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EPIDEMIOLOGIE DU PALUDISME
Dans le monde
Le paludisme est pratiquement inexistant à une altitude supérieure à 2000 mètres. Sa répartition géographique théorique va de 60°C de latitude Nord à 40°C de latitude Sud. Il recouvre en fait « la ceinture de pauvreté du monde » qui concerne plus de cent pays essentiellement les plus pauvres d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud et du Centre. Selon l’OMS, 3,2 milliards d’individus sont exposés au paludisme et le risque est élevé pour 1,2 milliard de personnes. Selon les dernières estimations, 198 millions de cas de paludisme (plage comprise entre 124 et 283 millions) et 584 000 décès associés (plage comprise entre 367 000 et 755 000) ont été recensés en 2013.
La maladie sévit plus particulièrement dans la région Afrique de l’OMS, 90 % des décès au niveau mondial y sont enregistrés, et parmi les enfants de moins de 5 ans qui représentent 78 % du nombre total de décès [11].
Stade tissulaire ou schizogonie hépatique
Lors de son repas sanguin, l’anophèle femelle injecte à l’homme des sporozoïtes contenus dans ses glandes salivaires. Ces sporozoïtes sont des éléments fusiformes, allongés et mobiles. Ils vont circuler dans le sang et arriver une heure plus tard environ dans le foie afin d’y poursuivre leur développement.
Après pénétration dans l’hépatocyte, le sporozoïte s’arrondit et donne un trophozoïte. Le trophozoïte va accroître son noyau pour donner un trophozoïte âgé qui se transforme en schizonte par division de son noyau en plusieurs petits noyaux.
Ce dernier bourre la cellule hépatique qui éclate par la suite. Le temps écoulé entre la pénétration du sporozoïte dans l’hépatocyte et l’éclatement de cette cellule est d’environ trois semaines. Certaines espèces comme le P ovale et P vivax peuvent avoir un développement ralenti au niveau du premier cycle. Ils restent bloqués à l’état d’hypnose, on les appelle hypnozoïtes. Ils ne reprennent leur développement que tardivement. Ces espèces sont responsables des rechutes tardives.
Stade sanguin ou schizogonie érythrocytaire
En éclatant, la cellule hépatique libère des mérozoïtes. Certains mérozoïtes sont phagocytés, mais la plupart infectent es globules rouges et s’y multiplient. Ils se transforment en trophozoïte jeune puis se développent et donnent le trophozoïte âgé. Ce trophozoïte âgé subit une phase de développement nucléaire et de division donnant le schizonte ou la rosace. Finalement, on aboutit à la formation d’une hématie remplie de mérozoïtes. Elle éclate à son tour et libère les mérozoïtes ainsi que des pigments.
Ce cycle, allant de la pénétration du mérorozoïte à l’intérieur du globule rouge à l’éclatement de celui-ci, dure 48 heures pour P. falciparum, P vivax, et P ovale. Elle dure 72 heures pour P. malariae. Cette phase d’éclatement est à l’origine de l’accès fébrile survenant au cours de l’infection. La fièvre est de type tierce pour les P. falciparum, P vivax et P ovale et de type quarte pour P malariae. Certains mérozoïtes parasitent à nouveau d’autres globules rouges, réalisant ainsi d’autres cycles de développement.
D’autres mérozoïtes par contre se dotent d’un potentiel sexué et se transforment en gamétocytes femelles et mâles. Ces gamétocytes survivent 20 jours dans le sang puis disparaissent.
Stade sporogonique ou sporogonie
Les gamétocytes sont absorbés par le moustique lors de son repas sanguin. Dans l’estomac du moustique, la fécondation des gamétocytes femelles va donner des oeufs mobiles appelés ookinétes qui vont traverser la paroi de l’estomac. Au niveau de sa face externe, ils vont donner des oocystes dans lesquels vont s’individualiser des sporozoïtes. L’éclatement de l’oocyste va libérer ces sporozoïtes qui gagneront avec prédilection les glandes salivaires de l’anophèle. Ce sont ces sporozoïtes qui seront inoculés à l’homme lors d’une nouvelle piqûre infectante [14-15].
Mécanismes d’échappement de Plasmodium falciparum à la réponse immune
Comme le montre son cycle de vie, P. falciparum survit chez le moustique où sa reproduction sexuée s’effectue, et le moustique vecteur transmet le parasite à l’hôte. Chez l’homme le parasite a besoin de proliférer et de survivre sans être détruit par la réponse immunitaire de l’hôte. Pour ce faire, P falciparum utilise différents mécanismes afin de contourner le système immunitaire de l’hôte et cela aboutit au développement d’une maladie qui peut devenir grave.
