DOMINATION PATRIARCALE : CAS DES FEMMES

Violence envers la femme

– L’expression «violence à l’égard des femmes » désigne tous les actes de violence dirigés contre les femmes en tant que telles et causant, ou pouvant causer, aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, dans tous les aspects de la vie en société
– L’expression « violence à l’égard des femmes » désigne également tous les actes de violences résultant des intégrismes et obscurantismes culturels, religieux et ethniques.

Différentes formes de violence

                  La violence à l’encontre des femmes se présente sous différentes formes, y compris des formes qui sont particulières à des conditions, pays et régions.
Violence physique Tout contact physique, non désiré et qui n’est pas nécessaire, causant des douleurs physiques, de l’inconfort ou des blessures, la violence physique est très identifiable car pour la plupart visible quand il s’agit de coup et blessures qui peuvent d’ailleurs aller jusqu’à la mort de la victime
Violence psychologique ou émotionnelle Propos dénigrants, humiliations, interdictions, contrôle, menaces, intimidation, … Les agressions psychologiques ne laissent pas de marques sur le corps, mais elles font très mal et peuvent terroriser jamais anodine, cette violence atteint profondément l’estime de soi et la santé des victimes.
Violence sexuelle Humiliations et sévices, contacts sexuels contraints, viol … La violence sexuelle n’est pas rare, c’est la plus cachée des violences, elle atteint la femme dans ce qu’elle a de plus intime. La plupart des victimes ont beaucoup de honte à en parler.
Violence verbale Faire des commentaires négatifs déplacés, embarrassants, offensants, intimidants, menaçants ou dégradants pour la femme. (La traiter de tous les noms, faire des fausses accusations, mentir, dire une chose quand on pense autre chose, etc.)17
Violence économique La violence économique vise à restreindre l’autonomie financière de la partenaire pour mieux la contrôler. Elle s’exerce différemment selon la situation de la victime. Le partenaire va entraver ou supprimer le pouvoir financier de sa compagne si elle est salariée. Sinon, il renforcera sa dépendance en la renforcera sa dépendance en la rationnant ou en la privant de ressources.
Harcèlement criminel Le harcèlement criminel consiste souvent en la répétition, pendant un certain temps, d’actes qui amènent les personnes visées à légitimement craindre pour leur sécurité, mais n’aboutit pas nécessairement à des lésions corporelles.
Violence sociale Tout comportement qui aurait pour conséquence d’isoler ou de détourner une femme de ses amies et amis ou de sa famille. (Contrôler ce qu’elle fait, qui elle voit et à qui elle parle, ne pas faire les messages, la traiter comme une servante, lui faire une scène en public, etc.).
Violence religieuse/spirituelle Toute tactique pour exercer du pouvoir et du contrôle sur la spiritualité d’une femme ou sur sa pratique religieuse. (Se servir de la religion pour justifier la violence ou la domination, se servir de préceptes religieux pour imposer des relations ou obtenir des faveurs sexuelles, etc.)
Utilisation d’un privilège ou du statut social Faire des gestes ou des commentaires qui suggèrent que la femme est un être inférieur parce qu’elle vient d’un milieu socioéconomique différent, se servir de son statut social ou de sa richesse pour cacher ou nier ses comportements violents, se servir de sa richesse pour engager une femme dans des procédures légales coûteuses ou pour manipuler ou prolonger les procédures légales.

