Dynamique des vasières à mangrove de Ziguinchor

Les mangroves sont les écosystèmes marins les plus riches du monde en termes de biodiversité. Elles se situent dans la zone intertidale des côtes basses des régions tropicales et équatoriales. À l’échelle mondiale, elles sont présentes dans cent vingt quatre (124) pays et couvrent selon la FAO (2009), « plus de 3,2 millions d’hectares». Selon ADG (2011), les mangroves couvrent une superficie de « 1,5 million d’hectares » sur le littoral atlantique occidental. Celles du Sénégal appartiennent au groupe de l’Ouest, groupe des mangroves les plus septentrionales de l’Afrique. Ces mangroves se particularisent par leur pauvreté floristique et occupent une superficie de 115 000 hectares selon la FAO (2005). Cette formation végétale colonise les zones deltaïques et estuariennes comme la Casamance.

L’écosystème mangrove offre plusieurs services aux populations et, historiquement, elle est largement utilisée et surexploitée dans la majeure partie des pays où elle existe selon la FAO (2007). Son accès difficile a fait que pendant longtemps la mangrove a été considéré comme un milieu malsain, hostile et insalubre (Cormier Salem, 1994) (FAO, 2007), (Sakho, 2011). Cela avait, d’ailleurs favorisé des campagnes d’assainissement donc des défrichements de grandes surfaces. C’est pourquoi les mangroves mondiales en l’occurrence celles du Sénégal sont des écosystèmes en danger car ayant une dynamique qui dans l’ensemble est régressive. Cette dynamique est essentiellement due à la sécheresse des années 1970 avec ses corollaires et aux activités anthropiques qui ont fortement influé sur l’état et la distribution spatiale de cet écosystème.

La combinaison de ces facteurs a eut des impacts négatifs qui se lisent notamment à travers la mort des essences de palétuviers et à travers l’extension des tannes. En Basse Casamance, la mangrove, qui jadis occupait de vastes surfaces, subit une dynamique particulière se traduisant surtout par son recul accentué dans certaines zones comme à Tapilane et à Ouonck et par son remplacement progressif par des tannes qui se développent derrière elle.

Synthèse bibliographique

Les mangroves de la Basse Casamance et par extension celles du Sénégal ont fait l’objet de plusieurs études du fait de leur importance et de leur particularité. En effet, outre les structures étatiques qui ont fait des études poussées sur cet écosystème afin d’en montrer toute la richesse et toute la diversité, des organismes internationaux comme la FAO et l’UICN ainsi que des instituts de recherche comme l’IRD et des organismes non gouvernementaux, ont fait des recherches approfondies sur cet écosystème. Les effets de la sécheresse sur l’état et la distribution spatiale des mangroves, la pédogenèse dans les sols de mangrove, l’inversion de dynamique des cours d’eau, les facteurs de la formation de tannes sont autant de thèmes qui ont été étudiés. Nous analysons les apports et les limites de ces différentes études dans les lignes qui suivent :

Du point de vue des études sur les mangroves et les tannes : Vieillefon J. publie en 1969 « La pédogenèse dans les mangroves tropicales, Un exemple de chronoséquence ». L’auteur explique la genèse des tannes par le fait que « lorsqu’un certain équilibre est établi, le développement des diverses espèces de la mangrove est commandé en premier lieu par le régime hydrique, le régime de submersion des sols. C’est ce même régime de submersion, passant d’une alternance biquotidienne d’inondation et d’assèchement à une alternance seulement annuelle, qui est le principal responsable de la formation des tannes ». Cette définition de l’auteur est intéressante, mais ne prend pas largement en compte les autres facteurs de formation de tannes comme le décrit Lebigre (1983).

Dans un article publié dans une revue de géographie à Madagascar en décembre 1983, titré : « Les tannes, approche géographique », Jean Michel Lebigre décrit la « tannification » sur la côte occidentale de Madagascar. Lebigre considère les tannes comme des éléments fondamentaux de la dynamique littorale et les définit comme « les vastes surfaces nues que l’on observe derrière certaines mangroves ou parfois même en leur sein sous forme de taches plus claires… ». Les tannes sont d’après lui des formes de transition entre la mangrove et la terre ferme. Sur la genèse des tannes, Lebigre insiste sur un certain nombre de facteurs parmi lesquels nous pouvons citer : les actions des hommes, les facteurs climatiques, le rôle de la sédimentation, les facteurs hydrologiques et le facteur pédologique.

