DYNAMIQUE ET GESTION D’UNE FORMATION ARBORÉE À GENÉVRIER THURIFÈRE (JUNIPERUS THURIFERA L.) DES ATLAS MAROCAINS

Le Genévrier thurifère en Espagne

   En Espagne, suivant les régions, le Genévrier thurifère est connu sous le nom de sabina vera (Aragon) (Braun-Blanquet & de Bolos, 1957), sabina blanca, ratiza (Blanco Castro et al., 1997), certaines appellations étant très anciennes (cedro hispanico, trabino ou trabina). Mais le nom le plus largement répandu est celui de sabina albar (Castilla y León) ou encore de enebro (Blanco Castro et al., 1997). Présent dans les régions de León (dont les peuplements de la Comarca de Luna (Blanco Castro et al., 1997; Bertrand & Bertrand, 1999) constitue la limite occidentale) d’Albacete, de Murcia, de Guadalajara, de Cuenca, de Valencia, de Ciudad Real, de Teruel, de Soria, de Segovia et de Burgos, le Genévrier thurifère est le mieux représenté dans celles de Soria (30 000 ha), de Teruel (29 116 ha) et de Guadalajara (26 080 ha), le peuplement le plus étendu étant celui de « Campo de Montiel » dans la région d’Albacete (55 000 ha). Son aire géographique, très étendue mais discontinue, se présente donc sous la forme d’un croissant orienté nord-ouest  sud-est, dont la superficie est actuellement estimée à environ 150 000 ha, soit 1% du couvert forestier espagnol (Gauquelin et al., 1999).

Principaux caractères morphologiques

   Le Genévrier thurifère est un arbre (ou arbuste) généralement dioïque, bien que dans certaines stations des Alpes françaises et en Corse, des individus monoïques aient été rencontrés (Borel & Polidori, 1983; Conrad, 1986), de même qu’en Espagne et dans le Moyen Atlas (Gauquelin, communication personnelle). Suivant les stations, les individus sont de taille très variable. Les individus les plus hauts, jusqu’à 20m, se rencontrent généralement en Espagne (Blanco Castro et al., 1997), mais les plus gros sont incontestablement au Maroc, certains individus atteignant jusqu’à 16 m de circonférence basale (Emberger, 1938; Fromard & Gauquelin, 1993). Cette espèce présente un port très variable, sous l’influence de différents facteurs (endogènes et exogènes), que nous étudierons dans le chapitre « Caractéristiques morphologiques des genévriers thurifères : étude des formes », page 77. Le feuillage, sempervirent, est constitué de feuilles en écailles, allongées et aiguës, opposées et disposées sur quatre rangs, réunies en ramules plus ou moins quadrangulaires (Rameau et al., 1993). Les écailles portent sur la face dorsale une glande sécrétrice, qui confère au Genévrier thurifère son odeur si particulière. Les cônes femelles (galbules) sont charnus, subglobuleux, de couleur noir bleuâtre (cf. Planche 1, p. 10, Photo n° 1), et contiennent 2 à 4 graines suivant la variété (bien que selon Gauquelin et al. 1987, les Thurifères du Maroc ne contiennent généralement qu’une seule graine), dont la maturité est atteinte au bout de deux ans.