La peur de dénoncer

               Cette emprise de la société sur les femmes est amplifiée par les différentes règles de conduite que la femme au foyer doit observer. En aucun cas, elle ne doit pas divulguer ses problèmes conjugaux, même s’il y va de sa vie. Un adage Malgache dit : « Ny tokantrano tsy ahahaka » autrement dit : « on ne raconte pas sa vie familiale ». Fort de cette prescription, l’homme use et abuse dès lors de sa femme. Lors de notre enquête, les 30 femmes ont dit qu’elles n’osent pas dénoncer leur mari violent. Pour nous en rendre compte, nous livrons dans les lignes qui suivent, les témoignages poignants de ces femmes battues.
Témoignage n°1 : Madame R.J., raconte ce qu’elle a subi dans sa vie de couple : « Mon mari est épicier, moi je suis femme au foyer. Je ne sais pas ce qui lui arrive mais, toutes les nuits, il veut que l’on fasse des relations sexuelles. Moi, en pensant que satisfaire les désirs sexuels de mon mari, était mon devoir, d’où, j’ai accepté. Mais avec le temps, ses désirs augmentaient. Il voulait que l’on fasse au moins 3 fois des relations sexuelles durant la nuit. Au début, j’ai encore accepté ; mais après, je me sentais fatiguée, car la journée je suis fatiguée par le travail de ménage et la nuit, fatiguée par les relations sexuelles à plusieurs reprises. J’ai commencé à refuser ; il me demandait si je ne l’aime plus, je lui ai expliqué mais, il n’a pas voulu m’écouter. Je continuais à refuser, je me suis levée du lit, je restais assise sur un tabouret, il s’est levé, m’a tiré par mes cheveux tout en disant : « tu m’appartiens, alors n’essaye pas de refuser » et il m’a forcée !!! Ce calvaire, je l’ai vécu pendant des années durant. Je n’ose en parler à personne, même à mes parents, mes proches, toute ma vie, car je sais d’avance, qu’on va me donner tort si j’ose dénoncer. Alors, je me tais. Des fois, je m’en veux d’être une fille. Mais, comme il en est ainsi, je me résigne sur mon sort ». Ces violences constituent un continuum dans la vie des femmes. Ce continuum de violence est en fait autant d’outils de la domination masculine. Cette domination, aussi appelée patriarcat, constitue l’ensemble des structures formelles ou informelles et des personnes ayant autorité dans ces structures qui concourent à l’oppression spécifique des femmes. Le patriarcat fait en sorte que, nous vivons dans une société, dans laquelle les hommes détiennent davantage de pouvoir que les femmes, et dans laquelle, les femmes sont désavantagées du fait d’être femmes. Cette iniquité du pouvoir, tant symbolique que monétaire ou politique, rend les femmes vulnérables à de nombreuses formes de violence, comme la violence conjugale, le viol, l’exploitation sexuelle. Ces diverses formes de violence permettent au système patriarcal de se maintenir parce qu’elles empêchent les femmes d’occuper pleinement la place publique, d’avoir autant de pouvoir économique que les hommes et de jouir de la même liberté d’action et de parole. La violence envers les femmes devient alors l’expression tragique des inégalités entre les femmes et les hommes : le pouvoir et le contrôle des hommes sur les femmes sont encore trop présents dans notre société. Les femmes étant considérées inférieures aux hommes, la violence tant physique que psychologique, devient la concrétisation des relations inégalitaires sociales. Fondamentalement, dans la relation d’emprise qu’il instaure dans son couple, l’homme, auteur de violence traite sa femme comme un objet, son objet, à qui il dénie tout droit à la différence et à l’autonomie. Son but est de la contrôler totalement et tout écart est immédiatement sanctionné. L’ascendant qu’il exerce sur elle, relève d’une véritable fascination, et on a l’impression qu’elle se pétrifie un peu plus à chaque violence jusqu’à perdre toute capacité de réaction et donc de décision, (cf. tableau n°12, aucune liberté n’est accordée à la femme). Bien que l’un des 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement soit de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Ce souhait risque d’être un vœu pieux sans lendemain, si l’on se réfère à notre enquête. D’où, notre première hypothèse n’est pas valide.

La violence doit sortir par la porte du conflit

              Dans la vie, peu importe la classe sociale, on a toujours des problèmes à résoudre avec son entourage. Des fois, il arrive que l’on se fâche avec nous-même. Nous trouvons cela normal. Dans une autre situation où, nous sommes avec quelqu’un, qui n’a pas les mêmes caractères que soi, le même cadre de référence, tellement différent de nous : il est fort croyable que des problèmes surgiront. S’agissant du couple homme/femme : à quel point pouvons-nous affirmer que la femme ou l’homme subit une violence si, les gémissements, les plaintes, les chicanes, sont assimilés à de la violence ? Peut- être que, c’est juste un malentendu, un saut d’humeur de part et d’autre ? Prenons l’exemple suivant comme illustration:
Exemple : Un couple s’exprime et perçoit les choses de façon différente. Il se peut que les deux conjoints aient des idées, des points de vue diamétralement opposés sur un domaine particulier (éducation de leurs enfants par exemple) et se disputent. Dans les conflits, il existe un dialogue, même s’il y a une montée de la voix de temps en temps, qui ponctue la discussion entre le couple, pour essayer de trouver un terrain d’entente. Mais, affirmons bien que, les deux se contrôlent bien, et n’aboutissent pas à des paroles blessantes ou à des insultes, humiliations, coups physiques, etc. Mais, dans tous les cas, le différend se résout toujours et assez souvent, après ce rude pugilat verbal… dans le lit conjugal ! On est ici en présence de conflit. Par contre, si dans une vie de couple, les conjoints n’ont aucun échange de paroles. Si uniquement, c’est l’homme qui prend toutes les décisions, toutes les initiatives. C’est lui l’acteur qui tient le beau rôle, et la femme condamnée à écouter, à accepter, à obéir ce qu’ordonne le conjoint. Moyennant des insultes, des invectives, des humiliations, des gifles, des coups de poings et de pieds, etc. Là c’est de la violence. Résumons-nous : La violence est toujours négative, parce qu’elle est destructive pour les deux parties en conflit, et éloigne la possibilité d’un accord. De plus, la violence est destructive à la fois dans le présent et pour l’avenir (cf. tableaux n°2 ; n°3 ; n°4 et n°12). Le conflit, au sens de l’opposition de positions, peut se résoudre si les 2 parties se font des concessions réciproques ou trouvent une 3e voie créative. C’est cette voie que les différentes associations qui œuvrent pour accompagner les couples en difficultés sur le plan conjugal, empruntent pour atténuer le problème.

