Le Saloum est un bras de mer qui traverse plusieurs villages. Il est composé par des formations littorales particulières de terres adjacentes périodiquement inondées et des formations végétales de mangrove. En effet, le changement climatique, avec notamment la baisse de la pluviométrie depuis les années 1970 et le réchauffement global de la terre ont contribué à augmenter l’évaporation par rapport au drainage, l’extension des tannes désignés comme des milieux inondables par les marées de vive eau et la recrudescence des phénomènes éoliens. Notre étude, sur les unités morphologiques du Saloum, s’intéresse au secteur compris entre Palmarin-Diakhanor et Ndangane.
Palmarin-Diakhanor est un petit village de la région de Fatick situé au sud de PalmarinNguédj, soit une distance de 3,71 km. Il est situé entre 13˚58′ et 13˚97ʹ de latitude Nord et 16˚46′ et 16˚76ʹ de longitude Ouest. Il est séparé de l’océan par un cordon sableux et du Saloum par un tanne inondable pendant les marées hautes. Le village de Ndangane est situé dans la région de Fatick à 160 km au sud de Dakar. Il est compris entre 14˚05′ et 14˚27ʹ de latitude Nord et 16˚37ʹ et 16˚62ʹ de longitude Ouest. Ndangane possède un grand marigot et un tanne inondable en hivernage permettant l’accès au cours d’eau. La dynamique des unités morphologiques s’explique d’une manière générale, par les différents facteurs qui influencent l’ensemble du système du Saloum. Notre étude s’intéresse à l’évolution des unités morphologiques du Saloum de PalmarinDiakhanor à Ndangane. Elle met aussi l’accent sur l’évolution le long du bras de mer depuis les années 1960 aux années 2010.
Synthèse bibliographique
Beaucoup d’auteurs ont écrit sur l’évolution du bras de mer du Saloum. Parmi ceux ci, nous pouvons citer quelques exemples. Sur le plan géologique, G. Gaucher (1974) a étudié la géomorphologie, l’hydrologie et la géologie des terrains salés, un extrait déposé à la bibliothèque de Presses universitaires français(PUF), pages 230. Aussi, l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) fait des études sur les formes de relief et les dépôts de sables et coquilles consécutifs des îles du Saloum depuis la transgression marine du Nouakchottien (5000 BP). Mame Démba Thiam(1986), dans sa thèse intitulée : ‟Géomorphologie, évolution et sédimentologie des terrains salés du Sine-Saloum”, a étudié la mise en place des formes principales de relief liées aux fluctuations du niveau marin du Quaternaire. Il a fait aussi l’étude sur la dynamique saline dans la région du Sine-Saloum. Aliou Sarr(1994) a étudié dans son mémoire de DEA (Evaluation des potentialités agroforestières des terres salées du bassin Sine-Saloum), l’origine de la salinisation, du Quaternaire aux sécheresses des années 1970, en passant par celles des années 1920. Il a proposé des procédés de récupération des terres salées pour inviter les populations locales, les organisations sociales, les instituts de recherche et les services de développement à s’unir leurs forces pour une meilleure présentation de cet espace et que les populations puissent s’en bénéficier. La même année, ORSTOM éditions, dans la collection colloques et séminaires publie : ‟Dynamique et usage de la mangrove dans les pays des rivières du sud (du Sénégal et de la Sierra Léone)”. Cet ouvrage fait l’étude du système de mangrove partant des premières référencées qui font allusion à cette écosystème (305 av. JC), jusqu’aux systèmes d’exploitation actuels avec les tentatives de mise en valeur et préservation, en passant par l’étude des conditions physiques, des formations végétales et de la faune, en faisant l’anthropologie dans les rivières du Sud ainsi que la situation de santé des populations en rapport avec l’écosystème.
