DOUGLASS OU LE MILITANTISME ABOLITIONNISTE
Frederick Douglass peut être retenu comme l’exemple du résistant qui a utilisé à fond la politique et l’éducation pour contribuer à la lutte de la communauté noire de son époque. Cette contribution n’a été reconnue officiellement dans les textes des institutions éducatives américaines que récemment (à partir de 1960), selon Houston A. Baker, Jr, comme forme de littérature et donc subséquemment » canonisée et si on peut parler ainsi. Douglass a vécu dans un contexte socio~économique où le mouvement abolitionniste jouait un rôle de premier plan. Entre 1830 et 1860, ce mouvement connaît ses années de gloire et il entreprend beaucoup d’actions pour des réfonnes sociales qui mettent en adéquation les déclarations de principe trouvées dans la Déclaration d’indépendance et la Constitution avec la pratique quotidienne liée au traitement des citoyens américains, et spécialement des Noirs qui sont encore, en majorité, propriété privée des maîtres d’esclaves. Douglass grandit dans cette atmosphère de contestation d’un ordre établi depuis longtemps et se mobilise pour apporter sa contribution aux changements qu’il juge inévitables. Douglass est d’abord révolté par le traitement des esclaves à qui les propriétaires peuvent infliger les plus atroces traitements avec impunité. William Lloyd Garrison, le célèbre abolitionniste qui a écrit la préface au Narrative of the Life of Frederick Douglass, cite plusieurs exemples dans cette préface; dans un des cas, un propriétaire blanc tire volontairement sur un esclave venu dans la plantation voisine et qui, sans le savoir, pénètre dans son domaine pour pêcher du poisson; dans un autre cas, un surveillant fait Il sauter la cervelle l’ à un esclave qui s’était enfui pour échapper à une punition corporelle trop dure’. La prévalence de ces attitudes lui donne la mesure d’un malentendu sur ce qui se passe dans sa propre société: le mot Il esclavage Il est utilisé avec légèreté et l’on ne s’aperçoit pas toujours de toute la gravité ni de toutes les souffrances qu’il véhicule. Douglass donne quelques exemples où, consciemment ou inconsciemment celui qui utilise le mot » esclave » fait tort aux véritables esclaves: quand on consomme de [‘alcool de manière jugée excessive, c’est de l’esclavage, quand une femme n’a pas le droit de voter, c’est de l’esclavage, quand on travaille dans certaines conditions, c’est de l’esclavage), Douglass insiste que ce mot est grave, qu’il véhicule un contenu encore plus grave et P. F.BoIler le cite dans cette définition qu’il en donne en 1846:
-L’esclavage, aux Etats-Cnis, c’est l’octroi de ce pouvoir par lequel un homme détient et exerce un droit de propriété sur le corps et Pâme d’un autre.» Il est clair que dans une telle situation, les abus et excès ne manquent pas puisqu’il n’y a aucun organe de régulation ou de contrôle sur les agissements du propriétaire. Douglass nous dit comment l’esclave, propriété privée, est traité à la maison: « Les hommes et les ferrunes esclaves recevaient chaque mois huit livres de porc, ou l’équivalent en poisson, et un boisseau de farine de maïs. L’habillement se composait de deux chcrnises de grosse toile, un pantalon de la même toile que tes chemises, une veste, un pantaton d’hiver en gros drap. une paire de chaussettes et une paire de chaussures; le tout n’aurait pas pu coûter plus de sept dollars, L’allocation des enfants esclaves était remise à leur mère ou à la vieille qui s’occupait d’eux. Les enfants incapables de travailler aux champs ne recevaient ni chaussures, ni chaussettes, ni veste, ni pantalon; leur habillement se limitait à de deux chemises de grosse toile par an. Quand ils n’en avaient plus, ils restaient nus jusqu’à la prochaine distribution. On pouvait voir en toute saison des enfants de sept à dix ans des deux sexes presque nus.» En plus de ce traitement inhumain, l’esclave est manipulé psychologiquement à travers toutes sortes de vacances, fêtes, célébrations, beuveries et autres activités de débauche qui peuvent l’empêcher de s’asseoir et de réfléchir à sa condition au point que des fois, il se demande s’il y a vraiment une différence entre l’esclavage et la liberté; le système réussit à lui inculquer l’idée qu’il fait partie