La femme et ses enfants

              On sait tous qu’être enceinte, aussi bien qu’accoucher, ne sont pas des situations faciles pour la femme. C’est déjà une preuve d’amour pour la femme de donner naissance à son enfant car, elle aurait pu se faire avorter, si elle n’avait pas ressenti un amour maternel. Puis, quand l’enfant est né, la mère, toute attentionnée, l’allaite jour et nuit, pendant un certain temps, assez long, pour que bébé survive. Elle lui donne à manger. Elle l’apprend à marcher, à parler, à se comporter comme il se doit, à avoir de bonnes manières…Car le premier devoir de la femme reste l’éducation de ses enfants. La mère prend soin de ses enfants plus que quiconque ne pourra faire, car comme le disait Claire Elisabeth de Vergennes dans « Essai sur l’éducation des femmes »(1824) : « Une mère ne regrette jamais les soins ni les peines que son enfant lui a coûté ». La femme, en tant que mère, est la première institutrice de ses enfants, ils imitent ce que fait la mère. Ce que la mère a appris à ses enfants, ces derniers les porteront toute leur vie, car comme on dit souvent « l’avenir d ‘un enfant est l’œuvre de sa mère. » La femme est à la fois une mère pour ses enfants, mais également, une bonne amie. On peut tout lui raconter, elle ne nous tournera jamais le dos quand on a des problèmes. Certes, il se peut que la mère punisse ses enfants. Mais retenons toujours que c’est pour le bien de ses enfants qu’elle fait cela, pour que l’enfant ne répète plus la même erreur. Une chanson Malagasy dit: « (…) Na olona aza i dada; nefa izao no mahagaga: hafa ihany i mama (…) », autrement dit « bien que papa soit une personne, ce qui étonne: c’est que maman reste toujours notre préférée ». La douceur angélique de la mère, n’a d’égale que son amour infini pour ses enfants. Bref, nul ne peut remplacer une mère.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Généralités
Motif du choix du thème et du terrain
Choix du thème
Choix du terrain
La question de départ
Hypothèses
Objectif global
Objectif spécifique
Limites de la recherche
Plan du mémoire
PREMIERE PARTIE CADRAGE GENERAL DE LA RECHERCHE
Chapitre I : Monographie de la commune
I.1. Cartographie de la Commune
I.2.Positionnement géographique
I.3.Structure de la Commune :
I.4. Historique de la Commune
I.5.Ressources naturelles
Chapitre II : Repère théorico- conceptuels
II.1.Apports de sociologie durkheimienne
II.1.1.La solidarité mécanique
II.1.2.La solidarité organique
II.2.La socialisation
II.2.1.Emile Durkheim et la socialisation
II.2.2.Selon Guy Rocher
II.2.3.Ce qu’il faut retenir
II.2.4.Les clichés
Chapitre III : Méthodologie de recherche
III.1. La visite exploratoire
III.1.1La visite de lieu
III.1.2L’entretien exploratoire
III.2. La revue documentaire
III.3. L’échantillonnage
III.3.1La population cible
III.3.2La taille de l’échantillon
III.4. La collecte des données
III.4.1La méthode d’approche
III.4.2Le questionnaire
III.4.3Le guide d’entretien
III.5. L’exploitation des données
III.6.Définition des concepts
DEUXIEME PARTIE Facteurs favorisans la violence envers les femmes
Chapitre IV Constat de la violence subie par la femme
IV.1. Exposition de la femme à l’agression
IV.1.1Situation de la femme
IV.1.2Caractère sociodémographique
Chapitre V Le poids de la différence en dotation de capital culturel et conséquences économiques
V.1.Cas concret des 30 victimes
V.1.1. Niveau d’études
V.1.2. Catégorie socioprofessionnelle
V.1.3. Facteurs favorisant la violence
Chapitre VI La structure sociale malgache
TROISIEME PARTIE APPROCHE PROSPECTIVE
Chapitre VII Analyse et commentaires
VII.1.La violence doit sortir par la porte du conflit
VII.2.Aperçu psychosociologique
VII.2.1.La femme sous emprise
VII.2.2.La femme soumise
VII.3.La femme et la société
1La femme et son foyer
2La femme et son mari
3La femme et ses enfants
4L’avenir de la femme
Chapitre VIII Les solutions externes
VIII.1. Des lois plus justes
VIII.2.Applications des lois
VIII.3.Eduquer et sensibiliser
VIII.4. Construire des partenaires
VIII.5. Faire preuve de volonté politique
VIII.6. Cadre institutionnel solide
Chapitre IX Suggestions personnelles et apports du stage
IX.1. Instaurer la discrimination positive
IX.1.1Renforcer les mesures pénales
IX.1.2Rôle des travailleurs sociaux
IX.2. Les apports du stage
IX.2.1. Les connaissances et le savoir
IX.2.2.La compétence nouvelle acquise
IX.2.3.L’acquisition personnelle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
RESUME

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