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Elรฉments traces mรฉtalliques essentiels
Ce sont des รฉlรฉments indispensables ร lโรฉtat de trace pour de nombreux processus cellulaires et qui se trouvent en proportions trรจs faibles dans les tissus biologiques.
Certains peuvent devenir toxiques lorsque la contamination dรฉpasse un certain seuil, cโest le cas du cuivre (Cu), du nickel (Ni), du zinc (Zn) ou du fer (Fe).
Elรฉments traces mรฉtalliques non essentiels
Ils nโont aucuns effets bรฉnรฉfiques connus pour les cellules mais un caractรจre polluant avec des effets toxiques pour les organismes vivant mรชme ร faible dose. Cโest le cas du plomb (Pb) du mercure (Hg), du cadmium (Cd)โฆ (Louรฉ, 1993).
Ce sont des micropolluants de nature ร entrainer des nuisances mรชme quand ils sont rejetรฉs en quantitรฉ trรจs faibles. Leur toxicitรฉ se dรฉveloppe par bioaccumulation le long de la chaine alimentaire (Chiffoleau, 2004).
PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES DES METAUX LOURDS
Les propriรฉtรฉs des mรฉtaux lourds varient dโun mรฉtal ร un autre, pour cela nous allons รฉtudier les propriรฉtรฉs physico-chimiques de quelques-uns de ces mรฉtaux
Plomb
Le plomb est connu depuis la haute antiquitรฉ. Il vient du latin Plumbum signifiant liquide argentรฉ. Quelques-unes de ces propriรฉtรฉs physicochimiques sont donnรฉes dans le tableau 1.Cโest un mรฉtal bleutรฉ brillant, trรจs mou, trรจs mallรฉable et ductile (Witterners et al. 2002).Il ternit au contact de lโair humide, ne rรฉagit ni avec lโoxygรจne, ni avec lโeau et il est attaquรฉ par lโacide nitrique. On le trouve principalement dans les minerais comme la galรจne et le sulfure de plomb (PbS) (Pichard, 2003). Dans lโenvironnement, le plomb se prรฉsente sous forme de plomb mรฉtallique, dโions et de sels inorganiques ainsi que de composรฉs organomรฉtalliques. Il se trouve en faible quantitรฉ dans de nombreux alliages tels que le laiton, le bronze et la soudure ร lโรฉtain. La plupart des sels de plomb ne sont que trรจs faiblement solubles dans lโeau. En solution aqueuse, le plomb se prรฉsente essentiellement sous forme dโions hydratรฉs ร liaisons complexes (Baize, 1997).
TOXICOCINETIQUE DES METAUX LOURDS
Le mรฉtabolisme des รฉlรฉments traces est rรฉgi par leur liaison aux protรฉines. Lโhomรฉostasie des oligo-รฉlรฉments, cโest ร dire la rรฉgulation de leur teneur dans lโorganisme est rรฉgie par des phรฉnomรจnes dโinduction de ces mรฉtalloprotรฉines.
A la lumiรจre des connaissances plus ou moins dรฉfinitives acquises dans la destinรฉe mรฉtabolique de certains รฉlรฉments nous avons tentรฉ de symboliser de faรงon synthรฉtique et schรฉmatique ce quโil est possible dโenvisager comme les diffรฉrents รฉtapes des mรฉtabolismes dโun mรฉtal oligo-รฉlรฉment.
Absorption
Lโabsorption des mรฉtaux lourds peut se faire par voie orale, cutanรฉe ou pulmonaire.
Par inhalation, les mรฉtaux lourds sont principalement absorbรฉs sous forme de fumรฉes, de vapeurs et de poussiรจres dรฉgagรฉs au cours de sa production, de la soudure ou du dรฉcoupage des mรฉtaux lourds et des alliages mรฉtalliques.
Lโabsorption aura lieu principalement au niveau des alvรฉoles pulmonaires avec un taux de rรฉtention important liรฉ ร la taille des particules et des vapeurs inhalรฉes (Viala, 2005).
Lโabsorption des mรฉtaux lourds par voie digestive se fera soit de faรงon accidentelle par dissolution des mรฉtaux lourds par des acides organiques contenus dans certains aliments (vins, sauce, vinaigresโฆ) conservรฉs dans certaines poteries avec des รฉmaux plombifรจres, soit par un non-respect des rรจgles dโhygiรจnes (telles que manger ou fumer dans les lieux de travail) ou par des mains contaminรฉes.