Principales formations végétales

   La répartition des différentes formations végétales rencontrées dans la vallée est liée aux étages bioclimatiques (au sens défini par Emberger, 1939), eux même directement en liaison avec le gradient altitudinal, excepté lorsque des effets de versant viennent engendrer des conditions microclimatiques perturbant la succession altitudinale des différentes formations. On retrouve dans l’Azzaden les principales formations végétales du Haut Atlas qui montrent un étagement classique décrivant cinq ensembles qualifiés par Donadieu et al. (1976) d’étages de végétation, qui sont, du fond de la vallée aux sommets:
– formation à Genévrier de phoenicie (Juniperus phoenicea) et thuya (Tetraclinis articulata). Ce groupement ne dépasse pas l’altitude de 1500m et se localise principalement à l’entrée de la vallée, au niveau du village de Ouirgane. Il correspond à l’étage bioclimatique semi-aride frais de basse altitude. On y trouve, entre autres, les taxons suivants: Lavandula atlantica, Cistus villosus, Lavandula dentata, Pistacia lentiscus et Thymus satureoides.
– formation à Chêne vert (Quercus ilex) et à Genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus). L’iliçaie peut présenter différents aspects en fonction de l’intensité de la dégradation: futaies hautes et denses (par exemple sur les sommets en face du village de Tizi Oussem), ou à l’inverse, taillis bas ne dépassant guère deux mètres, au voisinage du village de Ouirgane. Cette formation est liée à l’étage bioclimatique subhumide froid. D’un point de vue 1ère partie: Présentation générale du genévrier thurifère et du site d’étude 15 floristique, on note la présence d’Arbutus unedo, de Crataegus laciniata, ou encore de Cirsium echinatum.
– formation à Genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus) et Rétame (Retama dasycarpa). Ce groupement correspond à une zone de transition entre la chênaie à Quercus ilex et les formations semi-arides de l’altitude supérieure (formations à Genévrier thurifère et Adénocarpe). Il se développe entre 1500 et 1800m d’altitude et correspond à l’étage bioclimatique semi-aride froid. Les éléments floristiques se développant dans cette ambiance climatique sont, entre autres, Adenocarpus anagyrifolius, Ormenis scariosa, Bupleurum spinosum, Stipa nitens ou encore Linaria ventricosa.
– formation à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) et Genista florida. Cet étage semi-aride très froid, voit la disparition des éléments plus sensibles aux basses températures comme le Chêne vert et l’Adénocarpe (Donadieu et al., 1976). Il correspond à la zone de prédilection du Genévrier thurifère qui ne connaît pas de compétition avec d’autres espèces arborées. Cette formation se développe entre 1800 et 2800 m d’altitude, avec tout au long de ce gradient altitudinal, un remplacement progressif des espèces telles que Lavandula depressus, Nepeta atlantica, Genista florida var. maroccana ou Thymus pallidus, par des xérophytes telles que Cytisus balansae, Alyssum spinosum, Ormenis scariosa ou Bupleurum spinosum. C’est une formation pré-steppique par excellence (Quézel & Barbero, 1981), décrite comme « une formation arborée lâche, dont la sous strate ne possède pratiquement plus d’éléments exclusivement forestiers, mais sont au contraire envahis par des espèces pérennes à affinités steppiques, et dont les sols sont peu évolués, souvent tronqués en surface » (Barbero et al., 1990b). C’est dans la limite supérieure de cette formation que se réalise le passage du milieu pré-steppique au milieu steppique, par péjoration des conditions thermiques (Barbero et al., 1990b).
– formation à xérophytes épineuses en coussinet. Les formations végétales que l’on rencontre à ces altitudes (> 2400 m) présentent une convergence de forme vers une architecture dite « en coussinet », donnant un aspect moutonneux à cette strate chaméphytique. Les espèces arborées sont absentes, les éléments floristiques les plus caractéristiques de cet étage de Haute montagne étant représentés par Cytisus balansae et Alyssum spinosum.

