DOUGLASS OU LE MILITANTISME ABOLITIONNISTE

DOUGLASS OU LE MILITANTISME ABOLITIONNISTE

ย  ย  ย Frederick Douglass peut รชtre retenu comme l’exemple du rรฉsistant qui a utilisรฉ ร  fond la politique et l’รฉducation pour contribuer ร  la lutte de la communautรฉ noire de son รฉpoque. Cette contribution n’a รฉtรฉ reconnue officiellement dans les textes des institutions รฉducatives amรฉricaines que rรฉcemment (ร  partir de 1960), selon Houston A. Baker, Jr, comme forme de littรฉrature et donc subsรฉquemmentย ยป canonisรฉe et si on peut parler ainsi. Douglass a vรฉcu dans un contexte socio~รฉconomique oรน le mouvement abolitionniste jouait un rรดle de premier plan. Entre 1830 et 1860, ce mouvement connaรฎt ses annรฉes de gloire et il entreprend beaucoup d’actions pour des rรฉfonnes sociales qui mettent en adรฉquation les dรฉclarations de principe trouvรฉes dans la Dรฉclaration d’indรฉpendance et la Constitution avec la pratique quotidienne liรฉe au traitement des citoyens amรฉricains, et spรฉcialement des Noirs qui sont encore, en majoritรฉ, propriรฉtรฉ privรฉe des maรฎtres d’esclaves. Douglass grandit dans cette atmosphรจre de contestation d’un ordre รฉtabli depuis longtemps et se mobilise pour apporter sa contribution aux changements qu’il juge inรฉvitables. Douglass est d’abord rรฉvoltรฉ par le traitement des esclaves ร  qui les propriรฉtaires peuvent infliger les plus atroces traitements avec impunitรฉ. William Lloyd Garrison, le cรฉlรจbre abolitionniste qui a รฉcrit la prรฉface au Narrative of the Life of Frederick Douglass, cite plusieurs exemples dans cette prรฉface; dans un des cas, un propriรฉtaire blanc tire volontairement sur un esclave venu dans la plantation voisine et qui, sans le savoir, pรฉnรจtre dans son domaine pour pรชcher du poisson; dans un autre cas, un surveillant fait Il sauter la cervelle l’ ร  un esclave qui s’รฉtait enfui pour รฉchapper ร  une punition corporelle trop dure’. La prรฉvalence de ces attitudes lui donne la mesure d’un malentendu sur ce qui se passe dans sa propre sociรฉtรฉ: le mot Il esclavage Il est utilisรฉ avec lรฉgรจretรฉ et l’on ne s’aperรงoit pas toujours de toute la gravitรฉ ni de toutes les souffrances qu’il vรฉhicule. Douglass donne quelques exemples oรน, consciemment ou inconsciemment celui qui utilise le motย ยป esclaveย ยป fait tort aux vรฉritables esclaves: quand on consomme de [‘alcool de maniรจre jugรฉe excessive, c’est de l’esclavage, quand une femme n’a pas le droit de voter, c’est de l’esclavage, quand on travaille dans certaines conditions, c’est de l’esclavage), Douglass insiste que ce mot est grave, qu’il vรฉhicule un contenu encore plus grave et P. F.BoIler le cite dans cette dรฉfinition qu’il en donne en 1846:
-L’esclavage, aux Etats-Cnis, c’est l’octroi de ce pouvoir par lequel un homme dรฉtient et exerce un droit de propriรฉtรฉ sur le corps et Pรขme d’un autre.ยป Il est clair que dans une telle situation, les abus et excรจs ne manquent pas puisqu’il n’y a aucun organe de rรฉgulation ou de contrรดle sur les agissements du propriรฉtaire. Douglass nous dit comment l’esclave, propriรฉtรฉ privรฉe, est traitรฉ ร  la maison: ยซ Les hommes et les ferrunes esclaves recevaient chaque mois huit livres de porc, ou l’รฉquivalent en poisson, et un boisseau de farine de maรฏs. L’habillement se composait de deux chcrnises de grosse toile, un pantalon de la mรชme toile que tes chemises, une veste, un pantaton d’hiver en gros drap. une paire de chaussettes et une paire de chaussures; le tout n’aurait pas pu coรปter plus de sept dollars, L’allocation des enfants esclaves รฉtait remise ร  leur mรจre ou ร  la vieille qui s’occupait d’eux. Les enfants incapables de travailler aux champs ne recevaient ni chaussures, ni chaussettes, ni veste, ni pantalon; leur habillement se limitait ร  de deux chemises de grosse toile par an. Quand ils n’en avaient plus, ils restaient nus jusqu’ร  la prochaine distribution. On pouvait voir en toute saison des enfants de sept ร  dix ans des deux sexes presque nus.