Cette absorption digestive est relativement faible mais peut รชtre augmentรฉe par divers facteurs que sont lโaciditรฉ gastrique, la vacuitรฉ de lโestomac, la carence en รฉlรฉment minรฉraux (Bismuth, 2000). La voie cutanรฉe peut รชtre une voie dโentrรฉe ร la faveur des lรฉsions ou pour certains composรฉs organiques, grรขce ร leur liposolubilitรฉ. Alors quโen principe, la peau saine ne permet pas lโabsorption, lโanhydride arsรฉnieux par exemple, est lui-mรชme caustique et peut produire ces lรฉsions en cas de projection sur la peau avec brรปlures (Viala, 2005).
Contrairement aux autres mรฉtaux lourds, lโabsorption du cadmium par cette voie cutanรฉe est pratiquement nรฉgligeable.
Distribution
La distribution des mรฉtaux lourds se fait principalement au niveau du foie et du rein et secondairement dans le cerveau et le muscles.
Par ailleurs, au niveau sanguin, ils peuvent se lier aux protรฉines plasmatiques et se retrouver sous forme de stockage. Sa rรฉpartition est diffรฉrente selon la nature de lโintoxication.
Pour lโarsenic, la localisation est essentiellement digestive dans lโintoxication aigue. Dans lโintoxication chronique, le tube digestif ne contient que trรจs peu dโarsenic et on retrouve des quantitรฉs peu importantes dans la peau et les phanรจres (cheveux, poils, ongles), les muscles, la moelle osseuse, les os, etcโฆ. Il peut franchir la barriรจre foeto placentaire (Bismuth, 2000).
Au niveau cellulaire, le mercure est ionisรฉ en ion mercurique (Hg2+) qui possรจde une grande affinitรฉ pour les groupements thiols des protรฉines. Le mercure Hg2+ intracellulaire est en grande partie liรฉ ร une protรฉine voisine de la mรฉtallothionรฉine, dont il induit dโailleurs la synthรจse. Dans le cas des composรฉs organiques, la fixation est beaucoup plus รฉrythrocytaire que plasmatique au niveau du sang et le stockage est surtout cรฉrรฉbral, mais il intรฉresse aussi le foie et le rein (Achner, 1990)
Le cadmium absorbรฉ est transportรฉ par le sang en majeure partie (environ 70%) intra รฉrythrocytaire fixรฉ ร lโhรฉmoglobine avant de se distribuer aux organes notamment le foie et le rein.
Le passage de la barriรจre placentaire et encรฉphalique est observรฉ pour ces mรฉtaux lourds avec des risques importants dโatteintes cรฉrรฉbrales et dโavortement pour le plomb, le mercure et le cadmium (Frery, 2011).
Stockage
Le stockage des mรฉtaux lourds est le plus souvent hรฉpatique, le stockage est aussi possible dans dโautres tissus notamment les tissus les plus riches en protรฉines (Tissus musculaires).
Les tissus les plus riches peuvent contenir le mรฉtal sous une forme mรฉtaboliquement non utilisable, ce qui est souvent le cas du tissu osseux. Dans les tissus, le mรฉtal peut aussi se fixer soit sur des protรฉines dites de stockage comme la ferritine, soit sur des protรฉines non spรฉcifiques comme le mรฉtallothionรฉine qui par leur nombreux groupement thiols retiennent d nombreux mรฉtaux (cuivre, zinc, manganรจse, cadmium, plomb ou mercure) (Mertz ; 1986).
Excrรฉtion
Les mรฉtaux lourds sont รฉliminรฉs principalement par voie urinaire, accessoirement par voie intestinale, les glandes salivaires et les phanรจres. Cependant lโรฉlimination est plus ou moins lente et de surcroit, il n y a pas toujours de parallรฉlisme entre absorption et รฉlimination, ce qui entraine parfois une accumulation. Cette รฉlimination peut รฉgalement dรฉpendre de lโรฉlรฉment considรฉrรฉ. Par exemple lโรฉlimination du plomb absorbรฉ par voie orale se fait essentiellement par les matiรจres fรฉcales qui en excrรจtent une quantitรฉ considรฉrable, directement par voie biliaire (Viala, 2005). Nรฉanmoins la voie dโรฉlimination la plus intรฉressante demeure lโexcrรฉtion urinaire qui dรฉpend directement de la fonction rรฉnale ; la concentration des mรฉtaux lourds ou de leurs dรฉrivรฉs dans lโurine reflรจte celle dans le plasma.