d’une » famille « . Mais ici, l’état de propriété est un état de négation de la responsabilité et de la dignité, ce qui révolte Douglas, et le conduit à regarder en face l’idée même de liberté à partir de sa condition d’esclave; il ne pourra être libre que s’il peut trouver du travail pour subvenir à ses besoins, sans aucun compte à rendre à un maître, s’il peut vivre positivement avec un futur et non pas seulement un passé et un présent, en d~autres termes, s’il peut s’émanciper de la tutelle du maître. Il lui faut, à partir de ce moment, trouver les moyens de son émancipation: il les découvre dans l’éducation et la politique comme outils de changement, rejetant dans le même temps l’utilisation de la force, même s’il ne condamne pas son ami John Brown qui prépare j’attaque de Harpers ferry en 1859 En recollilaissant que l’amélioration des conditions de la race noire dépend essentiellement des efforts de cette race, il invite ses congénères à l’action et s’engage dans le mouvement abolitionniste fondé sur la philosophie des droits naturels tels qu’ils sont exprimés dans la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis où la liberté est considérée comme un droit inhérent à la nature humaine’. La rédaction et la publication de ses mémoires, les différents articles de presse qu’il écrit, notamment dans son hebdomadaire réformiste The North Star, les nombreuses conférences qu’il organise à travers j’Amérique et l’Europe participent de sa volonté de changer sa société par la politique et j’éducation. Il faut noter ici, en passant, que Douglass, malgré la fenneté de son discours, (a puissance et le poids de ses mots, n’a jamais pris de positions racistes; au contraire, il a toujours cherché à être aussi objectif qu’il est possible de l’être, dans un débat passionnant comme celui sur le destin d’une communauté et d’un peuple. Il ne » détestait pas les Blancs » parmi lesquels il avait de nombreux amis; sa deuxième épouse était blanche 10 Il n’était pas pour une assimilation complète du Noir, mais plutôt pour son intégration sans préjudice dans la société orthodoxe. Boller va très vite en besogne en le qualifiant d’ Il assimilationniste tous azimuts Ill]. Ce processus d’intégration peut et doit suivre son cours de façon naturelle, et de préférence sans l’intervention des Blancs qui, la plupart du temps, a des conséquences négatives. II faut Il s’occuper de ses propres affaires, et laisser le noir tranquille « . « Si vous le voyez labourer les champs étendus[… J laissez-le tranquille. il a le droit de travailler. Si vous le voyez sur le chemin de l’école, avec son livre de lecture, de géographie ou d’arithmétique, à la main, laissez le tranquille. Ne lui fermez pas la porte au nez, ne barricadez pas vos portails devant lui; il a le droit d’apprendre, laissez-le tranquille. N’adoptez pas des lois pour le dégrader… » L’intégration convoque des références morales pour le Noir autant que pour le Blanc en vue d’un dépassement du conflit dialectique qui lie le maître à l’esclave. Douglass part de l’idée que la condition naturelle de l’homme, c’est la liberté, que subséquemment, l’égalité qui découle de cette liberté naturelle est, elle aussi, naturelle, d’où le rejet total de toute prétention de supériorité d’une race sur une autre, d’un homme sur un autre; l’esclavage est le fruit de l’homme, pas de Dieu , il est contre la nature, donc contre Dieu. Sur un plan plus séculaire, il est contre les principes de la Déclaration d’indépendance. Douglass va plus loin en répondant à des savants qui utilisent leurs recherches pour prouver l’infériorité des Noirs; les anthropologues Samuel Morton, Georges Gliddon et .Tosiah Nott concluent à l’infériorité physique et mentale du Noir devant le Blanc. Le 12 juillet 1854, Douglass leur répond en rejetant la théorie polygénique qui nie l’origine commune et unique de m’homme. Il se range du côté de J’ethnologue britannique .Tarnes C. Prichard qui déclare que Il toutes les races humaines sont d’une seule espèce et cl ‘une seule famille 1113. Une autre nécessité s’impose pour que l’intégration soit possible; l’honnêteté des acteurs dans la conformité des actes aux paroles. L’hypocrisie qui consiste à déclarer des principes moraux élevés et dignes et à avoir des attitudes peu recommandables dans la vie réelle – tout le fossé entre la Déclaration d’indépendance et la pratique de l’esclavage doit cesser. Douglass prend à partie le président Abraham Lincoln qu’il qualifie de président blanc pour les Blancs:
