Dynamique des unités morphologiques des Iles Karones et Bliss De 1980 à 2010

Les nombreux colloques organisés un peu partout à travers le monde ont fini par montrer l’ampleur de l’érosion côtière et la dynamique des unités morphologiques dans le monde ainsi que leurs conséquences néfastes aussi bien sur le plan environnemental que sur le plan socioéconomique. En effet plus de 70% des plages et côtes de la planète sont affectées par l’érosion côtière et le recul du trait de côte ainsi que beaucoup de domaines fluviomarins théâtres de la dynamique marine (I.N.ND Faye, 2010 ; BIRD, 1985). Ce problème est un phénomène planétaire qui préoccupe tous les pays qui ont des façades maritimes.

En Afrique de l’Ouest les pays membres de l’UEMOA se sont regroupés dans un organisme leur permettant de s’entre aider pour mieux faire face aux questions d’ordre naturel et parfois même artificiel qui se posent de façon récurrente et /ou menaçante. À cet effet l’État du Sénégal a ratifié les conventions internationales et les accords régionaux relatifs à la conservation de la biodiversité notamment la convention de Londres en 1933, celle de Ramsar sur les zones humides d’importance internationale de 1971, la convention sur le milieux marin et les zones côtières de la région de l’Afrique de l’Ouest et du centre de 1981, la convention sur la diversité biologique de 1992, la convention sur les changements climatiques de 1992 et beaucoup d’autres conventions et rapports qui ont tous attrait à l’environnement de manière générale.

Et les études portant sur l’érosion et les changements morphologiques qui vont avec, ont été impulsées dans les années 1980 avec le lancement du projet WACAF /3 (lutte contre l’érosion côtière en Afrique de l’Ouest et du centre). Le projet a été initié par le PNUE en collaboration avec DAESI et l’UNESCO en 1985.il s’inscrivait dans le cadre du déroulement de la convention d’Abidjan du 23 Mars 1981 relative à la coopération en matière de protection de mise en valeur du milieu marin des zones côtières en Afrique de l’ouest et du centre. Tout récemment, au cours de la période 2009- 2011, l’UEMOA avec le concours de l’UICN, a lancé l’étude de suivi du trait de côte et schéma directeur du littoral d’Afrique de l’Ouest (SDLAO) suite à la l’élévation préoccupante du niveau de la mer observée ces dernière années. En effet, avec l’élévation actuelle et future du niveau de la mer, les problèmes d’érosion et de changement des écosystèmes des milieux marins devraient s’aggraver sur toutes les côtes Ouest africaines déjà en recul (Ibe et Awosika, 1991 ; Niang-Diop, 1993 ; Dennis et al, 1995) comme ailleurs dans le monde (Leatherman et al, 2000a ; Paskoff, 2000a, 2000a ; 2000b ; Paskoff, 2001 ; Leatherman et al, 2003 ; Zhang et al, 2004). Par exemple une élévation du niveau de la mer de 1 mm/an entrainerait en un siècle selon le principe de Bruun un recul de 264 à 839 m. Même si ce principe est actuellement très contesté par une partie de la communauté scientifique qui remet en cause la fiabilité des estimations de ce principe, il est clair que les chiffres avancés montrent combien le phénomène de l’érosion combiné aux changements climatiques menace le système côtier partout dans le monde.

