Le barrage de Diama
A la suite de la construction du barrage de Diama, en novembre 1985, sur le cours inférieur du fleuve Sénégal, la partie estuarienne de la vallée, la zone d’embouchure et la zone côtière adjacente ont connu des transformations importantes. Celles-ci sont d’ordre hydrologique, hydrodynamique, morpho-sédimentaire mais aussi écologique. Le barrage de Diama installé dans le bas Delta du fleuve Sénégal avait comme fonction première d’arrêter la remontée de la langue salée qui allait jusqu’à Matam. Mais on remarque que depuis sa mise en eau en 1986 coïncide avec la disparition de certains naturels. Serait-il l’objet de ces perturbations ? Concernant la mobilité de l’embouchure naturelle, sa plus grande rupture remonte à 1972 en général le cycle c’était par 14ans, normalement une rupture devait avoir lieu vers 1986 mais il n’en est absolument rien. Donc on pense que le barrage serait à l’origine de ce changement. Le barrage est ouvert chaque .année de Juillet à Décembre. Ses vannes étaient ouvertes à cette période pour réguler le débit et éviter la remontée de la langue salée. Les débits sont nuls le reste de l’année La position de l’embouchure du fleuve Sénégal est naturellement évolutive, mais cette instabilité demeure aujourd’hui limitée depuis l’avènement des barrages. Les remaniements sont désormais tributaires des apports continentaux piégés à Diama qui opère une importante rétention sédimentaire. Le vent est devenu l’agent morphodynamique majeur ; les surfaces de déflation se sont développées avec la disparition presque totale de la végétation et l’absence de brise-vent. La zone littorale de la Langue de Barbarie, siège de la pérégrination de l’embouchure du fleuve, a été étudiée au point de vue morphologique au nord de la localisation actuelle de la passe. La partie sud de la flèche paraît en état d’accrétion (pente plus faible de l’avant côte, sensibilité nulle à l’érosion, tandis qu’au niveau de la base de Gandiole, la partie basse du profil transversal sous-marin montre un certain déséquilibre : celui-ci pourrait entraîner l’apparition de conditions favorables à la formation d’une embouchure plus septentrionale que l’actuelle. Mais d’après le rapport Gilif de 2002, le barrage de Diama a entrainé une fragilité de langue de barbarie et par conséquent une prolifération des zones de faiblesse qui seraient potentielles à de futures ruptures. Il a beaucoup influé l’évolution morphologique de la zone. D’après Barry et Kraus(2009) après la construction du Barrage Diama, le taux de croissance du cordon était en moyenne de 550m/années. De 1986 à 1990, le cordon s’est étendu vers le sud d’environ 3.5 km et avant 2002 sa longueur a excédé 30 km. Cette croissance est illustrée dans les Figures17 et 18. Une conséquence significative est que la croissance du sud du cordon change la position de l’embouchure, changeant ainsi l’équilibre d’estuaire. En période d’étiage, deux zones distinctes encadrent le barrage de Diama : la zone estuarienne avec des eaux douces légèrement turbides et une zone en eau marine de salinité normale (35 ‰) du fait de la dilution lors des lâchers du barrage. Le régime général en fin d’étiage est celui d’un système homogène avec un type de fonctionnement lagunaire déjà décrit par MILLET (1991) et il est, par ailleurs, semblable à celui observé avant 1985. En période d’ouverture du barrage, une importante masse d’eau douce circule vers l’aval et dilue fortement les eaux marines, créant une hétérogénéité saline. Des courants de jusant particulièrement élevés accentuent la stratification des eaux et remettent en suspension les sédiments fins dans la couche d’eau profonde. La crue inverse le fonctionnement estuarien entre juillet et septembre ; l’estuaire est envahi par des eaux douces très turbides qui expulsent l’eau de mer. Les eaux estuariennes sont alors plus chargées en MES (Matières En Suspension) que celles de l’amont, du fait de l’érosion des berges et des zones basses encore dénudées longeant le fleuve. L’expulsion des eaux marines intervient malgré la faiblesse des débits enregistrés (800 m3.s-1 en 1991 contre 2000 à 3 000 m3.s-1 antérieurement). Les profondeurs maximales du chenal sont relativement faibles vers l’embouchure (environ 5 m) mais deviennent fortes en amont où elles atteignent 11,80 m à l’aval immédiat du barrage de Dynamique côtière et colmatage des espaces agricoles dans le secteur de Potou, littoral Nord du Sénégal. Diama. En réalité, les profondeurs du chenal sont très variables dans le temps, en rapport avec l’instabilité des fonds due au déplacement fréquent de la barre sableuse. D’une manière générale, nous avons tenté d’élucider les facteurs qui participent à l’évolution de la morphodynamique accumulative dans le secteur de Potou. Mais la remarque qui a attiré notre attention est la bréche qui a eu des impacts très importants sur l’évolution de la langue de barbarie et l’ancienne embouchure. Du côté des facteurs naturels, on note que les changements climatiques interviennent dans l’évolution de la morphologie des plages soit par érosion et par accumulation. Les éléments de la dynamique impliquent un mouvement sédimentaire. Les individus se déplacent et colonisent d’autres espaces.