ยป En plus de ce traitement inhumain, l’esclave est manipulรฉ psychologiquement ร  travers toutes sortes de vacances, fรชtes, cรฉlรฉbrations, beuveries et autres activitรฉs de dรฉbauche qui peuvent l’empรชcher de s’asseoir et de rรฉflรฉchir ร  sa condition au point que des fois, il se demande s’il y a vraiment une diffรฉrence entre l’esclavage et la libertรฉ; le systรจme rรฉussit ร  lui inculquer l’idรฉe qu’il fait partie d’uneย ยป famille ยซย . Mais ici, l’รฉtat de propriรฉtรฉ est un รฉtat de nรฉgation de la responsabilitรฉ et de la dignitรฉ, ce qui rรฉvolte Douglas, et le conduit ร  regarder en face l’idรฉe mรชme de libertรฉ ร  partir de sa condition d’esclave; il ne pourra รชtre libre que s’il peut trouver du travail pour subvenir ร  ses besoins, sans aucun compte ร  rendre ร  un maรฎtre, s’il peut vivre positivement avec un futur et non pas seulement un passรฉ et un prรฉsent, en d~autres termes, s’il peut s’รฉmanciper de la tutelle du maรฎtre. Il lui faut, ร  partir de ce moment, trouver les moyens de son รฉmancipation: il les dรฉcouvre dans l’รฉducation et la politique comme outils de changement, rejetant dans le mรชme temps l’utilisation de la force, mรชme s’il ne condamne pas son ami John Brown qui prรฉpare j’attaque de Harpers ferry en 1859 En recollilaissant que l’amรฉlioration des conditions de la race noire dรฉpend essentiellement des efforts de cette race, il invite ses congรฉnรจres ร  l’action et s’engage dans le mouvement abolitionniste fondรฉ sur la philosophie des droits naturels tels qu’ils sont exprimรฉs dans la Dรฉclaration d’indรฉpendance des Etats-Unis oรน la libertรฉ est considรฉrรฉe comme un droit inhรฉrent ร  la nature humaine’. La rรฉdaction et la publication de ses mรฉmoires, les diffรฉrents articles de presse qu’il รฉcrit, notamment dans son hebdomadaire rรฉformiste The North Star, les nombreuses confรฉrences qu’il organise ร  travers j’Amรฉrique et l’Europe participent de sa volontรฉ de changer sa sociรฉtรฉ par la politique et j’รฉducation. Il faut noter ici, en passant, que Douglass, malgrรฉ la fennetรฉ de son discours, (a puissance et le poids de ses mots, n’a jamais pris de positions racistes; au contraire, il a toujours cherchรฉ ร  รชtre aussi objectif qu’il est possible de l’รชtre, dans un dรฉbat passionnant comme celui sur le destin d’une communautรฉ et d’un peuple. Il ne ย ยป dรฉtestait pas les Blancsย ยป parmi lesquels il avait de nombreux amis; sa deuxiรจme รฉpouse รฉtait blanche 10 Il n’รฉtait pas pour une assimilation complรจte du Noir, mais plutรดt pour son intรฉgration sans prรฉjudice dans la sociรฉtรฉ orthodoxe. Boller va trรจs vite en besogne en le qualifiant d’ Il assimilationniste tous azimuts Ill]. Ce processus d’intรฉgration peut et doit suivre son cours de faรงon naturelle, et de prรฉfรฉrence sans l’intervention des Blancs qui, la plupart du temps, a des consรฉquences nรฉgatives. II faut Il s’occuper de ses propres affaires, et laisser le noir tranquille ยซย . ยซ Si vous le voyez labourer les champs รฉtendus[… J laissez-le