Au lendemain de son indรฉpendance, le Sรฉnรฉgal a รฉlaborรฉ une politique de dรฉcentralisation hรฉritรฉe de lโรฉpoque coloniale. Cette politique de dรฉcentralisation a permis ร la population locale de pouvoir gรฉrer les affaires locales par lโadoption de la loi 96-07 portant code des collectivitรฉs locales et 96-745 du 30 Aoรปt 1996 portant crรฉation de communes d’arrondissement dans les villes de Dakar, Pikine, Guรฉdiawaye et Rufisque. Ainsi, Ce processus de dรฉcentralisation politico administrative entraรฎne dans une certaine mesure lโรฉmergence de nouveaux acteurs dans le dรฉveloppement local. Ce dernier est inclus dans la dรฉcentralisation et vise ร รฉlaborer et mettre en ลuvre des stratรฉgies pour le dรฉveloppement de la localitรฉ.
Le Sรฉnรฉgal connaรฎt un taux de croissance dรฉmographique trรจs รฉlevรฉ ; ce phรฉnomรจne est accentuรฉ par lโexode rural qui entraรฎne une forte poussรฉe dรฉmographique des villes. Ceci sโest traduit au plan spatial par lโimportance des occupations irrรฉguliรจres et par un accroissement de la pauvretรฉ. Les communes dโarrondissement de Guinaw Rail Nord et Sud sont aussi confrontรฉes ร cette forte croissance dรฉmographique. Cโest cette forte croissance qui est ร lโorigine des problรจmes dโinsalubritรฉ, dโaccรจs aux services sociaux de base et de la faiblesse des revenus des mรฉnages du fait dโun taux de chรดmage trรจs รฉlevรฉ.
Face ร de tels problรจmes les populations locales tentent de trouver ensemble des solutions ; cโest ainsi quโelles sโorganisent dans des associations pour apporter des rรฉponses ร leurs conditions de vie difficiles. En effet les associations sont ร la fois des lieux dโactions collectives, des espaces dโapprentissage et dโexpression de la dรฉmocratie, de la citoyennetรฉ et trรจs souvent le moyen dโลuvrer pour lโintรฉrรชt gรฉnรฉral. De ce fait cette participation des populations sโeffectue par le biais des organisations communautaires de base et devient le gage de rรฉussite de toute action de dรฉveloppement notamment de dรฉveloppement local. Ces OCB sโorganisent autour dโune structure qui est le CCDGR. Ce dernier est non seulement une structure dโappui ร la dynamique associative pour le renforcement des connaissances mais il permet aussi aux populations organisรฉes dโentreprendre des actions responsables et citoyennes pour contribuer au processus de dรฉveloppement de leur localitรฉ.
Contexte et justification du sujetย
Pendant longtemps le dรฉveloppement รฉconomique et social รฉtait lโaffaire de lโEtat ร travers ses diffรฉrents projets et programmes nationaux. Mais dans un contexte de crise multiforme, les Etats africains ont รฉtรฉ affaiblis par des programmes dโajustement structurel qui ont abouti ร un dรฉsengagement de lโEtat sur le plan socio-รฉconomique. Ces programmes ont eu pour consรฉquence lโaccroissement du chรดmage, la pauvretรฉ des mรฉnages, lโinsuffisance des services sociaux de base ainsi que la dรฉgradation de lโenvironnement. En effet les communes dโarrondissement de Guinaw Rail nord et sud ร lโimage des collectivitรฉs locales sรฉnรฉgalaises sont confrontรฉes a plusieurs contraintes dans leur mission de promouvoir le dรฉveloppement socio-รฉconomique et de gรฉrer son environnement urbain.
Ainsi face ร lโincapacitรฉ des acteurs institutionnels de gรฉrer les affaires locales, les populations ont rassemblรฉ leurs forces ร travers des associations afin de trouver des solutions ร leurs problรจmes. Ce sont des Organisations Communautaires de Base (OCB) qui se forment allant des ASC aux GPF en passant par les GIE. Elles sโactivent dans presque tous les domaines dโactivitรฉs notamment dans la gestion de lโenvironnement et du cadre de vie, dans lโรฉducation, la santรฉ et dans les activitรฉs gรฉnรฉratrices de revenus. La localitรฉ de Guinaw Rail fait รฉtat de plusieurs problรจmes environnementaux du fait de lโabsence de systรจme dโassainissement et de lโรฉtroitesse des rues qui empรชchent les camions de ramassage des ordures de faire leur travail. Ce qui est ร lโorigine dโun certain nombre de dรฉpรดts sauvages dans les rues. Parallรจlement les groupes vulnรฉrables ร lโimage des femmes et des jeunes sont confrontรฉs ร plusieurs difficultรฉs pour accรฉder aux services sociaux de base et aux crรฉdits.
