DONNEES SUCCINCTES SUR LE GENRE EUCHEUMA striatum
Autrefois connu sous Eucheuma cottonii, l’Eucheuma striatum (kappaphycus cottonii) débouche de deux souches distinctes : la variété « zanzibar » introduite en 1998 à Madagascar depuis le projet ARPL et la souche locale.
C’est une algue très polymorphe qui, pourvue de ses thalles rigides présente maintes ramifications souples. Etant issue des RHODOPHYCEES de l’ordre de GIGARTINALES, elle est caractérisée par sa reproduction sexuée tout en conservant en outre une faculté de se régénérer par bouture : une reproduction végétative [1]. En effet un fragment de thalle peut se déployer indépendamment du pied dont il est issu.
Morphologie externe
L’Eucheuma striatum est l’une des espèces qui a su développer une facilité d’adaptation dans les étendues chaudes d’eaux salées [2]. Du point de vue morphologique, elle possède un thalle moins ramifié en rameaux verticaux mais beaucoup plus importants comparés à celui de l’Eucheuma denticulatum. Elle porte à sa surface des papilles noduleuses, à l’encontre de celles de l’espèce denticulatum qui sont épineuses et disposées en couronne le long du thalle.
Taxonomie
Le genre Eucheuma se classe comme suit :
Règne : VEGETALE
Embranchement : THALLOPHYTE
Sous-embranchement : RHODOPHYCOPHYTES
Classe : RHODOPHYCEES
Sous-classe : FLORYDEOPHYCEES (ou FLORIDES)
Ordre : GIGARTINALES
Famille : SOLIERIACEES
Genre : Eucheuma
Espèce : striatum .
Localisation
L’Eucheuma striatum se localise de part et d’autre de l’équateur, dans les zones comprises entre 20° de latitude Nord et 20° de latitude Sud, traversées par l’isotherme 23,9°C en hiver [3].
Facteurs de croissance
Certains paramètres s’avèrent primordiaux pour la bonne croissance de l’Eucheuma striatum.
– La température: celle jugée optimale est comprise entre 18 °C à 35 °C, cependant la possibilité d’être décimée par des atteintes de type « ice-ice » n’est pas à écarter au-delà de 28°C.
– La salinité: Elle manifeste aisément son développement dans des fortes salinités incluses entre 27°/00 à 35°/00, mais au-delà de laquelle des symptômes de dégénérescence se constatent.
– Les sels minéraux: A la différence des plantes, Eucheuma striatum accepte des milieux assez pauvres en nitrate et en phosphate. Le rapport N/P le mieux adapté à ces espèces pourrait aller de 12 à 15.
– La Turbidité : Elle pousse bien dans les eaux turbides, les mouvements de l’eau sont de ce fait censés être inférieurs à 20 cm s-1.
– La lumière : étant donné que plus de 90% de l’activité photosynthétique est assurée par les algues, elles constituent notre principale source d’oxygène [4]
– Les gaz dissous : notamment le gaz carbonique pour permettre l’assimilation chlorophyllienne.
Ice-ice : C’est une malformation infligée par la bactérie Pseudomonas carraghénovora se traduisant par une décoloration momentanée, localisée dans une zone dont la partie superficielle semble intacte. Tous les thalles peuvent ainsi se morceler mais la bactérie demeure omniprésent tant aussi bien au niveau des zones infectées qu’au niveau des zones épargnées. Cette bactérie n’attaque le plant que si celui-ci est déjà affaibli. On pense généralement qu’il s’agit d’une réaction due à une tentative de l’algue à s’échapper de son environnement par reproduction végétative .
Névralgie de l’Eucheuma striatum
L’Eucheuma striatum croît dans un cadre environnemental particulier et cette particularité se traduit par le biais des paramètres influents qu’imposent ses facteurs de croissance établis précédemment. De part et d’autre des maladies qui peuvent affecter l’espèce, des hostilités surgissent de son milieu naturel même : il s’agit d’autres algues compétitrices.
Vestiges d’algues
Il s’agit d’algues macroscopiques qui s’infiltrent dans le champ de culture avec le courant, s’y développent en suspension et se fixent sur les thalles. Les genres fréquemment rencontrés sont les suivants : Turbinaria, Caulerpa et Sargassum.
