Participants
Pour mettre en place cette étude, la majorité des garçons de 3ème du collège Stendhal à Nantes qui correspondent aux critères de notre recherche a été sollicitée. Les groupes ont été constitués sans distinction morphologique pour ne pas fausser les résultats. Les sujets présentaient des ascendances « pures » qui remontaient à deux générations au minimum, soit des grands-parents paternels et/ou maternels. Sur cette annexe (cf. Annexe 1) figure les ascendances des élèves et les objectifs de l’étude. De plus, nous avons exigé la signature de l’élève et du(es) responsable(s) légal(ux). Afin que la variable « sexe » ne fausse pas les données, nous nous sommes centrées uniquement sur des élèves de sexe masculin. Nous avons choisi des élèves en classe de 3ème car nous avions en charge 2 classes sur 4 pendant notre stage et les deux autres classes avaient cours d’EPS sur des jours où nous n’avions ni stage ni cours. Ils étaient âgés entre quatorze et quinze ans, mesuraient de 163 à 178 centimètres, et pesaient entre 50 à 70 kg (IMC de 15 à 19). Afin que la variable « entraînement » ne fausse pas les résultats, nous avons exclu de notre protocole les élèves qui présentaient un niveau d’entraînement trop important, soit, supérieur à 4h par semaine. Les élèves souffrant de maladies physiques et/ou mentales ont également été exclus du protocole. Chaque sujet a reçu, à la suite de notre sélection, des instructions orales et écrites décrivant toutes les procédures liées à cette étude, sans connaître les hypothèses.
Analyse statistique
Groupe 1 : Caucasien (CAUC)
Groupe 2 : Origine Afrique de l’Ouest (AO)
Groupe 3 : Origine Afrique de l’Est/Nord (AEN)
Les résultats ont été présenté sous forme de MOYENNE ± écart type (SD). Pour chaque variable, les séries ont suivi une loi normale resserrée autour de la moyenne. Le test de Kolmogorov-Smirnov a été utilisé afin de s’assurer de la normalité de toutes les séries. Une analyse de variance (ANOVA) à un facteur groupe (3 groupes : CAUC vs AO vs AEN) a été réalisé pour mesurer les différences en ce qui concerne la performance au 30 mètres, au Cooper et en ce qui concerne la hauteur du nombril. En cas de significativité, l’analyse de variance (ANOVA) assure qu’il y a une différence en fonction des groupes. En cas d’effet groupe (facteur temps ou facteur groupe ou interaction) un test Post-Hoc a été utilisé (HSD Tukey). Pour tous les tests, le seuil de significativité a été fixé à p < 0,05 % (bilatéral). La taille d’effet ou « effect size » a été donné grâce au Partial Eta Square (ηp2) avec un effet faible, modéré ou important pour un ηp 2 > 0.01 ; > 0.07 et > 0.14, respectivement (Cohen, 1988). Le coefficient de corrélation ? de Bravais-Pearson a indiqué si la corrélation entre la hauteur du nombril et la performance sur le 30 mètres est significative. Toutes les analyses statistiques ont été effectué à l’aide du logiciel Statistica (Statistica®, V6, StatSoft, Tulsa, Etats-Unis).
