Du trait de la plante à la fonctionnalité de la communauté
Etat de l’art
Le fonctionnement des écosystèmes naturels et leurs processus de régulations écologiques sont une source d’inspiration pour la conception de systèmes de culture agro-écologiques (Malézieux, 2012) caractérisés par leurs faibles impacts environnementaux et notamment leurs bas niveaux d’intrants chimiques (Dorel et al., 2011; Malézieux et al., 2009). Ces processus écologiques constituent de nouvelles voies de recherche mobilisables pour concevoir une agriculture performante et durable lorsqu’ils sont appliqués à l’agrosystème (Altieri, 1999; Koohafkan et al., 2012; Moonen et Barberi, 2008).
La lutte biologique
Dans le cas plus précis de la protection des cultures contre les bioagresseurs, la lutte biologique apparaît comme la piste de recherche à privilégier (Gurr et Wratten, 1999; Niu et al., 2014). Cette méthode de lutte repose sur un pilotage des réseaux trophiques, permettant d’accentuer l’effet « topdown » de régulation des ressources par les consommateurs, qu’exercent les ennemis naturels (auxiliaires prédateurs ou parasitoïdes) sur les bioagresseurs d’une culture (Landis et al., 2000). Trois approches distinctes peuvent être envisagées dans le cadre de la lutte biologique contre les ravageurs des agrumes, la lutte biologique par acclimatation, la lutte biologique par augmentation et la lutte biologique par conservation. La lutte biologique par acclimatation consiste à introduire des auxiliaires exotiques non généralistes (Quilici et al., 1994). La lutte biologique par augmentation consiste à élever puis lâcher des auxiliaires pour accroitre leurs densités et contrôler une population de ravageurs (Burrell et McCormick, 1964). Enfin, la lutte biologique par conservation consiste à manipuler les environnements intra et extraparcellaires pour créer un milieu favorable à la faune auxiliaire (Gurr et al., 1998). Cette manipulation vise à favoriser la diversité, l’abondance, la survie, la fécondité et la longévité des auxiliaires présents à l’échelle du paysage, et ainsi augmenter leur efficacité dans un objectif de régulation des populations de bioagresseurs de la culture (Landis et al., 2000). Elle se fait essentiellement via la création d’habitats refuge et/ou source de nourritures alternatives (Rabb et al., 1976; Ratnadass et al., 2012), on parle alors de lutte biologique par conservation et gestion des habitats (Le Roux et al., 2008). La structuration des communautés végétales spontanées des vergers prend une dimension primordiale dans la création de ces habitats favorables à la lutte biologique. Dans la suite de ce rapport, nous parlerons bel et bien de lutte biologique par conservation des habitats même si elle sera usuellement nommée lutte biologique.
Composition et évolution des communautés végétales
Les communautés sont définies comme des ensembles d’organismes, appartenant à différentes espèces, qui coexistent au sein d’un habitat et interagissent au travers de relations trophiques et de « voisinage » (Garnier et Navas, 2013). Dans la suite du document les communautés végétales seront usuellement appelées communautés. Le pionnier en matière d’identification des facteurs d’assemblage des communautés a été Diamond (1975). Son objectif de déterminer la présence de sous-ensembles d’espèces dans un habitat donné à partir d’un pool régional reposait sur l’hypothèse d’un processus unique de compétition comme règle d’assemblage des communautés. L’observation de l’absence de coexistence locale de certaines espèces a conduit à identifier ces distributions « en échiquier » comme non aléatoires. La théorie des îles illustre cette première règle de description et de prédiction des assemblages de communautés (Diamond, 1975).
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Table des matières Introduction Etat de l’art La lutte biologique Composition et évolution des communautés végétales Biodiversité et typologies de caractérisation L’approche fonctionnelle Les traits d’effet d’intérêt pour la lutte biologique Nectar extra-floral (NEF) Trichomes Recouvrement des espèces végétales Taille de l’inflorescence et de la fleur . Textures et structures foliaires Les traits de réponse d’intérêt pour l’étude Floraison et dispersion Hauteur végétative Diamètre végétatif Specific Leaf Area (SLA) Leaf Dry Matter Content (LDMC) Autre trait d’intérêt Du trait de la plante à la fonctionnalité de la communauté Matériel et méthodes ispositif expérimental Acquisition des données Mesure des traits de réponse des plantes Mesure d’abondance des espèces Evaluation de la fonctionnalité par les traits d’effet Sélection des traits d’effet et de leur attribut Evaluation de la fonctionnalité d’une communauté végétale Traitement des données Résultats Réponse des plantes aux facteurs du milieu Variabilité intra-communauté de la croissance des plantes Variabilité intra-espèces de la croissance des plantes Variabilité des périodes de floraison et dispersion Dynamiques d’abondance des espèces Evaluation de la fonctionnalité des communautés végétales Discussion Conclusion Références bibliographiques Table des annexes
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