En 1999, Cormier-Salem M.C. dans « Les littoraux à mangrove, des régions fragiles? Éléments de réflexion à partir des conclusions du programme DUM », remet en cause la fragilité des écosystèmes à mangrove en tentant de prouver au contraire leur robustesse. L’auteur adopte alors trois approches : une discussion sur l’état de la mangrove, sur la définition donnée aux mangroves et sur leur fragilité. Concernant l’état de la mangrove, certains auteurs ou organismes font des estimations sur des données peu fiables parfois même lacunaires voire partielles selon l’auteur. La définition même de la mangrove est remise en question par l’auteur qui estime que « l’hétérogénéité des sources de données et la diversité des définitions de la mangrove rendent malaisée toute évaluation de l’extension de la mangrove ». Aussi la mangrove est souvent définie compte tenu de la formation végétale seulement ou en y ajoutant les tannes et les espaces associés. C’est pourquoi selon elle « de la définition retenue dépend l’évaluation de l’état de la mangrove, en quantité et en qualité ». Elle estime que « les chercheurs relevant des sciences de la nature ou de la société ne disposent pas de preuves de la dégradation irréversible des mangroves» et « que les écosystèmes à mangroves ne sont pas fragiles, mais plutôt sensibles ou robustes ».

Le contexte géologique

Le soubassement géologique du Sénégal est formé du Bassin sédimentaire sénégalomauritanien qui occupe plus des 2/3 du Sénégal et s’étend au plus sur 500 Km depuis la côte jusqu’au Sud – est où se localise le Socle précambrien. Le Bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien est, d’après Pimmel (1984), formé de «sédiments mésozoïques et cénozoïques transgressifs… ». Le bassin versant du fleuve Casamance se localise dans la zone du bassin sédimentaire et est « entièrement situé sur une seule formation géologique sédimentaire : le Continental Terminal » (Vieillefon, 1974). Ce sédiment est selon Saos et al. (1987) composé de grès argileux bariolés interstratifiés et de couches d’argiles. Le plateau du CT est sectionné par plusieurs chenaux de marées appelés bolongs et sur son rebord se localisent les vasières à mangrove et les tannes. L’histoire géologique est marquée par plusieurs phases de transgressions et de régressions ayant permis « les unes le creusement des vallées enfoncées en « doigts de gants » dans les plateaux, dont la base atteint -30 mètres par rapport au zéro actuel et le découpage des terrasses mises en places lors de périodes transgressives intermédiaires, les autres la construction de ces terrasses sableuses de diverses altitudes, et le remplissage de l’ensemble de la zone par des sédiments sablo-vaseux, le plus souvent de granulométrie fine, que façonnent les chenaux de marée » (Vieillefon, 1974) .

Les formations du Secondaire et Tertiaire

Le Secondaire est marqué par une importante série de transgressions marines qui ont favorisé le dépôt de plusieurs types de sédiments. Durant le Trias se mettent en place des formations lagunaires de type salifère. Le socle cristallin qui atteint le maximum de son extension au Lutétien affleure à environ 300 Km de la mer. Au Crétacé, la sédimentation se poursuit avec des argiles qui se substituent avec des grès fins et tendres.

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Table des matières

Introduction générale
Synthèse bibliographique
Problématique
Méthodologie
Première partie : Présentation du milieu
Chapitre 1 : Le milieu physique
Chapitre 2 : Le cadre humain et les aspects socio-économiques
Chapitre 3 : Écologie et usages de la mangrove de la Casamance
Deuxième partie : Dynamique des vasières à mangrove de Ziguinchor à Ouonck
Chapitre 1 : Les facteurs de la dynamique des vasières à mangrove de Ziguinchor à Ouonck
Chapitre 2 : Dynamique des vasières à mangrove
Chapitre 3 : Impacts de la dynamique des vasières à mangrove
Troisième partie : Les stratégies de lutte contre la dégradation de la mangrove
Chapitre 1 : Les stratégies traditionnelles
Chapitre 2 : Les stratégies modernes
Chapitre 3 : Impacts des stratégies sur la dynamique des vasières à mangrove
Conclusion générale
Bibliographie
Annexe

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