Vitesse
Après deux essais de 30 mètres réalisés par l’ensemble des sujets, notre thèse qui était que les athlètes issus de l’Afrique de l’Ouest sont des sprinteurs s’est confirmée. Lorsque nous avions réalisé la moyenne des deux essais effectués par l’ensemble de nos sujets, les élèves issus de l’Afrique de l’Ouest ont obtenu une moyenne de 4,6 secondes, les élèves issus de l’Afrique de l’Est et du Nord ont obtenu une moyenne de 5,1 secondes et les élèves issus du Caucase ont obtenu une moyenne de 5,2 secondes. Lors de la rédaction de notre revue de littérature, grâce à des articles scientifiques nous avons montré que les athlètes de haut niveau qui remportent les médailles olympiques en sprint sont issus de l’Afrique de l’Ouest. Dans la mesure où, la quantité d’entraînement ainsi que les méthodes mises en place sont semblables d’un continent à l’autre, ces différents résultats tendent à montrer que les facteurs génétiques ou « innés » jouent un rôle non-négligeable dans ce type de performance. Il y aurait alors des prédispositions innées concernant les capacités physiques et morphologiques. Dans un article scientifique (Sacco et al, 2001), une étude réalisée en 1976 par des chercheurs Canadiens (Milne, Seefeldt et Reuschlein, 1976) a révèlé que les enfants d’origine africaine se montraient plus rapides sur une course d’une trentaine de mètres, mais aucune différence significative n’a été́ observée sur une distance quatre fois supérieure, soit, environ 120 mètres. De plus, dans le même article, une étude effectuée en 1986 par l’équipe du Professeur Claude Bouchard, à l’Université de Laval au Québec a démontré que les Africains de l’Ouest possédaient 67,5% de fibres de type II alors que, le pourcentage des fibres de type II chez les Canadiens n’était que de 59%, ceci concerne les quadriceps et les jumeaux. De son côté, B. Saltin a trouvé́ chez les Africains de l’Ouest des valeurs encore supérieures, soit, 70 à 75%. La prédisposition génétique est alors interne via les fibres, ce qui n’est pas confirmable pour nous, n’ayant pas pu réaliser de méthodologie invasive. Axel Kahn (2019), parle d’un déterminisme génétique de la faculté de réaction qui est très bien connu. Il y a en psychologie expérimentale, en psychologie génétique, des travaux extrêmement importants qui essaient de tester l’héritabilité de vitesses de réaction des Africains de l’Ouest. Sur un sprint, il est évident que le rôle de temps et vitesse de réaction est primordial. Ceci est un élément qui peut faire la différence entre le très grand coureur et le coureur moins performant, et on sait que ces aptitudes-là ont une base génétique. Là encore, il faut s ‘exprimer sur ce sujet avec beaucoup de prudence. Il n’y a pas de raison que les gènes n’aient aucune influence sur ces éléments de coordination, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne soient pas accessibles à une amélioration par différents procédés, certains d’entre eux étant ceux de l’entraînement. La vitesse de réaction n’est pas similaire au temps de réaction. Le temps de réaction c’est lorsqu’un stimulus simple est anticipé et que l’action déjà prévu à l’avance n’attend que le stimulus pour se déclencher. Nous ne l’avons pas mesuré lors du test de vitesse avec nos sujets puisque les élèves partaient lorsqu’ils le souhaitaient. Le temps de réaction est lui, une valeur positive qui correspond à la quantité de réactifs transformés par unité de temps au cours d’une réaction chimique, ou encore, à la quantité de produits formés par unité de temps au cours de cette même réaction. Au cours d’une réaction chimique, les réactifs entrent en collision et se transforment en de nouvelles substances, appelé les produits. Le rythme auquel se produit cette transformation correspond à la vitesse de réaction. Toutes les réactions ne se déroulent pas au même rythme, mais des règles générales ont été établies afin de pouvoir en décrire la vitesse. En tant que futures enseignantes d’EPS, nous avons alors voulu voir si le facteur inné avait une influence significative sur la performance en faisant réaliser à des élèves de différentes origines ethniques, non