tranquille. il a le droit de travailler. Si vous le voyez sur le chemin de l’รฉcole, avec son livre de lecture, de gรฉographie ou d’arithmรฉtique, ร  la main, laissez le tranquille. Ne lui fermez pas la porte au nez, ne barricadez pas vos portails devant lui; il a le droit d’apprendre, laissez-le tranquille. N’adoptez pas des lois pour le dรฉgrader… ยป L’intรฉgration convoque des rรฉfรฉrences morales pour le Noir autant que pour le Blanc en vue d’un dรฉpassement du conflit dialectique qui lie le maรฎtre ร  l’esclave. Douglass part de l’idรฉe que la condition naturelle de l’homme, c’est la libertรฉ, que subsรฉquemment, l’รฉgalitรฉ qui dรฉcoule de cette libertรฉ naturelle est, elle aussi, naturelle, d’oรน le rejet total de toute prรฉtention de supรฉrioritรฉ d’une race sur une autre, d’un homme sur un autre; l’esclavage est le fruit de l’homme, pas de Dieu , il est contre la nature, donc contre Dieu. Sur un plan plus sรฉculaire, il est contre les principes de la Dรฉclaration d’indรฉpendance. Douglass va plus loin en rรฉpondant ร  des savants qui utilisent leurs recherches pour prouver l’infรฉrioritรฉ des Noirs; les anthropologues Samuel Morton, Georges Gliddon et .Tosiah Nott concluent ร  l’infรฉrioritรฉ physique et mentale du Noir devant le Blanc. Le 12 juillet 1854, Douglass leur rรฉpond en rejetant la thรฉorie polygรฉnique qui nie l’origine commune et unique de m’homme. Il se range du cรดtรฉ de J’ethnologue britannique .Tarnes C. Prichard qui dรฉclare que Il toutes les races humaines sont d’une seule espรจce et cl ‘une seule famille 1113. Une autre nรฉcessitรฉ s’impose pour que l’intรฉgration soit possible; l’honnรชtetรฉ des acteurs dans la conformitรฉ des actes aux paroles. L’hypocrisie qui consiste ร  dรฉclarer des principes moraux รฉlevรฉs et dignes et ร  avoir des attitudes peu recommandables dans la vie rรฉelle – tout le fossรฉ entre la Dรฉclaration d’indรฉpendance et la pratique de l’esclavage doit cesser. Douglass prend ร  partie le prรฉsident Abraham Lincoln qu’il qualifie de prรฉsident blanc pour les Blancs:
-Il รฉtait surtout le prรฉsident de l’homme blanc, entiรจrement dรฉvouรฉ au bien-รชtre des hommes blancs, Il รฉtait prรชt et disposรฉ, ร  n’importe quel moment des premiรจres annรฉes de son administration, ร  refuser, ร  reculer et ร  sacrifier les droits humains des gens de couleur pour promouvoir le bien รชtre des Blancs de ce pays [.,,] la race ร  laquelle nous appartenons ne faisait pas l’objet d’une considรฉration spรฉciale de sa part […]vous [les Blancs] รชtes les enfants d’Abraham Lincoln. Nous [les Noirs] ne sommes, dans le meilleur des cas, que ses beaux~fi1s; des enfants par adoption, des enfants par la force des circonstances et de la nรฉcessitรฉ. ยป Il illustre sa dรฉception en mettant en exergue l’ironie de la cรฉlรฉbration du 4 juillet, fรชte de l’Indรฉpendance, pour les Noirs esclaves:
{( Ce n’est pas une fรชte, mais une fraude, une tromperie, une impiรฉtรฉ et une hypoerisie ou un lรฉger voile pour caeher des crimes qui jetteraient l’opprobre sur une nation de sauvages. ยป
Il Ya ce qui est dit et ce qui est fait:
