Le volontariat comme attitude première de la société civile
Les acteurs qui donnent corps à la société civile se trouvent (idéalement) en dehors de la politique, et sont composés des intellectuels qui figurent en bonne place dans la construction de son hégémonie. Elle est aussi composée selon SECK de « personnalités ou d’organisations non politiques ou syndicales agissant dans un but non l ucratif en matière humanitaire, de droit de l’homme de démocratie et de développement économique, culturel et social. » Les organisations humanitaires comme la Croix Rouge (CR) Caritas, Amnesty International, la RADDHO (Rencontre africaine de défense des droits de l’homme), l’ONDH (membre de la fédération internationale des ligues de droits de l’homme), les ONG, la presse indépendante et les personnalités des professions libérales tels les médecins, les chercheurs, les praticiens du droit constituent une force sociale qui compte de plus en plus au plan national et international. La société civile est caractérisée par l’association volontaire, la base d’une vie autonome au plan organisationnel et expressif. A la fois dépendante et indépendante de l’Etat, la société civile demeure tantôt partenaire du pouvoir politique tantôt source de contre pouvoir en matière de démocratie. Dans les recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Adam SMITH expose sa théorie d’une « distinction fondamentale entre le politique et l’économique, autrement dit l’Etat et la société ci vile qui est le champ de rapports fondamentaux engendrés entre les individus par les activités du commerce et de l’industrie ». Selon MARX et ENGELS « la société civile embrasse l’ensemble des rapports matériels des individus à l’intérieur d’un stade de développement déterminé des forces productives. Elle embrasse l’ensemble de la vie commerciale et industrielle d’une étape et déborde par là même l’Etat et la nation ou société moderne, bien qu’elle doit par ailleurs s’affirmer à l’extérieur comme nationalité et à l’intérieur comme Etat ».
Vision structurelle de la société civile
La société civile nous apparaît comme étant faite d’hommes et de femmes, de toutes conditions organisées ou non qui, librement ou sous forme de publics variés, s’engagent en toute responsabilité, face à l’Etat ou à toute autre autorité reconnue, à prendre en charge la quête de solutions de ce qui à leurs yeux et dans la cité constituent des urgences non ou insuffisamment prises en compte. Il va de soi que la société civile ne pourrait éclore que dans un système démocratique où les citoyens expriment librement leur point de vue face à la gestion du pouvoir. Ce type de gouvernement étant nouveau et la société civile est encore jeune. Elle apparaît donc, comme un processus général d’appropriation, par les peuples et les citoyens d’un pays, organisés en dehors de l’Etat et des autres cadres politiques traditionnels de la politique, c’est-à-dire du droit à la participation à l’activité publique pour la définition et la détermination de leur condition générale d’existence.
Le sexe
Ce sont des femmes qui vivent en concubinage avec quelqu’un, et ont à leur charge 1 à 3 enfant s qui disent ne pas voter. Cela s’explique par les charges qu’elles doivent endosser. Elles n’ont donc pas le temps de s’adonner à leurs devoirs civiques. Les hommes disent aussi ne voter que rarement, parce que cela n’a pas de répercussions sur leur vie quotidienne. Mais ils suivent les propagandes pour avoir des tee-shirts et voir des artistes et si possibles « boire un coup » aux frais des organisateurs. Ce sont les « veilleurs de nuit » durant les périodes où le Fokontany appelle les habitants à veiller sur la sécurité et les participants des assemblées générales et aussi des soirées de dépouillement des votes après les élections. Ils font « les travaux collectifs » qui ont besoin des bras et paradoxalement ce sont eux qui sont les plus concernés par les « affaires de justice ». Ceux qui ont un métier se distinguent de la majorité : un chauffeur de taxi collectif et son receveur et leurs petites amies ont des allures qui détournent de l’apparence générale, un manœuvre qui travaille avec une société achète des bicyclettes à ses enfants.
