TEMPรRATURE
La tempรฉrature est indรฉniablement un critรจre non nรฉgligeable dans la comprรฉhension de la dynamique du zooplancton. La succession zooplanctonique est conduite ร la fois par la compรฉtition et la prรฉdation, mais รฉgalement par la tempรฉrature (Adrian and Schneider-Olt, 1999). En effet, elle affecte directement la croissance des individus, leur dรฉveloppement post-embryonnaire et leur reproduction (Hunt andRobertson, 1977; Jimรฉnez-Melero et al., 2012; Lair, 1995; Verbitsky et al., 2017). Les temps de dรฉveloppement des oeufs et des diffรฉrents stades dโorganismes zooplanctoniques tels que les cladocรจres ou les copรฉpodes sont dรฉpendants de la tempรฉrature (Bottrell, 1975; Cook et al., 2007; Hart and Bychek, 2011; Herzig, 1983; Peterson, 2001). Les copรฉpodes รฉtant des organismes poรฏkilothermes comme les cladocรจres, ont des temps de dรฉveloppement qui diminuent lorsque la tempรฉrature augmente (Caramujo and Boavida, 1999; Hart, 1994; Jamieson and Burns, 1988; Kamps, 1978; Munro, 1974; Vidal, 1980a; Vidal, 1980b). Par consรฉquent, le temps de dรฉveloppement du stade oeuf au stade adulte chez les copรฉpodes des zones tempรฉrรฉes est gรฉnรฉralement de lโordre de quelques semaines alors que celui des copรฉpodes des zones polaires peut รชtre de plusieurs mois (Comita, 1956; Irvine and Waya, 1999).
La tempรฉrature modifie รฉgalement la capacitรฉ de reproduction des populations dโorganismes zooplanctoniques. Chez les copรฉpodes, les changements pรฉriodiques dans les oviductes de femelles caractรฉrisent un cycle reproducteur dans lequel les femelles oscillent entre des conditions gravides et non gravides. Ce cycle reproducteur est fortement dรฉpendant de la tempรฉrature (Caramujo and Boavida, 1999; Watras, 1983). Une รฉlรฉvation de la tempรฉrature amรฉliore le taux de production dโoeufs dรป ร une diminution des pรฉriodes de production de la ponte, bien que la taille de la ponte soit nรฉgativement corrรฉlรฉe avec la tempรฉrature (Jersabek and Schabetsberger, 1995). De
plus, la taille de la ponte chez les organismes zooplanctoniques tels que les copรฉpodes et cladocรจres semble รชtre corrรฉlรฉe ร la taille des femelles qui dรฉpend รฉgalement de la tempรฉrature (Abdullahi, 1990; Hart and Bychek, 2011). Une augmentation de la mortalitรฉ des oeufs a รฉgalement รฉtรฉ constatรฉe quand les tempรฉratures deviennent
dรฉfavorables pour les copรฉpodes (Jersabek and Schabetsberger, 1995).
Les communautรฉs zooplanctoniques dโeau douce peuvent rรฉpondre รฉgalement ร des variations de tempรฉrature de lโeau, dues par exemple ร un rรฉchauffement hรขtif ou au rรฉchauffement climatique, par des changements dans leur phรฉnologie (Adrian et al., 2006; Andrews, 1953; Gerten and Adrian, 2002; Leonard and Ponder, 1949; Seebens et al., 2007). Une รฉlรฉvation de la tempรฉrature de lโeau peut ainsi avoir des effets indirects sur les copรฉpodes. Elle peut changer la structure des communautรฉs phytoplanctoniques, faire apparaรฎtre un bloom phytoplanctonique printanier prรฉcoce dans la saison, et par consรฉquent modifier la qualitรฉ et la quantitรฉ de nourriture disponible pour les communautรฉs zooplanctoniques (Seebens et al., 2013; Wagner and Adrian, 2011). Indirectement, ce changement de tempรฉrature va donc affecter la compรฉtition au sein des communautรฉs zooplanctoniques et รฉgalement la pression de prรฉdation des vertรฉbrรฉs planctivores qui devrait รชtre plus prรฉcoce dans la saison et modifier la structure de taille des assemblages zooplanctoniques dans lโรฉcosystรจme (Moore et al., 1996).
PHYTOPLANCTON
Selon la thรฉorie du ยซ bottom-up control ยป, la production primaire dโun รฉcosystรจme aquatique+ contrรดle fondamentalement le niveau trophique qui lui est supรฉrieur (Power, 1992). Elle faรงonne alors la dynamique des populations des niveaux trophiques supรฉrieurs (Diekmann et al., 2009). En tant que consommateurs primaires, les groupes zooplanctoniques tels les copรฉpodes et cladocรจres apparaissent ainsi รชtre contrรดlรฉes par le phytoplancton dรฉpendant de la concentration de phosphate total dans le milieu (Dillon and Rigler, 1974; Filstrup et al., 2014; Kamarainen et al., 2008; McQueen et al., 1986; Pace, 1984; Sommer, 2008). La biomasse phytoplanctonique est une ressource alimentaire essentielle pour les populations zooplanctoniques en assurant leur croissance et leur dรฉveloppement. Tout comme la tempรฉrature, la disponibilitรฉ de la biomasse phytoplanctonique sur ces communautรฉs va entraรฎner des rรฉponses+ dรฉmographiques variรฉes suivant les espรจces en influenรงant ร la fois les temps de dรฉveloppement post-embryonnaire mais รฉgalement la production dโoeufs (Cook et al., 2007; Lampert, 1978; Pan et al., 2017).