Cadre thรฉorique et conceptuel
Cadre thรฉorique
La revue des รฉcrits sur les mouvements associatifs nous a permis de connaรฎtre lโรฉvolution, la place et le rรดle des organisations communautaires de base dans le processus de dรฉveloppement durable. En effet, certains auteurs se sont intรฉressรฉs sur lโitinรฉraire des OCB, leur genรจse de mรชme que leur รฉvolution dans la gestion des affaires locales. Selon Jacques Habib Sy , le mouvement associatif a connu plusieurs รฉtapes dans son รฉvolution depuis lโรฉpoque coloniale. Dโaprรจs lโauteur le mouvement associatif a commencรฉ avant la deuxiรจme guerre mondiale et se limitait au territoire des quatre communes dont les habitants, considรฉrรฉs alors comme des citoyens franรงais, avaient le droit et la libertรฉ de se constituer en associations.
Aprรจs la deuxiรจme guerre la gรฉnรฉralisation de la citoyennetรฉ franรงaise ร tous les habitants de la colonie est ร lโorigine dโun dรฉveloppement significatif du tissu associatif sรฉnรฉgalais composรฉ alors principalement dโassociations ethniques, religieuses, culturelles,โฆ Aprรจs lโindรฉpendance, et durant toute la pรฉriode du parti unique, le mouvement associatif fut placรฉ sous la tutelle de lโEtat pour certains de ses segments les plus significatifs ร savoir les coopรฉratives de production agricole, les groupements de producteurs, les syndicats.
Aprรจs 1974, et durant la pรฉriode correspondant ร lโavรจnement et au renforcement du multipartisme, la vie associative se libรฉralise et on assiste ร la naissance dโassociations autonomes par rapport au parti gouvernemental et aux autres partis dโopposition: les syndicats autonomes surtout, les GIE, les coopรฉratives dโhabitat, les ONG nationales,โฆ Cette pรฉriode fut aussi marquรฉe par lโentrรฉe en scรจne dโintellectuels chรดmeurs organisรฉs en associations pour la dรฉfense de leurs intรฉrรชts. Mais le tissu associatif va se densifier surtout ร partir de la fin des annรฉes 80, avec la crรฉation des GIE, la multiplication des groupements fรฉminins, des ASC,โฆ Trois facteurs peuvent expliquer ce boom du mouvement associatif : Dโabord le dรฉsengagement de lโEtat sur le plan รฉconomique et social et le libรฉralisme รฉconomique ont eu pour consรฉquence lโaccroissement du chรดmage, la massification de la pauvretรฉ, mais aussi la prise de conscience collective quโil faut dรฉsormais sโorganiser pour se prendre en charge. Ensuite les bailleurs de fonds initient et financent des programmes de lutte contre la pauvretรฉ destinรฉs ร appuyer lโeffort des populations dans leur lutte contre la prรฉcaritรฉ sociale dont lโampleur est devenue grandissante depuis lโapplication des politiques dโajustement structurel (P.A.S). Enfin lโรฉveil des populations sur des questions de transparence entiรจre de gestion des fonds destinรฉs au financement des programmes dโappui aux initiatives populaires se fait plus net et les bailleurs, soucieux de la bonne utilisation de leurs fonds, introduisent dans leurs conditionnalitรฉs lโexigence de la bonne gouvernance.
Cโest รฉgalement durant cette mรชme pรฉriode, surtout vers la fin des annรฉes 80, que naissent des associations dont lโobjectif dรฉclarรฉ est la dรฉfense des droits humains, des droits de lโhomme, des droits de la femme,โฆ Selon Jean Bonnal ยซ on constate depuis une quinzaine dโannรฉes en Afrique une effervescence organisationnelle dans un contexte de crise mรชme sโil est difficile de gรฉnรฉraliser, en raison de la diversitรฉ des situations. Il est clair que cette dynamique associative est en connexion avec le dรฉsengagement des Etats, pressรฉs par les bailleurs de fonds et par les contraintes des politiques dโajustement de se retirer des secteurs oรน son intervention entre en concurrence avec les initiatives de la sociรฉtรฉ civile ยป .
Salimata Wade va dans le mรชme sens et affirme que ยซ le mouvement sโest amplifiรฉ dans les centres urbains dans les annรฉes 80 ร la faveur des processus de dรฉmocratisations politiques dans les diffรฉrents pays ยป. Lโauteur prรฉcise que ยซ lโexplosion des dynamiques populaires de type communautaire prouve que le cadre associatif est apparu comme lโun des espoirs pour les plus dรฉfavorisรฉs, dโamรฉliorer leur sort quand les Etats nโont plus fait du dรฉveloppement social leur prioritรฉ ยป. Par consรฉquent on assiste ร un dรฉveloppement des associations africaines et ร lโรฉmergence de nouveaux acteurs locaux. Ces changements ont pour effet lโรฉlaboration dโune stratรฉgie nouvelle ainsi quโune participation plus effective de la population et le renforcement des groupes vulnรฉrables en alliance avec la dรฉcentralisation. Les actions de dรฉveloppement sont surtout axรฉes sur les prestations des services publics, des activitรฉs รฉconomiques, sociales et environnementales. Dans son ouvrage, lโauteur met en exergue les diffรฉrentes formes de dynamiques associatives ร travers des expรฉriences diffรฉrentes dans les villes ouest africaines. Il รฉvoque les diffรฉrentes mutations urbaines qui ont รฉtรฉ ร lโorigine de la naissance du mouvement associatif.ย De ce fait, les rรฉalitรฉs ne sont pas les mรชmes dโune ville ร une autre, de mรชme que les milieux se diffรฉrencient dโune zone ร une autre mais lโorigine de la vie associative reste la mรชme quelle que soit le milieu. Faire face ร leurs propres besoins ร travers des actions spontanรฉes et leurs propres initiatives, sont les diffรฉrentes raisons de la crรฉation des diffรฉrentes associations. Les diffรฉrentes activitรฉs menรฉes par les populations ร travers leurs diffรฉrentes associations ont permis dโune ville ร une autre dโamรฉliorer leurs revenus, et leur cadre de vie et ร engendrer une sociรฉtรฉ civile de sa passivitรฉ et dโune attitude attentiste selon lesquelles lโEtat doit assumer tout.