Cette excrรฉtion semble rรฉpondre ร un mรฉcanisme physiologique semblable ร celui des รฉlรฉments minรฉraux de lโorganisme tels que le calcium (par similitude de charge ionique), ce qui explique que lโexcrรฉtion soit sensible ร toute rรฉduction de la fonction rรฉnale.
Une lรฉsion rรฉnale, mรชme minime, tendra ร favoriser une accumulation tissulaire du toxique alors mรชme que la concentration des mรฉtaux lourds dans les urines peut rester normale ou subnormale (Viala, 2005).
Homรฉostasie des mรฉtaux
Lโhomรฉostasie des mรฉtaux est assurรฉe par la rรฉgulation de leur taux dโabsorption intestinale, ou par la rรฉgulation de leur taux dโexcrรฉtion biliaire ou urinaire. Il existe pour certains mรฉtaux une influence hormonale, ce qui explique lโexistence des cycles nycthรฉmรฉraux.
Cette rรฉgulation se fait par lโinduction des protรฉines de stockage intracellulaires telles les mรฉtallothionรฉines. Si on prend lโexemple de la rรฉgulation du mรฉtabolisme du zinc, on observe que la rรฉgulation de lโabsorption se fait dans la cellule intestinale selon le schรฉma de la figure 1. Un excรจs de zinc ร un effet inducteur sur le gรจne de la mรฉtallothionรฉine augmentant la teneur intracellulaire en ces protรฉines fixant alors le zinc en excรจs dans la cellule lโempรชchant de la traverser rapidement pour gagner le plasma sanguin.
Le zinc en excรจs sera รฉliminรฉ dans les selles avec les cellules desquamรฉes empรชchant lโabsorption dโun excรจs.
Inversement en cas dโapport alimentaire pauvre en zinc, la cellule intestinale ne contient que trรจs peu de mรฉtallothionรฉines et le zinc traverse trรจs vite la cellule et passe dans le sang.
De plus la mรฉtallothionรฉine nโรฉtant pas trรจs spรฉcifique mais pouvant aussi fixer des mรฉtaux toxiques ou utiles, un apport excessif de zinc entraine une augmentation des mรฉtallothionรฉines, donc une fixation accrue de ces autres mรฉtaux dans lโentรฉrocyte, et une moins bonne absorption (Chappuis, 1991 ; Cotzias, 1967; Favier A. 1990).
TOXICITE DES METAUX
Les mรฉtaux prรฉsentant une toxicitรฉ notoire appartiennent le plus souvent ร la famille des mรฉtaux lourds.
Tous ces mรฉtaux sont prรฉsents naturellement ร lโรฉtat de trace dans lโenvironnement. Cependant pour nombre dโentre eux lโactivitรฉ humaine a fortement augmentรฉ leur prรฉsence.
Lโimpact de ces mรฉtaux lourds sur la santรฉ dรฉpend de leur espรจce chimique, de leur concentration, de leur biodisponibilitรฉ et de leur passage dans la chaine alimentaire.
Les mรฉtaux toxiques nโont aucun rรดle dans le maintien de lโhomรฉostasie de lโorganisme et sont directement toxiques comme le mercure, le plomb, le cadmium.
Les mรฉtaux solubles dans les lipides comme le tรฉtraรฉthyle plomb peuvent pรฉnรฉtrer dans le systรจme nerveux central. Le danger est encore plus grand chez les enfants car chez eux la barriรจre hรฉmato-encรฉphalique nโest pas entiรจrement dรฉveloppรฉe.
Par diffusion passive et grรขce ร leur solubilitรฉ dans les lipides le cadmium, le plomb, le nickel et le mรฉthylmercure traversent le placenta et peuvent sโy concentrer. Nous prรฉsentons ci-aprรจs la toxicitรฉ de quelques mรฉtaux lourds.
Arsenic
Lโarsenic est un poison de choix dans la littรฉrature et le cinรฉma. Si sa toxicitรฉ est bien connue elle dรฉpend de sa nature chimique. Lโarsenic inorganique est bien plus toxique que lโarsenic organique. Cependant il sโagit aussi dโun oligo-รฉlรฉment essentiel pour lโรชtre humain et certaines espรจces animales. Les besoins pour lโhomme sont รฉvaluรฉs ร 10-20 ยตg/jour et sont couverts par lโalimentation.