Les mécanismes les mieux connues incluent notamment la cyto-adhérence et la séquestration, la formation de rosettes (Rosetting) et la variation antigénique.
➢ Cytoadhérence et Séquestration
La grande différence entre P.falciparum et les autres espèces de Plasmodium responsables du paludisme humain est la voie par laquelle P.falciparum modifie la surface des globules rouges afin de faciliter l’adhésion des parasites asexués et les gamétocytes respectivement à l’endothélium et au placenta. L’adhérence des globules rouges à l’endothélium protège le parasite de la destruction. En effet les globules rouges parasités matures non adhérés, sont rapidement éliminés dans la rate [16,17].
Le processs d’adhérence de P.falciparum dans lequel la plupart des parasites sont d’abord attachés puis s’enroulent avant de devenir fermement adhérents [15,18], est comparable à l’adhésion des leucocytes. La plupart des récepteurs de l’hôte sont impliqués dans l’attachement et l’enroulement mais sont incapables de supporter leur propre adhésion ferme [19].
La fixation à ces récepteurs de l’hôte est importante. Elle augmente significativement l’adhérence qui peut permettre au parasite de se fixer efficacement à l’endothélium des organes variés [20]. Seuls deux récepteurs, le CD36 et la chondroïtine sulfate A (CSA) fournissent une adhérence stable [19-21].
Une protéine parasitaire unique, la protéine 1 de la membrane érythrocytaire de P.falciparum (PfEMP-1), qui est exprimée à la surface des globules rouges parasités catalyse la fixation à tous les récepteurs [16,17]. En effet, les parasites se fixant au CSA expriment PfEMP-1 avec un domaine DBL (Duffy-binding-like) qui fixe la CSA et un CIDR1 (Cysteine-rich Inter-Domain Region) qui permet une fixation indépendante du CD36 [22-23].
La séquestration des parasites dans le cerveau peut être reliée au paludisme cérébral. Elle peut aussi être impliquée dans le récepteur de la molécule de l’adhérence intercellulaire (ICAM-1) [17]. Le rôle de la séquestration dans d’autres complications graves du paludisme demeure obscur.
➢ Le rosetting
Les globules rouges infectés peuvent se lier aux globules non infectés pour former des rosettes. Si la liaison se fait entre globules rouges infectés, on parle d’agglutination. Agglutination et rosettes sont associées au paludisme sévère et à l’anémie [10-24]. Le récepteur du complément (CR1) a été identifié comme un important récepteur de PfEMP1 dans la formation des rosettes [25].
➢ La variation antigénique
La variation antigénique a été découverte chez P knowlesi [26]. PfEMP1 est impliquée dans la variation antigénique du paludisme à P. falciparum. Avec environ 60 gènes var codant pour PfEMP1 et un seul gène var dominant exprimé au stade adulte du parasite. PfEMP1 a atteint une forme de variabilité qui permet au parasite de contourner le système immunitaire de l’hôte. De plus, les fréquentes recombinaisons et remaniements génétiques au cours des processus de fusion et de division dans le moustique et les érythrocytes humains peuvent entraîner une grande diversité génétique et antigénique du parasite [27]. L’affinité de PfEMP1 à certains récepteurs de l’hôte pourrait déterminer la virulence du parasite [28].
Cette hypothèse est appuyée dans le cas du paludisme placentaire par le biais de DBL et DBLβ (Duffy Binding-Like) qui assurent l’adhésion du parasite au tissu placentaire à travers le CSA ou les immunoglobulines non-immunes. Un autre exemple appuyant la même hypothèse est l’existence chez la souche plasmodiale 3D7 des domaines CIDRα (Cysteine-rich Inter-Domain Regions) qui ont une affinité pour les récepteurs CD36 [19-21]. Ce qui revient à dire que certains parasites peuvent être plus virulents que d’autres et des souches de parasites telles que 3D7 qui ont plus de gènes var conservés dans leur centromère pourraient être plus virulentes [26].