-Il était surtout le président de l’homme blanc, entièrement dévoué au bien-être des hommes blancs, Il était prêt et disposé, à n’importe quel moment des premières années de son administration, à refuser, à reculer et à sacrifier les droits humains des gens de couleur pour promouvoir le bien être des Blancs de ce pays [.,,] la race à laquelle nous appartenons ne faisait pas l’objet d’une considération spéciale de sa part […]vous [les Blancs] êtes les enfants d’Abraham Lincoln. Nous [les Noirs] ne sommes, dans le meilleur des cas, que ses beaux~fi1s; des enfants par adoption, des enfants par la force des circonstances et de la nécessité. » Il illustre sa déception en mettant en exergue l’ironie de la célébration du 4 juillet, fête de l’Indépendance, pour les Noirs esclaves:
{( Ce n’est pas une fête, mais une fraude, une tromperie, une impiété et une hypoerisie ou un léger voile pour caeher des crimes qui jetteraient l’opprobre sur une nation de sauvages. »
Il Ya ce qui est dit et ce qui est fait:
({ La valeur et la dignité de l’homme ne sont, nulle part dans le monde, exaltées dans les discours et la presse plus qu’ici, et nulle part n’est l’humain pur et simple plus méprisé qu’elle. » En même temps que ces considérations morales, Douglass s’intéresse de très près à l’aspect religieux de l’esclavage. Si l’esclavage est une malédiction frappant les descendants de Chaml, il n’y a pas de raison que des personnes comme lui, qui ont de pères blancs reconnus, tombent sous le coup de cette malédiction. La religion est donc un outil utilisé par les Blancs pour perpétuer l’injustice. La Bible en est l’instrument de prédilection négativement manipulée et interprétée pour justifier de façon hypocrite l’esclavage et ses démons. Un certain révérend Rigby Hopkins, de l’Eglise Méthodiste Réformée, donc un homme officiellement pieux, c’est à dire le pire maître qu’un esclave puisse avoir selon Douglass, est le voisin de son nouveau maître, Monsieur William Freeland, à St Michael, dans le Maryland : Monsieur Hopkins
« se vantait principalement de saVOir diriger les esclaves. La particularité de son administration consistait à fouetter les esclaves avant qu’ils ne le méritent. Il s’arrangeait toujours pour avoir un ou plusieurs esclaves à fouetter chaque lundi matin. Il agissait ainsi pour entretenir leur peur et terroriser ceux qui y échappaient […] Mr Hopkins trouvait toujours une bonne raison pour fouetter un esclave[…] Il n’y avait pas un homme dans tout le comté chez qui les esclaves n’auraient pas préféré vivre plutôt que chez le Révérend Hopkins. Pourtant, nul homme à la ronde ne taisait de plus grandes démonstrations de religion, n’était plus assidu dans les réunions évangéliques, plus attentif aux leçons de religion, ci. la communion, aux assemblées de prière ou plus pieux en famille ; nul ne priait plus tôt, plus tard, plus fort ni plus longtemps que le Révérend là, cruel maître d’esclaves, Rugby Hopkins. ») De la même façon qu’il dénonce les justifications religieuses de l’esclavage et la bigoterie de l’Eglise américaine d’une manière générale (celle des propriétaires d’esclaves qu’il fustige à la fin de ses mémoires), il dit tout son désaccord avec l’argument qui attacherait une quelconque importance à la dimension économique de la servitude. La beauté, la richesse de l’environnement à New Bedford, dans le Nord, lui prouvent qu’on peut être riche sans avoir des esclaves; il revient alors sur l’esclavage et constate que la contrainte et les souffrances qui l’accompagnent rendent le travail de J’esclave moins productif que celui de l’homme libre qui gagne sa vie dans la dignité. Le récit insiste sur la dimension mentale du combat de Douglass pour l’émancipation: la sienne et celle de son peuple. Il prend conscience de cette puissance mentale qui libère l’esprit. Il sait qu’il ne peut pas être heureux en demeurant esclave et ignorant, que sa priorité, c’est surtout d’échapper à l’avilissement auquel conduit la condition servile de l’esclave