Smart City : concept ou paradigme à part entière ?
La Smart City, une ville de demain répondant aux enjeux actuels ?
Depuis une quinzaine d’années et l’apparition de concepts de ville du futur, les municipalités s’intéressent donc aux mesures qu’elles pourraient mettre en place pour améliorer leur renommée tout en continuant de respecter les objectifs écologiques qui les incombent. Les concepts comme la Smart City leur permettent d’allier ces deux objectifs, en plus de doter la commune de l’image d’une ville novatrice. Ce marché, très porteur donc du fait des nombreux intérêts, n’a pas mis longtemps à attiser les convoitises des grands industriels des TIC. Ils s’en sont emparés massivement en proposant de nombreuses solutions “intelligentes” et innovantes. Cependant, ce concept nourrit également des aspirations socio culturelles de populations ayant pour conviction la durabilité de nos milieux de vie et de laisser une empreinte écologique moindre sur notre environnement. Elles s’expriment d’une façon plus manifeste à travers des projets citoyens de “bien” vivre ensemble tout en respectant leur territoire. Malgré tout, le digital et l’innovation sont sans doute des fondements de ce concept car ils permettent de connecter et d’engager le citoyen dans une certaine mesure. Un projet loin d’être prêt à aboutir puisqu’on connaît la difficulté récurrente d’impliquer les citoyens et de changer leurs habitudes. C’est en cela que les Smart Cities relèvent un autre défi, celui de la création de nouveaux modèles relationnels donc de nouvelles gouvernances, qui seront sûrement aux antipodes des modèles déjà connus. Des modèles de gouvernance existent déjà de façon théorique, mais il n’existe pas encore de modèles mis en œuvre à grande échelle qui reposent sur l’intelligence collective et collaborative (Commission de régulation de l’énergie). Mais comment définir les caractéristiques d’une Smart City, un concept tellement vague que les piliers qui le composent peuvent être divergents, en fonction du point de vue et de la volonté des différents acteurs ?
Les caractéristiques de la Smart City
Très rapidement, on remarque dans la littérature appliquée aux Smart Cities que certains piliers sont incontournablement liés au concept. On retrouve ainsi fréquemment des piliers tels que le social, l’environnement, la mobilité intelligente, la gouvernance durable ou même encore l’habitat intelligent, attestés par la Commission de régulation de l’énergie l’atteste.
Les villes doivent donc se doter de services à la hauteur des attentes de ce concept pour mettre en place les innovations et infrastructures nécessaires au bon fonctionnement d’une ville plus efficace et plus agréable. Pour décrire les principaux piliers du concept, nous avons décidé de nous intéresser à deux textes développant chacun ses propres piliers du fait d’une vision légèrement différente de la Smart City. Tout d’abord les piliers selon la Commission de régulation de l’énergie, illustrés par le schéma ci-dessus donc, puis les piliers tirés d’un article de Sujata et al. (2016). En mettant en parallèle ces deux textes on peut retrouver des piliers communs ou qui nous paraissent essentiels :
La mobilité intelligente :
La nécessité et le besoin actuels de se déplacer des citadins sont devenus primordiaux à cause du temps perdu dans les transports (individuels ou communs). En effet la congestion des villes et le management des flux deviennent des problèmes préoccupants autant pour les villes de demain que pour l’environnement qui pâtit allègrement des rejets des villes en question. L’intégration des différents modes de transport dans un modèle ou un système est l’un des principaux défis d’une ville à la mobilité efficace, qui se voudrait facilement accessible au plus grand nombre et bien sûr respectueuse de l’environnement. La mobilité ne doit plus être vue comme une contrainte et les villes se doivent d’optimiser l’espace urbain en offrant une gamme variée de transports qui correspond au mieux aux besoins de chacun. L’énergie électrique doit également occuper une place dominante et faire partie intégrante des futurs grands projets de mobilité, même si actuellement les voitures électriques ont du mal à se faire une place dans nos habitudes de consommation.
La gouvernance durable :
Les modèles actuels de gouvernance sont pour la majorité des approches “top-down” et les limites de ce modèle sont de plus en plus flagrantes (transparence limitée, partage des ressources inégal, division sociale, etc.). Le passage à une gouvernance différente est donc un levier plus qu’indispensable si l’on veut basculer dans une nouvelle façon d’habiter son territoire de manière plus équitable. Cette gouvernance se voudrait intelligente par une participation politique active grâce à une utilisation efficiente des moyens de communication que nous avons aujourd’hui à notre disposition. Internet apparaît le moyen le plus évident à l’élaboration d’une nouvelle politique publique, les villes pouvant intégrer cet outil afin d’identifier plus clairement les souhaits de différents groupes et traiter d’une façon plus efficace ses besoins (Gil Garcia et Pardo, 2005).
