Données épidémiologiques et sociologiques sur les addictions

Les écrans occupent une place considérable dans la vie de chacun et de notre société. Aujourd’hui, 93 % des Français sont équipés d’un téléphone mobile et le triple équipement ordinateur-tablette-smartphone devient la référence (1). Il est désormais impossible de se passer de ces nouvelles technologies, que ce soit dans la vie quotidienne, dans le domaine professionnel ou même dans un registre plus intime. Il est néanmoins apparu, au fil des années, que cette évolution avait des effets délétères suscitant de nombreuses inquiétudes auprès des professionnels de santé. Une des principales questions qui se pose est de savoir si l’utilisation excessive des écrans peut engendrer une véritable addiction comportementale. La définition d’une addiction sans substance ou comportementale a été donnée en 1990 par le psychiatre américain Aviel Goodman dans le British Journal of Addiction. Il s’agit d’une « condition selon laquelle un comportement susceptible de donner du plaisir et de soulager des affects désagréables, donne lieu à des symptômes clés tels que la perte de contrôle répétée et la poursuite de ce comportement malgré ses conséquences négatives (2). » La question des addictions comportementales est au centre des discussions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui propose d’inclure dans sa onzième révision de la classification internationale des maladies (CIM-11) les troubles liés à la pratique des jeux de hasard et d’argent, les troubles liés à l’usage des jeux vidéo et les comportements sexuels compulsifs .

Généralités sur les addictions 

Données épidémiologiques et sociologiques sur les addictions en France

Depuis 1993, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) assure la synthèse des connaissances liées aux substances psychoactives et aux addictions (4). Ses grandes missions sont d’estimer le nombre de consommateurs, de mesurer les différents usages, d’évaluer les conséquences sanitaires et sociales et de rendre compte de la prise en charge des usagers. Cet état des lieux concerne désormais également certains comportements addictifs liés aux addictions sans substances.

Niveaux de consommation des substances psychoactives 

En 2020, les substances licites demeurent les plus consommées dans la population, que ce soit en termes d’expérimentation ou d’usage quotidien . Le tabac s’avère moins expérimenté que l’alcool avec 38 millions versus 47 millions de personnes (5). Le phénomène de la cigarette électronique, apparu quant à lui à la fin des années 2000, a connu une diffusion certaine sans qu’on sache encore actuellement s’il perdurera. Un quart des 18- 75 ans a déjà essayé la cigarette électronique et 3 % sont des vapoteurs quotidiens (6). Parmi les drogues illicites, le cannabis reste de loin la première substance consommée avec 17 millions d’expérimentateurs et environ 1,5 million d’usagers réguliers, soit au moins dix fois au cours du mois (7). La consommation de cocaïne concerne à fréquence d’usage équivalente, dix fois moins de personnes, soit 450 000 usagers dans l’année . Souvent associée dans les représentations aux univers des arts du spectacle, aux espaces festifs ou à la consommation dans un contexte professionnel, réputée pour être consommée par des populations insérées à fort pouvoir d’achat, la cocaïne a vu son cercle d’usagers se diversifier grandement avec l’émergence de la forme base (crack ou free-base). L’expérimentation de produits tels que l’héroïne, les champignons hallucinogènes se révèle bien moindre. Le total des usages dans l’année ne dépasse pas 1 % de la population générale. Les usagers de drogues par voie intraveineuse ou usagers réguliers d’opiacés, cocaïne ou amphétamines, représenteraient 7,5 pour 1 000 habitants âgés de 15 à 64 ans .

Les nouveaux produits de synthèse (NPS) désignent des substances psychoactives qui imitent les structures chimiques et les effets des produits stupéfiants illicites. Ce sont pour la plupart des substances vendues sur internet, voire sur le « dark web » (9). Elles ne sont généralement pas interdites à la consommation au moment où elles apparaissent, puisqu’il faut d’abord qu’elles soient identifiées par les autorités compétentes afin d’être classées comme stupéfiants. Entre 2008 et 2015, 176 nouvelles substances ayant circulé au moins une fois en France sont recensées. Les substances les plus souvent identifiées pour la première fois en France en 2015 sont des cannabinoïdes et des cathinones de synthèse. Leur consommation reste à la marge. Il existe en parallèle dans le milieu festif une utilisation où une frange communautaire est en quête d’augmentation de l’endurance sexuelle. C’est dans ce groupe d’usagers que se rencontrent ceux qui se livrent à la pratique du « slam » qui consiste à s’injecter des cathinones. Ces différentes observations sont à rapprocher des données de terrain recueillies dans le cadre du dispositif TREND (tendances récentes et nouvelles drogues) de l’OFDT .

Il est possible de compléter la description des usages réguliers de produits psychoactifs par une observation de la polyconsommation régulière qui désigne les consommations croisées ou cumulées d’au moins deux usages réguliers d’alcool, de tabac et de cannabis. À travers l’enquête ESCAPAD, la polyconsommation est mesurée par le cumul de consommations régulières (11), ces polyconsommations à l’adolescence préfigurant souvent les problématiques addictives à l’âge adulte (12). En 2014, la polyconsommation régulière d’alcool, de tabac ou de cannabis concerne 12,8 % des adolescents . Le cumul des usages réguliers de tabac et de cannabis est plus répandu (5 %) devançant de peu celui des usagers de tabac et alcool (4,5 %). Parmi les populations les plus usagères de drogues, les polyconsommations sont devenues un modèle dominant .