Positivité de la société civile
Pour nos enquêtées, l’action effectuée par la SEECALINE ou le CARE ne constituent que des barrières qui n’arrive même pas à les tenir en vie au cours d’une année. En effet, elles ont comme souci première de pouvoir investir et de « faire tourner l’argent », pour pouvoir avoir de la liquidité en cas de besoin. C’est pour cela que nous avons remarqué le fait que ces femmes ont une tendance tournée vers le commerce. Certaines d’entre elles veulent être propriétaires fonciers, pour cultiver et vendre. Toutefois, il y en a qui veulent étendre leur activité d’agriculture, en faisant une petite élevage ou en suivant des formations professionnelles (couture, élevage, etc.). Ce genre de projets n’est pas encore parvenu jusqu’à elles. Les seuls que nous avons pu répertorier concernent la nutrition des enfants, les vaccinations, le planning familial, ou encore l’association des femmes, dans un objectif politique, à l’époque du TIM (Tiako i Madagasikara). Les travailleurs dont nous venons de discuter travaillent fréquemment pour les O.N.G.; surtout les femmes (cependant on ne peut en faire une norme générale). L’O.N.G. SEECALINE est particulièrement connue et prisée par les populations de nos terrains, et on déplore son absence actuelle. Il s’agit d’une vaste organisation financée par la Banque Mondiale à partir d’une fraction des argents dirigés par le pays vers le paiement de la dette (fonds dit de « contre-valeurs ») SEECALINE opère à l’échelle du pays, mais dans la capitale, l’O.N.G. se spécialise notamment dans la (re)construction des digues et diguettes, passerelles, escaliers et couloirs dans les quartiers les plus défavorisés. Les projets sont maintenant proposés à SEECALINE et mis en œuvre conjointement avec les bureaux du fokontany, qui recrute la main-d’oeuvre par affichage et bouche-à-oreille. L’organisme prône une approche par Haute Intensité de Main d’oeuvre (HIMO) suivant le principe de « argent et vivres contre travail ». Simplement, il s’agit ici de faire travailler un maximum de gens à partir des stocks de vivres disponibles et d’une norme de distribution. Suivant les entretiens faits dans le quartier, SEECALINE ne donnerait maintenant que des vivres. Concrètement, ces nourritures obtenues par les travailleurs (riz, poudre de maïs, huile) ne permettent aucune accumulation, mais ne concernent que la reproduction immédiate du corps. De ce fait, le mandat de SEECALINE prend la forme d’une ONG d’aide d’urgence distribuée à grande échelle et qui tente de dépasser des (supposés) « rapports de dépendance » souvent assimilés aux dons unilatéraux (tel le modèle de la charité chrétienne par exemple).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
1. Contexte
2. Choix du thème
3. Choix du terrain
4. Problématique
5. Objectifs
6. Hypothèses
7. Méthodologie
7.1. Documentation
7.2.- Approches théoriques
7.3. Techniques d’échantillonnage
7.4. Les entretiens
8. Problèmes rencontrés et limites de l’étude
8. Structuration du document
PREMIERE PARTIE : THEORIES SUR LA SOCIETE CIVILE DANS LE MONDE ET A MADAGSCAR
Introduction partielle
CHAPITRE 1 : LA NOTION DE « SOCIETES CIVILES »
1.1.- La société civile d’HEGEL à MARX
1.2.- Le volontariat comme attitude première de la société civile
1.3.- Fonctions de la société civile
1.4.- Société civile et démocratie
1.5.- Points de vue idéologiques
CHAPITRE 2 : SOCIETES CIVILES ET IMPULSIONS DEMOCRATIQUES A MADAGASCAR
2.1.- La société civile, un acquis démocratique
2.1.1.- La société civile : une notion transposée
2.1.2.- Vision structurelle de la société civile
2.2.- Amalgame « politico – société civile »
2.3.- Le rôle des intellectuels dans l’émergence de la société civile
2.4.- Interventions de la société civile
2.5.- Ambatokaranana dans la turpitude sociopolitique malgache
Conclusion partielle
DEUXIEME PARTIE : PAUVRETE ET APPRECIATIONS POPULAIRES DES PRESTATIONS DES SOCIETES CIVILES A AMBATOKARANANA
Introduction partielle
CHAPITRE 3 : LA PARTICIPATION CITOYENNE
3.1. Niveau de participation citoyenne
3.2. L’âge
3.3. Le sexe
3.4. Le niveau d’instruction
3.5. La profession
3.6. La religion
3.7. Responsabilités
3.8. Procès des Associations (ou ONG)
3.9. Médias
3.10. Classe politique et élections
CHAPITRE 4 : IMPACTS DES PRESTATIONS DES SOCIETES CIVILES DANS LA VIE QUOTIDIENNE
4.1. Procès populaires des ONG
4.2. Positivité de la société civile
4.3. vivre ensemble et développement du non-développement
4.3. Pauvreté et exclusion
4.4. Modernité et individualisme
CHAPITRE 5 : EVALUATIONS CRITIQUES ET REFLEXIVES SUR LES REALITES DE POPULATION
5.1. La résidence
5.2. L’emploi
5.3. Le pouvoir d’achat des ménages
5.4. Femmes et sociétés civiles
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : PROSPECTIVES D’EFFICIENCE CIVILE ET CITOYENNE
Introduction partielle
CHAPITRE 6 : CRISES POLITIQUES ET PLACE DE L’INTELLIGENTSIA
6.1. Les Crises politiques
6.2.- Crises et prise de position
6.3.- La place de l’intellectuel
6.4. L’école
6.5. Procès des activités des ONG à Madagascar
6.6. De nouvelles formes de citoyenneté
6.7. Une conception des pouvoirs qui isole les individus
6.8. La crise de l’Etat-nation et de la représentation
6.9.- Repositionnement sociale et politique des ONG
CHAPITRE 7 : RECOMPOSITION DE L’ETAT ET DE LA SOCIETE CIVILE
7.1. Complémentarité entre la societe civile et l’etat
7.2. La société civile, un partenaire de l’Etat
7.3. La Société Civile comme relais entre l’Etat et les citoyens
7.4. Sociétés civiles et démocratie
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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