Au Sénégal le taux d’érosion est de 1,6 à 6 mm/ an (I.N. ND Faye ,2010 ; Ibe, Quenelec, 1989). Ainsi donc la côte sénégalaise n’échappe pas à l’évolution régressive du trait de côte. Il s’y ajoute que le pays est particulièrement vulnérable au changement climatique observé en raison de la morphologie de ses côtes. Les événements récents survenus à Rufisque, Bargny avec l’effondrement de maisons, d’infrastructures touristiques, la mise à nu du cimetière, perte de terre à grande vitesse (5000 m en 50 ans) montrent combien le problème est réel et vivace dans notre pays entrainant ainsi un changement de nos paysages marins et côtiers. En effet le phénomène de l’érosion côtière est un des problèmes dont est confrontée toute la côte sénégalaise. Au regard de tous les dégâts et préjudices que ce phénomène causent à l’environnement, à l’économie et aux populations des zones littorales, il urge de revisiter les mécanismes de lutte adoptés et mis en œuvre jusqu’à nos jours et d’établir de nouvelles approches stratégiques dans le cadre de l’éradication ou de la résolution de ce problème. L’étude des changements des unités morphologiques des milieux humides, marins et côtiers qui découlent de l’érosion tout court est devenue urgente et doit passer dans les priorités des préoccupations du pays. C’est dans ce cadre que l’étude de l’érosion et de la dynamique des unités morphologiques des Iles Karones et Bliss vient à l’heure où la question du phénomène de l’érosion a fini par inquiéter tout une planète. L’objet de cette étude est de mesurer l’importance du phénomène au niveau de notre site. Il nous parait intéressant dans le contexte actuel du phénomène et dans le cadre de la recherche de solutions appropriées, de formuler des problématiques et de proposer des stratégies pour une meilleure prise en charge de la question .

L’importance socio-économique et écologique de la zone côtière mérite de mener une réflexion sur l’évolution et les changements de l’espace littoral. C’est dans cette optique que notre sujet d’étude est choisi.

L’étude porte sur l’évolution et les changements observés au niveau de notre site de 1980 à 2010. C’est dans un souci d’apporter une modeste contribution à la recherche de réponse pour mieux comprendre ce phénomène que ce travail se fait avec l’aide de notre encadreur. Et c’est aussi dans cet esprit que ce travail a choisi le cadre des îles Karones et Bliss que beaucoup considère comme une zone propice au tourisme. Ce travail tente d’édifier les gens sur tous les changements intervenus durant cette période. Nous espérons pouvoir être en mesure d’apporter notre pièce dans la construction de l’édifice.

Présentation du cadre d’étude 

Les îles Karones et Bliss sont situées en basse Casamance dans la commune de Kafountine. Elles sont limitées au Nord par Kafountine village, au Sud et l’Est par le marigot de Kalissaye affluent du fleuve de Diouloulou et l’Ouest par l’océan atlantique. Elles sont composées de neuf îles et occupent les 3/5 de la superficie des îles de la commune qui est de 832 km² soit 91,62% et sont comprises entre les latitudes 12° 52’53’’95 et 12°42’56’’43 N et les longitudes 16°35’42’’50 et 16°47’32’’16 W. Le Karones et le Bliss sont caractérisées par un écosystème côtier et marin. Le peuplement de ces iles date de la période esclavagiste. En effet d’après les récits historiques, beaucoup d’habitants sont venus de la Sénégambie fuyant la traite. La zone amphibie de la Commune de Kafountine offrait alors un lieu de refuge sûr vu les conditions d’accès très difficiles pour les négriers. Le premier village serait l’île de Toumboum proche de Kafountine et de l’île de Kaïlo. La forte pression démographique ajoutée aux épidémies de pestes et aux inondations liées aux crues et aux pluies ont fait que de grandes familles se sont respectivement installées sur les îles voisines. Cette dispersion serait plutôt liée au fait que le site originel n’offrait pas des conditions favorables à l’implantation humaine à cause des inondations fréquentes qui favorisaient l’éclosion des maladies d’origine hydriques. Cette raison aurait suffi pour que les grandes familles aménagent la mangrove pour s’implanter. Ce qui fait qu’on retrouve des îles avec parfois un patronyme ou deux et rarement trois. L’eau a donc été un facteur de distribution spatiale de la population dans l’ensemble de la Commune de Kafountine. Ce qui fait que les îles enclavées, ont gardé la majeure partie des leurs pratiques ancestrales alors que les villages situé sur la terre ferme plutôt accessibles se sont agrandis suite à des séries d’arrivée de migrants. Le recensement général de la population et de l’habitat a indiqué une population de 2247 personnes en 2003 avec une moyenne de 7,2 personnes par ménage et un taux de croissance de 1,1 % par an. En 2010 le RGPH a estimé cette même population à 4546 personnes et la projette à 5336 personnes soit un taux de croissance de 7,9%. C’est une population à majorité jeune (55%) et féminine (52%) Source PEPAM.