La croissance des diffรฉrents stades de dรฉveloppement des organismes zooplanctoniques et plus particuliรจrement celle des copรฉpodes dโeau douce ainsi que leur production dโoeufs dรฉpendent de la concentration phytoplanctonique du milieu, ร lโexception des temps de dรฉveloppement des nauplii N1 ร N3 qui dรฉpendent plus de leurs rรฉserves lipidiques (Epp and Lewis, 1980; Hart, 1990; Hart et al., 1995; Jimรฉnez- Melero et al., 2012). Le temps de dรฉveloppement jusquโau stade adulte varie suivant lโespรจce, la tempรฉrature, la quantitรฉ et la qualitรฉ de nourriture disponible (Jamieson and Burns, 1988; Jimรฉnez-Melero et al., 2007; Twombly and Burns, 1996b). Les temps de dรฉveloppement diminuent quand la biomasse de phytoplancton augmente (Hart, 1996; Santer, 1994). Inversement aux temps de dรฉveloppement, face ร un enrichissement phytoplanctonique, la fรฉconditรฉ, la survie de tous les stades post-embryonnaires et la taille des adultes augmentent jusquโร atteindre un seuil (Hart, 1996; Santer, 1994; Tordesillas et al., 2017; Vidal, 1980a). En plus de la quantitรฉ algale, la qualitรฉ de la ressource algale est รฉgalement un facteur notable puisquโelle affecte plus fortement la survie et les taux de dรฉveloppement des derniers stades naupliens et copรฉpodites (Twombly and Burns, 1996a; Twombly et al., 1998; Von Elert and Stampfl, 2000). Le taux de production dโoeufs et la taille de la ponte sont รฉgalement clairement gouvernรฉs par les conditions nutritionnelles du milieu (Hart, 1996; Jersabek and Schabetsberger, 1995; Pan et al., 2017). Cependant, les taux de production dโoeufs peuvent รชtre รฉlevรฉs mรชme si la biomasse phytoplanctonique est faible. En effet, certaines espรจces de copรฉpodes sont capables de consommer des sources de nourriture alternatives telles que le microzooplancton ou alors dโutiliser leurs rรฉserves lipidiques pour rรฉsister ร cette carence algale (Renz et al., 2008).
Quand la ressource alimentaire devient rare, la croissance rapide des organismes zooplanctoniques tels que les copรฉpodes semble compromettre leur capacitรฉ de survie et de reproduction et les espรจces zooplanctoniques se succรจdent alors dans lโรฉcosystรจme (DeMott, 1989). La succession saisonniรจre de populations zooplanctoniques semble รชtre la rรฉponse ร lโeffet dโune diffรฉrence de tempรฉrature associรฉ ร un dรฉclin de la nourriture plutรดt quโร lโeffet de la tempรฉrature seul (Hart, 1996). La dynamique des populations de copรฉpodes cyclopoรฏdes est particuliรจrement influencรฉe par cette limitation de la ressource alimentaire (Santer and Hansen, 2006).
Pour contrer lโรฉtranglement phytoplanctonique prรฉsent au cours de lโรฉtรฉ dans les รฉcosystรจmes aquatiques, ces communautรฉs se sont adaptรฉes ร ces conditions dรฉfavorables en effectuant une diapause estivale au cours de laquelle le cyclopoรฏde interrompt son dรฉveloppement ontogรฉnique gรฉnรฉralement au stade copรฉpodite C4 (Fig. 2), sโenfonce dans le sรฉdiment et entre en diapause (George, 1973; Santer and Lampert, 1995). Le cyclopoรฏde retourne dans la colonne dโeau ร lโautomne pour complรฉter son dรฉveloppement et se reproduire ร lโautomne ou au printemps. La diapause des copรฉpodes varie suivant les espรจces et suivant les populations dโune mรชme espรจce (Kiefer, 1978; Santer, 1998). Cette stratรฉgie de diapause estivale des cyclopoรฏdes est due ร une forte dรฉpendance des nauplii herbivores ร une haute disponibilitรฉ de nourriture, laquelle est seulement garantie lors du bloom phytoplanctonique printanier (Hopp and Maier, 2005). La dormance jusquโau dรฉbut de la floraison phytoplanctonique va alors permettre un dรฉveloppement prospรจre des nauplii (Frisch, 2002; Hansen and Hairston, 1998; Seebens et al., 2009). En plus de cette diapause estivale, certaines espรจces de copรฉpodes peuvent รฉgalement effectuer une diapause hivernale pour รฉchapper aux conditions environnementales dรฉfavorables au dรฉveloppement de leur population (Alekseev, 2007; Waervagen and Nilssen, 2010).
MICROZOOPLANCTON
Le phytoplancton est une composante majeure dans la dynamique des populations dโorganismes zooplanctoniques tels que les copรฉpodes et les cladocรจres.
Cependant, le microzooplancton tel que les protozoaires est รฉgalement une ressource alimentaire considรฉrable pour la survie de ces communautรฉs et donc pour leur dynamique. En effet, la consommation du microzooplancton et plus spรฉcifiquement celle de ciliรฉs peut รชtre plus รฉlevรฉe que la consommation de la biomasse phytoplanctonique chez les copรฉpodes (Adrian and Schneider-Olt, 1999; Bundy et al., 2005; Carrick et al., 1991; Stoecker and Capuzzo, 1990). Quand la croissance microzooplanctonique est รฉlevรฉe et que la biomasse phytoplanctonique est limitรฉe par
la lumiรจre, la tempรฉrature ou les nutriments, la capacitรฉ des copรฉpodes ร pouvoir utiliser ร la fois le phytoplancton et le microzooplancton devient alors un atout pour ces organismes (Bundy et al., 2005)). Dans des conditions de ressource phytoplanctonique limitantes, les protozoaires comme les ciliรฉs peuvent alors contribuer ร rรฉpondre ร la demande รฉnergรฉtique des copรฉpodes (Adrian and Schneider- Olt, 1999; Beaver and Crisman, 1989). Cette contribution des protozoaires dans lโalimentation des copรฉpodes est toutefois variable suivant lโespรจce et lโรฉtat trophique du lac (Burns and Gilbert, 1993; Burns and Schallenberg, 1996; Burns and Schallenberg, 1998; Wiackowski et al., 1994). Cette ressource aurait une meilleure qualitรฉ biochimique que le phytoplancton et serait un supplรฉment lipidique pour les copรฉpodes afin de supporter leur reproduction (Bundy et al., 2005; Klein Breteler et al., 1999; Ptacnik et al., 2004; Vanderploeg et al., 1992).
PRรDATION EXTRAGUILDE OU CLASSIQUE
En plus dโรชtre contrรดlรฉe par la tempรฉrature, la biomasse phytoplanctonique, la dynamique des populations des organismes zooplanctoniques tels que les copรฉpodes se trouve รฉgalement perturbรฉe par les organismes de niveau trophique supรฉrieur dont les vertรฉbrรฉs et les invertรฉbrรฉs planctivores. Ces organismes zooplanctoniques interagissent aussi entre eux ร travers des processus de prรฉdation (extraguilde et intraguilde) et de compรฉtition qui peuvent engendrer des changements de leur dynamique au cours du temps.
La prรฉdation est une force puissante dans lโรฉcologie et lโรฉvolution des communautรฉs animales, affectant leur dynamique (Hairston et al., 1960; Paine, 1966).