Arona Soumaré(1996), dans sa thèse intitulée : ‟Etude comparative et l’évolution géomorphologique des bas-estuaires du Sénégal et du Saloum”, a fait une étude en comparant les bas-estuaires du Saloum et du Sénégal et d’en dégager leur évolution géomorphologique. Sur le plan climatique, Abdoulaye Diop(1998) a soutenu sa thèse de doctorat du troisième cycle en Biologie animale à la faculté des sciences et techniques avec comme titre : ‟Epidémiologie du paludisme dans le delta du Saloum (Fatick, Sénégal), rôle d’anophèles mêlas dans la transmission”. Il a étudié le régime pluviométrique des stations de Fimela et de Fatick entre 1995 et 1997. Dans cette même thèse, Abdoulaye Diop a essayé d’évaluer les températures moyennes dans le département de Fatick en 1995. En 1994, J.P. Barusseau et E.S. Diop ont fait une synthèse sur les facteurs climatiques, hydrologiques et hydrodynamiques pour expliquer leurs conséquences sur les phénomènes de sédimentation. Sur le plan hydrologique, Mame Démba Thiam(1986) a étudié aussi dans sa thèse le comportement hydrologique des eaux superficielles des îles du Saloum. Il a démontré que celui-ci dépend des courants de marées et des changements hydrochimiques. Il a essayé aussi d’expliquer la variabilité des profondeurs de la nappe phréatique. Abdoulaye Diop(1998) nous a fait apprendre que les eaux souterraines dans l’arrondissement de Fimela sont alimentées par les nappes du Maestrichtien et de la nappe phréatique. La thèse de Ndèye Maguette Dieng intitulée: ‟Etudes des eaux souterraines dans la zone côtière et de l’estuaire du Saloum(Sénégal)”, vise à comprendre l’interaction des eaux de surface et de la nappe dans le contexte de salinisation de l’estuaire du Saloum. Elle cherche à expliquer l’évolution de la salinité des eaux souterraines du Saloum et le changement climatique en utilisant les outils tels que la télédétection, les systèmes d’information géographiques(SIG) et la modélisation. Sur le plan pédologique, certains auteurs et instituts ont procédé à l’idée de construction de carte pour expliquer la morphologie des sols des îles du Saloum.
En effet, C. Marius (1997) a fait une carte pédologique des îles du Saloum à une échelle de 1/50000 pour présenter les différents types de formations sableuses de la région du SineSaloum. Ce même auteur a étudié les différentes formations sableuses du Sénégal en 1985, dans son ouvrage intitulé ‟Mangroves du Sénégal et de la Gambie : Ecologie, pédologie, géochimie, mise en valeur et aménagement. ORSTOM press-Ed. (Coll. Travaux et documents), Paris 357p.” Sur la carte morphopédologique du Sénégal de 1985 élaborée par l’institut national de pédologie(INP), avec une échelle de 1/500000, nous avons énuméré la typologie des différentes formations sableuses qui existent entre Diakhanor et Ndangane. En Août 2004, Elie Senghor a soutenu son mémoire de fin d’étude à l’ENCR de Bambey sur la dynamique des tannes du Sine-Saloum et du couvert. Elie a posé la problématique de la salinisation et la tanifisation dans certains milieux comme Ndoffe, Faoye etc. Fambaye Ngom Sarr(2005), dans sa thèse de doctorat du troisième cycle en Biologie animale, a fait l’étude sur les fonctions de la mangrove dans la structuration et la biologie des peuplements de poissons dans l’estuaire du Sine-Saloum. Fambaye a dégagé les types, les caractéristiques et la dispersion dans le monde, en Afrique de l’Ouest au Sénégal et dans le Sine-Saloum de l’écosystème mangrove. Elle a aussi évoqué les valeurs économiques ainsi que les facteurs de dégradation de la mangrove du Sine-Saloum. Enfin, Myriam A. Diatta Badiane(2010), dans son mémoire de maitrise en Sciences naturelles, étudie la dynamique spatio-temporelle du recrutement des larves de clupéiforme dans l’estuaire du Sine-Saloum. Elle a expliqué le renforcement de la salinité par la dégradation des conditions climatiques. Elle a montré la relation qui existe entre les conditions physiques, hydrologiques et chimiques de la région et le développement des larves de clupéiforme.
Problématique
Les îles du Saloum ont été influencées par les différents facteurs morphologiques. Les différentes ruptures de la flèche de Sangomar notamment celle de 1987 ont entrainé des modifications dans l’estuaire du Saloum. Cette flèche jouait un rôle de protection pour les paysages de l’estuaire. Sa coupure a contribué à renforcer le processus d’évolution de paysages de l’estuaire du Saloum et de l’environnement socio-économique. Ce processus est déclenché sous l’influence des facteurs climatiques et anthropiques. Quelles sont les conséquences de cette rupture de la flèche de Sangomar sur la morphologie du Saloum ?