({ La valeur et la dignitรฉ de l’homme ne sont, nulle part dans le monde, exaltรฉes dans les discours et la presse plus qu’ici, et nulle part n’est l’humain pur et simple plus mรฉprisรฉ qu’elle. ยป En mรชme temps que ces considรฉrations morales, Douglass s’intรฉresse de trรจs prรจs ร  l’aspect religieux de l’esclavage. Si l’esclavage est une malรฉdiction frappant les descendants de Chaml, il n’y a pas de raison que des personnes comme lui, qui ont de pรจres blancs reconnus, tombent sous le coup de cette malรฉdiction. La religion est donc un outil utilisรฉ par les Blancs pour perpรฉtuer l’injustice. La Bible en est l’instrument de prรฉdilection nรฉgativement manipulรฉe et interprรฉtรฉe pour justifier de faรงon hypocrite l’esclavage et ses dรฉmons. Un certain rรฉvรฉrend Rigby Hopkins, de l’Eglise Mรฉthodiste Rรฉformรฉe, donc un homme officiellement pieux, c’est ร  dire le pire maรฎtre qu’un esclave puisse avoir selon Douglass, est le voisin de son nouveau maรฎtre, Monsieur William Freeland, ร  St Michael, dans le Maryland : Monsieur Hopkins
ยซ se vantait principalement de saVOir diriger les esclaves. La particularitรฉ de son administration consistait ร  fouetter les esclaves avant qu’ils ne le mรฉritent. Il s’arrangeait toujours pour avoir un ou plusieurs esclaves ร  fouetter chaque lundi matin. Il agissait ainsi pour entretenir leur peur et terroriser ceux qui y รฉchappaient […] Mr Hopkins trouvait toujours une bonne raison pour fouetter un esclave[…] Il n’y avait pas un homme dans tout le comtรฉ chez qui les esclaves n’auraient pas prรฉfรฉrรฉ vivre plutรดt que chez le Rรฉvรฉrend Hopkins. Pourtant, nul homme ร  la ronde ne taisait de plus grandes dรฉmonstrations de religion, n’รฉtait plus assidu dans les rรฉunions รฉvangรฉliques, plus attentif aux leรงons de religion, ci. la communion, aux assemblรฉes de priรจre ou plus pieux en famille ; nul ne priait plus tรดt, plus tard, plus fort ni plus longtemps que le Rรฉvรฉrend lร , cruel maรฎtre d’esclaves, Rugby Hopkins. ยป) De la mรชme faรงon qu’il dรฉnonce les justifications religieuses de l’esclavage et la bigoterie de l’Eglise amรฉricaine d’une maniรจre gรฉnรฉrale (celle des propriรฉtaires d’esclaves qu’il fustige ร  la fin de ses mรฉmoires), il dit tout son dรฉsaccord avec l’argument qui attacherait une quelconque importance ร  la dimension รฉconomique de la servitude. La beautรฉ, la richesse de l’environnement ร  New Bedford, dans le Nord, lui prouvent qu’on peut รชtre riche sans avoir des esclaves; il revient alors sur l’esclavage et constate que la contrainte et les souffrances qui l’accompagnent rendent le travail de J’esclave moins productif que celui de l’homme libre qui gagne sa vie dans la dignitรฉ. Le rรฉcit insiste sur la dimension mentale du combat de Douglass pour l’รฉmancipation: la sienne et celle de son peuple. Il prend conscience de cette puissance mentale qui libรจre l’esprit. Il sait qu’il ne peut pas รชtre heureux en demeurant esclave et ignorant, que sa prioritรฉ, c’est surtout d’รฉchapper ร  l’avilissement auquel conduit la condition servile de l’esclave qui finit suivent par se faire ร  l’รฉtat des choses; il sait que la libertรฉ est l’affaire de la sociรฉtรฉ et que l’homme peut changer et modeler sa propre condition. Il refuse de tomber dans la nuit obscure oรน l’esprit rรฉsistant, critique et libre, se dilue lentement dans une mare de docilitรฉ et de soumission, d’acceptation du fait accomplรฎt et de l’ordre รฉtabli qu’on considรจre comme naturel au lieu de se demander qui l’a รฉtabli, comment et pourquoi il a รฉtรฉ รฉtabli. En un mot, Douglass se forge une puissante mentalitรฉ de rebelle. Un jour qu’il รฉtait seul devant la baie de Cheasapeake, il aperรงut de nombreux bateaux et s 1 adressa ร  eux en ces termes : ยซVous avez larguรฉ vos amarres et vous รชtes libres ;je suis enserrรฉ dans mes chaรฎnes et je suis esclave. Vous allez gaiement sous la douce brise, et moi tristement sous