Du loisir à la virilité martiale

Du loisir à la virilité martiale

Entre 1875-1890, le Canada poursuit son expansion vers l’ ouest du continent. L’union des nouveaux territoires nécessite la mise en place d’ une armée de métier. Ce phénomène marque les mentalités, et l’ un des aspects particulièrement intéressants de ce processus est la promotion de la culture militaire. Dans le cas de Montréal, cette tendance est intimement reliée aux clubs de sport et prend une ampleur accrue dès 1885, soit pendant la rébellion des métis. Ces derniers, menés par Louis Riel, s’ engagent dans une révolte armée contre les forces gouvernementales canadiennes. Nous pouvons constater que dès 1875, les sportifs empruntent des éléments à la tradition militaire. Le port d’uniforme est notamment une manifestation de ce phénomène, Gillian Poulter s’est d’ ailleurs intéressée à l’ habillement des raquetteurs, mais cette dernière l’ associe plutôt à un désir de se mettre dans la peau de trappeurs d’ autrefois . L’ uniforme apparaît en premier chez des clubs de raquettes, comme le Montreal Snow-Shoes Club qui tient des compétitions auxquelles plusieurs militaires assistent6o. Cette pratique est cependant peu commune. En 1880, seulement quelques articles font mention de la mise en place de codes vestimentaires, par exemple pour prendre part aux compétitions du Montreal Lacrosse Club.

Démocratisation des sports et loisirs

Les clubs montréalais procurent à leurs membres de nombreuses occasions de socialiser avec d’autres sportifs, et ce, autant au niveau local que national. Cette communauté sportive se démocratise sur certains aspects, notamment au niveau de la coopération interassociative et des divertissements publics. Plus largement, cette démocratisation se définit comme une ouverture du monde sportif à la participation de certaines franges de la population qui en étaient auparavant exclues pendant la première moitié du 19e siècle. Malgré tout, nous constaterons que l’ inclusion à la communauté sportive montréalaise demeure pour l’ essentiel réservée à la bonne société. Les classes populaires trouvent malgré tout le moyen de profiter des divertissements organisés par les sportifs amateurs. De plus, les femmes s’ insèrent progressivement dans les divertissements organisés par les clubs sportifs. Cette tendance à la démocratisation contribue à conférer à l’identité canadienne un aspect inclusif, dans la mesure où nous passons d’ un modèle réservé aux hommes de l’élite à un nouveau système qui offre des opportunités de divertissement à toutes classes sociales ainsi qu’ une ouverture aux femmes.

Une culture urbaine de loisirs

La première moitié du XIXe siècle se caractérise par un monde sportif fermé, essentiellement réservé à l’élite. La population en général avait seulement accès aux résumés d’événements publiés occasionnellement dans les journaux. Cette réalité perdure d’ailleurs dans la décennie 1870. À cette période, l’essentiel des activités culturelles urbaines sont destinées à l’élite. Les concerts sont notamment chose courante, plusieurs se tiennent au Victoria Skating Rink, qui pendant l’ été, voit sa patinoire reconvertie en salle pour orchestresI38 . Seulement en 1875, notre échantillon comporte 7 mentions de soirées musicales dans cet établissement. Certains journaux montréalais affirment que ces concerts connaissent un grand succès auprès de la bonne société, mais que l’essentiel de la population ne fréquente pas ces événements, malgré que le prix d’entrée soit de 25 cents. À ce propos, il faut retenir qu’en 1877 le salaire moyen d’un ouvrier non spécialisé tourne autour de 0,80$ par jour. Jusqu’à 60% de ce revenu peut être consacré à la nourriture seulement. Ainsi, assister à un concert représente une dépense majeure dans le budget d’une famille prolétaire, les priorités économiques éloignent donc cette frange de la population des salles de spectacle.

Une ouverture à la présence féminine

Les femmes sont présentes lors de nombreuses activités à caractère sportif. Les Ladies Nights sont d’ailleurs organisées par de nombreux clubs, en particulier pendant les mois d’hiver. Notre dépouillement de sources dénombre d’ailleurs 41 de ces soirées pendant la période qui nous intéresse . Ainsi donc, nous sommes en droit de nuancer l’influence qu’ avait l’idéologie des sphères séparées à Montréal pendant l’époque victorienne, comme l’ a déjà suggéré Amanda Vickery . Bien qu’essentiellement reléguée à la sphère privée, la gent féminine dispose de plusieurs occasions de sorties sociales pendant l’ année. Nous pouvons cependant constater que ce type de soirée ne voit le jour qu’entre 1880 et 1883. Auparavant, le sport est presque exclusivement une occupation masculine. Les Ladies Nights sont la plupart du temps organisées par des clubs sportifs, la thématique de la soirée permet aux dames de s’adonner à certains sports en compagnie d’hommes. Par exemple, les clubs de raquette tiennent des soirées où les femmes prennent part à l’expédition afin de se rendre à un hôtel pour festoyer. L’extrait ci-dessous est un bon exemple du déroulement d’ une Ladies night typique : The members of Le Canadien Snow-shoes Club celebrated their usual ladies’ night last evening, when over one hundred couples tramped out Lumkin ‘s. A number of the other clubs were present and several American visitors .

À la conquête de la nature sauvage

L’identité canadienne est façonnée par la capacité des sportifs à s’approprier différents aspects de la nature comme le froid, la forêt et ceux qui sont considérés comme ses habitants, soit les Amérindiens. Par le biais de diverses pratiques, les Canadiens démontrent leur capacité à domestiquer l’ aspect sauvage du pays. Dans un premier temps, ce processus d’ appropriation passe par la pratique de sports de plein air, plus particulièrement en associant ces activités extérieures à la représentation imaginaire d’une forêt froide et inhospitalière. En second lieu, il faut s’intéresser au traitement des Amérindiens dans le monde du sport. Ces derniers étant associés à l’aspect primitif de l ‘humanité, le fait de les pacifier et de les intégrer dans le système du monde sportif est une démonstration du succès de la civilisation canadienne. Ce processus s’intègre dans les politiques colonialistes du XIXe siècle, qui sont en grande partie influencées par les théories de hiérarchisation des races . L’ homme blanc considère alors qu’ il est de son devoir d’ étendre la civilisation jusque dans les endroits les plus reculés .

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 – SPORT ET PATRIOTISME
1.1 Une colonie exemplaire
1.2 Du loisir à la virilité martiale
1.3 Les sportifs comme ambassadeurs canadiens
CHAPITRE 2 – DÉMOCRATISATION DES SPORTS ET LOISIRS
2.1 Des loisirs rassembleurs
2.2 Une culture urbaine de loisirs
2.3 Une ouverture à la présence féminine
CHAPITRE 3 – À LA CONQUÊTE DE LA NATURE SAUVAGE
3.1 L’ adaptation à la nature et à l’ hiver
3.2 Civiliser les Amérindiens
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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