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Table des matières

INTRODUCTION
1ERE PARTIE: PRESENTATION GENERALE DU GENEVRIER THURIFERE ET DU SITE D’ETUDE
1.1. Chorologie générale
1.2. Systématique
1.3. Principaux caractères morphologiques
2.1. Localisation géographique
2.2. Climat
2.3. Topographie
2.4. Géologie, pédologie
2.5. Principales formations végétales
2EME PARTIE: ÉVALUATION DE LA PHYTOMASSE EPIGEE ET DE LA PRODUCTIVITE DU THURIFERE ET DE LA PHYTOMASSE DES ESPECES LIGNEUSES ASSOCIEES
1.1. Carte de densité du couvert
1.2. Choix des placettes
2.1. Méthodologie
2.1.1. Étude de la phytomasse
2.1.1.1.Principe de la méthode
2.1.1.2.Échantillonnag (acquisition des photos)
1. LE GENEVRIER THURIFERE
2. LE SITE D’ETUDE
1. PLAN D’ECHANTILLONNAGE
2. ÉVALUATION DE LA PHYTOMASSE EPIGEE ET DE LA PRODUCTIVITE DU THURIFERE A PARTIR D’UNE METHODE D’ECHANTILLONNAGE NON DESTRUCTIVE
2.1.1.3.Le calcul de l’échelle
2.1.1.4.Calcul des volumes
2.1.1.5.Calcul des densités
2.1.1.6.Calcul de la phytomasse des arbres échantillonnés
2.1.1.7.Calcul de la phytomasse du peuplement
2.1.2. Étude de la productivité
2.1.2.1.Principe de la méthode
2.1.2.2.Détermination de l’accroissement radial annuel
2.1.2.3.Le calcul de la productivité ligneuse pour les pixels B et H (branches verticales et horizontales)
2.1.2.4.Le calcul de la productivité ligneuse pour le pixel F (Feuillage)
2.1.2.5.Le calcul de la productivité ligneuse pour le pixel M (Couronne interne)
2.1.3. Les caractéristiques dendrométriques
2.1.3.1.La hauteur
2.1.3.2.La projection du houppier
2.2. Résultats et Discussion
2.2.1. La phytomasse du Genévrier thurifère
2.2.1.1.Densité des différents pixels
2.2.1.2.Phytomasse du peuplement
2.2.1.3.Conclusion
2.2.2. La productivité du Thurifère
2.2.2.1.Densités apparentes des cernes
2.2.2.2.Productivité ligneuse
2.2.3. Les caractéristiques dendrométriques et le sex-ratio de la population
2.3. Vérification de la méthode d’évaluation de la phytomasse
2.3.1. Méthodologie
2.3.1.1.Vérification indirecte: relations phytomasse / données dendrométriques
2.3.1.2.Vérification directe
2.3.2. Résultats et discussion
2.4. Intérêts, limites et avantages de la méthode
3.1. Détermination des différents types morphologiques
3.2. Le déterminisme des formes
3.2.1. Relation Forme-Hauteur
3.2.2. Le déterminisme sexuel
3. CARACTERISTIQUES MORPHOLOGIQUES DES GENEVRIERS THURIFERES : « ETUDE DES FORMES »
3.2.3. Le déterminisme altitudinal
3.2.4. Le déterminisme anthropique
3.3. Amélioration de l’estimation de la phytomasse par l’étude des formes
3.4. Conclusion
4.1. Méthodologie
4.2. Résultats et discussion
4.3. Conclusion
3EME PARTIE: POTENTIALITES DU MILIEU: MINERALOMASSE ET STOCK CARBONE
1.1. Méthodologie
1.1.1. Échantillonnage
1.1.2. Techniques d’analyse de la minéralomasse employées
1.2. Résultats et Discussion
1.2.1. La minéralomasse du Genévrier thurifère
1.2.1.1.Teneur en éléments minéraux des différents compartiments
1.2.1.2.Minéralomasse des différents compartiments
1.2.2. La minéralomasse des xérophytes
1.2.3. La minéralomasse du peuplement
1.3. Conclusion
2.1. Stock carboné aérien
2.1.1. Méthodologie
2.1.1.1.Détermination de la teneur en carbone organique des échantillons
2.1.1.2.Conversion phytomasse –> stock carboné
2.1.2. Résultats et discussion
2.1.2.1.Le pourcentage de carbone organique aérien
2.1.2.2.Le stock carboné aérien
2.2. Stock carboné souterrain
4. ÉVALUATION DE LA PHYTOMASSE DES XEROPHYTES
1. ÉVALUATION DE LA MINERALOMASSE EPIGEE DU PEUPLEMENT
2. DETERMINATION DU STOCK CARBONE AERIEN ET SOUTERRAIN DE LA VALLEE
2.2.1. Méthodologie
2.2.1.1.Échantillonnage
2.2.1.2.Dosage du carbone organique du sol
2.2.1.3.Estimation du stock carboné du sol
2.2.1.4.Une autre méthode d’estimation du carbone organique: la formule de « Cabidoche » modifiée
2.2.2. Résultats et discussion
2.2.2.1.Caractéristiques édaphiques des sols de la Thuriféraie de l’Azzaden
2.2.2.2.La densité apparente du sol
2.2.2.3.Le pourcentage de carbone organique dans le sol
2.2.2.4.Le stock carboné
2.2.3. Conclusion
2.3. Synthèse des résultats de stock carboné aérien et souterrain
4EME PARTIE: SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE ET APPROCHE DIACHRONIQUE DE L’EVOLUTION DE LA THURIFERAIE ENTRE 1965 ET 1989
1.1. Géoréférencement
1.2. Traitement de la photographie aérienne de 1965
1.2.1. Calcul de l’échelle
1.2.2. Élaboration de la carte de recouvrement du Thurifère (année 1965)
1.3. Traitement de la scène SPOT de 1989
1.3.1. Les différentes images obtenues à partir de la scène SPOT
1.3.1.1.L’indice de végétation normalisé
1.3.1.2.Les images linéarisées (seuillage)
1.3.1.3.La composition colorée
1.3.2. Élaboration de la carte de recouvrement du Thurifère (année 1989)
1.4. Correction géométrique
1.5. Correction des surfaces par la pente
1.5.1. Élaboration de la carte des pentes
1.5.2. Correction des surfaces
1.5.3. Synthèse topographique
1. DEMARCHE METHODOLOGIQUE
5EME PARTIE: ÉTUDE DES RELATIONS HOMME – THURIFERE
1.1. L’utilisation du Genévrier thurifère en Espagne
1.2. L’utilisation du Genévrier thurifère en France
1.3. L’utilisation du Genévrier thurifère au Maroc
2.1. Évaluation des besoins en combustible
2.2. Bilan et prévisions de l’évolution des stocks de bois disponibles
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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