L’habitat intelligent :
Les prix du foncier dans les grandes villes ne faisant qu’augmenter inexorablement et la disponibilité des terres étant de plus en plus rare, l’urbanisation actuelle doit faire face à des problèmes majeurs avec lesquels il va falloir composer dans le futur. En effet, le modèle actuel d’étalement urbain n’est plus du tout viable et, ce, depuis un moment. Il est temps de réfléchir à une ville qui permettra d’allier confort et bien vivre ensemble, tout en respectant l’intimité de chacun, donc de “mieux vivre”. Il va sans dire que les nouveaux habitats devront intégrer une gestion plus durable des énergies afin de réduire l’empreinte sur notre environnement direct dans un premier temps. La domotique, les TIC et autres technologies seront à même de créer des espaces de vies connectés, facilitant la vie au sein du foyer mais aussi en communauté.
Le social ou encore “l’éco-citoyen” :
Grâce aux nombreuses possibilités de communication et d’organisation que les TIC nous procurent, il est désormais possible de donner un nouveau sens à la façon dont nous percevons et construisons nos échanges. Les communautés peuvent être intelligentes dans leur façon d’échanger et de participer aux processus de conception de la Smart City, grâce au partage de données notamment, à condition d’utiliser à bon escient les technologies qui s’offrent à nous. Dans une Smart City, les citoyens se doivent de participer aux initiatives de gouvernance et de management afin de devenir des “utilisateurs” actifs. Ainsi les personnes à l’initiative de ces projets pourront se targuer du fait que ceux-ci sont assumés par la majorité, qu’ils soient un échec ou une réussite. En redonnant du “pouvoir” à la population, on légitime les actions, accélère leur mise en place et leur acceptation. L’éco-citoyenneté repose principalement sur des initiatives créées par et pour les citoyens. En effet, si la ville met en place un outil administratif ou institutionnel performant et qu’une petite partie de la population en fait usage, on ne peut pas dire qu’elle soit intelligente. A l’inverse si une grande partie des habitants de la ville s’investissent dans une cause, elle peut être considérée comme éco-citoyenne. La Smart City doit permettre un équilibre “parfait” entre ces piliers, sans quoi le modèle ne peut être réellement viable et efficace. Différentes approches d’une Smart City se dégagent, à savoir que la simple utilisation de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) peut suffire à qualifier une ville intelligente quand pour certains cette condition n’est pas, seule, satisfaisante pour pouvoir se proclamer ville intelligente. Les objectifs de ce concept sont également divers : est-ce d’économiser les ressources énergétiques en les utilisant d’une manière plus pertinente, ou de faciliter la vie des usagers du milieu urbain en leur faisant gagner du temps, ou encore d’encourager le développement économique d’une ville d’une manière durable, ou tout cela à la fois? C’est pourquoi les piliers d’autres concepts, que nous allons éclaircir par la suite, sont, selon nous, tout aussi intéressants à développer afin de percevoir ce qui se cache vraiment derrière une Smart City, une ville intelligente donc, durable, créative, vivable, « humaine », etc.
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Table des matières
Introduction
Partie 1 : D’une revue de littérature vers la problématisation d’un concept de ville du futur
1. Smart City : concept ou paradigme à part entière ?
La Smart City, une ville de demain répondant aux enjeux actuels ?
Les caractéristiques de la Smart City
2. Concepts de ville transversaux
La ville durable, une application locale du développement durable
Emergence du concept
Caractéristiques propres du concept
Caractéristiques communes à la Smart City
La ville créative, un concept source d’inspiration
Différentes visions du concept
La culture, un rôle de développement important pour les villes
3. Trois concepts spécifiques mais tout de même liés
4. Problématique et hypothèse
5. Méthodologie de recherche
Phase de définition du sujet et des concepts
Critères de différenciation d’une Smart City en vue d’études de cas
Partie 2 : Etudes de cas par application de la méthodologie
1. Présentation des cas étudiés
Berlin : une future Smart City motrice en Europe ?
Vienne : une porte d’entrée vers l’est de l’Europe tournée vers l’avenir
Tel Aviv : un vaste projet digital
Bristol : La ville connectée ou playable city
Guangzhou : Le futur modèle de Smart City chinois
Montevideo : Capitale Sud-Américaine des TIC
2. Première différenciation des cas : application d’une grille d’analyse et commentaires généraux
Berlin
Vienne
Tel Aviv
Bristol
Guangzhou
Montevideo
3. Différentiation approfondie des études de cas
Fréquente spécialisation des Smart Cities
Berlin
Vienne
Tel Aviv
Bristol
Guangzhou
Montevideo
Partie 3 : Analyse des résultats et synthèse
1. Pertinence de notre grille d’analyse
Des résultats intéressants
… mais un échantillon de cas réduit
2. Similitudes et différences entre les cas
Mobilité
Gouvernance
Economie
Environnement
Habitat
Eco-citoyen
3. De la Smart City à la « Ville humaine »
Conclusion
Bibliographie
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