qui finit suivent par se faire à l’état des choses; il sait que la liberté est l’affaire de la société et que l’homme peut changer et modeler sa propre condition. Il refuse de tomber dans la nuit obscure où l’esprit résistant, critique et libre, se dilue lentement dans une mare de docilité et de soumission, d’acceptation du fait accomplît et de l’ordre établi qu’on considère comme naturel au lieu de se demander qui l’a établi, comment et pourquoi il a été établi. En un mot, Douglass se forge une puissante mentalité de rebelle. Un jour qu’il était seul devant la baie de Cheasapeake, il aperçut de nombreux bateaux et s 1 adressa à eux en ces termes : «Vous avez largué vos amarres et vous êtes libres ;je suis enserré dans mes chaînes et je suis esclave. Vous allez gaiement sous la douce brise, et moi tristement sous le fouet sanglant! Vous êtes des anges de la liberté qui volez à tire d’aile autour du monde; je suis enfermé dans les tiens de fer (…] y a~t-il un Dieu? Pourquoi suis-je esclave. Je m’enfuirai. Je ne le supporterai pas. Eire pris, ou être libre. J’essaierai(…] Je n’ai qu’une vie à perdre. Autant être tué en m’enfuyant que mourir immobile […] Essayer? Oui. Avec l’aide de Dieu, je le ferai. Il ne se peut pas que je vive et meure esclave […] A la première occasion qui se présentera, je partirai, advienne que pourra. En attendant, j’essaierai de résister sous le joug […] De meilleurs jours viendront.» [9 C’est cela agir sur sa propre condition, avec courage, dignité et confiance. Douglass envahit très tôt le terrain politique où il se fait distinguer, non pas comme figurant, mais comme acteur. Son combat pour la liberté est donc nécessairement contre l’esclavage, dans son contexte et par son engagement sans faille dans le mouvement abolitionniste. Il se lie à Garrison dont il se séparera par esprit d’indépendance. Il contribue à recruter des soldats noirs pour l’année unioniste. Sa réinterprétation de la Constitution fait de ce document une arme anti-esclavagiste et il cherche aussi à faire de la Guerre civile une guerre en faveur de l’abolition et des Noirs. Il s’adapte aux circonstances et cela conduit à la rupture avec Garrison, même si dans le fond, il reste un garrisonien dans son analyse de la situation sociale des Noirs aux Etats-Unis. Douglass insiste sur l’importance du vote et encourage ses concitoyens à Se battre pour en obtenir le droit. Il croit avec Paine, comme l’écrit Bolier, que le vote » est essentiel pour la liberté de l’homme affranchi parce qu’il est » la seule mesure qui pourrait t’empêcher d’être replongé dans l’esclavage . Son honnêteté et sa collaboration franche avec les autorités officielles lui permettent de jouer des rôles dans la politique du gouvernement fédéral unioniste; il est nommé chef de la police du District de Columbia par le président Hayes en 1877; Je président Harrison J’envoie comme consul général à Haïti et chargé d’affaire à Saint Domingue en 1891. Si Douglass a pu atteindre un tel niveau dans la hiérarchie officielle, c’est parce qui il a fait preuve d’un grand courage, d’une grande ténacité et d’une constance rigoureuse dans l’action politique et pour l’amélioration de son pays et de son peuple. Il s’est donné les moyens de ses ambitions en étudiant et en encouragent ses congénères à étudier pour mieux comprendre leur propre sort. Il sait que l’instruction est indispensable pour la formation du genre de citoyen dont il rêve: l’éducation a un pouvoir qui transforme l’esclave en homme libre. Douglass comprend très bien pourquoi les propriétaires d’esclaves sont contre l’éducation de ces derniers, pourquoi ils ne veulent pas leur apprendre à lire et à écrire: ils pourraient s’émanciper mentalement et ensuite chercher à le faire politiquement et socialement. La foi inébranlable qu’il a en l’homme et en sa capacité de maturation et d’amélioration transparaissent dans l’impact qu’il a aux Etats-Unis et à t’étranger. Il passe sa vie à défendre la liberté d’expression et la liberté tout court et pour tous; sans distinction d’origine ni de couleur, de croyance religieuse ou autre. L’universalité de cette foi lui vient de Rousseau et de Jefferson et il l’utilise avec bonheur, ouvrant la voie à d’autres générations de combattants.