sportifs, des tests physiques se rapportant à la vitesse afin d’évaluer la pertinence de ce facteur innée. L’intérêt de ces résultats pour nous est d’envisager l’enseignement de l’APSA athlétisme d’une autre façon, et plus précisément le sprint. Il s’agirait d’évaluer les élèves par performance cible, soit, partir de leur première performance (en début de séquence) et soustraire la valeur cible fixée par l’enseignant. Par exemple : 4,593 – 0,28 = 4,313. Ici, « 4,593 » correspond au temps de l’élève réalisé en début de séquence sur 30 m, « 0,28 » correspond au temps que l’enseignant soustrait à la performance initiale de l’élève, et « 4,313 » correspond à la performance cible que doit atteindre l’élève en fin de séquence. L’objectif de l’élève part de sa propre performance, c’est alors un défi individuel qui ne fixe pas la note en fonction d’un barème commun à l’ensemble de la classe. Un barème commun induirait des inégalités dû au facteur inné, alors que la performance cible réduirait ces inégalités. À l’échelle scolaire, nous avons également fait passer les deux essais de vitesse aux filles Caucasiennes, Africaines de l’Ouest et Africaines de l’Est et du Nord. Après avoir effectué la moyenne des deux essais pour l’ensemble des sujets, nous avons obtenu des résultats différents selon l’origine ethnique (CAUC = 5,46 s ; AO = 5,02 s ; AEN = 5,95 s). Ces moyennes semblent montrer que cette prédisposition, i.e., explosivité, est également présente en ce qui concerne les filles de l’Afrique de l’Ouest. Les Écart Type sont les suivants : CAUC = 0,633 ; AEN = 0,162 ; AO = 0,07. Néanmoins, le faible nombre de sujets ne nous permettait pas d’être affirmative en ce qui concerne les résultats des sujets féminins, et d’autres études pourraient à l’avenir s’intéresser de manière plus spécifique à cette population.
Morphologie
Concernant la corrélation entre le pourcentage de hauteur du nombril et le sprint, nous avons fait le constat dans la revue de littérature que les sprinteurs issus de l’Afrique de l’Ouest couraient plus rapidement, possiblement car ils ont le centre de gravité plus haut et de fait, de plus longues jambes. Afin de voir si cette répartition inégale des masses se vérifiaient pour des élèves de 3ème , nous avons mesuré la hauteur du nombril à partir du sol. Ces résultats ont été retranscrits en pourcentage par rapport à la taille (cm) du sujet, les Caucasiens (61,835 %), les les AO (63,88%) et les AEN (62,372%). Nos résultats n’ont pas montré de différence significative de ce paramètre entre les différents groupes (p > 0,05). En revanche, une tendance est observée mais lorsque tous les sujets sont considérés, sans tenir compte de l’origine ethnique. Donc, il est possible que ce paramètre (hauteur nombril) soit important pour être performant en sprint, également chez les adolescents. Il est possible également que le nombre de sujets ait été insuffisant pour mettre en évidence cette relation (erreur de type II). Cependant, suite au contexte sanitaire au collège Stendhal à Nantes, il n’a pas été possible pour nous d’avoir des créneaux supplémentaires avec d’autres classe de 3ème, soit, la cinquième classe de 3ème. De plus, au vue de la non significativité de la hauteur du nombril, nous avons tenté de trouver d’autres facteurs morphologiques qui influencerait les qualités athlétiques de nos différentes populations (Caucasiens ; Africains de l’Ouest ; Africains de l’Est et du Nord). Selon B. Saltin, « Ce n’est pas une question de races, mais de constitution physique et de physiologie ». Il suffit d’observer un Kenyan, un Africain de l’Ouest et un Blanc pour se rendre compte que l’on a affaire à des morphologies très différentes. Depuis la fin des années 1920, plus de deux cents études d’anatomie comparative ont été menées pour tenter de mieux comprendre les différences de performances entre les blancs et les noirs. En 2003, des chercheurs australiens ont mis en évidence l’existence d’un « gène du sprint », l’ACTN3. Selon eux, cette découverte pourrait expliquer l’écrasante domination des sprinteurs issus de l’Afrique de l’Ouest. Selon l’étude de Rachel Irving (2003), l’ACTN3 existe en deux versions, l’une nommée R, l’autre X. Les personnes porteuses de la version R synthétisent de l’alpha-actinine3, une protéine présente dans les seules fibres musculaires de type II, quand les autres n’en produisent pas. Ce qui semble leur accorder un avantage dans le sprint. Ainsi Kathryn North, directrice de l’Institut de Sydney, et Rachel Irving, biologiste à la faculté de Mona, ont montré en 2009 que 75 à 80 % des sprinters issus de l’Afrique de l’Ouest possèdent la version compétitive des gènes ACTN3, un gène impliqué dans la régulation du volume sanguin et des flux d’oxygène. Par cette étude, les scientifiques mettent en avant que les Africains de l’Ouest auraient une prédisposition génétique pour le sprint. Depuis près d’un siècle, les médias se sont emparés de la question concernant les performances athlétiques en liant alors, résultats et génétique, malgré que le fondement ne puisse être totalement prouvé par les scientifiques. Cette question bascule entre des études affirmatives et des études qui contrent ces affirmations sans cesse. Mais, cela a de quoi faire parler au vu de la domination des athlètes ouest-africains dans le monde sportif. Ce sujet fait autant parler car aujourd’hui le sport est un phénomène de société qui s’étend du divertissement à l’intérêt économique. En effet, Jean-Philippe Leclaire l’ancien journaliste de l’Équipe penche plutôt pour une prédisposition des athlètes Ouest-Africains : « Vous prenez les 80 sprinteurs qui ont couru le 100 mètres en moins de 10 secondes, vous avez un Savoyard, un Australien et un Zimbabwéen, sinon vous avez 77 athlètes originaires d’Afrique de l’Ouest. Ils sont soit Ghanéens, Nigérians ou descendants de cette région par l’esclavage comme les Afro-Américains ou les Caribéens antillais. C’est leur seul point commun. C’est troublant. », soutient l’auteur. Un auteur soulève l’incroyable percée de Christophe Lemaitre, « un jeune homme blond gringalet d’Aix-les-Bains », qui talonne Usain Bolt, le champion olympique. Le coureur français est connu mondialement comme le premier blanc à être descendu sous les 10 secondes sur 100 mètres. « Là aussi, on est dans l’hypothèse, mais il y a de fortes chances que ses combinaisons de gènes soient plus proches de génotypes de l’Afrique de l’Ouest que purement savoyardes. Quand on le voit, il a beaucoup de points communs avec Bolt au niveau morphologie. », répond Jean-Philippe Leclaire. Ce dernier considère que « C. Lemaitre est la meilleure chose qui puisse nous arriver. Voir un blanc courir aussi vite prouve que le sprint, ce n’est pas seulement une question de race, de gènes, mais aussi d’esprit, de travail et de culture. ». La morphologie ne serait pas alors la seule explication, le mental, l’entraînement et la culture sont également évoqués. Portons notre attention sur la morphologie musculaire dans deux groupes ethniques, les Caucasiens et les Africains. Il a été établi que la morphologie était très similaire entre les deux groupes mais que le taux de graisse corporel est plus faible chez les Africains. Reprise par des non-scientifiques, l’information a été rapportée à la génétique et, malgré les démentis qui ont suivi, elle est toujours présente au sein de l’opinion publique. En réalité, quelle que soit l’appartenance ethnique, le taux de graisse corporel dépendrait uniquement de la prise alimentaire du coureur.
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Table des matières
1. Introduction
2. Question de recherche
3. Matériel et méthode
3.1. Participants
3.2. Protocole expérimental
3.3. Variables mesurées
3.4. Analyse statistique
4. Résultats
4.1. Résultats pré-protocole
4.1.1. Mesures morphologiques
4.1.2. Test de vitesse
4.1.3. Test d’endurance
4.2. Résultats post-protocole
4.2.1. Groupes
4.2.2. Vitesse (30 m) selon l’origine ethnique
4.2.3. Endurance (Cooper) selon l’origine ethnique
4.2.4. Hauteur du nombril (en % de la taille) selon l’origine ethnique
5. Discussion
5.1. Vitesse
5.2. Endurance
5.3. Morphologie
6. Conclusion
7. Bibliographie
8. Annexes
4 ème de couverture
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