Depuis une vingtaine d’années, nombreux chercheurs se sont intéressés à la mise au point de matériaux et de technologies non-polluants qui consomment un minimum d’énergie lors de leur production (Boucher, 2006). Leur attention s’est progressivement tournée vers des matériaux nonindustriels que sont les produits végétaux forestiers. Les produits forestiers incluent les produits ligneux mais également les produits forestiers non ligneux (PFNL). Pour le cas des PFNL, un nombre croissant d’institutions et d’organisations gouvernementales et non gouvernementales, et d’entités du secteur privé sont intervenues dans leur promotion et dans leur utilisation, à l’exemple de l’INBAR qui est une entité qui effectue des recherches sur les bambous. Parmi les PFNL utilisés dans le monde, le bambou intéresse un grand nombre d’acteurs. C’est une espèce forestière non ligneuse appartenant à la famille des Poacées (Thierry, 2008). Il existe environ 1400 espèces de bambou qui se propagent à travers les régions tempérés, tropicales et subtropicales (Meredith, 2009).
Les bambous possèdent une grande importance suivant les dimensions économiques, sociales et environnementales. Ils représentent un potentiel économique important parce qu’ils atteignent leur pleine croissance en quelques mois. Leur résistance mécanique maximale est atteinte en quelques années. Ensuite, les bambous occupent une grande place dans le commerce international. Sous forme de chaumes ou de produits finis (Tang et al., 2012), les bambous sont échangés avec une valeur d’échange d’une importance de 2 billions de dollar par an (Bystriakova, Kapos, & Lysenko, 2004). Dans certains pays les plus tributaires des bambous, ces derniers sont exploités à l’échelle industrielle. En Inde, plus de 1 million de tonnes de bambous sont utilisés dans l’industrie des pâtes à papier (Kumar et al., 1994).
Du côté social, de nombreux ménages dépendent du bambou. Les bambous, utilisés directement après la récolte ou sous-forme transformés, servent à une foule d’usages dans de nombreuses régions du monde. Ils fournissent des produits-clés de subsistance et des revenus. Les bambous possèdent plusieurs utilisations domestiques et agriculturales, allant de la simple fabrication d’instruments de musique à la construction de logements et d’infrastructures agricoles telles que des systèmes d’irrigation (Bystriakova et al, 2004).
Problématique et hypothèses de recherche
Problématique de recherche
Les bambous malgaches sont indispensables pour la population malgache. Ils servent de matières premières pour les produits exportés tels que les produits artisanaux, les instruments de musique et les meubles (Rajaonalison, 2012). En plus, le bambou fournit des matériaux de construction et des outils d’utilité quotidienne à la communauté résidant sur la partie orientale malgache (Ramananantoandro et al., 2013). Actuellement, le bambou commence à occuper une place importante à l’échelle industrielle à travers la valorisation mise au point par l’Entreprise Madagascar Bamboo. Malheureusement, les informations sur les bambous malgaches restent encore insuffisantes. La durabilité en service des bambous n’est pas encore connue. Pourtant, c’est l’un des critères permettant d’apprécier la potentialité du bambou puisque connaître leur durabilité permet de définir les conditions d’utilisation adéquates pour le matériau. En vue de définir la durabilité en service des bambous soumis à des conditions climatiques malgaches, la première question qui se pose est : « Quelle est la durabilité naturelle des bambous soumis à des conditions climatiques malgaches ? » .
Le bambou utilisé à Madagascar est exposé à de grands risques d’attaques principalement provenant des agents biologiques de dégradation. Les bambous contiennent de l’amidon à un taux qui se situe entre 2 et 6% (Li, 2004). Cette présence d’une quantité considérable en amidon à l’intérieur des bambous verts ou secs attire certains organismes, plus particulièrement les champignons et les coléoptères (Kumar, et al., 1994), ce qui peut rendre les bambous vulnérables. De plus, les bambous possèdent une quantité très faible en résines et en tannins (Ashaari & Mamat, 2000), ce qui ne lui procure pas une quantité nécessaire en éléments toxiques pour éloigner les agents biologiques. Ensuite, les conditions climatiques de Madagascar qui correspondent au climat tropical sont favorables à la multiplication des champignons (Tang et al., 2012). Face à ces risques importants de dégradation, il est préférable que les bambous malgaches possèdent une bonne durabilité. Dans le cas contraire, ils doivent être traités convenablement avant d’être utilisés. Préserver les bambous permet non seulement de prolonger leur durée de vie en services (Varma, 2007), mais aussi de réduire la perte économique occasionnée par la régression des valeurs d’usage du bambou et d’augmenter la sécurité des infrastructures dans lesquelles ils sont utilisés (Rao, 2001). Pour préserver les bambous, l’idéal serait d’utiliser des moyens à la fois efficaces et adaptés au contexte malgache afin que les méthodes de traitement puissent être appliquées par les utilisateurs locaux des bambous.