le fouet sanglant! Vous รชtes des anges de la libertรฉ qui volez ร  tire d’aile autour du monde; je suis enfermรฉ dans les tiens de fer (…] y a~t-il un Dieu? Pourquoi suis-je esclave. Je m’enfuirai. Je ne le supporterai pas. Eire pris, ou รชtre libre. J’essaierai(…] Je n’ai qu’une vie ร  perdre. Autant รชtre tuรฉ en m’enfuyant que mourir immobile […] Essayer? Oui. Avec l’aide de Dieu, je le ferai. Il ne se peut pas que je vive et meure esclave […] A la premiรจre occasion qui se prรฉsentera, je partirai, advienne que pourra. En attendant, j’essaierai de rรฉsister sous le joug […] De meilleurs jours viendront.ยป [9 C’est cela agir sur sa propre condition, avec courage, dignitรฉ et confiance. Douglass envahit trรจs tรดt le terrain politique oรน il se fait distinguer, non pas comme figurant, mais comme acteur. Son combat pour la libertรฉ est donc nรฉcessairement contre l’esclavage, dans son contexte et par son engagement sans faille dans le mouvement abolitionniste. Il se lie ร  Garrison dont il se sรฉparera par esprit d’indรฉpendance. Il contribue ร  recruter des soldats noirs pour l’annรฉe unioniste. Sa rรฉinterprรฉtation de la Constitution fait de ce document une arme anti-esclavagiste et il cherche aussi ร  faire de la Guerre civile une guerre en faveur de l’abolition et des Noirs. Il s’adapte aux circonstances et cela conduit ร  la rupture avec Garrison, mรชme si dans le fond, il reste un garrisonien dans son analyse de la situation sociale des Noirs aux Etats-Unis. Douglass insiste sur l’importance du vote et encourage ses concitoyens ร  Se battre pour en obtenir le droit. Il croit avec Paine, comme l’รฉcrit Bolier, que le voteย ยป est essentiel pour la libertรฉ de l’homme affranchi parce qu’il estย ยป la seule mesure qui pourrait t’empรชcher d’รชtre replongรฉ dans l’esclavage . Son honnรชtetรฉ et sa collaboration franche avec les autoritรฉs officielles lui permettent de jouer des rรดles dans la politique du gouvernement fรฉdรฉral unioniste; il est nommรฉ chef de la police du District de Columbia par le prรฉsident Hayes en 1877; Je prรฉsident Harrison J’envoie comme consul gรฉnรฉral ร  Haรฏti et chargรฉ d’affaire ร  Saint Domingue en 1891. Si Douglass a pu atteindre un tel niveau dans la hiรฉrarchie officielle, c’est parce qui il a fait preuve d’un grand courage, d’une grande tรฉnacitรฉ et d’une constance rigoureuse dans l’action politique et pour l’amรฉlioration de son pays et de son peuple. Il s’est donnรฉ les moyens de ses ambitions en รฉtudiant et en encouragent ses congรฉnรจres ร  รฉtudier pour mieux comprendre leur propre sort. Il sait que l’instruction est indispensable pour la formation du genre de citoyen dont il rรชve: l’รฉducation a un pouvoir qui transforme l’esclave en homme libre. Douglass comprend trรจs bien pourquoi les propriรฉtaires d’esclaves sont contre l’รฉducation de ces derniers, pourquoi ils ne veulent pas leur apprendre ร  lire et ร  รฉcrire: ils pourraient s’รฉmanciper mentalement et ensuite chercher ร  le faire politiquement et socialement. La foi inรฉbranlable qu’il a en l’homme et en sa capacitรฉ de maturation et d’amรฉlioration transparaissent dans l’impact qu’il a aux Etats-Unis et ร  t’รฉtranger. Il passe sa vie ร  dรฉfendre la libertรฉ d’expression et la libertรฉ tout court et pour tous; sans distinction d’origine ni de couleur, de croyance religieuse ou autre. L’universalitรฉ de cette foi lui vient de Rousseau et de Jefferson et il l’utilise avec bonheur, ouvrant la voie ร  d’autres gรฉnรฉrations de combattants.