Lโarsenic a de nombreuses propriรฉtรฉs toxiques :
– Il dรฉcouple la chaine respiratoire en se substituant au phosphore ;
– Il a des propriรฉtรฉs de perturbateur endocrinien ;
– Il perturbe la diffรฉrentiation cellulaire et possรจde donc des propriรฉtรฉs cancรฉrigรจnes (ASEF, 2017).
Cadmium
Le cadmium est un รฉlรฉment trรจs toxique qui nโa aucune fonction connu dans le corps humain. Lorsquโ il pรฉnรจtre dans lโorganisme par ingestion ou inhalation, il passe dans le sang et sโaccumule dans le foie et provoque รฉgalement des troubles rรฉnaux. Il forme des composรฉs mรฉtalliques avec lโurรฉe.
Le CICR a รฉgalement confirmรฉ un effet cancรฉrigรจne du cadmium sur lโorganisme depuis 1993, principalement au niveau pulmonaire (ASEF, 2017).
Chrome
Le chrome fait partie de la famille des mรฉtaux de transition et est connu pour la rรฉsistance ร la corrosion et au ternissement. La toxicitรฉ du chrome varie fortement selon sa forme chimique :
– Le chrome trivalent (III) est un oligo-รฉlรฉment essentiel pour le mรฉtabolisme glucidique, sa dรฉficience peut affecter lโactivitรฉ de lโinsuline ; son mรฉcanisme est cependant inexpliquรฉ.
– Le chrome tรฉtravalent est toxique; il peut รชtre bio accumulable pour divers organismes; cโest un agent cancรฉrigรจne. Chez les travailleurs exposรฉs via lโair, le principal effet se rapporte au systรจme respiratoire et au dรฉveloppement dโallergies (ASEF, 2017).
Plomb
Lโintoxication au plomb est souvent asymptomatique mais conduit ร des baisses du quotient intellectuel, de lโanรฉmie, des troubles du comportement, des problรจmes rรฉnaux et des pertes auditifs. Le saturnisme correspond ร une intoxication au plomb (ASEF, 2017).
Mercure
Lโintoxication par le mercure sโappelle hydrargie ou hydrargyrisme, caractรฉrisรฉe par des lรฉsions des centres nerveux se traduisant par des tremblements, des difficultรฉs dโรฉlocution, des troubles psychiquesโฆ
En dehors du milieu professionnel, le mercure est repรฉrรฉ comme un toxique nรฉphrotique (agissant sur les reins) ou neurologique (agissant sur le systรจme nerveux) (Miquel, 2001).
Le tableau III donne quelques exemples de risques sanitaires associรฉs ร certains mรฉtaux.
EXPOSITION AUX METAUX LOURDS PAR LES ALIMENTS
Les processus de transmission des mรฉtaux lourds des sols vers les plantes et les animaux sont dโune trรจs grande complexitรฉ. En effet, ils dรฉpendent du mรฉtal (faible transmission pour le plomb, transmission plus forte pour le cadmium), de la forme chimique du mรฉtal, qui dรฉtermine sa solubilitรฉ et sa capacitรฉ ร รชtre assimilรฉ par un organisme vivant, du sol (surtout lโaciditรฉ qui accroit la transmission), de lโespรจce animale (les poissons concentrent le mercure, les crustacรฉs concentrent le cadmium), de lโespรจce vรฉgรฉtale (certains plantes sont accumulatrices, dโautres ne le sont pas), et mรชme des diffรฉrences au sein de chaque espรจce (douze variรฉtรฉs de blรฉ accumulent diffรฉremment le cadmium et la mรชme variรฉtรฉ accumule diffรฉremment selon les solsโฆ).
Il sโagit donc dโun ensemble de variable extrรชmement diverses empรชchant toute conclusion simple, sauf peut-รชtre une : il n y a pas dโalimentation sans mรฉtaux lourds. Toute recherche du ยซ produit pur ยป est illusoire. Dโailleurs un produit peut aussi รชtre contaminรฉ et รชtre ingรฉrรฉ par lโhomme sans risque ; les contaminations dโorigine atmosphรฉrique peuvent รชtre รฉliminรฉes par lavage โฆ (Miquel, 2001).