Anomalie pathologique
Eucheuma striatum est susceptible de connaitre des malformations à étiologie* mal définie et demeure vulnérable aux épiphyties.
❖ Epiphyties : certains végétaux vivent sur les algues sans pour autant les parasiter mais pourraient causer leur pourriture après dépigmentation. Ce phénomène scellant le sort du genre Eucheuma s’expliquerait suite aux changements mal tolérés de l’agitation de l’eau, de la salinité ou de la teneur en éléments minéraux tels qu’ils apparaissent au rythme des saisons, soit d’une manière spontanée.
❖ Malformations : il s’agit de la maladie ‘ice-ice’ mentionnée au préalable. *étiologie : discipline qui étudie les causes d’une maladie .
Généralité sur les polysaccharides d’algues rouges
Les différentes sortes de polysaccharides algaux
On distingue une vaste famille de polymères algaux dont :
• Les polysaccharides de réserve (stockés à l’intérieur de la cellule) Chez les algues rouges, l’amidon floridéen (polymère du 1,4-α-glucose) en est un exemple.
• Les polysaccharides de faible poids moléculaire . Chez les algues rouges, on distingue plusieurs espèces dont deux isomères : le floridoside et l’isofloridoside pour réguler la pression osmotique au travers d’une membrane séparant deux milieux de concentrations différentes, ceci grâce à leur solubilité.
• Les polysaccharides de structure (ou polysaccharides pariétaux) [6] [7]. La paroi cellulaire des algues présente une parfaite similitude avec celle des végétaux terrestres. Elle comprend en effet une phase amorphe (matricielle) enveloppant la phase cristalline (squelettique). Elle se distingue cependant de celle des plantes supérieures par l’importance de la matrice sur le squelette, et par l’abondance des polysaccharides anioniques sur les polysaccharides neutres [8].
En nous référant toujours aux Rhodophycées, elles ont une phase amorphe importante, qui est en fait un réseau de polysaccharides sulfatés. Ainsi, on trouve généralement des galactanes (polymères de galactose), qui permettent entre autre de résister à l’immersion. En ce qui concerne la phase cristalline des algues, essentiellement fibrillaire et neutre, elle est composée de molécules telles que la cellulose, les xylanes et les mannanes, avec, selon les espèces d’algues, un polymère dominant. Contrairement à la phase cristalline, la composition de la phase amorphe est caractéristique de la nature de l’algue étudiée. Il est aussi à signaler que ces parois regorgent de protéines assurant la protection des thalles, ainsi leur rôle ne se limite pas qu’à garantir le transport d’ions et l’adhésion cellulaire. Cependant la teneur en protéine chez les algues rouges est peu abondante à l’encontre de celle des végétaux supérieurs.
|
Table des matières
INTRODUCTION
Partie I : ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES
I- DONNEES SUCCINCTES SUR LE GENRE EUCHEUMA striatum
I.1- Morphologie externe
I.2- Taxonomie
I.3- Localisation
I.4- Facteurs de croissance
I.5- Névralgie de l’Eucheuma striatum
I.6- Généralité sur les polysaccharides d’algues rouges
I.7- Les Carraghenanes
I.8- Rhéologie – Effet de la structure chimique sur les propriétés physiques
I.9- Facteurs influents de la teneur en carraghénanes – Force de gel
I.10- Protocole classique d’extraction des carraghénanes
I.11- Applications liées aux carraghénanes
II- LA SITUATION DE LA FILIERE ETHANOL A MADAGASCAR
II.1- Epopée
II.2- La filière et l’économie nationale
Partie II : MATERIELS ET METHODES – RESULTATS ET DISCUSSIONS
II.1- Matériels
II.1.1- Echantillonnage
II.1.2- Les Centres d’expérimentation
II.1.3- Matériels expérimentaux
II.2- Méthodes – Résultats et discussions
II.2.1- Techniques d’extractions de carraghénanes
II.2.2- Valorisation du carraghénane : Fabrication de l’alcool gélifié
Partie III : APPROCHE ENVIRONNEMENTALE
I- Evolution de la production mondiale des algues
II- Situation à Madagascar
III- Le projet d’étude environnementale
III.1- Objectifs
III.2- Evaluation des impacts
CONCLUSION