Les prรฉdateurs peuvent causer soit une augmentation ou une diminution de la richesse spรฉcifique des proies (Addicott, 1974; Paine, 1966). Dans les รฉcosystรจmes aquatiques, la prรฉsence ou lโabsence de prรฉdateurs (poissons planctivores et invertรฉbrรฉs) peut conduire ร des changements majeurs dans la dynamique des communautรฉs dโorganismes zooplanctoniques et devenir un facteur clรฉ dans la rรฉgulation de leur abondance et de leur structure (Barbiero et al., 2014; Barbiero and Tuchman, 2004; Black II and Hairston Jr, 1988; Elser et al., 1987; Hanazato and Yasuno, 1989; Johannsson and OโGorman, 1991; Kajak and Rybak, 1979; Kerfoot et al., 2016; Neill, 1981; Rudstam et al., 2014; Vanni, 1988; Wissel et al., 2003). La prรฉdation sรฉlective par taille des poissons planctivores sur les populations dโorganismes zooplanctoniques peut en effet contribuer ร un changement drastique de la composition zooplanctonique des lacs en excluant les espรจces de grande taille au profit dโespรจces de petite taille (Brooks and Dodson, 1965). Par exemple, la prรฉdation sรฉlective par taille de Alosa pseudoharengus, poisson de la famille des clupรฉidรฉs, joue un rรดle important sur la composition zooplanctonique du milieu et plus particuliรจrement sur les populations de copรฉpodes. La prรฉdation sรฉlective du vertรฉbrรฉ รฉlimine les organismes zooplanctoniques de grande taille tels que les copรฉpodes calanoรฏdes Diaptomus spp., Epischura spp., et le cladocรจre Daphnia spp. permettant ainsi aux organismes de petite taille tels que les copรฉpodes cyclopoรฏdes comme Diacyclops bicuspidatus thomasi dโachever sa dominance sur la communautรฉ (Brooks and Dodson, 1965; Dodson, 1974; Elser and Carpenter, 1988). Contrairement ร la prรฉdation sรฉlective des vertรฉbrรฉs, celle des invertรฉbrรฉs peut entraรฎner lโexclusion dโespรจces de petite taille au profit dโespรจces de plus grande taille (Pichlovรก and Brandl, 2003; Pinel-Alloul, 1995; Riessen et al., 1988; Wong and Sprules, 1985; Yan and Pawson, 1997). Toutefois, des exceptions ร ce paradigme peuvent exister oรน des espรจces de petite taille dominent les lacs sans poissons. Ces exceptions semblent รชtre expliquรฉes par des interactions entre facteurs biotiques et abiotiques (Anas et al., 2015; Drouin et al., 2009).
La prรฉdation de poissons planctivores peut รฉgalement avoir des effets indirects sur la dynamique de population telle que celle des copรฉpodes. En modifiant la composition zooplanctonique du milieu, la prรฉdation peut modifier le cycle de reproduction de ces organismes comme par exemple les cyclopoรฏdes, en passant dโune reproduction synchrone en prรฉsence de prรฉdateurs ร une reproduction asynchrone et continue en absence de prรฉdateur (Maier, 1998; Papiวนska, 1988). De plus, quand la pression de prรฉdation des vertรฉbrรฉs sur les copรฉpodes est รฉlevรฉe, la mortalitรฉ sexespรฉcifique des femelles peut augmenter par rapport ร celle des mรขles, changeant alors le sexe ratio de la population. Les femelles portant leurs oeufs sont plus visibles par les prรฉdateurs que les mรขles (Hairston et al., 1983; Svensson, 1995). Les jeunes stades dโorganismes zooplanctoniques tels que les copรฉpodes font souvent face ร des taux de mortalitรฉ รฉlevรฉs (Eiane et al., 2002; Ohman et al., 2002; Plourde et al., 2009b). Or la survie de ces stades joue un rรดle majeur dans le devenir de ces populations et donc dans leur dynamique. Chez les copรฉpodes, cette survie peut รชtre menacรฉe par la prรฉsence de cannibalisme (prรฉdation intraspรฉcifique) chez les femelles. Cependant, cette pression de prรฉdation peut รชtre relรขchรฉe par la prรฉsence de prรฉdateurs vertรฉbrรฉs qui se nourrissent de ces femelles (Gliwicz and Rowan, 1984; van den Bosch and Santer, 1993). La prรฉsence de prรฉdateurs invertรฉbrรฉs, comme la larve de Chaoborus sp., peut รฉgalement entraรฎner une accรฉlรฉration du dรฉclin des jeunes stades de copรฉpodes tels que les nauplii (Neill and Peacock, 1980; Peacock, 1982).
PRรDATION INTRAGUILDE
Dans les รฉcosystรจmes pรฉlagiques, la pression de prรฉdation de vertรฉbrรฉs sur les communautรฉs zooplanctoniques sโavรจre parfois รชtre infรฉrieure ร la prรฉdation exercรฉe par les organismes zooplanctoniques eux-mรชmes sur leurs communautรฉs (Blumenshine and Hambright, 2003; Makler-Pick et al., 2017). La pression de prรฉdation exercรฉe par les organismes zooplanctoniques sur les communautรฉs zooplanctoniques peut รชtre 10 ร 20 fois supรฉrieure ร celle exercรฉe par la prรฉdation de vertรฉbrรฉs (Makler-Pick et al.,2017). La prรฉdation exercรฉe par un organisme sur un autre organisme utilisant la mรชme ressource alimentaire que lui, est appelรฉe prรฉdation intraguilde (Fig. 3) (Polis et al., 1989). Cette forme dโinteraction trophique, qui implique ร la fois la prรฉdation classique et la compรฉtition, permet au prรฉdateur intraguilde dโoptimiser lโacquisition de nourriture en รฉliminant son compรฉtiteur potentiel (Holt and Polis, 1997).