Lโaccumulation excessive de mรฉtaux lourds dans les sols agricoles par lโutilisation de produits agrochimiques et dโautres sources peut entrainer une augmentation de la teneur en mรฉtaux lourds dans les vรฉgรฉtaux et affecter ainsi la qualitรฉ et la sรฉcuritรฉ alimentaire (Ramade, 1992). Les mรฉtaux lourds sโaccumulent facilement dans les parties comestibles des lรฉgumes feuilles, par rapport aux cultures de cรฉrรฉales ou de fruits (Bauman, 1988 ; Bauman, 1996). Les lรฉgumes absorbent les mรฉtaux lourds et les accumulent dans leurs parties comestibles et non comestibles en quantitรฉs suffisamment รฉlevรฉes pour causer des problรจmes cliniques aux animaux et aux รชtres humains lorsquโils consomment ces plantes riches en mรฉtaux (Cobb, 2000).
On estime que plus de 80% des apports alimentaires en cadmium proviennent des cรฉrรฉales (en particulier du riz et du blรฉ), des lรฉgumes (en particulier des lรฉgumes-feuilles) et des lรฉgumes-racines (en particulier les pommes de terre et les carottes).
Les mollusques et les crustacรฉs peuvent รฉgalement accumuler de fortes concentrations de cadmium. Dans les plantes contaminรฉes, les feuilles concentrent gรฉnรฉralement le plus de cadmium, puis les racines / tubercules, les graines/grains, et finalement les fruits charnus (ATSDR, 1995).
Cโest un sujet de prรฉoccupation grave que les lรฉgumes particuliรจrement les lรฉgumes feuilles, accumulatrices de mรฉtaux lourds, fournissent une entrรฉe facile dans la chaine alimentaire ร ces mรฉtaux redoutables.
Pour lโensemble de la population, le poisson constitue la principale source de mercure. Dissรฉminรฉ dans lโenvironnement ร la suite dโactivitรฉs industrielles, ce mรฉtal est transformรฉ par des microorganismes des sรฉdiments marins et aquatiques en mรฉthyl mercure plus facilement assimilable et subit une bioamplification importante dans la chaine alimentaire. Les poissons vivants dans les eaux non polluรฉes contiennent moins de 0,4 microgrammes de mรฉthyl mercure par gramme (OMS/FAO, 1992). La contamination des poissons de mer est gรฉnรฉralement plus faible que celles des poissons dโeau douce; toutefois, les grands prรฉdateurs tels que lโespadon, le requin, et le thon peuvent atteindre des concentrations dรฉpassent 1ppm (Linden, 1991).
Les personnes consommant de grandes quantitรฉs de fruits de mer contaminรฉes peuvent avoir des concentrations รฉlevรฉes de mรฉtaux lourds dans leurs tissus par rapport ร la population gรฉnรฉrale (Nancy, 1970).
La contamination des aliments par le plomb est beaucoup plus diffuse que la contamination par le mercure. On retrouve du plomb dans toutes les classes dโaliments. Les particules aรฉroportรฉes se dรฉposent directement sur les cultures ; elles peuvent aussi sโinfiltrer dans le sol et, dans une faible mesure, รชtre absorbรฉes par les plantes.
Lโutilisation de soudures au plomb dans les boites de conserve et dans une moindre mesure, lโapplication de glaรงures ร base de plomb sur la vaisselle contribuent ร la prรฉsence de ce mรฉtal toxique dans les aliments, surtout les aliments acides.
En 2002, plus de 60% de lโapport alimentaire en plomb provenait de boissons et de jus de fruits entreposรฉs dans des boites de conserves soudรฉes au plomb, et 30% de la consommation de cรฉrรฉales, de fruits et lรฉgumes (Lindberg et Greber, 2002). Par ailleurs, lโeau contaminรฉe par le plomb provenant des conduits du systรจme de distribution des eaux contribue ร lโapport alimentaire en plomb.
Lโapport excessif de ces รฉlรฉments du sol crรฉe deux problรจmes : dโune part les produits rรฉcoltรฉs contaminรฉs servent de source de mรฉtaux lourds dans notre rรฉgime alimentaire, et dโautre part la baisse du rendement des cultures due ร lโinhibition des processus mรฉtaboliques (Cobb, 2000). Lโaptitude ร lโaccumulation dรฉpend des espรจces et des variรฉtรฉs (TABLEAU V). En gรฉnรฉral, les plantes ร croissance rapide accumulent les mรฉtaux tels que le Cd, le Zn et le Cu. Elles accumulent trรจs peu de plomb par les sols et les traces de plomb que lโon retrouve sur les plantes รฉmanent en gรฉnรฉral dโune source atmosphรฉrique (Miquel, 2001).