En 2010, un français sur dix a pris des médicaments psychotropes (anxiolytiques, somnifères ou antidépresseurs). Ces chiffres sont en constante augmentation, passant de 15% à 18 % entre 2005 et 2010 (14). Ces usages se révèlent presque deux fois plus fréquents parmi les femmes, et ce quelle que soit la catégorie de psychotropes .

Le cas des addictions comportementales 

Les addictions comportementales s’expliquent par des mécanismes neurobiologiques et psychologiques similaires aux addictions aux substances psychoactives, mettant en jeu les fonctions du plaisir, de l’évitement de la souffrance et la gestion des sensations et des émotions. La plupart des comportements peuvent être compris comme des processus de recherche des stimuli plaisants ou d’évitement des stimuli douloureux. Les expériences de plaisir naturel comme la nourriture, l’activité sexuelle ou les relations affectives s’appuient sur la construction d’une appétence et d’un désir, puis après la satisfaction du désir, l’arrivée du plaisir permet à l’appétence de décroître et une certaine période de manque est nécessaire avant de retrouver l’intensité précédente du désir. Chez certains individus, la recherche de sensations ou le besoin d’éviter l’ennui et d’apaiser la souffrance et l’anxiété les amènent à recourir à des comportements envahissants à la recherche de la satisfaction : il peut s’agir de la nourriture, du sexe, du sport, des achats, de l’utilisation des écrans et d’internet (26). On peut considérer qu’il y a addiction à un comportement lorsque ce comportement devient un besoin et la façon préférentielle d’obtenir du plaisir ou d’apaiser des tensions et surtout lorsque les conséquences négatives l’emportent sur le plaisir apporté. Les addictions dites « sans substance » sont en grand développement et regroupent de nombreux phénomènes qui ne sont pas encore précisément chiffrés mais les études qui les prennent pour objet se multiplient. Leur champ englobe actuellement les jeux vidéo en ligne, les jeux de hasard et d’argent, le travail, le comportement alimentaire, les achats, l’exercice physique et les activités sexuelles.

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Table des matières

INTRODUCTION
GÉNÉRALITÉS SUR LES ADDICTIONS EN FRANCE
a. Données épidémiologiques et sociologiques sur les addictions
Niveaux de consommation des substances psychoactives
Rappel des dommages sanitaires et sociaux
Le cas des addictions comportementales
Les jeux vidéo en ligne
Les jeux de hasard et d’argent
Le travail
Les troubles du comportement alimentaire
Les achats compulsifs
Le sport
L’activité sexuelle
b. Définitions de l’addiction
Définition de l’addiction selon les critères de Goodman
Définition selon la CIM-10
Définition selon le DSM-5
Le concept 5C de l’addiction
c. Facteurs de risque, de vulnérabilité et de gravité des addictions
Facteurs développementaux
Facteurs comportementaux
Facteurs neurobiologiques
Facteurs génétiques
Facteurs environnementaux
d. Mécanismes neurobiologiques de l’addiction
De l’usage à l’addiction
Fonctionnement neurobiologique d’un sujet addict
Théorie neurobiologique de la pathologie addictive
L’USAGE DES ÉCRANS EN FRANCE
a. Historique du développement des écrans
La télévision, l’écran historique
De l’ordinateur à Internet
Le téléphone mobile puis le smartphone
Les tablettes tactiles, un nouveau mode de consommation d’Internet
Les objets connectés
b. Entre hyperconnexion et multi-équipements, données actuelles
c. De l’utilisation des écrans
D’un usage professionnel
La boite mail
Les moyens d’informations
LinkedIn
À un usage récréatif
Les réseaux sociaux
Les relations amoureuses et la cybersexualité
Les jeux d’argent en ligne
Les achats en ligne
Le binge watching
Les jeux vidéo
d. De l’usage à risque à l’addiction
e. Facteurs prédisposants aux troubles liés à l’usage des écrans
ASPECTS POSITIFS LIÉS À L’USAGE DES ÉCRANS
a. Les évolutions du fonctionnement cérébral face aux écrans
Le concept de Digital Natives
Plasticité cérébrale
b. Effets positifs de l’usage des écrans chez les enfants et les adolescents
Entre 3 ans et 6 ans
Entre 6 ans et 12 ans
A l’adolescence
c. Particularités des jeux vidéo
La réflexion stratégique
Les capacités cognitives
La socialisation
d. Usage des écrans à visée thérapeutique
Apport des écrans dans le traitement des phobies
Apport des jeux vidéo chez les patients atteints de schizophrénie
Les exergames ou serious games
CONSÉQUENCES NÉGATIVES LIÉES À L’USAGE DES ÉCRANS
a. Conséquences somatiques
Impact des écrans sur le fonctionnement cérébral
Sédentarité
Troubles musculo-squelettiques
Dermatoses liées aux téléphones portables, ordinateurs et jeux vidéo
Troubles ophtalmologiques
b. Conséquences psychiques
Effet des écrans sur le sommeil
Troubles cognitifs, manifestations anxieuses et dépressives
Troubles attentionnels
Manifestations anxio-dépressives
Nomophobie
Syndrome de la sonnerie fantôme
Athazagoraphobie digitale
c. Conséquences sociales
Désocialisation
Cyberbashing et cyber harcèlement
Cyber violence
PARTICULARITÉS DE L’USAGE DES ÉCRANS SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT ET DE L’ADOLESCENT
CONCLUSION

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