Elle est prรฉpondรฉrante dans les systรจmes oรน les populations sont structurรฉes par stade et frรฉquente lorsque le dรฉveloppement saisonnier des espรจces est asynchrone menant ainsi ร la prรฉsence simultanรฉe dโadultes et de jeunes stades. Les espรจces dont les stades de dรฉveloppement sont les plus avancรฉs se nourrissent alors des jeunes stades comme chez les copรฉpodes tels que les cyclopoรฏdes et les calanoรฏdes (Polis et al., 1989; Sprules and Bowerman, 1988). Le copรฉpode prรฉdateur impliquรฉ dans cette prรฉdation est alors omnivore (Arim and Marquet, 2004; Sprules and Bowerman, 1988). Lโomnivorie est particuliรจrement prรฉsente dans les populations de copรฉpodes cyclopoรฏdes et dans certaines populations de copรฉpodes calanoรฏdes tels que Epischura sp., qui se nourrissent ร la fois de nauplii de sa propre espรจce, mais รฉgalement de nauplii de calanoรฏdes et de phytoplancton (Adrian, 1987; Makino and Ban, 2000; McQueen, 1969; Schulze and Folt, 1989; Tรณth and Zรกnkai, 1985; Tรณth et al., 1987). Le cannibalisme prรฉsent dans les populations de copรฉpodes est dโailleurs considรฉrรฉ comme un cas extrรชme de prรฉdation intraguilde intraspรฉcifique (Basedow and Tande, 2006; Fox, 1975). La prรฉdation intraguilde peut alors รชtre engagรฉe entre des populations de copรฉpodes calanoรฏdes, cyclopoรฏdes et รฉgalement entre ces communautรฉs et celles des cladocรจres (Fig. 3) (Dufour et al., 2016; Soto and Hurlbert, 1991a; Soto and Hurlbert, 1991b; Toscano et al., 2016). Elle assure une meilleure disponibilitรฉ de la ressource alimentaire garantissant une meilleure survie des populations de copรฉpodes et dโautres espรจces opportunistes (Dufour et al., 2016; Toscano et al., 2016).
Lโimpact de la prรฉdation intraguilde est telle quโelle peut devenir un facteur de mortalitรฉ prรฉdominant (Szeinfeld, 1991). Elle peut alors contrรดler la dynamique de la population de proies intraguildes et mรชme provoquer lโextinction de cette population (Polis et al., 1989). Dans le cas oรน le prรฉdateur intraguilde viendrait ร disparaรฎtre, la population de proies intraguildes pourrait augmenter de faรงon considรฉrable (Polis and McCormick, 1987; Toscano et al., 2016).
Dans les systรจmes oรน la prรฉdation intraguilde est impliquรฉe avec du cannibalisme (Fig. 3), les prรฉdateurs adultes gagnent une ressource alimentaire supplรฉmentaire. Toutefois, les jeunes stades font face ร une source de mortalitรฉ supplรฉmentaire. La dynamique du systรจme impliquant cette prรฉdation intraguilde intraspรฉcifique est complexe. Les effets sur la dynamique des communautรฉs sont grandement dรฉpendant de lโรฉquilibre entre prรฉdation et compรฉtition (Hin et al., 2011; Morin, 1999). La dynamique de la population du prรฉdateur dรฉpend alors de la capacitรฉ de compรฉtition du compรฉtiteur (proie) et du prรฉdateur ainsi que du ratio prรฉdateurproie.
Si le prรฉdateur est compรฉtitivement dominant pour la ressource, le cannibalisme permet la coexistence avec les compรฉtiteurs en contrรดlant leur densitรฉ. Le cannibalisme en libรฉrant les adultes dโune limitation en ressource alimentaire amรฉliore le taux de reproduction des prรฉdateurs relativement ร la maturation de ses juvรฉniles en augmentant leur mortalitรฉ. En revanche, si la proie est compรฉtitivement dominante, le cannibalisme entraรฎne alors une exclusion compรฉtitive du prรฉdateur due ร une forte compรฉtition avec les jeunes stades du prรฉdateur qui empรชche leur maturation et leur survie quand la ressource alimentaire est faible (Hin et al., 2011; Toscano et al., 2017; Toscano et al., 2016).
La prรฉdation intraguilde est un facteur important dans la comprรฉhension de la dynamique des populations de copรฉpodes car elle influence leur dynamique en affectant leur abondance et leur dรฉveloppement (Armsby and Tisch, 2006; Basedow and Tande, 2006; Irigoien and Harris, 2006; Makler-Pick et al., 2017; Mylius et al., 2001; Ritchie and Johnson, 2009). Par consรฉquent, la prรฉdation intraguilde doit impรฉrativement รชtre prise en compte dans lโรฉtude des interactions trophiques des systรจmes aquatiques qui sont sujets aux fluctuations saisonniรจres et annuelles des facteurs environnementaux responsables de leurs dynamiques (Estlander et al., 2017).
COMPรTITION
La prรฉdation extraguilde et la prรฉdation intraguilde ne peuvent expliquer ร elles seules des changements dans la dynamique de population dโorganismes zooplanctoniques. La compรฉtition interspรฉcifique et intraspรฉcifique pour une ressource commune comme le phytoplancton dans les รฉcosystรจmes aquatiques peuvent รฉgalement contribuer ร des changements dans la structure des communautรฉs de ces populations zooplanctoniques (DeMott, 1989; Lynch, 1979). La compรฉtition est dรฉfinie comme lโutilisation dโune ressource par un individu qui en diminue la disponibilitรฉ pour les autres individus soit de son espรจce, compรฉtition intraspรฉcifique, soit dโune autre espรจce, compรฉtition interspรฉcifique. La compรฉtition est sous-jacente ร lโeffet de densitรฉ-dรฉpendance (Declerck et al., 2003). Chez les copรฉpodes, la compรฉtition entre calanoรฏdes et cyclopoรฏdes semble รชtre un facteur clรฉ dans la dynamique de ces populations et cette interaction peut mรชme dรฉpasser les effets de la prรฉdation intraguilde des cyclopoรฏdes sur les calanoรฏdes (Soto and Hurlbert, 1991a; Soto and Hurlbert, 1991b). De plus, dans des conditions de nourriture limitantes, les jeunes
stades de copรฉpodes peuvent alors entrer en compรฉtition avec les cladocรจres, organismes filtreurs plus efficaces que les copรฉpodes (Adrian, 1997; Santer and van den Bosch, 1994; Vanni, 1986). En lโabsence de copรฉpodes adultes prรฉdateurs, la pression de la compรฉtition interspรฉcifique des cladocรจres avec les nauplii peut empรชcher leur survie, conduire ร leur extinction et par consรฉquent exclure les prรฉdateurs du systรจme ร travers la compรฉtition (Toscano et al., 2016). La rรฉponse adaptative ร lโimpact de cette compรฉtition interspรฉcifique pour certaines espรจces de copรฉpodes va รชtre dโรฉviter cette pรฉriode dรฉfavorable en entrant en diapause comme chez les cyclopoรฏdes (Hansen and Hairston, 1998; Hopp and Maier, 2005; Santer and Lampert, 1995). Dโaprรจs lโhypothรจse taille-efficacitรฉ, les impacts de la compรฉtition inter et intraspรฉcifique vont apparaรฎtre dans la survie des diffรฉrents stades de copรฉpodes (Brooks and Dodson, 1965; Dodson, 1974). Si la prรฉdation sรฉlective par des vertรฉbrรฉs est absente, les organismes zooplanctoniques plus larges associรฉs ร de plus petits organismes dรฉcourageraient la coprรฉsence dโindividus de petite taille par la compรฉtition pour la ressource. Comme la prรฉdation extraguilde et intraguilde, la compรฉtition joue un rรดle indรฉniable dans la rรฉgulation du recrutement des espรจces zooplanctoniques et par consรฉquent dans la dynamique de ces populations.