Et dans le souci de faciliter la gestion de l’espace, vu son étendu, la communauté rurale de Kafountine ou se trouve notre site est divisée en entité. Quatre entités sont ainsi définies : il s’agit du Fogny (la Terre Ferme ou le continent), du Karone, du Bliss et du Petit Kassa.
➤ Le Fogny regroupe les villages d’Abéné, Albadar, Colomba, Diannah et de Kafountine. Ces villages présentent les mêmes caractéristiques physiques et le même type d’habitat (dispersé). Cette entité correspond à la partie nord de la commune de Kafountine, la partie des hautes terres contrairement aux autres divisions qui sont située dans la partie insulaire.
➤ Le Karone compte les villages de Couba, Coumbaloulou, Hillol, Kassel et Mantate. Ce groupe représente les peuplements les plus anciens parmi les îles. C’est le territoire des mangroves et des forets galeries.
➤ Le Bliss est composé de quatre villages : Boune, Boko, Kaïlo et Saloulou. C’est le milieu le plus proche du littoral où la marée se fait le plus sentir. Ces villages ont été édifiés sur des dunes jaunes semi fixées.
➤ Le Petit Kassa englobe les villages de Bakassouck, Diogué, Haère, Hitou et Niomoune. Ils portent le nom du Petit Kassa grâce à leur proximité avec le Kassa, un des anciennes provinces de la Casamance située dans le département d’Oussouye.

Ainsi donc notre milieu d’étude qui regroupe le Karone et le Bliss forme le peuplement le plus ancien avec des villages édifiés sur des dunes semi fixées et des villages qui longent le littoral ou l’influence de la marée est plus pesante et cette partie est aujourd’hui fortement éprouvée par l’érosion côtière entrainant une modification très sensible de la morphologie originelle de ce milieu.

Synthèse des travaux antérieurs 

La production scientifique dans notre milieu d’étude a longtemps souffert du problème de la crise Casamançaise qui a tenu éloigné la recherche. La relance des activités initiées ces dernières années par l’État dans le cadre du Programme national d’infrastructure rural (PNIR) et par les organisations non gouvernementales (ONG), souffre de la qualité déficiente de l’information et de l’inexistence de connaissances sur certains sciences comme la géomorphologie, l’érosion, la santé, l’hydraulique etc. cependant il existe quelques études universitaires qui portent pour l’essentiel sur l’histoire du Bliss, les déterminants sociétaux de la prostitution et la culture du chanvre très développée dans cette partie du pays etc. Ces études datent de longtemps (1980-1990) et l’essentiel des informations qu’elles livrent peinent de leur pertinence aujourd’hui. Les informations sur la pèche sont les plus nombreuses. Cela s’explique par le fait que, parmi tous les services décentralisés de l’État, seul le service de la pèche a su remplir pleinement son rôle malgré la situation de crise qui sévissait dans la région.

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Table des matières

Introduction générale
Présentation du cadre d’étude
Synthèse des travaux antérieurs
Problématique
Méthodologie
Première partie: Présentation du milieu
Chapitre I : Géologie et unités géomorphologiques
CHAPITRE II : Climat et Ressources hydriques
CHAPITRE III : Sols et Végétation
DEUXIÈME PARTIE : LES FACTEURS DE LA DYNAMIQUE
Chapitre I : Les facteurs naturels de la dynamique
Chapitre II : Les acteurs anthropiques de la dynamique
TROISIÈME PARTIE : LA DYNAMIQUE ET SES IMPACTS
Chapitre I: Etude diachronique
Chapitre II: Les impacts de la dynamique
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE

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