La dépréciation
Tout équipement a une durée de vie utile déterminée en fonction, notamment, des conditions dans lesquelles il opère. Passé cette durée, il devient plus économique de le remplacer que de le réparer. L’équipement subit une perte de valeur en raison de plusieurs facteurs, tels que l’obsolescence technologique et l’usure générale qui peut entrainer une moindre productivité en raison de temps d’arrêt plus fréquents. Il faut différencier la politique de dépréciation de l’entreprise et la politique de dépréciation fiscale de l’état. Dans le premier cas, le calcul de la dépréciation est en fonction de la politique d’investissement de l’entreprise et utilisée seulement dans sa comptabilité interne pour la prise des décisions et le calcul du coût d’utilisation et de soumission. Dans le deuxième cas, il s’agit d’une règlementation fiscale. L’entreprise doit donc s’y conformer afin de produire ses déclarations fiscales. La littérature mentionne plusieurs méthodes pour calculer la dépréciation d’un équipement. Les plus usuelles sont la dépréciation linéaire, la dépréciation dégressive et la dépréciation proportionnelle à ordre numérique inversé aux années (Nunnally, 2000). Le Tableau 2.3 présente la méthode de dépréciation proposée selon les publications.
La méthode linéaire repose sur une diminution constante de la valeur de l’équipement en fonction de sa durée de vie utile. La diminution est donc constante pour toutes les années de service. La Figure 2.4 montre un exemple de la méthode linéaire (Lagacé, 2010). Cet exemple est basé sur les paramètres suivants : la valeur initiale est de 12 000 $, la valeur résiduelle est de 2 000 $ et la durée d’utilisation est de 10 ans. Dans ce tableau, nous constatons qu’il y a une dépréciation annuelle de 1 000 $ sur toute la durée de vie. L’approche fiscale sera négligée, puisqu’elle est davantage adaptée aux règles comptables qui tiennent compte de la notion de demi-année. La Figure 2.5 présente un exemple de la méthode de la somme des nombres et les paramètres sont les mêmes qu’à l’exemple précédent. Cette méthode se base sur la notion du nombre d’années d’utilisation restante. La dépréciation annuelle se traduit par la division du nombre d’années d’utilisation restant à l’année en cours, par la somme de toutes les années restantes. Dans ce cas-ci, la somme de toutes les années restantes est 55.
Nous pouvons constater que la dépréciation annuelle diminue avec les années. Cette situation représente davantage la réalité pour un équipement de construction, que la méthode linéaire. La Figure 2.6 présente un exemple de la méthode du solde dégressif, qui utilise un taux de dépréciation identique pour chaque année. Celui-ci est nommé « facteur K » et il est déterminé en utilisant la relation entre la valeur initiale, la valeur finale ainsi que le nombre d’années d’utilisation. Dans ce cas-ci, le taux de dépréciation est de 16.4 %. La Figure 2.7, tirée de Nunnally (2000), présente sous forme graphique quatre méthodes d’amortissement, dont la méthode linéaire, la somme des nombres et le solde dégressif discuté précédemment par Lagacé (2010), ainsi que la valeur marchande. D’après la Figure 2.7, nous pouvons constater que la méthode de dépréciation la plus lente est la méthode linéaire (straight line). Les méthodes de dépréciation tentent de représenter la valeur marchande (market value), mais nous pouvons voir qu’il y a une différence importante, principalement au début et à la fin de la durée de vie de l’équipement, entre la valeur marchande et la valeur dépréciée. Notons que la valeur marchande peut varier grandement entre deux types d’équipements. La Figure 2.8 présente l’équation utilisée par le US Army Corps of Engineers (2011) pour calculer la dépréciation sur une base horaire. Elle consiste à la division de la valeur de l’équipement, diminué de la valeur des pneus et de la valeur résiduelle, par la durée de vie estimée. Nous pouvons constater que la résultante de cette équation est une dépréciation horaire constante.