MARCUS GARVEY : la race avant tout
Marcus Garvey est un personnage incontournable dans toute évaluation du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Haut en couleur, bouillonnant et très agressif dans toutes ses entreprises, il aborde tous les aspects de la vie des Noirs du monde entier avec une perspicacité et une profondeur de conviction qui laissent beaucoup de chercheurs pantois. Tout son combat touille autour de la race noire et du sort spécial qui lui est réservé dans et par J’Histoire. Il passe sa vie à dénoncer, à défendre et à expliquer. La chronologie de cette triptyque traduit une capacité extraordinaire à traiter des problèmes qui préoccupent son peuple disséminé à travers la diaspora. Garvey dénonce l’esclavage et les préjugés qui le font vivre, la pauvreté et la souffrance qu’il cause, la faiblesse et les trahisons de ceux qui permettent de le perpétuer parce qu’ils ont peur; il dénonce l’injustice sous toutes ses formes. Il défend la race noire dont il exige la pureté par le rejet du métissage. il l’a défend à travers une exigence de savoir et d’auto-appréhension totale par l’éducation et l’exploration de l’Histoire, par le rappel de la nécessité d’une coopération interraciale totale et permanente, par le sacrifice de ses dirigeants pour la cause commune; et il explique enfin, par la parole et l’action, que la rédemption est possible si les Noirs se mobilisent et se donnent les moyens d’atteindre leurs objectifs en s’organisant, en travaillant, en étudiant pour leur propre développement, en d’autres termes, s’ils prennent conscience que leur avenir ne sera bâti par personne d’autre qu’eux-mêmes. Son cri est un gémissement douloureux sorti des entrailles du parangon des créatures: «lorsque Dieu souffla dans les narines de l’homme te souffle de la vie, qu’il aït de lui une âme vivante, et l’affubla du titre de « Seigneur de la Création « , il ne voulait pas que cet individu soit ravalé au rang de péon, de serf ou d’esclave, mais qu’il soit toujours homme dans la possession la plus complète de ses sens et avec la plus parfaite connaissance de lui-même. i) 1
TURNER, PROSSER, VESEY, JOHN BROWN: au risque de leurs vies
Le combat intellectuel, politique et économique mené par Douglass, Washington, DuBois et Garvey et continué plus tard dans Je mouvement des droits civiques modernes des années cinquante avec King et d’autres personnes et organisations, aura été précédé par des actions visant pour l’essentiel les mêmes objectifs: la réhabilitation du Noir et la justice sociale, même si les méthodes employées sont tout à fait différentes. Ainsi, un esclave noir profondément religieux du nom de Gabriel Prosser, originaire de Virginie, décide, en 1800 d’agir pour l’honneur de sa race. Il recrute des milliers d’esclaves pour attaquer la ville de Richmond. En cas de victoire, Prosser se ferait couronner roi de Virginie et en cas d’échec, il fuirait avec ses compagnons dans la forêt. C’est en août 1800. Deux esclaves le trahissent et infonnent leurs maîtres qui, à leur tour, informent les autorités. Les comploteurs sont arrêtés et pendus. Au tribunal qui précède la pendaison, l’un des trente-cinq hommes qui seront pendus Prosser très probablement selon Bennett – déclare: «Je n’ai rien à dire sauf ce que le Général Washington aurait dit s’il avait été capturé par les Anglais et jugé par eux. rai risqué ma vie en essayant de conquérir la liberté de mes compatriotes et je m’offre volontairement en sacrifice pour leur cause; aussi. je vous implore, comme faveur, d’aller m’exécuter rapidement. Je sais aussi que vous avez déjà décidé de verser mon sang, alors pourquoi ce simulacre de jugement? » [ La part de Gabriel Prosser dans la lutte des Noirs est d’avoir déréglé les pendules de la paix sociale, d’avoir dérangé l’ordre établi et qui était pris pour évident et normal.