Lโauteur prรฉcise รฉgalement que ยซ les OCB de femmes et de jeunes en tรชte, se sont alors lancรฉs dans la dรฉlivrance de secteurs publics au niveau des quartiers. Elles ont donnรฉ une rรฉalitรฉ aux initiatives communautaires de base en milieu urbain et aux quartiers, comme nouveaux cadres dโidentification et de regroupement social et comme nouvelle รฉchelle opรฉratoire dโintervention de la population et des institutions de dรฉveloppement. ยป Aujourdโhui les associations quels que soient les motifs qui ont prรฉsidรฉ ร leur crรฉation initient de dรฉveloppement au niveau local. Ainsi les actions de dรฉveloppement sont surtout axรฉes sur les prestations des services publics, des activitรฉs รฉconomiques, sociales et environnementales. Lโauteur dรฉveloppe ainsi un certain nombre de points concernant la participation des OCB dans la vie associative des populations, dans lโenvironnement, ainsi que dans la lutte contre la pauvretรฉ.
Bernard Peterson dans sa prรฉface affirme que tous les organismes internationaux de dรฉveloppement cherchent ร se rapprocher des rรฉalitรฉs locales, ร adapter leurs actions aux besoins exprimรฉs sur le terrain, ร mobiliser les compรฉtences et lโexpertise disponibles dans les pays et les rรฉgions oรน ils interviennent, et ร utiliser des instruments de progrรจs accessible ร tous dans les contextes les plus dรฉfavorisรฉs. Ainsi la finalitรฉ recherchรฉe est la mรชme : permettre aux diffรฉrents groupes sociaux de participer au dรฉveloppement de leur communautรฉ, dโen รชtre les acteurs et dโacquรฉrir ainsi une meilleure maรฎtrise de leur avenir. Cโest ร partir dโexpรฉriences sur le terrain que se dessinent ainsi les conditions de rรฉussites dโune stratรฉgie de coopรฉration axรฉe sur lโappui au dรฉveloppement communautaire. De ce fait de telles activitรฉs ont permis aux organisations locales de sโouvrir ร leur milieu et de devenir ainsi des agents actifs de dรฉveloppement.ย Cโest ainsi que Boubacar Ly en dรฉveloppant les rรฉseaux sociaux affirme que : ยซ la stratรฉgie la plus importante รฉtait celle qui avait consistรฉ ร sโintรฉgrer davantage et ร renforcer les rรฉseaux familiaux. Les rรฉseaux familiaux de solidaritรฉ, notamment celui constituรฉ par la famille, la famille รฉlargie avaient permis dans nombre de cas dโamortir le choc de la crise pour avoir fonctionnรฉ comme des systรจmes de sรฉcuritรฉ sociale informelle. A ces rรฉseaux familiaux sโajoutent, en milieu urbain, les nombreux rรฉseaux de voisinage, les associations de quartier notamment et, dโune certaine faรงon les solidaritรฉs interindividuelles ยป.
Par ailleurs Sylvie Jaglin affirme que le contexte dans lequel surgissent les prรฉoccupations participatives est significatif des motivations qui prรฉsident ร leur dรฉveloppement. Rarรฉfaction des ressources financiรจres publique, crise des thรฉories du dรฉveloppement รฉconomique, crise des Etats nations, dรฉclassement social gรฉnรฉralisรฉ, notamment dans les villes, rรฉformes de dรฉcentralisation transfรฉrant aux collectivitรฉs locales certains leviers gestionnaires, รฉmergence des formes de coopรฉration dรฉcentralisรฉe, largement appuyรฉes par les ONG, autant de facteurs qui rendent urgente la mobilisation de nouvelles ressources.
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Table des matiรจres
Introduction
Premiรจre partie : Cadre de rรฉfรฉrence
Chapitre I : Cadre thรฉorique et conceptuel
Chapitre II : Problรฉmatique
Deuxiรจme partie : Mรฉthodologie
Chapitre I : Mรฉthodologie
Chapitre II : Cadre de lโรฉtude
Troisiรจme partie : Plan de recherche
Conclusion
Bibliographie
Annexes