Les antigènes de surface de Plasmodium falciparum
Antigène de surface du mérozoïte 1 (MSP1)
Structure et processing de MSP-1
MSP-1 est une grosse protéine qui varie en taille et en séquence d’acides aminés dans différentes lignées parasitaires. La protéine est synthétisée au cours de la schizogonie comme un polypeptide précurseur unique d’environ 200 kDa et exprimé à la surface du parasite intracellulaire. La structure primaire de la protéine a été déduite de l’analyse des séquences des gènes de plusieurs clones de P. falciparum (Tanabe et al, 1987; Miller et al, 1993). La séquence de la protéine est divisée en blocs numérotés de 1 à 17 (figure 3).
Il existe trois types de blocs : conservés, semi-conservés et variables.
– Les blocs 1, 3, 5, 12 et 17 sont très conservés,
– Les blocs 4, 6, 8, 10, 14 et 16 sont variables
– Les blocs 7, 9, 11, 13 et 15 sont semi-conservés.
Réponse immunitaire protectrice dirigée contre l’extrémité C-terminal de MSP1
De nombreuses études ont montré que la région C-terminale de MSP1 est la cible des réponses immunes protectrices. Ces réponses sont médiées par des anticorps. En effet, les expériences d’immunisation dans le modèle d’infection de P. yoelii montrent le rôle de certains anticorps monoclonaux et polyclonaux dirigés contre l’extrémité C-terminal de MSP1 dans la protection d’un challenge par les parasites du stade sanguin (Ling et al, 1997; Spencer-Valero et al, 1998). Les études in vitro confirment que les anticorps monoclonaux ou polyclonaux spécifiques de l’extrémité C-terminal de P. falciparum peuvent inhiber l’invasion des érythrocytes (Blackman et al, 1990; Chang et al, 1992).
La réponse dirigée contre MSP1_19 induit trois classes différentes d’anticorps monoclonaux et polyclonaux (Blackman et al, 1994; Guevara Patino et al, 1997) : anticorps inhibiteurs, anticorps bloquants et anticorps neutres.
Apical membrane Antigen-1 (AMA1)
Structure et fonction d’AMA1
AMA1 de P. falciparum (PfAMA1) est localisé dans les micronèmes du mérozoïte, organite contenant des récepteurs de l’invasion, ce qui suggère qu’AMA1 pourrait jouer un rôle dans ce processus. La protéine est exprimée en fin de schizogonie au cours du développement érythrocytaire asexué. PfAMA1 est synthétisée sous forme d’un précurseur de 83 kDa (PfAMA183) qui est converti en PfAMA166 (Narum et Thomas, 1994). La protéine se subdivise en trois domaines (DI, DII et DIII) sur la base des ponts disulfures (Hodder et al, 1996) et de sa structure cristalline (Pizarro et al, 2005) (Figure ). La protéine est apprêtée au stade tardif du mérozoïte ou au cours de l’invasion érythrocytaire (Howell et al, 2001). Elle jouerait un rôle lors de la réorientation du mérozoïte au cours de laquelle, les organites apicaux sont alignés sur la membrane des érythrocytes (Mitchell et al, 2004). PfAMA1 pourrait également être impliqué dans l’invasion des hépatocytes (Sylvie et al, 2004). PfAMA1 jouerait un rôle dans l’invasion érythrocytaire par l’intermédiaire de son domaine DIII (Kato et al, 2005). PfAMA1 présente de nombreux polymorphismes dans ses trois domaines DI, DII.
Réponses immunes naturelles dirigées contre AMA1
La plupart des personnes exposées au Plasmodium produisent des anticorps anti- AMA1, leur prévalence augmentant avec l’âge (Polley et al, 2004; Cortes et al, 2005; Chelimo et al, 2005; Johnson et al, 2004). Chez les individus naturellement infectés par P. falciparum la réponse immunitaire humorale est caractérisée par la production d’IgG1 et une faible réponse IgG3. La production d’IgG2 et IgG4 est rarement observée. Les anticorps anti-AMA1 sont essentiellement dirigés contre les domaines DI et DII de la protéine (Polley et al, 2004; Cortes et al, 2005) et ces anticorps réagissent avec plusieurs variants alléliques (Polley et al, 2004; Cortes et al, 2005). La réponse anticorpale dirigée contre le domaine DIII de la protéine est généralement faible mais augmente chez les adultes. Il a été montré que les IgG dirigées contre une construction d’AMA1 contenant au moins les domaines DI et DII sont associées à un risque réduit de paludisme clinique chez les sujets présentant une parasitémie avant la saison de transmission (Polley et al, 2004). Les anticorps anti-AMA1 purifiés de sujets immuns inhibent aussi la croissance des parasites in vitro (Hodder et al, 2001). Dans les populations vivant en zone d’endémie palustre les réponses immunes anti- AMA1 sont souvent beaucoup plus élevées que celles d’autres antigènes de P. falciparum tels que MSP119, GLURP, MSP3 (Chelimo et al, 2005). La réponse immune cellulaire dirigée contre AMA1 fait l’objet de peu d’études. Une étude suggère que la réponse cellulaire T anti- AMA1 est de courte durée et qu’elle est associée à la protection contre l’infection (Udhayakumar et al, 2001).