Chรฉlation extraction
Une รฉtape dโextraction est nรฉcessaire dans certains cas comme par exemple pour le dosage de lโarsenic total ยซ non alimentaire ยป ou dโintรฉrรชt toxicologique dans les urines. Lโextraction dans ce cas permet dโisoler les formes organiques et inorganiques dโintรฉrรชt toxicologique. Cโest une mรฉthode simple et rapide qui consiste en milieu acide en prรฉsence dโiodure de potassium ร rรฉduire les espรจces arsรฉniรฉs sous formes correspondantes de complexes dโiodures dโarsines.
Ces derniers sont extraits par le toluรจne puis repris en milieux aqueux avant dโรชtre dosรฉs. Seul lโarsenic minรฉral et ses mรฉtabolites mรฉthyles sont extraits; lโarsenic ยซ alimentaire ยป principalement les formes d arseno-bรฉtaine ou dโarsenocholine est รฉliminรฉ (Fillol, 2009).
Minรฉralisation
Les รฉtapes de dรฉcomposition de lโรฉchantillon et de transformation en une phase liquide homogรจne avant lโanalyse sont nรฉcessaires. Ainsi la prรฉparation de lโรฉchantillon reste lโรฉtape essentielle de ces mรฉthodes et lโefficacitรฉ de la mรฉthode de digestion est particuliรจrement importante pour obtenir des rรฉsultats prรฉcis et reproductibles (Batista, 2009).
La minรฉralisation parait sโimposer dans de nombreux cas surtout pour des รฉchantillons solides. Elle permet de limiter ou de faire disparaitre les interfรฉrences liรฉes aux matiรจres organiques et de rรฉaliser en outre une concentration qui amรฉliore la sensibilitรฉ des mesures. Il paraรฎt en effet รฉvident quโune prise dโessai liquide ou solide, riche en matiรจre organique, pourra รชtre ainsi fortement concentrรฉe lors de la reprise par un volume rรฉduit dโun solvant convenable.
Elle peut se faire par voie sรจche ou par voie humide mais cette derniรจre sโimpose permettant par lโutilisation de milieu acide, la limitation des pertes par volatilisation comme dans le cas du dosage de lโarsenic ou du sรฉlรฉnium.
โข Digestion par voie sรจche
Elle reste peu utilisรฉe. Par cette voie, les รฉchantillons solides sont mรฉlangรฉs ร diffรฉrents types de rรฉactifs et chauffรฉs ร haute tempรฉrature (supรฉrieure ร 600ยฐC). Lโacide nitrique ou un autre acide est ensuite ajoutรฉ pour permettre lโanalyse de lโรฉchantillon. Cette mรฉthode prรฉsente les inconvรฉnients de conserver une quantitรฉ de particules non dissoutes qui augmente le bruit de fonds et dโentrainer la perte des mรฉtaux volatiles.
โข Minรฉralisation par voie humide
Cโest le processus le plus utilisรฉ actuellement qui se prรชte bien ร lโanalyse en sรฉrie. Elle impose lโutilisation de rรฉactifs de qualitรฉ ultra pure (acides minรฉraux concentrรฉs) afin dโobserver des valeurs de blanc aussi faibles que possible. La destruction de la matiรจre organique est rรฉalisรฉe par lโaction conjuguรฉe de la chaleur, dโacides forts utilisรฉs seuls ou en mรฉlange (HNO3, H2SO4, HClO4 โฆ) et dโoxydants (H2O2, HNO3โฆ) permettant de limiter les pertes de certains mรฉtaux par volatilisation.
Il est aisรฉ dโopรฉrer ร tempรฉrature contrรดlรฉe, simultanรฉment sur de nombreux รฉchantillons placรฉs dans un thermostat. La minรฉralisation peut entraรฎner des pertes par volatilisation, absorption, adsorption, ou transformation. Cependant, cโest frรฉquemment la contamination (rรฉactifs, matรฉriels utilisรฉs, air ambiantโฆ) qui risque de gรชner la dรฉtermination et oblige lโanalyste ร utiliser un blanc reprรฉsentatif.
