Dynamique morphosédimentaire de l’île Doune Baba Dièye de 1971 aux années 2010

Les paramètres texturaux

   Les caractéristiques sédimentologiques du matériel des échantillons peuvent être appréciées à partir de l’analyse et l’interprétation des indices granulométriques. Ces derniers constituent le fondement des paramètres texturaux. Les données granulométriques brutes sont obtenues grâce au logiciel GRADISTAT (version .08). Ce logiciel nous a permis de tracer pour chaque échantillon une courbe cumulative (sigmoïde) en coordonnées semi-logarithmiques. A partir de ces courbes seront déterminés les quartiles et les paramètres granulométriques sont calculés à partir des différents phis en utilisant les formules de Folk et Ward (1957). Les indices sont une expression numérique des caractères des distributions granulométriques basées sur l’utilisation de l’échelle logarithmique dite échelle Phi φ. Ils permettent de rechercher la dynamique de la mobilisation sédimentaire ainsi que le comportement des agents intervenants et de comprendre les conditions de distribution granulométrique (unimodal, bimodal ou tri modal), le calibre sédimentaire prédominant et les conditions de dépôts. Cela peut apporter des informations sur le processus de reconstitution de l’île Doune Baba Dièye.

Les facteurs généraux

   L’île Doune Baba Dièye appartient à la circulation intertropicale. La circulation tropicale dans son dynamique général « est alimentée dans la réalité soit par des anticyclones mobiles polaires à un moment précis de leur évolution, soit par les agglutinations anticycloniques qui se forment plus fréquemment dans la région des Açores, de Sainte Hélène ou sur le nord de l’Afrique entre l’Algérie et la Libye (cellule saharo-libyenne) » (Sagna P., 2005).
– L’anticyclone des Açores règne sur l’Atlantique Nord entre 25° et 50° de longitude Ouest. Son minimum de pression se trouve environ à 1015 hPa en été du fait du rayonnement et du réchauffement qui sont plus importants dans l’hémisphère nord et son maximum dépassant 1045 hPa est atteint en hiver, car il est renforcé par les expulsions d’air polaire des moyennes latitudes vers les basses latitudes (Sagna P., 2005). Il occupe sa position la plus méridionale en janvier – février. Elles contribuent à l’alimentation et au renforcement de la circulation tropicale dans le général et à celle de la station de Saint-Louis en particulier par la pulsation des alizés. Leurs trajectoires sont du Nord, Nord-Est, de l’Est et même du Nord-Ouest et leurs vitesses varient en fonctions des saisons (Sagna P., 2005) ;
– La cellule Saharo-libyenne localisé dans le nord-est du continent africain. Elle n’est pas permanente car elle ne se signale dans les basses couches que pendant l’hiver boréal et doit son origine au refroidissement du substratum terrestre à cette période (Kane A., 1997). Elle alimente la circulation sur l’Afrique sahélienne par un flux d’une direction Est de novembre à avril ou bien jusqu’au mois de mai à la station de Saint-Louis. Du fait de son parcours continental, le flux devient un alizé chaud et sec connu sous l’appellation d’harmattan ;
– L’anticyclone de Sainte-Hélène centré dans l’hémisphère Sud impulse le flux de la mousson qui n’est que le prolongement de l’alizé issu de ce centre d’action. Traversant l’équateur géographique, le flux connait une déviation et change de direction. Il pénètre au Sénégal à partir du mois de mai et atteint sa position maximale en mi-aout. En fonction de sa migration et de son séjour dans l’hémisphère nord, le flux provoque le décalage progressive vers le Nord de la zone intertropicale de convergence (ZITC) par rapport à l’équateur géographique. Ses directions varient du Sud, Sud-Ouest à Ouest. La mousson apporte l’essentiel de la pluviométrie enregistrée à la station de Saint-Louis.

L’évolution des lignes de rivages virtuels entre 2001 et 2003

   L’île de Doune Baba Dièye est naturellement protégée de l’érosion marine par la configuration de la langue de Barbarie. L’évolution de l’île dépend de sa distance par rapport à la position de l’embouchure sur la Langue de barbarie. La rupture naturelle produite sur la Langue de Barbarie en 1973 a repositionné l’embouchure du fleuve Sénégal à une distance d’environ 15 km du pont Faidherbe (Kane A. 1997 in Dia 2000) soit 4,3 km par rapport à l’île. Elle a ensuite évolué vers le Sud pour se positionner à 10 km en 1983 puis atteint 14,8 km en 1992 et se retrouve à 24 km de l’île Doune Baba Dièye en 2003 (Dumas et Mietton, 2006). Depuis le décalage vers le sud cette rupture, l’agressivité marine n’avait plus d’influence sur l’évolution de la superficie insulaire. Entre juillet 2001 et novembre 2003, l’île a connu une légère augmentation de sa superficie d’ordre de 1 140 m². Cette augmentation de surface peut s’expliquer par son éloignement de l’embouchure, l’importance des apports sédimentaires induisant un engraissement favorisé par la situation calme dans les alentours de l’île et la fonction de protection que joue le cordon de barbarie sur l’île ainsi que le développement de la mangrove. L’ouverture d’un canal de délestage en octobre 2003 pour sauver la ville de Saint-Louis des inondations correspond à la suppression de l’écran de protection et au déclenchement de l’érosion sur l’île Doune Baba Dièye. Les plages de Doune Baba Dièye ont connu une modification profonde depuis l’aménagement de cette brèche qui étant à l’origine d’une déstabilisation des échanges transversaux de sédiments et la disparition des espèces reliques de la mangrove sur la façade occidentale. Cette transformation est accentuée par la succession d’une longue série d’érosion déclenchée dès les premiers effets de la brèche. Les modifications morphologiques s’observent sur les images quelques mois à près l’élargissement de la brèche.