IMMUNITÉ ANTI-PALUSTRE
Immunité innée
L’immunité innée se distingue de l’immunité acquise par le fait qu’elle s’active très rapidement, sans immunisation préalable, sans vaccination préalable. Elle se met en place dès le début de toute infection et se maintient jusqu’à la mise en place de l’immunité acquise. L’immunité innée est ainsi considérée comme la première ligne de défense de l’organisme. Elle aide à la mise en place de l’immunité acquise qui est plus ciblée et spécifique du pathogène.
Une fois parvenus dans l’organisme de l’hôte, les parasites gagnent certains types de cellules immunitaires dans lesquelles ils se développent. Des travaux ont montré que ce développement peut être empêché par le système immunitaire inné.
Les mécanismes innés de l’inhibition de la croissance des parasites par l’hôte humain seraient probablement la cause du faible taux de parasitémie observé au cours des infections aigues à P. falciparum [29].
Des études dans des systèmes non parasitaires ont permis de démontrer qu’une famille de protéines codées par la lignée germinale (les Toll Like Receptors ou TLR) serait importante pour la défense innée de l’hôte, aussi bien chez les vertébrés que chez les invertébrés [30]. Chez les mammifères, l’activation des macrophages par l’intermédiaire des TLRs entraîne l’induction de gènes effecteurs. Ces gènes contrôlent et exécutent la défense innée [31].
L’infection palustre engendre la production par les plasmocytes de concentrations plasmatiques très élevées d’immunoglobulines (Ig) non spécifiques du paludisme [32]. Cependant, l’importance de l’activation polyclonale B par l’immunité innée sous jacente n’est pas connue à ce jour.
Lorsque les lymphocytes T provenant d’une personne ayant contracté une infection quelconque, sont mises in vitro en présence d’antigènes de l’agent pathogène responsable de l’infection en question, ces cellules se multiplient rapidement. Placées dans les mêmes conditions, les lymphocytes provenant de personnes n’ayant pas contracté l’infection ne prolifèrent pas. Dans le cas du paludisme, il existe des sujets répondeurs et d’autres dits non répondeurs. Les lymphocytes T exprimant l’antigène CD4 (cellules T CD4+) des répondeurs qui, bien que n’ayant eu aucune exposition préalable au paludisme, ont des cellules lymphocytaires qui réagissent positivement dans les expériences de prolifération cellulaire in vitro. Les cellules CD4+ de ces sujets produisent également des cytokines lorsqu’elles sont exposées aux antigènes de P. falciparum [33].
Toutefois, les neutrophiles, les mononucléaires phagocytes et les cellules « tueuses naturelles » (Natural killer) généralement appelées cellules NK, sembleraient jouer un rôle prépondérant dans l’immunité innée observée au cours des infections palustres précoces.
Les cellules NK augmentent particulièrement en nombre et sont capables de détruire in vitro les globules rouges parasités par P. falciparum in vitro [34-35]. Les cellules NK sont aussi de puissantes productrices de cytokines telles que l’interféronγ (IFNγ).
Cette capacité à produire l’IFNγ, qui conduit à l’activation parasiticide des macrophages, pourrait être de grande importance pour l’immunité innée contre le paludisme.
En effet, l’IFNγ augmente le potentiel des cellules NK à détruire les globules parasités de l’hôte [36].
Les types cellulaires apparentés aux cellules NK et jouant probablement un rôle important dans l’immunité innée contre le paludisme sont les cellules dites NK-T qui chez la souris expriment à leur surface membranaire le marqueur NK1.1 et les sous-unités α/β du récepteur (TCR) des lymphocytes T [37].
Chez l’homme ces cellules NK-T sont activées par l’intermédiaire de leur invariant TCR lorsqu’elles sont confrontées à l’antigène de lipides en association avec les molécules CD1 du CMH classe I [38]. Cette activation ne requiert pas d’immunisation préalable et peut par conséquent être importante pour la régulation de l’immunité innée contre le paludisme.