La durée de vie
La durée de vie équivaut à la quantité de travail, calculé en nombre d’heures, que peut accomplir un équipement, tout en étant rentable pour son propriétaire. La durée de vie peut varier en fonction d’une multitude de facteurs, notamment les conditions d’opération, l’entretien et le type d’équipement. En ce qui concerne l’entretien, les références le considèrent comme un coût d’opération. Qu’il soit considéré comme un coût de possession ou comme un coût d’opération, l’entretien devrait être vu comme un investissement. L’entretien de l’équipement est essentiel à la rentabilité de l’entreprise, en prolongeant l’espérance de vie économique de l’équipement et en retardant le moment du temps de remplacement. L’entretien assure une disponibilité de la machine en diminuant les temps d’arrêt. Il est aussi une exigence pour répondre aux normes de santé et sécurité au chantier. Certains auteurs ne considèrent que la durée de vie d’un équipement. L’exemple à la Figure 2.9 montre la profitabilité d’un équipement en fonction de la fréquence de remplacement (age at replacement). La profitabilité maximum de l’équipement est atteinte lorsque la fréquence de remplacement est approximativement de 5 ans.
La profitabilité diminue jusqu’à l’atteinte de la fréquence de remplacement d’approximativement 10 ans. Passé cette fréquence de remplacement, il n’est plus profitable d’utiliser l’équipement. D’autres auteurs présentent la durée de vie des équipements en fonction de la sévérité de l’opération, du type d’équipement et du modèle, tel que montré à la Figure 2.10. Nous pouvons constater qu’une niveleuse de modèle 16 h opérant en conditions difficiles a une durée de vie économique de 12 000 heures, tandis qu’une niveleuse de modèle 24 h a une durée de vie économique de 30 000 heures. Nous pouvons également constater que les niveleuses ont une durée de vie plus élevée que les tracteurs. La Figure 2.11, présente la durée de vie de certaines catégories d’équipements, sans distinction de manufacturier. Nous pouvons constater que les durées de vie présentées dans cette référence sont moins précises qu’à la Figure 2.10 puisqu’elles ne considèrent seulement que les conditions difficile («severe») et moyenne («average»), tel que montré dans la colonne nommée «C». À titre d’exemple, en comparant la durée de vie d’une niveleuse (graders, motor) opérant dans des conditions difficiles, nous pouvons constater que sa durée de vie selon la Figure 2.11 est de 13 500 heures, tandis qu’à la Figure 2.10 la durée de vie peut être de 1 500 heures inférieures ou de 16 500 heures additionnelles selon le modèle. Une portion de la différence entre les deux publications peut être causée par l’amélioration technologique, puisque la publication de Caterpillar date de 1998 tandis que celle du US Army Corps of Engineers date de 2011. Par contre, une publication présentant la durée de vie de chaque modèle d’équipement sera plus utile pour mettre en place une base de données, plutôt qu’une publication plus générale.
Les conditions météorologiques
Le froid, les blizzards et l’hiver ont un impact certain sur le coût d’utilisation et sur la productivité des équipements. Dès que le mercure atteint un certain niveau, il devient essentiel de préchauffer les pièces mécaniques et les fluides avant l’opération. Caterpillar (2007) propose un guide qui décrit les étapes à suivre lors d’un démarrage par temps froid, ainsi que les types de préchauffage et la concentration d’antigel à utiliser. L’opérateur doit procéder à un cycle de réchauffement de sa machine avant de l’opérer qui consistera à augmenter la température du système hydraulique et à réactiver la transmission. Caterpillar (2007) catégorise les conditions climatiques hivernales sur une échelle comptant 4 niveaux, soit entre 9 ◦C à -40 ◦C. 36 La Figure 2.18 montre la catégorie numéro quatre.Nous pouvons constater que pour une température extérieure de -30 ◦C à -40 ◦C, on recommande d’installer un équipement de chauffage pour le liquide de refroidissement, un démarreur, une batterie robuste et un système d’injection continu d’éther, qui aide au démarrage.