L’évolution morphodynamique de l’île Doune Baba Dièye de 2003 à 2013

   L’île est protégé des attaques hydrodynamiques marines par la disposition du cordon de Barbarie jusqu’en octobre 2003, date de l’aménagement de la brèche sur la langue de barbarie, à 800 m en face de l’extrême Nord de l’île. La situation de référence de l’occupation du sol de l’année 2003 indique que la superficie de Doune Baba Dièye est répartie entre les sols sableux du cordon presque nus, la végétation, les marais les champs et les habitations. L’évolution morphodynamique de l’île entre 2001 et 2003 est peu significative mais marquée par une augmentation de surface d’ordre de 1140 m². Entre 2003 et 2005, l’île a perdu environ 143 000 m² de sa superficie. Cette réduction de surface concerne essentiellement la façade occidentale et la partie Nord de l’île. La modification du pH causée par l’aménagement de la brèche a porté atteinte à la mangrove. « La mangrove de type Rhizophora racemosa résistant à la forte salinité s’adopte aux changements des conditions du milieu alors que l’espèce Avicennia africana qui était très développée, est actuellement peu représentée » témoigne les enquêtés sur la dynamique sédimentaire de l’île. La vigueur des vagues d’arrachements a provoqué la disparition de quelques reliques de mangrove établis par endroit sur la façade ouest du cordon de Doune Baba Dièye et sur les sols hydromorphes dans des surfaces régulièrement inondées. Entre 2005 et 2007, les pertes de terres s’élève à 118 720 m². La partie septentrionale de l’île connait aussi une modification morphologique où les arrachements ont fini par isoler un banc de sable de l’île et crée un passe entre les deux compartiments. L’accentuation de l’érosion continue de ronger le banc de sable qui finit par disparaitre. Les sédiments érodés sont exportés sur la partie est de l’île dans un milieu calme situé en face de l’île Safal. Les parties centrales et nord de la façade occidentale sont plus impliquées dans cette réduction de surface. L’île Doune Baba Dièye a connue des pertes relatives à 28 % de ses surfaces entre 2003 et 2009. Ces pertes sont évaluées à 246 000 m². Mais la tendance de la dynamique change à partir de 2011. Les résultats d’observation de Sy B. A. et al., 2013 indiquent que la dynamique sédimentaire du cordon de Doune Baba Dièye émet des signes de reconstruction. De 2009 à 2011, les pertes se limitent à 70 000 m². Cette diminution des pertes est liée à la migration de la brèche vers le Sud. Cette évolution de la brèche compromet un transfert de dynamique et replace également l’île sous la protection du cordon de Barbarie. Mais la dynamique marine transitant par la brèche continue d’exercer des actions sur le cordon. Ainsi l’île Doune Baba Dièye passe de la situation d’érosion à la situation de stabilisation des pertes.

La dégradation des ressources

   La diminution de la fertilité du sol constitue l’une des principales causes de la baisse de la productivité agricole (Niang S., 2017). La dégradation des terres agricoles est associée à la rareté des pluies et à la mauvaise qualité des eaux disponibles. La salinisation des terres est également un facteur dans la dégradation des ressources. La dégradation des terres agricoles (par salinisation ou ensablement) inquiète principalement les maraichers. Les ressources pédologiques se dégradent progressivement et les revenus des agriculteurs sont menacés.