MARCUS GARVEY : la race avant tout

ย  ย  ย  ย Marcus Garvey est un personnage incontournable dans toute รฉvaluation du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Haut en couleur, bouillonnant et trรจs agressif dans toutes ses entreprises, il aborde tous les aspects de la vie des Noirs du monde entier avec une perspicacitรฉ et une profondeur de conviction qui laissent beaucoup de chercheurs pantois. Tout son combat touille autour de la race noire et du sort spรฉcial qui lui est rรฉservรฉ dans et par J’Histoire. Il passe sa vie ร  dรฉnoncer, ร  dรฉfendre et ร  expliquer. La chronologie de cette triptyque traduit une capacitรฉ extraordinaire ร  traiter des problรจmes qui prรฉoccupent son peuple dissรฉminรฉ ร  travers la diaspora. Garvey dรฉnonce l’esclavage et les prรฉjugรฉs qui le font vivre, la pauvretรฉ et la souffrance qu’il cause, la faiblesse et les trahisons de ceux qui permettent de le perpรฉtuer parce qu’ils ont peur; il dรฉnonce l’injustice sous toutes ses formes. Il dรฉfend la race noire dont il exige la puretรฉ par le rejet du mรฉtissage. il l’a dรฉfend ร  travers une exigence de savoir et d’auto-apprรฉhension totale par l’รฉducation et l’exploration de l’Histoire, par le rappel de la nรฉcessitรฉ d’une coopรฉration interraciale totale et permanente, par le sacrifice de ses dirigeants pour la cause commune; et il explique enfin, par la parole et l’action, que la rรฉdemption est possible si les Noirs se mobilisent et se donnent les moyens d’atteindre leurs objectifs en s’organisant, en travaillant, en รฉtudiant pour leur propre dรฉveloppement, en d’autres termes, s’ils prennent conscience que leur avenir ne sera bรขti par personne d’autre qu’eux-mรชmes. Son cri est un gรฉmissement douloureux sorti des entrailles du parangon des crรฉatures: ยซlorsque Dieu souffla dans les narines de l’homme te souffle de la vie, qu’il aรฏt de lui une รขme vivante, et l’affubla du titre de ยซย Seigneur de la Crรฉation ยซย , il ne voulait pas que cet individu soit ravalรฉ au rang de pรฉon, de serf ou d’esclave, mais qu’il soit toujours homme dans la possession la plus complรจte de ses sens et avec la plus parfaite connaissance de lui-mรชme. i) 1

TURNER, PROSSER, VESEY, JOHN BROWN: au risque de leurs vies

ย  ย  ย  Le combat intellectuel, politique et รฉconomique menรฉ par Douglass, Washington, DuBois et Garvey et continuรฉ plus tard dans Je mouvement des droits civiques modernes des annรฉes cinquante avec King et d’autres personnes et organisations, aura รฉtรฉ prรฉcรฉdรฉ par des actions visant pour l’essentiel les mรชmes objectifs: la rรฉhabilitation du Noir et la justice sociale, mรชme si les mรฉthodes employรฉes sont tout ร  fait diffรฉrentes. Ainsi, un esclave noir profondรฉment religieux du nom de Gabriel Prosser, originaire de Virginie, dรฉcide, en 1800 d’agir pour l’honneur de sa race. Il recrute des milliers d’esclaves pour attaquer la ville de Richmond. En cas de victoire, Prosser se ferait couronner roi de Virginie et en cas d’รฉchec, il fuirait avec ses compagnons dans la forรชt. C’est en aoรปt 1800. Deux esclaves le trahissent et infonnent leurs maรฎtres qui, ร  leur tour, informent les autoritรฉs. Les comploteurs sont arrรชtรฉs et pendus. Au tribunal qui prรฉcรจde la pendaison, l’un des trente-cinq hommes qui seront pendus Prosser trรจs probablement selon Bennett – dรฉclare: ยซJe n’ai rien ร  dire sauf ce que le Gรฉnรฉral Washington aurait dit s’il avait รฉtรฉ capturรฉ par les Anglais et jugรฉ par eux. rai risquรฉ ma vie en essayant de conquรฉrir la libertรฉ de mes compatriotes et je m’offre volontairement en sacrifice pour leur cause; aussi. je vous implore, comme faveur, d’aller m’exรฉcuter rapidement. Je sais aussi que vous avez dรฉjร  dรฉcidรฉ de verser mon sang, alors pourquoi ce simulacre de jugement? ยป [ La part de Gabriel Prosser dans la lutte des Noirs est d’avoir dรฉrรฉglรฉ les pendules de la paix sociale, d’avoir dรฉrangรฉ l’ordre รฉtabli et qui รฉtait pris pour รฉvident et normal.