Goullรฉ et coll. en 2005 quantifient 32 รฉlรฉments simultanรฉment dans les cheveux (Goullรฉ, 2005). Aprรจs dรฉcontamination par de lโacรฉtone et de lโeau tiรจde, ils minรฉralisent 25 mg de cheveux (possibilitรฉ dโanalyse au minimum de 10 mg) par 250 ยตL dโacide nitrique suprapur ร 70 ยฐC pendant une heure. La solution est ensuite refroidie une heure ร -20 ยฐC. Lโanalyse รฉtant rรฉalisรฉe en ICP-MS, une dilution classique est ensuite dรฉcrite avec une solution constituรฉe de butanol, dโacide nitrique et de triton en prรฉsence de deux รฉtalons internes (indium et rhodium) (Goullรฉ, 2005).
La minรฉralisation par voie humide ou sรจche prรฉsente lโinconvรฉnient dโรชtre consommatrice de temps. Ainsi une nouvelle alternative est actuellement largement utilisรฉe :
– Calcination ou minรฉralisation par micro-ondes :
Les mรฉthodes de digestion par micro-ondes sont classรฉes selon leur mode opรฉrationnelle. On dรฉcrit le mode en ยซ rรฉacteur ouvert ยปfavorable ร la contamination extรฉrieure et ร la perte des matiรจres volatiles ou le mode en ยซ rรฉacteur fermรฉ ยป sous pression plus rapide et plus efficace.
La mรฉthode de minรฉralisation assistรฉe par micro-ondes peut รชtre optimisรฉe en faisant varier quelques paramรจtres comme le volume, la nature ou la concentration des acides et de lโagent oxydant ou en faisant varier les paramรจtres physiques des micro-ondes comme la pression, la tempรฉrature ou le temps de chauffage (Al-Harahsheha, 2009). Cependant, cette mรฉthode nโest pas applicable ร de grands nombres dโรฉchantillons car un nombre peu important de rรฉacteurs est placรฉ dans chaque cycle. Dโautre part, il est important dโalterner ces cycles avec des cycles de nettoyage indispensables pour รฉviter la contamination par effet mรฉmoire. On privilรฉgiera pour cette mรฉthode de minรฉralisation les rรฉacteurs en tรฉflon.
On prendra comme exemple celui de lโanalyse des cheveux. Aprรจs des รฉtapes de lavage primordiales, une minรฉralisation assistรฉe par mรฉthode micro-ondes est frรฉquemment dรฉcrite dans la littรฉrature (Goullรฉ, 2005). Dans lโรฉtude de Goullรฉ et coll., les cheveux sont introduits dans des rรฉacteurs de minรฉralisation en tรฉflon (volume๏ ๏ผ 10 ml) puis de lโacide nitrique suprapur (400 ยตL) et de lโeau oxygรฉnรฉe stabilisรฉe suprapur (200 ยตL, 10 volumes ร 3 %) sont ajoutรฉs La qualitรฉ des solvants est essentielle dans cette รฉtape de minรฉralisation et les rรฉacteurs de minรฉralisation doivent avoir รฉtรฉ prรฉalablement dรฉcontaminรฉs (Goullรฉ, 2005). En vase clos, les rรฉacteurs sont placรฉs dans lโรฉtuve ร une tempรฉrature pouvant varier entre 80 et 110 ยฐC pendant une ร deux heures. Les tubes sont ensuite laissรฉs ร refroidir pendant au moins deux heures ร tempรฉrature ambiante ou placรฉs ร -20 ยฐC. Les rรฉacteurs sont ouverts sous hotte pour transfรฉrer le minรฉralisรขt dans des tubes en polypropylรจne (10 mL) dรฉcontaminรฉs.
Lโรฉchantillon est ensuite diluรฉ dans de lโeau permutรฉe (Goullรฉ, 2005).
Gรฉnรฉration dโhydrures
Pour certains รฉlรฉments comme le mercure, le sรฉlรฉnium ou lโarsenic, on peut utiliser la SAA ร gรฉnรฉration dโhydrures (SAA-GH). Par exemple, pour lโanalyse de lโarsenic dans le sang ou les urines, on minรฉralise lโรฉchantillon avec un mรฉlange contenant de lโacide nitrique, de lโacide sulfurique et de lโacide perchlorique, tous de qualitรฉ suprapur. Aprรจs la minรฉralisation et lโรฉvaporation totale qui permet dโรฉliminer les acides, on ajoute en milieu acide (HCl) de lโiodure de potassium et de lโacide ascorbique pour transformer As (V) en As (III). Cette solution sera ensuite injectรฉe dans un gaz porteur (HCl ร 10 % par exemple) en prรฉsence de borohydrure de Na (NaBH4) entrant la formation dโhydrures dโarsenic (Pineau, 2001).
