domaine culturel
I. La structure sociale
II. Santรฉ
III. Education
CHAPITRE 4 : PAYSANS ET DEVELOPPEMENT
Section 1 : Contexte de lโ€™interaction
Section 2 : Logiques reprรฉsentationnelles et stratรฉgies des paysans
1. Reprรฉsentations populaires
๏‚ท Dรฉveloppement
2. Assistancialisme
3. Appartenance aux organisations
4. Indexation sociale
CHAPITRE 5 : BILAN ET ANALYSE
Section 1 : Les dynamiques sociales
Section 2 : Motivation et dรฉmotivation
TROISIEME PARTIE : SUGGESTIONS ET PROSPECTIVE Dโ€™UNE INTERVENTION DE DEVELOPPEMENT COMME FORME Dโ€™ACTION PUBLIQUE
CHAPITRE 6 : SUGGESTIONS POUR Lโ€™ARTICULATION Dโ€™UN DEVELOPPEMENT ENDOGENE/EXOGENE
Section 1 : Suggestions pour nous, en tant que travailleur social
I. Les impacts de lโ€™introduction des innovations sur la sociรฉtรฉ
II. Les enjeux liรฉs ร  lโ€™introduction des innovations dans la communautรฉ
III. Suggestions pour les opรฉrateurs de dรฉveloppement
1. Lโ€™intรฉgration de tous dans le processus de dรฉveloppement
2. IEC/CCC
3. Une approche organisationnelle
Section 2 : Les suggestions des acteurs locaux
I. Les propositions paysannes pour une meilleure forme de collaboration avec les opรฉrateurs de dรฉveloppement
II. Les propositions des autoritรฉs locales
CHAPITRE 7 : PROSPECTIVE Dโ€™UN DEVELOPPEMENT COMME FORME Dโ€™ACTION PUBLIQUE
Section 1 : Le dรฉveloppement comme intervention sociale
Section 2 : Le dรฉveloppement comme forme dโ€™action publique
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
ANNEXES

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