Le rapport de stage ou le pfe est un document dโ€™analyse, de synthรจse et dโ€™รฉvaluation de votre apprentissage, cโ€™est pour cela chatpfe.com propose le tรฉlรฉchargement des modรจles complet de projet de fin dโ€™รฉtude, rapport de stage, mรฉmoire, pfe, thรจse, pour connaรฎtre la mรฉthodologie ร  avoir et savoir comment construire les parties dโ€™un projet de fin dโ€™รฉtude.

Table des matiรจres

INTRODUCTION
1 ARRIERE PLAN HISTORIQUEย 
A L’AMERIQUE JUSQU’AU MILIEU DU XX รจme SlECLE Il
B LES PRECURSEURS DE KINGย 
a) Frederick Douglass : le militantisme abolitionniste
b) Booker T. Washington: J’รฉducation et le travail pour la dignitรฉ
c) William E. Burghardt DuBois: rรฉformisme et rรฉvolutรŽon
d) Mareus M. Garvey : la race avant tout
e) Turner, Prosser, Vcsey, John Brown et les autres: BU risque de leurs vies
2 ENVIRONNEMENT ET CONTEXTEย 
A L’EGLISEย 
B LES INTELLECTUELS DE LA CLASSE MOYENNEย 
C LES DEUX GUERRES MONDIALES ET LES INDEPENDANCES AFRICAINESย 
3 LES MOUVEMENTS DE MASSEย 
A LA NAACP ET LA VOIE JURIDIQUEย 
B LA NATIONAL URBAN LEAGUEย 
C LE COREย 
D LE SNCC: LES ETUDIANTS DANS LE COMBATย 
4 LES GRANDES CAMPAGNESย 
A MONTGOMERY: LA MARCHE DU CHANGEMENTย 
B ALBANY: L’IRONIE ET LA LECONย 
C BIRMINGHAM ET LA MARCHE SUR WASHThTGTON: DE BULL CONNORย  AUNCOLN
D SAINT-AUGUSTINE – FLORIDE: LE SUD EST ENCORE LA
E SELMA: POUR LE DROIT DE VOTEย 
F CHICAGO: SUBTILITES ET PIEGES D’UN AUTRE MONDEย 
G MEMPWS: RENDEZ-VOUS AVEC LE DESTINย  TOME 2
5 CONCEPTIONS PHILOSOPffiQUES ET RELIGIEUSES: SOURCES ET DEVELOPPEMENTSย 
A DIEUย 
B NATURE HUMAINE ET PERSONNALISMEย 
C lESUSย 
6 L’EVANGILE SOCIAL ET LA COMMUNAUTE BIEN-AIMEEย 
A L’EVANGILE ET LA SOCIETE BIEN-AIMEEย 
B LE POUVOIR ET LA RECONCiLIAnONย 
C EXIGENCES DU NOUVEL ORDRE COMMUNAUTAIREย 
7 LA NON-VIOLENCE ET L’AMOURย 
A DES LOIS ET DE LA DESOBEISSANCE CIVILEย 
B L’AMOUR ET LA NON~VlOLENCE CI-lEZ KlNG : ETHIQUE ET FORMES
C L’ACTION DIRECTE NON-VIOLENTE ET LE MOUVEMENT DE MASSEย 
8 DES HOMMES, DES MOUVEMENTS ET DES IDEESย 
A DES HOMMES: LES DIVERS CHEMINS DE LA LIBERTEย 
B LES GRANDES QUESTIONS DU JOUR: BLACK POWER, LA GUERRE DU VIETNAM ET LE COMMUNISMEย 
C MELANGESย 
1) L’Ancien Testament
2) Thรฉologie de la Bible
3) Thรฉologie systรฉmatique
4) A la dรฉcouverte des valeurs perdues
5) Thรฉologies et philosophies
6) Les origines et la fumille
7) Extraits de sermons et dรฉclarations
8) Des prรฉsidents amรฉricains
9) La mon, sa mort
CONCLUSION
APPENDICES
A) Chansons des droits civiques
B) Dรฉclaration unanime de Treize Etats-Unis d’Amรฉrique (plus connue sur le nom de Dรฉclaration d’indรฉpendance)
C) Je Hรผs un rรชve
D) Lettre de Saint Paul aux Chrรฉtiens d’Amรฉrique
E) Lettre de la Geรดle de Birmingham
Bibliographie
Index

Tรฉlรฉcharger le rapport complet

Tรฉlรฉcharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiรฉe. Les champs obligatoires sont indiquรฉs avec *