Depuis cette rupture de la flèche, le Saloum est affecté par une forte sédimentation. Cette sédimentation a profondément modifié les conditions de navigation des chenaux. Elle a également transformé les bancs de l’embouchure du bras de mer. Des bancs sableux, sites de collecte des coquillages, ont évolué en cordons sableux entravant ainsi l’activité des communautés de pêcheurs et des femmes transformatrices des produits du bras de mer. Aussi, depuis cette date, l’ouverture de la flèche s’agrandit progressivement sous l’influence des facteurs marins. En effet, la sédimentation se traduit par un allongement de la pointe de la flèche vers le sud et une construction progressive de bancs de sable en face de la brèche, à la limite de la vasière et à hauteur des villages insulaires de Niodior et de Dionewar. Par ailleurs, l’ouverture du Lagoba et l’érosion de la côte à Sangomar ont considérablement réduit le patrimoine industriel et touristique du village de Djifère, dans le cadre de l’implantation de la Sopesine, usine de traitement des sables titanifères, et transformée vers le milieu des années 1960 dans la conservation et la transformation des produits halieutiques. La rupture a provoqué la disparition de nombreuses superficies végétales sur la flèche sous l’action des marées, des vagues et de la houle. La mangrove a beaucoup souffert lors de cette rupture du cordon. La rupture a entraîné une disparition de la mangrove en face de la brèche qui subit directement les influences marines (évolution de la largeur de la brèche de Sangomar entre 1990 et 2010, Images Satellitaires SPOT : 2001,2005 et Landsat : 1990, 1999, 2010). Cette dégradation de la mangrove est également visible à la pointe de Fandiong située vers le sud de la pointe de Sangomar, à la limite du Saloum et du Diombos. La bande de mangrove sur cette pointe, est appelée à disparaître sous les eaux et le rehaussement topographique par les sédiments sableux de la plage. (Dièye, 2007). Quels sont les facteurs dynamiques qui affectent les unités morphologiques du Saloum vers les villages environnants ? L’accumulation, par suite des variations de niveaux marins finit par émerger, formant une île. A ce moment, le vent supplée la houle pour édifier des dunes embryonnaires et, partant, un élément de cordon littoral (Niodior,îles des Oiseaux et des Bœufs, cordons au débouché du Bandiala). L’action des houles sur ces cordons émergés conduit à des dispositions particulières en forme de crochets diversement orientés en fonction des houles dominantes, des réfractions qu’elles subissent et des fonds bathymétriques avoisinants. (Diara M, 1999). Ainsi flèches, îles et cordons littoraux résultent de processus alternatifs de ruptures et d’allongements soulignés par des crochets successifs. (Diop, 1986 ; 1990). La baisse des apports en eau douce, combinée à une forte évaporation et une pénétration des eaux marines, est à l’origine d’une augmentation de la salinité de l’estuaire. (Diop, 1986 ; 1990). Cet état de l’estuaire a des origines multiples. En effet, la situation d’estuaire inverse a entraîné une augmentation de la salinité de l’embouchure vers le continent. C’est ce que P. Diouf(1996) et A. Diaw(2003) appellent la ‟ marinisation” des eaux de l’estuaire. Ces perturbations du régime hydrologique, la réduction de l’écoulement d’eau douce et sa substitution par de l’eau salée participent grandement à la baisse des superficies de la mangrove. Dans les milieux éloignés de l’embouchure et proches du continent, la vasière a été affectée par ces variations hydro-climatiques.
Les aspects physiques
La proximité de l’océan et la nature des sols ainsi que le climat exercent de par leur combinaison une influence certaine sur la végétation du Saloum.
La géologie
Du point de vue géologique, notre milieu d’étude est inséparable de l’ensemble du système estuarien dont le façonnement est lié aux épisodes morphoclimatiques qui se sont succédés au cours du Quaternaire Récent. L’installation du réseau hydrographique du Saloum se situe entre 12000 à 8000 B.P après l’Ogolien aride. Mais, ce sont surtout les épisodes du Nouakchottien et Post-Nouakchottien, par les changements climatiques et par les variations du niveau marin qu’ils caractérisent, qui ont été déterminants dans la mise en place des formes actuelles.
Les bordures de l’estuaire du Saloum sont marquées par l’affleurement du substratum géologique et la présence des formations détritiques du Continental Terminal. La structure géologique et l’histoire morphoclimatique expliquent un relief d’ensemble peu marqué et une monotonie des paysages des bordures de l’estuaire. Elles permettent l’identification et la différenciation d’un certain nombre d’unités géomorphologiques aussi bien dans la partie insulaire que dans la partie continentale de l’estuaire. La topographie qui conditionne les différences de submersion, joue un rôle important dans cette distinction entre unités.
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Table des matières
Introduction
Synthèse bibliographique
Problématique
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU MILIEU
Chapitre I : Les aspects physiques
Chapitre II : Evolution du Saloum au quaternaire
Chapitre III : Les données socio-économiques
DEUXIEME PARTIE : LA DYNAMIQUE ET SES FACTEURS
Chapitre I : les facteurs de la dynamique
Chapitre II : Evolution des unités morphologiques
TROISIEME PARTIE : LES IMPACTS ET LES STRATEGIES DE LUTTE CONTRE LA DYNAMIQUE
Chapitre I : Les impacts environnementaux
Chapitre II : Les stratégies de lutte contre la dynamique
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des cartes
Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des photos