On suggère également l’installation d’équipements de chauffage pour l’huile, le carburant et la batterie. Pour chaque catégorie de condition climatique, on recommande le mélange d’antigel à utiliser, l’ajustement de la pression des pneus ainsi que le type d’huile à favoriser. Il est possible de déterminer la catégorie de température grâce aux données relatives aux conditions météorologiques qui sont publiées pour plusieurs villes et régions éloignées du Québec par Environnement Canada (2013). Selon l’International Association of Engineers Insurers (2012), le froid cause une baisse de productivité de l’équipement. À titre d’exemple, la Figure 2.19 montre qu’à température de 0◦F, soit l’équivalente de -18 ◦C, les tâches effectuées par les équipements subissent une perte de productivité de l’ordre de 10 à 20 pourcent. De plus, toujours selon l’International Association of Engineers Insurers (2012), lorsqu’il y a précipitation de neige, la productivité des tâches effectuées par les équipements diminue. À titre d’exemple, la Figure 2.20 montre qu’une faible précipitation de neige résulte en une perte de productivité d’environ 5 %. Nous pouvons constater que les conditions météorologiques peuvent avoir un impact considérable sur la productivité des équipements, puisque la visibilité et le froid peuvent réduire ou empêcher l’opération. Lors d’un blizzard, la distance visible est tellement courte, que les travaux peuvent être arrêtés pour des raisons de santé et sécurité.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 PROBLÉMATIQUE
1.1 Mise en contexte
1.2 Problématique
1.3 Mandat
1.4 Hypothèse
CHAPITRE 2 REVUE DE LITTÉRATURE
2.1 Coût lié à la possession
2.1.1 Le coût d’immobilisation du capital
2.1.2 La valeur résiduelle
2.1.3 La dépréciation
2.1.4 La durée de vie
2.2 Coût lié à l’opération
2.2.1 Le carburant (consommation et coût)
2.2.2 L’entretien mécanique
2.2.3 Les lubrifiants
2.2.4 Les pneus et trains de roulement
2.2.5 Le salaire de l’opérateur
2.2.6 Pièces accessoires
2.3 Coûts indirects
2.3.1 Frais généraux d’entreprise
2.3.2 Frais généraux de chantier
2.4 Facteurs influençant la productivité
2.4.1 Les conditions météorologiques
2.4.2 Les conditions de travail
2.5 Progiciels existants
2.5.1 Progiciel Volvo
2.5.2 Progiciel Equipment Watch
CHAPITRE 3 CHOIX DES PARAMÈTRES À CONSIDÉRER
3.1 Les paramètres du non-usage
3.1.1 Dépréciation temporelle
3.1.2 Le coût d’immobilisation du capital
3.1.3 Les assurances
3.1.4 Entretien lors du non-usage prolongé
3.1.5 Le coût d’immobilisation du capital de l’inventaire
3.2 Les paramètres de l’opération
3.2.1 La dépréciation d’usure
3.2.2 Le carburant
3.2.3 Les pneus et trains de roulement
3.2.4 Les pièces accessoires
3.2.5 Le préchauffage
3.2.6 L’entretien
3.3 Les paramètres indirects
3.4 Mobilisation et démobilisation au projet et au site
3.4.1 L’administration de l’équipement
3.5 Les paramètres non considérés
3.5.1 L’immatriculation
3.5.2 Le reconditionnement
3.5.3 Les taxes
3.5.4 L’opérateur
3.5.5 L’inspection de sécurité
3.6 Conditions de chantier affectant le taux de location
3.6.1 Conditions climatiques
3.6.2 Conditions de terrain
3.6.3 Distance des centres urbains
3.6.4 Durée de location
CHAPITRE 4 DÉFINITION ET CHOIX DES MÉTHODES DE CALCUL