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Table des matières

Introduction
Synthèse bibliographique
Problématique
Méthodologie de recherche
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU MILIEU
Chapitre 1 : Cadre physique
1.1. La mise en place de l’île Doune Baba Dièye
1.2. La pédogenèse
1.3. Les unités morpho-pédologiques
1.3.1. Le cordon sableux blanc
1.3.2. Les tannes
1.3.3. La vasière à mangrove
1.4. La dynamique sédimentaire
1.5. Le climat
1.5.1. Les facteurs généraux
1.5.2. Les éléments du climat
1.5.2.1. Le vent
1.5.2.2. L’insolation
1.5.2.3. Les températures
1.5.2.4. L’évaporation
1.5.2.5. L’humidité relative
1.5.2.6. La pluviométrie
1.6. Les ressources hydriques
1.6.1. Les eaux souterraines
1.6.1.1. La nappe maestrichtienne
1.6.1.2. La nappe Paléocène
1.6.1.3. La nappe des calcaires lutétiens
1.6.1.4. La nappe du Continental Terminal
1.6.1.5. La nappe lenticulaire subaffleurante
1.6.1.6. La nappe salée
1.6.2. Les eaux de surface
1.7. Les sols
1.8. La végétation
Chapitre 2 : Cadre humain et socio-économique
2.1. L’aspect humain
2.1.1. Historique et origine du peuplement
2.1.2. L’évolution de la population
2.1.3. Le projet de relogement de la population Du village de Doune Baba Dièye
2.1.4. Le déplacement des sinistrés de Doune Baba Dièye
2.2. L’aspect socio-économique
2.2.1. L’agriculture
2.2.1.1. Le maraîchage
2.2.1.2. L’agriculture pluviale
2.2.2. La pêche
2.2.3. L’exploitation des huitres
2.2.4. L’élevage
2.2.5. Le transport
2.2.6. L’industrie
2.2.7. Le tourisme
2.3. Les difficultés des activités socio-économiques
2.3.1. Le maraichage
2.3.2. L’agriculture pluviale
2.3.3. La pêche
2.3.4. L’exploitation des huitres
2.3.5. L’élevage
DEUXIEME PARTIE : LA DYNAMIQUE SEDIMENTAIRE ET LES FACTEURS
Chapitre 3 : Les facteurs de la dynamique
3.1. Les facteurs naturels
3.1.1. La variabilité climatique
3.1.2. La dynamique marine
3.1.2.1. Les courants
3.1.2.2. La dérive littorale
3.1.2.3. Les houles
3.1.2.4. Les vagues
3.1.2.5. Les marées
3.1.3. La dynamique fluviale
3.1.3.1. L’influence des apports fluviaux
3.1.3.2. La variation saisonnière de la charge solide
3.1.3.2.1. La charge en saison de pluies
3.1.3.2.2. La charge en saison sèche
3.1.4. La dynamique éolienne
3.1.5. La configuration de la Langue de Barbarie
3.1.6. Les ruptures du cordon de la Langue de Barbarie
3.2. Les facteurs anthropiques
3.2.1. Les aménagements hydro-agricoles
3.2.2. La brèche d’octobre 2003
3.2.3. Le reboisement
Chapitre 4 : L’évolution morphodynamique de l’île Doune Baba Dièye 
4.1. L’utilisation des lignes de référence virtuelles
4.1.1. L’évolution des lignes de rivages virtuels entre 2001 et 2003
4.1.2. L’évolution des lignes de rivages virtuels entre 2003 et 2013
4.1.3. L’évolution des lignes de rivages virtuels entre 2013 et 2019
4.2. L’utilisation des traits de côte pour suivre l’évolution de la façade ouest de l’île
4.2.1. L’évolution du trait de côte de 2003 à 2013
4.2.2. L’évolution du trait de côte de 2013 à 2019
4.3. La dynamique morphologique de l’île Doune Baba Dièye
4.3.1. L’évolution morphodynamique de l’île Doune Baba Dièye de 2003 à 2013
4.3.1. L’évolution morphodynamique de l’île Doune Baba Dièye de 2013 à janvier 2019
TROISIEME PARTIE : LA DYNAMIQUE SEDIMENTAIRE ACTUELLE ET SES CONSEQUENCES
Chapitre 5 : L’évolution morphosédimentaire actuelle de l’île
5.1. Analyse granulométrie des unités morphologiques
5.2. L’étude sédimentologie des unités morphologiques
5.2.1. Le cordon
5.2.2. La plage
5.2.3. La berme
5.4. L’utilisation des lignes instantanées de rivage dans l’analyse de la mobilité du trait de côte
5.3. Evaluation du volume de sable charrié
Chapitre 6 : Les conséquences de la dynamique sédimentaire sur l’île
6.1. Les conséquences environnementales
6.1.1. La dégradation des ressources
6.1.2. La salinisation des terres
6.1.3. La pollution environnementale
6.2. Les conséquences de l’érosion
6.2.1. La disparition tragique du village de Baba Dièye
6.2.2. La perte en terre cultivable
6.2.3. Les phénomènes d’ensablement
6.2.4. Le déracinement des filaos
6.3. La perturbation des activités socio-économiques
6.3.1. La pêche, un secteur progressivement déstabilisé
6.3.2. La disparition des espaces maraîchers
6.4. Les stratégies d’adaptation face à la dynamique sédimentaire
6.4.1. La création du GIE Bokk Jom de Doune Baba Dièye
6.4.2. Les activités visant à la préservation de l’environnement
6.4.3. Les ONG et les partenaires privés
6.4.4. Le reboisement
6.4.5. Une technique de filtrage d’eau douce
Conclusion
Bibliographie

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