Cas particulier de la spectromรฉtrie de masse avec plasma ร couplage inductif (ICP-MS)
La prรฉparation proprement dite des รฉchantillons biologiques pour une analyse en ICP-MS nรฉcessite une dilution de faรงon ร respecter les conditions de salinitรฉ et les niveaux de concentrations en analytes compatibles avec la technique. ร partir dโun volume dโรฉchantillon de quelques centaines de microlitres, le facteur de dilution classiquement appliquรฉ en ICP-MS varie de 1/5e ร 1/10e pour des matrices peu chargรฉes comme les urines ou le plasma et jusquโร 1/20e pour le sang total. On peut envisager diffรฉrents types de prรฉparation dโรฉchantillons :
– une simple dilution en milieu acide (acide nitrique ร 1 ou 2 %) ou en milieu basique (ammoniaque ร 0,5 %) ; lโammoniaque favorise lโhรฉmolyse et la dissolution des protรฉines et peut minimiser la formation des interfรฉrences polyatomiques type argon-chlore par capture des ions chlorures, relativement abondants dans les matrices biologiques (Moesch, 2007) ;
– une dilution en prรฉsence dโun chรฉlateur (EDTA ร 0,1 g/L) pour maintenir les รฉlรฉments volatils dans la solution et รฉviter un effet mรฉmoire, dโun alcool (n-butanol) pour amรฉliorer lโionisation de certains รฉlรฉments (Allain, 2001) dโun tensioactif (triton X-100) pour favoriser la nรฉbulisation et empรชcher lโadhรฉsion de lโรฉchantillon aux parois du nรฉbuliseur et dโun ou plusieurs รฉtalons internes. Ces diffรฉrents constituants seront utilisรฉs en proportions variables selon les รฉlรฉments ร doser et selon les matrices (tableau III)
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES METAUX LOURDS DANS LES MATRICES BIOLOGIQUES.
I-DEFINITION
II-DIFFERENTS TYPES DE METAUX LOURDS
II-1-Elรฉments traces essentiels
II-2- Elรฉments traces non essentiels
III. PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES DES METAUX LOURDS
III-1-Plomb
III-2- Cadmium
III-3- Mercure
III-4- Arsenic
IV- TOXICOCINETIQUE DES METAUX LOURDS
IV-1- Absorption
IV-2- Distribution
IV-3-Stockage
IV-4- Excrรฉtion
IV-5- Homรฉostasie
V-TOXICITE DES METAUX LOURDS
V-1- Arsenic
V-2- Cadmium
V-3- Chrome
V-4- Plomb
V-5- Mercure
VI-Exposition aux mรฉtaux lourds par les aliments
VII- Rรจglementation
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES METAUX LOURDS DANS LESMATRICES BIOLOGIQUES
I- Prรฉparation des matrices biologiques
I-1-Prelevement des รฉchantillons biologiques
I-1-1 Sang et urines
I-1-2- Autres milieux biologiques
I-2- Prรฉparation des รฉchantillons
I-2-1- Dilution
I-2-2- Chรฉlation extraction
I-2-3- Minรฉralisation
I-2-4- Gรฉnรฉration dโhydrures
I-2-5- Cas particulier de la spectromรฉtrie de masse avec plasma ร couplage inductif (ICP-MS)
II- DOSAGE DES METAUX LOURDS DANS LES MILIEUX BIOLOGIQUES : CAS DU PLOMB
II-1- Spectrophotomรฉtrie dโabsorption atomique (SAA)
II-1-1-Spectromรฉtrie dโabsorption atomique ร atomisation par flamme
III-1-2-Spectromรฉtrie dโabsorption atomique en four graphite (SAAFG)
II-2- Voltampรฉromรฉtrie ร redissolution anodique (VRA)
III-2-1-Appareillage de laboratoire
II-2-2-Dispositif portable de voltampรฉromรฉtrie ร redissolution anodique
II-3-Spectromรฉtrie de masse avec plasma ร couplage inductif (ICP-MS)
CONCLUSION
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