Collecte des échantillons de bambous
La collecte des échantillons a consisté au prélèvement de portions de bambous, sur trois parties différentes du chaume et provenant de quatre espèces de bambous malgaches. Les échantillons prélevés proviennent des espèces Dendrocalamus giganteus, Dendrocalamus asper, Bambusa vulgaris constrictinoda, Bambusa vulgaris striata. Elles ont été choisies pour deux raisons. Tout d’abord, elles sont les plus utilisées par les habitants locaux et éventuellement par certaines industries artisanales locales employant le bambou et l’industrie Madagascar Bamboo. Ensuite, ces espèces possèdent l’avantage d’être cespiteuses, c’est-à-dire, elles poussent en touffe serrée et ne risquent pas d’envahir car leur rhizome ne s’étend pas dans le sol, ce qui facilite la plantation pour des perspectives de production.
Identification des espèces
Tous les bambous ne présentent pas un aspect uniforme. Chaque espèce renferme ses caractéristiques propres (Rajaonalison, 2012). Ainsi, la distinction des espèces lors du prélèvement a reposé sur une observation scrupuleuse de chaque individu. L’espèce Bambusa vulgaris striata a été la plus facile à identifier puisque c’est la seule espèce qui a une couleur jaune avec des stries vertes alors que les autres sont toutes vertes. Dendrocalamus constrictinoda est facilement reconnaissable par sa taille plus grande par rapport aux autres espèces. Bambusa vulgaris constrictinoda et Dendrocalamus asper, malgré leur apparente ressemblance, se distinguent par le fait que ce dernier présente des poils caractéristiques .
Identification des chaumes matures
Pour obtenir des bambous de potentialité élevée, il a fallu trouver des chaumes possédant un âge supérieur à 3 ans. C’est l’âge à partir duquel les bambous deviennent matures et ils atteignent les potentialités technologiques optimales (Wakchaure & Kute, 2012). La détermination de l’âge a occasionné certaines difficultés : même si les chaumes appartiennent à une même touffe, ils ne sont pas obligatoirement de mêmes âges. Ainsi sur chaque touffe, il a fallu discerner les chaumes d’âge supérieur à trois ans des autres chaumes plus jeunes. Les bambous matures s’identifient par le nombre de ramifications qu’ils comportent (Eastern Africa Bamboo Project, 2008). L’apparition de la première ramification signifie que le chaume en question est âgé d’un an. La deuxième ramification apparait lorsque le chaume atteint l’âge de deux ans et ainsi de suite. Les chaumes âgés de 3ans sont donc caractérisés par trois ramifications.
Confection des éprouvettes
Les éprouvettes ont été obtenues en procédant à des travaux d’usinage des bambous collectés. L’usinage regroupe l’ensemble des opérations effectuées pour obtenir des échantillons de forme normalisée. Cette opération a été effectuée dans le laboratoire de l’Ecole Supérieure Polytechnique d’Antananarivo. L’usinage a consisté à faire le débitage, le dégauchissage et le rabotage moyennant respectivement d’une scie circulaire, d’une dégauchisseuse et d’un rabot. Ce sont les inter-nœuds qui ont fait l’objet de la présente étude. Ce qui implique que la première opération de débitage consistait à extraire les inter-nœuds et à se débarrasser des nœuds. Le dégauchissage et le rabotage sont des opérations qui ont permis d’aplanir et d’obtenir deux surfaces de référence.
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Table des matières
Partie 1. Introduction
Partie 2. Méthodologie de Recherche
2.1 PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE RECHERCHE
2.1.1 Problématique de recherche
2.1.2 Hypothèses
2.2 PREPARATION DES ECHANTILLONS
2.2.1 Collecte des échantillons de bambous
2.2.2 Confection des éprouvettes
2.2.3 Conditionnement des éprouvettes au laboratoire
2.2.4 Echantillonnage
2.3 PROCEDES DE VERIFICATION DE L’HYPOTHESE 1
2.3.1 Soumission des échantillons à l’expérimentation
2.3.2 Evaluation de la durabilité naturelle des bambous
2.3.3 Vérification de l’hypothèse 1
2.4 PROCEDES DE VERIFICATION DE L’HYPOTHESE 2
2.4.1 Traitement des échantillons
2.4.2 Soumission des échantillons à l’expérimentation
2.4.3 Evaluation de la durabilité des bambous non traités et ceux non traités
2.4.4 Comparaison de la durabilité des échantillons traités et des échantillons non traités
2.4.6 Vérification de l’hypothèse 2
2.5 CADRE OPERATOIRE
Partie 3. Résultats
3.1 RESULTATS RELATIFS A L’HYPOTHESE 1
3.1.1 Perte de masse
3.1.2 Dégâts visibles sur les échantillons
3.1.3 Durabilité naturelle des bambous malgaches
3.2 RESULTATS RELATIFS A L’HYPOTHESE 2
3.2.1 Comparaison de la durabilité des bambous traités à ceux non traités
Partie 4. Discussions et Recommandations
4.1 DISCUSSIONS
4.1.1 Discussions sur les résultats
4.1.2 Discussions sur la méthodologie
4.1.3 Vérification des hypothèses
4.2 RECOMMANDATIONS
4.2.1 Recommandations méthodologique
4.2.2 Recommandation sur l’utilisation des bambous
Partie 5. Conclusion
Références bibliographiques
Annexes