Données sur le paludisme en Côte d’Ivoire

Données sur le paludisme en Côte d’Ivoire

Généralités sur le paludisme

Le paludisme, du latin paludis (marais), aussi appelé malaria, terme utilisé par les anglophones (de l’italien « mal’aria », c’est à dire mauvais air), est une érythrocytopathie due à cinq espèces de protistes du genre Plasmodium (Plasmodium vivax, P. malariae, P. ovale, P. falciparum, P. knowlesi) et transmise par la piqûre d’un vecteur : un anophèle femelle (plusieurs espèces du genre Anopheles) (OMS, 2020). L’infection par Plasmodium falciparum est potentiellement mortelle sans traitement. Cette pathologie sévit dans certaines régions préférentielles dans le monde où elle est endémique (87 pays en 2019). Des phénomènes inquiétants de résistance des parasites aux chimiothérapies existent, y compris pour les molécules les plus récemment mises sur le marché. L’OMS a dénombré 229 millions de cas de paludisme dans le monde en 2019 contre 239 millions en 2010. 94 % de ces cas sont enregistrés en Afrique. Malgré une régression de la maladie, son objectif visant à baisser de 40 % l’incidence et la mortalité en 2020, par rapport aux taux de 2015, n’a pu être atteint (OMS,2018 ; OMS, 2020).

Physiopathologie du paludisme

La maladie est caractérisée par le cycle évolutif du Plasmodium, subdivisé en une étape chez l’anophèle femelle (phase sporogonique) et deux étapes chez l’homme (phase exo-érythrocytaire et phase érythrocytaire) (figure 2). Cette dernière étape permet la maturation et la multiplication des trophozoïtes à l’intérieur des globules rouges qui finissent par éclater. La destruction massive des globules rouges est à l’origine des signes caractéristiques de la crise de paludisme : anémie, asthénie, fièvre, frissons. Des complications sont possibles, notamment neurologiques, rénales ou pulmonaires. (Académie nationale de pharmacie, 2021 ; CDC,2020).

Traitements

Médicaments sur le marché

En dépit de l’ancienneté de l’endémie palustre, le traitement du paludisme se heurte encore aujourd’hui au nombre limité de molécules antipaludiques disponibles et efficaces. En effet, depuis la découverte des vertus antipaludiques de l’écorce du quinquina (Cinchona officinalis L., Rubiaceae, en Amérique latine) puis la purification de la quinine au 19e siècle, de celles d’Artemisia annua L., (Asteraceae employée en médecine traditionnelle chinoise) et la purification de l’artémisinine (Normile, 2015) à la fin du 20e siècle (Prix Nobel de médecine attribué à Youyou Tu en 2015), le nombre de molécules antipaludiques mises sur le marché par les firmes pharmaceutiques reste faible (OMS, 2020 ; Newman, 2020).

Les molécules actuellement employées en prophylaxie ou de manière curative sont d’origine naturelles (quinine, totum alcaloïdique du quinquina, artémisinine en Chine), hémisynthétiques (dérivés de l’artémisinine) ou synthétiques (chloroquine, luméfantrine, principalement). Elles ciblent principalement l’hème. La stratégie recommandée aujourd’hui par l’OMS pour un traitement rapide et efficace de cette maladie est basée sur une bithérapie à base d’Artéméther / Luméfantrine (combinaisons thérapeutiques à base d’un dérivé de l’Artémisinine ; « ACT » : Artemisinin Combined Therapy) (OMS, 2015). En 2017 la société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) rapportait que les Plasmodium résistent à la plupart des antipaludiques utilisés en prévention ou en traitement, avec des cas pour des dérivés de l’artémisinine (SPILF, 2017 ; Noedl, 2008).