L’extraction frauduleuse de sable marin
Les enquêtes effectuées auprès du service forestier de Saint-Louis confirment ce phénomène. Les contrevenants interviennent tardivement dans la nuit, pour échapper à la vigilance des agents. Des prélèvements excessifs sont notés à Guet Ndar, à l’Hydrobase, à Sor Dague, sur le cordon de Pikine. En moyenne 10 charrettes transitent par semaine par le poste de surveillance transportant chacune en moyenne 10 m3 de sable de dune blanche. Le chargement est vendu à 25 000 FCFA. Selon M. THIAM, seule la carrière de Rao est autorisée. Cependant, le sable blanc est plus demandé que le sable de dune rouge. Or, le prélèvement de sable sur la plage accentue le déficit sédimentaire et perturbe les échanges sédimentaires entre la plage aérienne et la plage sous marine. De ce fait, les facteurs hydrodynamiques viennent davantage creuser les poches laissées par les exploitants et les nouvelles formes de trait de côte favorisent ainsi l’action des vagues en renforçant leur énergie. Le fonctionnement de la plage est déséquilibré.
Les échanges sédimentaires et leurs conditions d’existence
Nous sommes en face d’une côte à dynamique accumulative. Selon Demangeot (1976), statistiquement les côtes d’accumulation sont les plus dominantes en pays tropical. Les facteurs naturels sont en effet très favorables à l’alluvionnement littoral : les boues sous marines sont abondantes, les fleuves déversent d’énormes tonnages d’argile en suspension, les falaises de dénudation se soulage périodiquement de leur latérite, les courants littoraux, enfin, sont généralement constants en direction et en force. On a également fait remarquer que la faible viscosité des eaux tièdes (températures 20 à 30oC) permet aux particules argileuses exportées par les continents, de se sédimenter rapidement le long des côtes tandis que, dans les eaux plus froides et plus visqueuses, elles seraient exportées au large. Selon Coque(2002), des dunes accompagnent les plages sableuses. Si elles s’adossent à l’occasion à des falaises, les plus remarquables d’entre elles caractérisent les côtes plates. Elles ont un mode d’accumulation en fonction des composants du milieu. D’après Coque, le colmatage des dépressions littorales et la progression des atterrissements réalisés par la sédimentation vaseuse créant des plaines basses au modèle uniforme. Le marais maritime correspond en effet, à une plaine d’accumulation littorale enclose et aménagée en vue de son exploitation. Les embouchures fluviales associent à la fois des plages, des vasières, des marais et souvent des constructions dunaires. Ces combinaisons composites résultent de l’activité de mécanismes morphogéniques divers au contact des eaux marines et fluviales. Ils façonnent des estuaires ou deltas selon les conditions offertes à leur évolution ; les embouchures fluviales constituent des bras de mer plus ou moins ramifiées, crées par l’ennoyage des basses vallées à la suite d’une transgression. Les embouchures fluviales sont le piège de phénomènes complexes. Les plus originaux se déclenchent à l’intérieur même. Ils découlent de la rencontre des eaux continentales douces, turbulentes et plus ou moins chargées en matière solide, avec les eaux marines salées, propres et plus ou moins agitées par les houles ou les courants. On peut parler de côtes dunaires lorsque l’accumulation du sable détermine les traits moyens du relief littoral. Du rivage vers l’intérieur se succèdent des différents stades du passage des dunes vives à la forme de remaniement plus ou moins fixées par la végétation. Le développement des côtes ensablées implique l’existence de vastes estrans sableux balayés par des vents de mer violents. Le déplacement des sédiments implique certaines conditions. Les échanges sédimentaires s’effectuent au niveau de l’infra tidale, l’intertidale et le supra tidale. Par la mer à marée basse, l’estran peut s’assécher et par vents efficaces et favorables des sédiments sont transportés sur le cordon qui fonctionne comme un pôle de redistribution de débits solides vers le continent. Le long du littoral Nord du Sénégal, ce phénomène menace d’ensevelissement des espaces maraîchers: les Niayes et les Ndioukis. Par la mer à marée haute, la base du cordon peut être sapée par le phénomène de jet de rive. Les opérations de reboisement le long du littoral Nord visent donc plutôt à stabiliser le revers du cordon. La réalisation d’une carte selon le modèle dynamique implique la prise en charge de trois composantes: la statique, la cinématique et la dynamique (VERGER, F. et al.). Ce modèle est le plus indiqué pour connaître la dynamique littorale où les processus se déroulent dans trois secteurs: l’infratidale, l’intertidale et le supratidale (figure 1).