รTUDE DE LA DYNAMIQUE DE POPULATION : TABLES DE VIE
Pour avoir une meilleure comprรฉhension des processus structurant les รฉcosystรจmes aquatiques et rรฉgissant la dynamique des populations zooplanctoniques, il est alors essentiel de prendre en considรฉration la combinaison de la production dโoeufs ainsi que la mortalitรฉ de la population รฉtudiรฉe (Aksnes et al., 1997; Eiane et al., 2002; Gabriel et al., 1987; Mason and Abdul-Hussein, 1991; Ohman, 1988; Ohman et al., 2002; Peterson and Kimmerer, 1994; Zamora-Terol et al., 2014). Pour explorer et estimer la mortalitรฉ de populations des communautรฉs zooplanctoniques, deux
principales approches dรฉmographiques peuvent รชtre appliquรฉes, lโapproche des tables de vie en analyse transversale (ou mรฉthode verticale) et en analyse longitudinale (mรฉthode horizontale). Lโapproche en analyse transversale est souvent utilisรฉe dans les รฉtudes de dynamique de populations de copรฉpodes en ocรฉanographie pour acquรฉrir des informations dรฉtaillรฉes sur les taux de mortalitรฉ stade-spรฉcifiques (Aksnes and Ohman, 1996; Dvoretsky, 2012; Dzierzbicka-Gลowacka et al., 2015; Melle et al., 2014; Ohman, 2012; Pepin, 2013). Jusquโร ce jour, cette approche nโa jamais รฉtรฉ appliquรฉe en limnologie. Cette approche est novatrice et est exploitรฉe pour dรฉfinir les patrons de taux de mortalitรฉ stade-spรฉcifique et รฉgalement pour dรฉcrire leurs variations saisonniรจres, spatiales, pour explorer lโimpact de diffรฉrentes forces environnementales sur la
mortalitรฉ des copรฉpodes (Eiane et al., 2002; Elliott and Tang, 2011; Hirst and Kiรธrboe, 2002; Ohman et al., 2008; Ohman et al., 2004; Ohman and Hsieh, 2008; Ohman et al., 2002; Plourde et al., 2009a; Plourde et al., 2009b; Renz et al., 2012; Skarรฐhamar et al., 2011). Les estimations de mortalitรฉs stade-spรฉcifiques sont des composantes essentielles dans la dynamique de populations zooplanctoniques, car elles permettent dโestimer les taux de survie et de recrutement des diffรฉrents stades. En reliant ces diffรฉrents paramรจtres aux conditions environnementales abiotiques et biotiques, cette approche dโรฉtude permet ainsi de souligner les processus descendants et ascendants qui gouvernent la dynamique des communautรฉs dโorganismes zooplanctoniques telles que les copรฉpodes (Hirst et al., 2007; Plourde et al., 2009b).
Parmi les deux approches dรฉmographiques dโestimation de taux de mortalitรฉ les plus couramment utilisรฉs, lโanalyse transversale (ou mรฉthode verticale) comparativement ร lโanalyse longitudinale (ou mรฉthode horizontale), est une mรฉthode robuste dont la force provient de lโutilisation de ratio dโabondances de stades de dรฉveloppement successifs ร un temps donnรฉ, comparable ร une photographie instantanรฉe. Lโanalyse transversale va ainsi sโintรฉresser ร la structure par stade dโune population ร un instant donnรฉ et ne requiert pas le suivi temporel dโindividus dโune mรชme cohorte. Contrairement ร lโanalyse transversale, lโanalyse longitudinale se concentre sur les variations dโabondances absolues au cours du temps et nรฉcessite par consรฉquent une rรฉsolution temporelle dโรฉchantillonnage รฉlevรฉe pour pouvoir suivre le dรฉveloppement des diffรฉrents stades qui peuvent durer que quelques jours (Aksnes et al., 1997; Ohman, 2012). Lโapproche transversale est รฉgalement plus robuste que lโapproche longitudinale pour รฉtudier des rรฉgions influencรฉes par des transports physiques tant que les combinaisons de stades sont affectรฉes de la mรชme maniรจre (Aksnes et al., 1997). Lโapproche longitudinale peut รชtre employรฉe quand lโadvection nโaffecte pas les abondances dโorganismes ou a des effets limitรฉs sur leurs abondances.
Sous lโeffet de transport advectif, la cohorte peut en effet รชtre perturbรฉe (Aksnes and Ohman, 1996; Hirst et al., 2007). Toutefois, la robustesse de lโapproche longitudinale peut รชtre affaiblie en fonction des diffรฉrentes conditions dโapplication de lโapproche et des diffรฉrentes sources dโincertitudes des variables impliquรฉes dans les formules dโestimation de la mortalitรฉ (Aksnes et al., 1997; Gentleman et al., 2012; Ohman, 2012).
ISOTOPES STABLES DANS LA DYNAMIQUE DES รCOSYSTรMES
Il y a plusieurs annรฉes, lโexploitation des isotopes stables รฉtait restreinte aux gรฉochimistes pour comprendre les cycles des รฉlรฉments. Toutefois, les derniรจres dรฉcennies ont รฉtรฉ le tรฉmoin de lโutilisation trรจs marquรฉe des isotopes stables en รฉcologie (Peterson and Fry, 1987). Ces derniers ont amรฉliorรฉ les descriptions des rรฉseaux trophiques grรขce ร leur capacitรฉ ร capturer simultanรฉment les interactions complexes et ร pister les flux dโรฉnergie ร travers les communautรฉs รฉcologiques (Michener and Lajtha, 2007; Middelburg, 2014; Peterson and Fry, 1987). Ils sont ainsi devenus un outil indรฉniable et usuel pour mieux comprendre les rรฉseaux trophiques et explorer les interactions dans les รฉcosystรจmes terrestres, marins et aquatiques (Denda et al., 2017; Iglesias et al., 2017; Turschak and Bootsma, 2015).