4.1 Les termes de location utilisés
4.2 La dépréciation
4.3 Le non-usage
4.3.1 Dépréciation temporelle
4.3.2 Le coût d’immobilisation du capital de l’équipement
4.3.3 L’assurance
4.3.4 Le coût d’immobilisation du capital de l’inventaire des pièces
4.3.5 Le taux de non-usage
4.4 L’opération
4.4.1 La dépréciation totale
4.4.2 Le carburant
4.4.3 Les pneus ou trains de roulement
4.4.4 Les pièces accessoires
4.4.5 L’entretien
4.4.6 Le taux d’opération
4.5 Le préchauffage
CHAPITRE 5 ÉTABLISSEMENT DES INTRANTS ET DE LA PROVENANCE DES DONNÉES
5.1 Constantes ou variables du non-usage
5.1.1 Taux d’intérêt (I%)
5.1.2 Durée de vie de l’équipement (Dv)
5.1.3 Prix de détail suggéré de l’équipement (Vs)
5.1.4 Rabais à l’achat
5.1.5 Coût de mobilisation initiale (Mb)
5.1.6 Valeur des pneus ou trains de roulement (Pn)
5.1.7 Facteur d’assurance de biens (Fab)
5.1.8 Facteur d’assurance responsabilité (Far)
5.1.9 Valeur de l’inventaire (Vi)
5.2 Constantes ou variables de l’opération
5.2.1 Valeur résiduelle (Vr)
5.2.2 Coût unitaire du carburant (Cc)
5.2.3 Facteur de consommation de carburant pendant le préchauffage (Fcp)
5.2.4 Consommation horaire de diesel (Cd)
5.2.5 Facteur pour la distribution du carburant (Fdc)
5.2.6 Durée de vie des pneus ou trains de roulement (Pv)
5.2.7 Facteur de réparation des pneus ou trains de roulement (Fr)
5.2.8 Valeur des pièces accessoires (Vp)
5.2.9 Durée de vie des pièces accessoires (Dp)
5.2.10 Durée du préchauffage selon la température moyenne (Pd)
5.2.11 Facteur affectant la dépréciation d’usure lors du préchauffage (Fop)
5.2.12 Facteur de réparation de l’équipement (Fre)
5.3 Constantes ou variables des éléments affectant le taux de location
5.3.1 Facteur affectant la consommation de carburant en fonction des conditions climatiques (Ffc)
5.3.2 Facteur affectant le coût d’entretien en fonction des conditions climatiques (Fec)
5.3.3 Facteur affectant la durée de vie des pneus en fonction des conditions climatiques (Fvpt)
5.3.4 Facteur affectant la durée de vie des pièces accessoires en fonction des conditions de terrain (Fvat) =
5.3.5 Facteur affectant le coût d’entretien en fonction de la distance des centres urbains (Fte)
5.3.6 Facteur affectant le coût des pièces accessoires en fonction de la distance des centres urbains (Fca)
5.3.7 Facteur affectant le taux de non-usage en fonction de la durée de location (Fnu)
CHAPITRE 6 INTERFACE GRAPHIQUE
6.1 Les fenêtres d’accueil
6.1.1 L’ouverture de session
6.1.2 Le choix et la création d’un projet
6.2 L’interface graphique
6.2.1 Onglet équipement
6.2.2 Onglet opération
6.2.3 Onglet non-usage
6.2.4 Onglet température
6.2.5 Onglet facteurs
6.2.6 Onglet résumé
6.2.7 Les autres fenêtres du prototype
6.3 La programmation
6.3.1 L’accès à l’interface
6.3.2 Le choix de l’équipement
6.3.3 L’affichage des données
CHAPITRE 7 VALIDATION ET RECHERCHE FUTURE
7.1 Validation
7.1.1 Processus de validation continue
7.2 Recherche future
CONCLUSION
ANNEXE I COÛT MENSUEL MOYEN DU DIESEL EN 2013, PAR RÉGION ADMINISTRATIVE, SELON LA RÉGIE DE L’ÉNERGIE (2013)
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DE RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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