Un autre type cellulaire, la cellule T présentant les antigènes γδ du TCR est aussi très répandue au cours des phases précoces de l’infection palustre et pourrait contribuer au contrôle inné de la croissance du parasite [39].
Immunité acquise contre le paludisme
Immunité de prémunition
Dans les zones de transmission élevée et régulière, l’exposition répétée aux parasites aboutit à l’acquisition d’une immunité protectrice. L’immunité est définie par «un état de résistance à l’infection ou/et à la maladie» [40], quel qu’en soit le mécanisme immunologique. Cette immunité acquise est partielle. Les enfants peuvent être infectés, le plus souvent de façon chronique, servir de réservoir de parasite et subir des accès palustres, mais ces accès sont rares et ne sont pas graves.
Sans entretien de l’infection, cette immunité est de courte durée, de l’ordre d’une à quelques années. L’acquisition d’une immunité et ses conséquences sur l’épidémiologie du paludisme dans les populations humaines dépend du niveau et de la régularité de la transmission, c’est à dire de la capacité vectorielle des anophèles présents. Une immunité commence à être acquise dès les premières infections. Cela a été observé en zone d’endémie palustre chez les enfants.
Chez les enfants vivant dans les zones de paludisme stable, l’acquisition d’une immunité spécifique se manifeste par des modifications de la sensibilité parasitologique et clinique en fonction de l’âge. L’âge peut alors être considéré comme un indicateur de la durée d’exposition à la transmission. Cependant il peut aussi conditionner la maturité du système immunitaire [41]. Pour cette raison, l’âge auquel un enfant est exposé pour la première fois au paludisme pourrait jouer un rôle dans la vitesse d’acquisition de l’immunité antipalustre [42,43].
Immunité acquise à médiation humorale
Ce type d’immunité est associé à la production d’immunoglobulines (IgG = anticorps) dirigées principalement contre des antigènes de surface du parasite au stade mérozoïte qui sont au nombre de cinq (5) les merozoïte surface protein (MSP1, MSP2, MSP3, MSP4), Glutamate Rich Protein (GLURP) et Apical membrane antigène (AMA1). Ils sont localisés à la surface du mérozoïte et sont donc accessibles aux anticorps lorsque les mérozoïtes sont libérés dans la circulation [43].
Des études ont montré que le transfert passif d’immunoglobulines d’une mère issue d’une zone endémique protège l’enfant contre les infections palustres durant les six premiers mois de la vie [44]. Ces anticorps réduisent la parasitémie et les signes cliniques de la maladie [45]. Cela explique pourquoi les adolescents et les adultes vivant en zones endémiques même infectés ne développent pas les signes cliniques de la maladie. Cependant, des études ont montré que cette immunité n’induit pas une résistance à la maladie. Des taux élevés d’immunoglobulines des sous-classes cytophiles IgG1et IgG3 constituent le support de la prémunition chez des sujets immuns. Ces anticorps induisent une réponse protectrice par leur capacité à inhiber la multiplication du mérozoïte dans les globules rouges infectés. C’est le phénomène d’ADCI (Antibody Dependent Cellular Inhibition), qui requiert l’implication des monocytes sanguins non infectés. Leur récepteur Fcγ-II entre en contact avec la surface du mérozoïte via l’anticorps cytophile et aboutit à la synthèse de certains médiateurs toxiques.
Le TNFγ est l’un de ces médiateurs qui va bloquer la division du stade érythrocytaire du parasite. A la première infection par P.falciparum, les sujets ont des taux élevés d’immunoglobulines non cytophiliques, IgG2, IgG4 et IgM mais ces anticorps n’induisent pas de réponse immune et sont capables d’inhiber en cas de compétition l’effet protecteur des IgG1 et IgG3. Différents types d’anticorps interviennent : anticorps bloquant la pénétration intracellulaire des plasmodis, anticorps inhibant la croissance des parasites intra-érythrocytaires, anticorps augmentant la phagocytose des hématies infectées etc [45].