Les isotopes stables fournissent des caractรฉristiques รฉcologiques et comportementales des organismes, telles que la comprรฉhension de leur alimentation, la description de leurs migrations ร large รฉchelle (Crawford et al., 2008; Inger and Bearhop, 2008; Ottonetti et al., 2008), leurs aires dโalimentation (Ducatez et al., 2008) et รฉgalement les changements ร long terme dans la structure dans leurs rรฉseaux trophiques (Cherel et al., 2008; Christensen and Richardson, 2008; Turschak et al., 2014). En รฉcologie aquatique, ils sont souvent utilisรฉs pour rรฉvรฉler les positions trophiques des organismes ainsi que les variations temporelles et spatiales de ces rรฉseaux dans les รฉcosystรจmes lentiques (Driscoll et al., 2015; Fincel et al., 2014; Grey et al., 2001; Kling et al., 1992; Matthews and Mazumder, 2003; Matthews and Mazumder, 2005; Matthews and Mazumder, 2007; Matthews and Mazumder, 2008; Perga et al., 2006; Perga and Gerdeaux, 2006; Post, 2002).
Au cours des derniรจres annรฉes, lโutilisation des isotopes stables nโa cessรฉ dโรฉvoluer. Leur intรฉgration dans des modรจles de mรฉlange mathรฉmatiques a contribuรฉ ร rendre accessible la reconstruction de diรจtes dโorganismes terrestres, aquatiques et marins en convertissant les signatures isotopiques en estimations de contribution de sources de nourriture (Burian et al., 2014; Carrasco and Perissinotto, 2011; Carrasco et al., 2012; Fetahi et al., 2017; Kiszka et al., 2014; Parnell et al., 2010; Phillips, 2012; Turschak and Bootsma, 2015). Lโavantage de lโidentification de sources de nourriture ร lโaide dโisotopes stables est lโobtention dโune reprรฉsentation de la diรจte sur une longue pรฉriode de temps puisquโils dรฉcrivent lโintรฉgration de la nourriture assimilรฉe au cours du temps par rapport aux contenus stomacaux par exemple qui reprรฉsentent les sources de nourriture ingรฉrรฉes sur une courte pรฉriode de temps pouvant รชtre digรฉrรฉes ou non par lโorganisme. Lโincorporation dโisotopes stables dans des modรจles de mรฉlange multisources a continuรฉ de progresser pendant ces derniรจres annรฉes et divers modรจles ont รฉtรฉ crรฉรฉs en รฉvoluant leur degrรฉ de complexitรฉ (Layman et al., 2012; Phillips et al., 2014).
Les isotopes stables les plus frรฉquemment utilisรฉs pour rรฉvรฉler les interactions ร lโintรฉrieur des communautรฉs zooplanctoniques sont le d13C et d15N. Le concept isotopique de base รฉtant que la composition chimique des organismes est directement influencรฉe par ce quโils consomment, la signature isotopique en d13C dโun organisme reflรจte gรฉnรฉralement celle de sa diรจte puisque lโenrichissement en d13C par niveau trophique est trรจs faible, infรฉrieure ร 1 โฐ (McCutchan et al., 2003; Peterson and Fry, 1987; Post, 2002; Vander Zanden and Rasmussen, 2001). De ce fait, cet isotope stable va permettre de diffรฉrencier les sources de nourriture disponibles dans lโรฉcosystรจme (Kling et al., 1992). Lโenrichissement de lโisotope stable d15N, quant ร lui, rรฉvรจle les positions trophiques des taxa zooplanctoniques par rapport ร une ligne de base. En effet, contrairement aux valeurs de d13C qui nโaugmentent que trรจs faiblement entre la diรจte et le consommateur, celles de d15N tendent ร augmenter dโenviron 3,4 โฐ ร chaqueniveau trophique (Minagawa and Wada, 1984; Post, 2002; Vander Zanden and Rasmussen, 2001). Cette ligne de base choisie lors de lโรฉtude est importante, car elle reflรจte la signature isotopique en d13C et en d15N de la source primaire alimentant le rรฉseau trophique pรฉlagique (Cabana and Rasmussen, 1994; Post, 2002). La signature isotopique en carbone est รฉgalement trรจs utile dans la diffรฉrenciation des diffรฉrentes sources dโรฉnergie disponible ร la base des รฉcosystรจmes des lacs. En effet, lโorigine du carbone de la production secondaire des lacs peut รชtre autochtone, provenant de la production phytoplanctonique du lac, mais รฉgalement allochtone provenant de la matiรจre organique terrestre qui est consommรฉe directement ou indirectement par les bactรฉries puis par les organismes zooplanctoniques (Berggren et al., 2015b; Cole et al., 2011; Cole et al., 2006; Rautio et al., 2011). Ces deux principaux isotopes stables sont souvent combinรฉs ร dโautres isotopes biogรฉochimiques tels que le d2H et d18O qui permettent principalement dโexaminer les patrons de migrations dโorganismes ร large รฉchelle. Depuis quelques annรฉes, lโintรฉrรชt grandissant de ces derniers traceurs dans lโรฉtude des รฉcosystรจmes aquatiques a permis dโutiliser d2H dans la dรฉtermination de lโimportance de la ressource phytoplanctonique par rapport ร la ressource terrestre chez un consommateur (Cole and Solomon, 2012; Doucett et al., 2007; Hondula et al., 2014; Soto et al., 2013).
LE LAC SAINT-JEAN
Depuis 1926, le lac Saint-Jean est un grand rรฉservoir hydroรฉlectrique localisรฉ dans la zone borรฉale situรฉe dans la partie mรฉridionale du Quรฉbec (48ยฐ35ยข40ยฒ N, 72ยฐ01ยข50ยฒ W) (Fig. 4).