Médicaments traditionnels améliorés (MTA) et évaluation clinique

Dans plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne, des médicaments traditionnels améliorés (MTA ; définis par l’OMS ; voir plus loin), contenant des plantes ou des extraits de plantes sont enregistrés par les autorités sanitaires pour le traitement du paludisme non compliqué. Le degré de standardisation de tels produits est variable. Les données précliniques relatives à leur sécurité et les données cliniques attestant de leur efficacité sont généralement peu nombreuses. Dans des revues assez récentes, Merlin Willcox a relevé la commercialisation, en Afrique et en Chine, de MTA pour lesquels quelques données cliniques encourageantes existent (Willcox, 2011). Il s’agissait de produits contenant une ou plusieurs plantes. Un produit fabriqué en chine contenant de la poudre de parties aériennes d’Artemisia annua L. (Asteraceae), a montré une diminution de la parasitémie de 70 à 100 % chez 379 patients, en 5 à 7 jours de l’infusé (5 -9 g de feuilles sèches /1 L d’eau / 250 mL trois fois par jour) ; un extrait d’écorce de Cinchona calisaya Wedd. (synonyme Cinchona ledgeriana (Howard) Bern. Moens ex Trimen, Rubiaceae) dosé à 1,2 g / j a montré une diminution de 92 à 100 % de la parasitémie chez 586 patients; une infusion de poudre de racines de Cryptolepis sanguinolenta (Lindl.) Schltr. (Apocynaceae) a montré une diminution de la parasitémie de 100 % chez 58 patients au Ghana; une infusion de poudre de racines de Cochlospermum planchonii Hook. F. ex Planch. (Bixaceae) a montré une diminution de la parasitémie de 52 % chez 46 patients au Burkina Faso. Si les données cliniques sont peu nombreuses et de faible méthodologie, les enjeux de leur obtention, combinés à des données relatives à la qualité des produits testés, sont essentiels pour une couverture sanitaire sans perte de chances de populations défavorisées. On notera que certains auteurs proposent des approches d’évaluation s’éloignant des paradigmes usuels (études rétrospectives, considération croisée d’études cas-contrôle) (Simoes-Pires, 2014). On remarquera également une polémique relative à l’emploi et à l’évaluation d’une armoise dépourvue (ou pauvre en) artémisinine : une étude clinique randomisée qui pouvait apparaitre comme majeure, évaluant des tisanes d’Artemisia afra Jacq. ex Willd. (et / ou A. annua) versus l’association amodiaquine-luméfantrine, menée en République Démocratique du Congo chez presque 1000 individus(Munyangi, 2019). Cette étude qui rapportait de meilleurs résultats obtenus pour le traitement à base de l’une ou l’autre des deux espèces d’Artemisia, à savoir une meilleure activité antipaludique, une diminution plus rapide de la fièvre, une meilleure réponse pédiatrique et moins d’effets secondaires, a fait l’objet d’une rétractation pour défauts méthodologiques et éthiques (Munyangi, 2020).

Cas de la Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire : caractéristiques démographiques

La Côte d’Ivoire est un pays francophone d’Afrique de l’Ouest. Elle a pour capitale administrative Yamoussoukro et pour capitale économique Abidjan. Pour une superficie de 322462 km2 , elle compte 24 294 750 habitants (estimation pour 2017 ; 51,6 % d’hommes, 48,4 % de femmes). La population, à environ 57 % rurale, comptait 42,5 % de moins de 15 ans en 2015. L’espérance de vie était de 60,5 ans chez les hommes et 62,9 ans chez les femmes en 2019. La mortalité infantile est encore importante (58,6 / 1000 naissances à l’âge de 1 an, 79,3 / 1000 à 5 ans) (OMS, 2021). Le PIB (produit intérieur brut) était de 2 276,3 $ US par habitant en 2019. Les indicateurs économiques et l’espérance de vie sont en nette augmentation depuis les années 2000 (Banque mondiale, 2021).