Immunité acquise à médiation cellulaire
Les réponses immunes à médiation cellulaire induites par l’infection à P falciparum peuvent protéger à la fois, contre les stades de développement pré-érythrocytaires et contre les stades érythrocytaires du parasite [34]. De nombreuses cellules du système immunitaire ont un impact important dans l’acquisition de l’immunité protectrice : les lymphocytes T, les cellules NK, les neutrophiles, les macrophages/monocytes…
Ces cellules peuvent réagir en coopération avec les anticorps ou seules par des propriétés fonctionnelles qui leur sont propres. Les lymphocytes T et les cellules NK seraient suractivés, permettant ainsi une production de lymphokines et cytokines.
Celles-ci seraient à l’origine du contrôle et de l’activation d’autres cellules du système immunitaire. A ce titre, les cellules NK induiraient entre autre une activation primaire en IFNγ, un des facteurs principaux stimulant les macrophages, tandis que la deuxième vague de production d’IFNγ serait plutôt due aux cellules T [46].
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Table des matières
INTRODUCTION
OBJECTIS
1. OBJECTIF GENERAL
2. OBJECTIFS SPECIFIQUES
GENERALITE SUR LE PALUDISME
I. DEFINITION
II. EPIDEMIOLOGIE DU PALUDISME
1. Dans le monde
2. Au Sénégal
III. LE PARASITE
1. Cycle de développement du parasite
1.1. Stade tissulaire ou schizogonie hépatique
1.2. Stade sanguin ou schizogonie érythrocytaire
1.3. Stade sporogonique ou sporogonie
2. Mécanismes d’échappement de Plasmodium falciparum à la réponse immune
3. Les antigènes de surface de Plasmodium falciparum
3.1. Antigène de surface du mérozoïte 1 (MSP1)
3.1.1. Structure et processing de MSP-1
3.1.2. Réponse immunitaire protectrice dirigée contre l’extrémité C-terminal de MSP1
3.2. Apical membrane Antigen-1 (AMA1)
3.2.1. Structure et fonction d’AMA1
3.2.2. Réponses immunes naturelles dirigées contre AMA1
IV. IMMUNITÉ ANTI-PALUSTRE
1. Immunité innée
2. Immunité acquise contre le paludisme
2.1. Immunité de prémunition
2.2. Immunité acquise à médiation humorale
2.3. Immunité acquise à médiation cellulaire
V. LUTTE CONTRE LE PALUDISME
1. La prise en charge correcte des cas
1.1. Prise en charge du paludisme simple à Plamodium falciparum
1.2. Prise en charge du paludisme grave à Plasmodium falciparum
2. Le traitement préventif intermittent
2.1. Traitement préventif intermittent chez la femme enceinte
2.2. Traitement préventif intermittent chez le jeune enfant et les enfants d’âge scolaire ou Chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS)
3. La lutte anti-vectorielle
3.1. Utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action
3.2. La pulvérisation intra-domiciliaire d’insecticides à effets rémanent (PII)
METHODOLOGIE
I. CADRE D’ETUDE
II. TYPE ET PERIODE D’ETUDE
III. POPULATION D’ETUDE
IV. COLLECTE DE DONNEES
1. Outils de collecte
2. Variables collectées
V. EXAMENS DE LABORATOIRE
1. Goutte épaisse et frottis sanguin
2. Dosage des immunoglobulines par la méthode ELISA
2.1. Matériels et réactifs
2.2. Préparation des tampons
2.3. Choix des antigènes
2.3.1. Merozoïte Surface Protein (MSP1_42) :
2.3.2. Apical membrane Protein (AMA1) :
2.4. . Extraction du sérum à partir du papier buvard
2.5. ELISA
3. Dosage taux d’hémoglobine
VI. TRAITEMENT DES SUJETS
VII. SAISIE ET ANALYSE DES DONNEES
VIII. CONSIDERATIONS ETHIQUES
RESULTATS
I. CARACTÉRISTIQUES DE BASE DES PATIENTS EN 2010 ET 2011
II. PRÉVALENCE DU PALUDISME À PLASMODIUM FALCIPARUM
III. ANALYSE QUANTITATIVE
1. Niveau de production des IgG anti-MSP1 et anti_AMA1 en 2010 et 2011
2. Comparaison du niveau de production des IgG anti-MSP1 et anti_AMA1 dans les zones intervention et contrôle en 2010 et 2011
3. Comparaison du niveau de production des IgG anti-MSP1 et anti – AMA1 en fonction de la zone et de l’année
IV. ANALYSE QUALITATIVE
V. FACTEURS ASSOCIÉS À LA PRODUCTION DES ANTICORPS ANTI-MSP1 ET ANTI-AMA1
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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