Considรฉrรฉ comme une vรฉritable mer intรฉrieure ovale situรฉe ร une altitude de 97 m, et sโรฉtant formรฉe il y 8 000 ans sur le bouclier laurentien aprรจs le retrait du Golfe de Laflamme, affluent de la mer de Champlain, la superficie du lac est de 1 053 km2 (~ 43,8 km ยด 24 km) et son bassin versant sโรฉtend sur 73 000 km2 (Jones et al., 1979; Leblond, 1976) (Fig. 4 et 5). Le lac est gรฉnรฉralement couvert de glace pendant environ 6 mois, de dรฉcembre jusque dรฉbut mai en moyenne. Il est peu profond. Le quart de sa superficie a une profondeur de moins de 3 m et 40% de sa superficie ne dรฉpasse pas 6 m. Sa profondeur moyenne est de 6 m mais sa forme subconique lui confรจre une profondeur pouvant atteindre jusquโร 63 m au centre de la dรฉpression (Hรฉbert, 1995; Jones et al., 1979; Leblond, 1976). Le lac est alimentรฉ par 21 riviรจres, toutefois celles qui totalisent ร elles seules prรจs de 75 % des apports dโeau du lac sont les riviรจres Ashuapmushuan, Mistassini et Pรฉribonka, les trois principaux tributaires du lac Saint- Jean (Hรฉbert, 1995). Lโeau du lac se dรฉverse ensuite vers la riviรจre puis le fjord du Saguenay par les riviรจres Petite et Grande Dรฉcharge. Enfin, le niveau dโeau du lac Saint-Jean est contrรดlรฉ par des barrages hydroรฉlectriques qui influencent fortement les dรฉbits des eaux.
La circulation de lโeau du lac est contrรดlรฉe annuellement par des vents dominants nord-ouest toutefois des vents dominants sud-ouest contrรดlent cette circulation pendant la saison estivale. Les eaux de la partie nord du lac se mรฉlangent ainsi trรจs rarement avec les eaux de la partie sud (Leclerc, 1985). Les eaux sรฉjournent en moyenne 93 jours (~ 3 mois) dans le lac (Jones et al., 1979). Avec ses faibles concentrations en รฉlรฉments nutritifs, le lac Saint-Jean est gรฉnรฉralement considรฉrรฉ comme un lac oligotrophe avec un faible potentiel de production primaire (Jones et al., 1979; Ouellet and Jones, 1988). Cependant, le lac peut รชtre qualifiรฉ de mรฉsotrophe pour certains secteurs influencรฉs par des tributaires riches en substances nutritives (Jones et al., 1979). Le bassin versant du lac (Fig. 5) est composรฉ ร plus de 90% par la forรชt borรฉale dont lโexploitation rรฉgit lโรฉconomie rรฉgionale. Le lac Saint-Jean est rรฉputรฉ pour sa pรชche sportive au dorรฉ jaune (Sander vitreus), ร la lotte (Lota lota) et ร la ouananiche (Salmo salar).
Sample collection
Following ice break-up in May, samples were collected on a bi-weekly basis (May to October) over two years (2006 and 2007). Sampling occurred at 12 randomly distributed stations at three distinct depths (<4 m, 10 m and >20 m). Sampling stations covered the complete area of Lake Saint-Jean (Fig. 1.1). At each station, vertical temperature profiles were recorded using a YSI 550 A instrument during the 2006 field season as well as in May 2007. After this, a SeaBird SBE 19 plus CTD sensor, which also collected fluorescence data, was used. Secchi depth was measured at each station for both years to determine water transparency. Surface water samples were collected from all 12 stations in May 2007 to assess surface chlorophyll a (Chl a) concentrations. From June to October 2007, water samples for Chl a were collected from three stations. During daytime, zooplankton were sampled with a Bongo net (0.50 m diameter) equipped with 158 ฮผm mesh netting and towed obliquely from 1, 2 and 5 m from the lake bottom to the surface (depending on the water depth at the station). Zooplankton were anaesthetized using carbonated water and immediately preserved in 4% sugarbuffered formaldehyde. Young-of-the-year (YOY) rainbow smelt (Osmerus mordax) were obtained from the annual standardized trawling survey of the Ministรจre des Forรชts, de la Faune et des Parcs du Quรฉbec (unpublished data) undertaken during 6โ10 days in late Julyโearly August of each year.
Laboratory procedures
Chl a concentrations were determined through the fluorometric analysis of the subsamples filtered onto Whatman GF/F glass fiber filters. Concentrations were calculated using the equations of Holm-Hansen et al. (1965) following 24 h extraction in 90% acetone at 5ยฐ C (Parsons et al., 1984). Chl a concentrations from 2007, from stations where water samples were not collected, were estimated by converting CTD fluorescence data to Chl a biomass using a linear regression between fluorescence and extracted Chl a (r2 = 0.81, n = 24, p < 0.001). Chl a concentrations from 2006 were assessed using Secchi depth and the correlation between Chl a biomass and Secchi depth from 2007 (r2 = 0.33, n = 96, p < 0.001).
At least 200 cladocerans and copepods from each of the samples were enumerated and identified to the lowest taxonomic level possible (Edmondson, 1959; Pennak, 1978). As the study focused on crustacean zooplankton organisms, rotifers were not included in the analyses. Copepod nauplii were also excluded as the 158 ฮผm mesh size did not collect them adequately. Due to the size selectivity of the 158 ฮผm mesh net, the abundance of calanoid and cyclopoid copepods (C1 and C2) was corrected using body size measurements to estimate size-specific retention coefficients based on standard equations (Nichols and Thompson, 1991).
Data analysis
We used both univariate and multivariate approaches to evaluate the seasonal and spatial dynamics of the crustacean zooplankton community. Univariate analyses were conducted using JMPยฎ 9 (SAS Institute Inc., 2010). Multivariate analyses were carried out with PRIMER (Plymouth Routine in Multivariate Ecological Research) version 6 (Clarke and Gorley, 2006).
Temperature (average water temperature above the thermocline, circa 10 m deep) and Chl a concentrations were used to characterize environmental similarity between samples. Cluster analysis with complete linkage was performed on a Euclidean distance matrix based on standardized environmental data (mean of zero and standard deviation of 1) to generate groups (clusters) for both years. A SIMPROF test (a = 0.05 and 999 permutations) was performed to validate these groups. For each year, one-way analysis of variance (ANOVA) was used to compare temperature and Chl a concentrations between environmental defined via cluster analysis and spatial groups defined by water column stratification at the stations (stratified vs unstratified). Diversity indices, including species richness (S), Shannon-Wiener diversity (Hยข) and Pielouโs evenness (Jยข), were calculated for both years using species abundance at each station. For each year, one-way analysis of variance (ANOVA) compared these diversity indices, total abundance of crustacean zooplankton, calanoids, cyclopoids and cladocerans as well as Diacyclops bicuspidatus thomasi, Leptodiaptomus ashlandi, Bosmina sp. and Daphnia spp. between environmental groups and between spatial groups (stratified vs unstratified). Normality and homoscedasticity of these variables were verified and, when necessary, data were transformed to meet the assumptions.