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Table des matières

Introduction générale
Chapitre 1 : Données bibliographiques
1. Données sur le paludisme en Côte d’Ivoire
1.1. Généralités sur le paludisme
1.2. Physiopathologie du paludisme
1.3. Traitements
1.3.1. Médicaments sur le marché
1.3.2. Médicaments traditionnels améliorés (MTA) et évaluation clinique
1.4. Cas de la Côte d’Ivoire
1.4.1. Côte d’Ivoire : caractéristiques démographiques
1.4.2. Côte d’Ivoire : caractéristiques floristiques
1.4.3. Prévalence du paludisme en Côte d’ivoire
1.4.4. Compréhension et prise en charge du paludisme par les tradipraticiens en Côte d’Ivoire
2. Médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire : état de la réglementation
2.1. Réglementation de la médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire
2.1.1. Tradipraticiens et pratique de la médecine traditionnelle
2.1.2. Produits issus de la médecine traditionnelle
2.1.3. Procédures d’enregistrement des produits à base de plantes
2.2. Plantes médicinales et produits à base de plantes vendus en Côte d’Ivoire
2.2.1. Circuits d’approvisionnement, traitement du matériel végétal, stockage
2.2.2. Qualité des médicaments traditionnels
3. Plantes médicinales employées comme antipaludiques en Côte d’Ivoire
3.1. Introduction
3.2. Enquêtes ethnobotaniques relevées
4. Conclusion
Chapitre 2 : Travaux personnels : Enquêtes ethnobotaniques
1. Introduction : contexte de notre travail ethnobotanique
2. Enquête auprès des vendeuses du marché d’Adjamé (Abidjan)
2.1 Plantes antipaludiques citées
2.2. Plantes antipaludiques citées : analyse des données
2.3. Remarques relatives aux recettes
2.4. Activités antiplasmodiales décrites dans la littérature pour les espèces recensées
3. Enquête relatives aux produits manufacturés
3.1 Produits antipaludiques collectés
3.1.1. Produits déclarés suite à l’appel du PNPMT
3.1.1.1. Présentation des produits déclarés suite à l’appel du PNPMT
3.1.2. Produits collectés dans le commerce
3.1.2.1. Obtention des produits
3.1.2.2. Caractéristiques des produits collectés dans le commerce
3.1.2.3. Produits collectés dans le commerce : composition au regard de la tradition
3.2. Activité antipaludique des produits manufacturés
4. Conclusion et perspectives des enquêtes ethnobotaniques
Chapitre 3 : Travaux personnels – Etude de remèdes à base du fruit de Picralima nitida
Introduction
1. Données bibliographiques relatives à Picralima nitida
1.1. Présentation de l’espèce, botanique
1.2. Emplois
1.2.1. Emplois médicinaux
1.2.2. Emplois non médicinaux
1.2.3. Production et commerce international
1.3. Composition chimique
1.4. Activités biologiques
1.4.1. Activités diverses
1.4.2. Activités antiparasitaires, dont activité antiplasmodiale
1.4.3. Données toxicologiques publiées
2. Etude micrographique du fruit
3. Déréplication d’un extrait du fruit de Picralima nitida
3.1. Introduction, méthodologie
3.2. Déréplication de l’extrait L1-1T
3.2.1. Données obtenues par analyse en réseau moléculaire
3.2.2. Conclusion : composition alcaloïdique de l’extrait L1-1T
4. Analyse comparatives de lots du fruit de Picralima nitida
4.1. Lots de fruit employés
4.2. Comparaison des extraits aqueux de pulpe
4.2.1 Comparaison chromatographique des extraits aqueux
4.2.2 Etude de la variabilité chimique : confirmation par analyse métabolomique
4.2.3. Profil alcaloïdique en fonction du degré de maturité du fruit
4.2.3.1. Analyse comparative des extraits de pulpe de fruits mûrs de Picralima nitida obtenus par décoction
4.2.3.2. Analyse métabolomique
4.2.4. Comparaison avec les péricarpes et les graines
4.2.4.1. Profil UHPLC-MS/MS des péricarpes
4.2.4.2. Profil UHPLC-MS/MS des graines
4.2.4.3. Ions différenciants
4.2.5. Dosage des alcaloïdes totaux des pulpes
4.2.6. Dosage des alcaloïdes majoritaires des pulpes
4.2.6.1. Témoins employés
4.2.6.2. Paramètres et validation du dosage
4.2.6.3. Résultats du dosage
5. Evaluation de l’activité antiplasmodiale des fruits de Picralima nitida
5.1. Activité antiplasmodiale in vitro
5.2. Activité antiplasmodiale in vivo
6. Etude de Picralima nitida : Conclusions et perspectives
Conclusion générale

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