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Table des matières
INTRODUCTION
1 ARRIERE PLAN HISTORIQUE
A L’AMERIQUE JUSQU’AU MILIEU DU XX ème SlECLE Il
B LES PRECURSEURS DE KING
a) Frederick Douglass : le militantisme abolitionniste
b) Booker T. Washington: J’éducation et le travail pour la dignité
c) William E. Burghardt DuBois: réformisme et révolutÎon
d) Mareus M. Garvey : la race avant tout
e) Turner, Prosser, Vcsey, John Brown et les autres: BU risque de leurs vies
2 ENVIRONNEMENT ET CONTEXTE
A L’EGLISE
B LES INTELLECTUELS DE LA CLASSE MOYENNE
C LES DEUX GUERRES MONDIALES ET LES INDEPENDANCES AFRICAINES
3 LES MOUVEMENTS DE MASSE
A LA NAACP ET LA VOIE JURIDIQUE
B LA NATIONAL URBAN LEAGUE
C LE CORE
D LE SNCC: LES ETUDIANTS DANS LE COMBAT
4 LES GRANDES CAMPAGNES
A MONTGOMERY: LA MARCHE DU CHANGEMENT
B ALBANY: L’IRONIE ET LA LECON
C BIRMINGHAM ET LA MARCHE SUR WASHThTGTON: DE BULL CONNOR AUNCOLN
D SAINT-AUGUSTINE – FLORIDE: LE SUD EST ENCORE LA
E SELMA: POUR LE DROIT DE VOTE
F CHICAGO: SUBTILITES ET PIEGES D’UN AUTRE MONDE
G MEMPWS: RENDEZ-VOUS AVEC LE DESTIN TOME 2
5 CONCEPTIONS PHILOSOPffiQUES ET RELIGIEUSES: SOURCES ET DEVELOPPEMENTS
A DIEU
B NATURE HUMAINE ET PERSONNALISME
C lESUS
6 L’EVANGILE SOCIAL ET LA COMMUNAUTE BIEN-AIMEE
A L’EVANGILE ET LA SOCIETE BIEN-AIMEE
B LE POUVOIR ET LA RECONCiLIAnON
C EXIGENCES DU NOUVEL ORDRE COMMUNAUTAIRE
7 LA NON-VIOLENCE ET L’AMOUR
A DES LOIS ET DE LA DESOBEISSANCE CIVILE
B L’AMOUR ET LA NON~VlOLENCE CI-lEZ KlNG : ETHIQUE ET FORMES
C L’ACTION DIRECTE NON-VIOLENTE ET LE MOUVEMENT DE MASSE
8 DES HOMMES, DES MOUVEMENTS ET DES IDEES
A DES HOMMES: LES DIVERS CHEMINS DE LA LIBERTE
B LES GRANDES QUESTIONS DU JOUR: BLACK POWER, LA GUERRE DU VIETNAM ET LE COMMUNISME
C MELANGES
1) L’Ancien Testament
2) Théologie de la Bible
3) Théologie systématique
4) A la découverte des valeurs perdues
5) Théologies et philosophies
6) Les origines et la fumille
7) Extraits de sermons et déclarations
8) Des présidents américains
9) La mon, sa mort
CONCLUSION
APPENDICES
A) Chansons des droits civiques
B) Déclaration unanime de Treize Etats-Unis d’Amérique (plus connue sur le nom de Déclaration d’indépendance)
C) Je Hüs un rêve
D) Lettre de Saint Paul aux Chrétiens d’Amérique
E) Lettre de la Geôle de Birmingham
Bibliographie
Index
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