To visually assess the seasonal and spatial differences in crustacean zooplankton assemblages, non-metric multidimensional scaling (nMDS) was run using Bray-Curtis dissimilarities and fourth-root transformed zooplankton abundance data for each year. This latter transformation down-weights the importance of abundant species, thereby allowing less abundant species to exert some influence on the calculation of similarities (Clarke and Warwick, 2001). A one-way analysis of
similarity (ANOSIM) was then used to test for differences in the zooplankton communities between the environmental and spatial groups. Finally, the SIMPER (SIMilarity of PERcentage) routine identified those species most contributing to the environmental and spatial grouping/separation and determined their contribution to the zooplankton assemblages.
RESULTS
Crustacean zooplankton community characteristics and seasonal patterns
A total of 39 crustacean taxa were identified including six calanoid, nine cyclopoid, and 24 cladoceran taxa (Table 1.1). The most abundant taxon was the calanoid L. ashlandi, which accounted for more than 35% of total abundance of the crustacean zooplankton community in both years. It was followed by the cyclopoid D. bicuspidatus thomasi representing more than 22% of total abundance and the cladoceran Bosmina sp. representing more than 16% of total abundance in both years (Table 1.1). Daphnia longiremis, Acanthocyclops vernalis, Holopedium gibberum, Daphnia retrocurva, Daphnia galeata mendotae and Mesocyclops edax contributed between 1% to 6% of total abundance of the zooplankton community; the remaining taxa each represented less than 1%.
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Table des matiรจres
INTRODUCTIONย
Dynamique du zooplancton
Tempรฉrature
Phytoplancton
Microzooplancton
Prรฉdation extraguilde ou classique
Prรฉdation intraguilde
Compรฉtition
รtude de la dynamique de population : tables de vie
Isotopes stables dans la dynamique des รฉcosystรจmes
Le lac saint-jean
Problรฉmatique
Objectifs de la thรจse
Portรฉe de lโรฉtude
CHAPITRE I
SEASONAL AND SPATIAL DYNAMICS OF THE CRUSTACEAN ZOOPLANKTON COMMUNITY IN A LARGE BOREAL OLIGOTROPHIC RESERVOIRย
1.1 Rรฉsumรฉ
1.2 Abstract
1.3 Introduction
1.4 Methods and materials
1.4.1 Study site
1.4.2 Sample collection
1.4.3 Laboratory procedures
1.4.4 Data analysis
1.5 Results
1.5.1 Crustacean zooplankton community characteristics and seasonal patterns
1.5.2 Environmental conditions
1.5.3 Zooplankton assemblages in environmental groups
1.5.4 Spatial variation in zooplankton assemblages
1.6 Discussion
1.6.1 Crustacean zooplankton community of Lake Saint-Jean
1.6.2 Seasonal patterns of zooplankton community and interannual variability
1.6.3 Influence of the thermal stratification on zooplankton community
1.7 Conclusion
1.8 Acknowledgements
1.9 Funding
CHAPITRE II
MORTALITY AND RECRUITMENT IN TWO COPEPOD POPULATIONS IN A SUBARCTIC OLIGOTROPHIC RESERVOIR AND THE INFLUENCE OF ENVIRONMENTAL FORCING
2.1 Rรฉsumรฉ
2.2 Abstract
2.3 Introduction
2.4 Method
2.4.1 Study site
2.4.2 Field sampling
2.4.3 Laboratory procedures
2.4.4 Data analysis
2.4.4.1 Estimation of stage duration
2.4.4.2 Egg production rate measurements
2.4.4.3 Mortality, survival and recruitment estimations
2.4.4.4 Statistical analyses
2.5 Results
2.5.1 Seasonal patterns of environmental conditions, nauplii and copepod communities
2.5.2 Stage-specific mortality rates and survival in cyclopoid and calanoid populations
2.5.3 Daily stage-specific recruitment patterns
2.5.4 Seasonal patterns in population recruitment to late naupliar stages
2.5.5 Relationships between abundance of early stages, PopEpr and recruitment rate
2.5.6 Relationships between mortality in early stages and environmental conditions
2.6 Discussion
2.6.1 Stage-specific mortality in the two species
2.6.2 Environmental factors and mortality in early stages of the two species
2.6.3 Control on recruitment for the two copepod species
2.6.4 Limits of the mortality estimation
2.7 Conclusion
2.8 Acknowledgements
2.9 Funding
2.10 Supplementary information
CHAPITRE III
INTRAGUILD PREDATION WITHIN THE ZOOPLANKTON COMMUNITY OF A LARGE BOREAL RESERVOIRย
3.1 Rรฉsumรฉ
3.2 Abstract
3.3 Introduction
3.4 Methods
3.4.1 Study site
3.4.2 Sampling
3.4.3 Sample processing
3.4.4 Stable isotope analyses
3.4.5 Trophic level and dietary contribution
3.4.6 Data analyses
3.5 Results
3.5.1 Physicochemical environment
3.5.2 Pelagic food web structure and spatio-temporal variability
3.5.3 Trophic level
3.5.4 Potential food sources and dietary contribution
3.6 Discussion
3.6.1 Pelagic food web structure and within-lake variability
3.6.2 Omnivory in the pelagic food web
3.6.3 Trophic links
3.6.4 Intraguild predation in the pelagic food web through stable isotope analysis
3.7 Conclusion
3.8 Acknowledgements
3.9 Funding
DISCUSSION ET CONCLUSION
Dynamique du zooplancton du lac saint-jean
La communautรฉ de crustacรฉs zooplanctoniques du lac
Saisonnalitรฉ de la communautรฉ de crustacรฉs zooplanctoniques
Variabilitรฉ spatiale de la communautรฉ de crustacรฉs zooplanctonique
Allochtonie et omnivorie, caractรฉristiques du rรฉseau trophique
Mortalitรฉ stade-spรฉcifique dans les deux populations de copรฉpodes
Facteurs environnementaux et mortalitรฉ des jeunes stades des deux
populations de copรฉpodes
Contrรดle du recrutement des deux populations de copรฉpodes
Conclusionย
Perspectives de recherche
Temps de dรฉveloppement ontogรฉnique et production dโoeufs
Taux dโingestion et impact de la prรฉdation intraguilde
Allochtonie, ressources et consommateurs du rรฉseau trophique ร une รฉchelle plus fine
Rรฉcurrence et sรฉrie temporelle ร long terme
BIBLIOGRAPHIE