Le phénomène d’ensablement
L’ensablement est un mécanisme qui suppose un ensemble de processus érosifs commandés par le vent qui se produisent en trois étapes : la déflation ou l’ablation, le transport et l’accumulation. Lors du transport de particules éoliennes, la décélération du vent entraine, quand la force de celui-ci n’est plus suffisante pour les maintenir en mouvement, leur dépôt et leur accumulation sous forme d’édifices éoliens. Cette accumulation peut revêtir différentes formes de l’engraissement de la dune à l’élargissement de la plage en passant par la présence de dunes (nebkhas sur la plage. (D.DIENG : morphodynamique éolienne et problème d’ensablement dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal cas du lac RKIZ et le défluent Koundi, 1997). Tant que la sécheresse persiste, les risques d’ensablement sont importants. L’ensablement reste entièrement dépendant de la sécheresse dont il constitue une des conséquences majeures. (E ; Massamba SANE, 1997) Et cette partie du pays se trouve dans une zone de pluviométrie faible et irrégulière. L’ensablement n’a pas épargné les sols des Niayes. Ils sont par endroit complètement recouverts par les sables des dunes. L’ensablement contribue en outre à accentuer l’abaissement de la nappe phréatique. Avec la sécheresse, il faut creuser désormais pour avoir de l’eau qui jadis jaillissait dans les Niayes. Dans le cas d’un ensablement poussé, l’épais manteau de sables accroit l’éloignement de la nappe d’eau. Le maraichage constitue une activité économique très importante à par la pêche mais l’ensevelissement des espaces juxtaposant les cordons occasionne un abandon et une exploitation des Ndioukis qui sont situés beaucoup plus à l’intérieur du continent. En plus de cela ces espaces maraichers sont confrontés à une forte salinisation. En dépit de cela il existe des Ndioukis qui sont fonctionnels. D’après les maraichers interrogés dans ce Ndioukis fonctionnel. Ces maraichers utilisent beaucoup de fumure pour fertiliser le sol et limiter l’épaisseur des particules déplacées, vu que ces sédiments n’ont pas assez de matière organique pour les besoins agricoles. Par ailleurs, les filaos fixateurs de la dune ont aussi un rôle non négligeable. Ils piègent les particules sableuses apportées par le vent à leurs pieds, ainsi les alentours des filaos accumulent une quantité importante de sable. Ceci augmente l’épaisseur du cordon blanc par endroit. C’est suite à l’ensablement, que certaines espèces ont été introduites dans les Niayes : Ana cardium occidentale (darkassou), Eucalyptus camadulensis (khotou boutel). Elles servent de brise-vent. Selon un agent forestier de la place, les coupures des filaos participent fortement à l’ensevelissement des Ndioukis situés juste après le cordon de même que certains espaces maraichers situés à quelques mètres. L’ensablement qui dépend de plusieurs mécanismes, mais on note que son intensité dépend par ailleurs des unités trouvées et des pressions anthropiques sur place qui lui donnent une certaine force. Ces filaos font partie de ceux du programme des années 1900 et qui parcourent tout le littoral nord.
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Table des matières
Introduction générale
Première partie : cadre méthodologique et théorique
Chapitre 1 : cadre théorique
Question de recherche
Justification du thème de recherche
Hypothèses de recherche
Objectif du sujet
Chapitre 2 : cadre méthodologie
2.1. Revue documentaire
2.2. Travail de terrain
2.3. Autres types de collecte de données
Traitement des données
Traitement cartographique
Traitement Excel
Interprétation des résultat pédologiques
Deuxième partie : étude de la dynamique côtière sur la grande cote sénégalaise
Chapitre 1 : le cadre physique
1. Le cadre géologique et géomorphologique
A. genèse et évolution géologique
B .aspects géomorphologiques
B.1. Les mouvements eustatiques
Le Tafaritien
L’Inchirien
B.2. Les épisodes morpho climatiques
L’Ogolien et le tchadien
Le subactuel et l’Actuel
2. Les facteurs naturels de la dynamique de la grande cote
1. Le vent
2. Les températures
3. La pluviométrie
C. les facteurs naturels de la dynamique côtière
Caractéristiques de la plage de Potou
1- une côte à houle
2 – une côte à marée
C.2. Les facteurs anthropiques de la dynamique accumulative a Potou
C.2.1.La bréche ou « canal de délestage »
C.2.2.Le barrage de Diama
C.2.3. L’extraction frauduleuse de sable marin
C.2.4.La dégradation de la végétation
Chapitre 2 : aspects sédimentaires de la zone de la Langue de Barbarie
1. Analyse des populations granulométriques de la plage
5.3. Analyse de la population granulométrique de la brèche
5.4. Suivi granulométrique d’un Ndioukis à Gadga Lahrar
2. Les échanges sédimentaires et leurs conditions d’existence
2.1. La statique
2.2. La cinématique
2.3. La dynamique
3. dynamique sédimentaire de la zone de Potou (ancienne embouchure)
Troisième partie : évolution cinématique de la plage de Potou et de la brèche
Chapitre 1 : évolution de la brèche
1.1. Contexte d’ouverture
1.2. Dynamique actuelle
Chapitre 2 : évolution diachronique la zone
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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