Diversification des activités de pêche

Restructuration en gestion de ressources humaines

                   Retenir les employés est une des attentes dans la diversification des activités de pêche. L’entreprise est un système perméable, sensible aux évolutions de son environnement. S’adapter aux changements sociaux, économiques ou juridiques constitue pour elle une obligation pour demeurer compétitive et assurer le développement pérenne de ses activités. Cette nécessité passe parfois par une ou plusieurs restructurations au cours de la vie de l’entreprise, soit pour faire face à une situation de croissance imposant une optimisation des moyens de l’entreprise, soit pour faire face ou devancer une situation de détresse financière. Résultant d’une réaction ou d’une anticipation, les conséquences en termes de volume d’emploi au niveau de l’entreprise est parfois négative. Selon ROSIER (2003), les crises « classiques » se caractérisent par une contraction brutale de la production, une chute des prix, des faillites nombreuses, des tensions sociales, une montée du chômage et un recul du salaire. Les opérations de restructuration au niveau d’une entreprise vont alors consister à abandonner les activités les moins rentables et à réduire les coûts des activités conservées, en particulier les coûts de main d’œuvre.

Pérennisation financière de l’entreprise

                      Néanmoins, des explications peuvent être apportées grâce aux informations obtenues des rapports de l’O.E.F.C. et des entretiens avec les cadres supérieurs de la société (Directeur Général, Directrice Commerciale). Dans tous les scénarios, les coûts variables sont dominés principalement par les carburants. Ces derniers sont en totalité importés. Et, une forte corrélation est remarquée entre les dépenses en carburants et lubrifiants par jour de pêche et les prix du baril OPEP du pétrole (coefficient de corrélation=0,96). Ces dépenses de carburants augmentent, quant à elles, plus que proportionnellement par rapport au prix du baril OPEP (Annexe n°4). Le fret avion prime sur les coûts variables aussi bien pour les importations que les exportations. Pour le marché européen, La Réunion est le seul pays de destination du cargo d’Air Madagascar avec un fret de 1,5 Euro/kg poids net sur 800 km de distance. Dix fois plus loin, environs 8000 km de distance, le fret du cargo Air France est de 3 Euro/kg poids net pour Tanà–Paris. La capitale française représente un marché potentiel des produits halieutiques malgaches surtout les crevettes. Le prix moyen des crevettes est à 6 Euro/kg (O.E.F.C., 2011a). En termes de coût unitaire, la dépense sur le fret avion représente donc la moitié du prix de vente des crevettes. Ici, les autres coûts tels les emballages importés de l’île Maurice et le carburant ne sont pas encore pris en compte. Cette réalité fait des crevettes malgaches des produits « à haute valeur unitaire » mais à faible marge bénéficiaire. Dans la situation avec la diversification, la société REFRIGEPECHE-Est importe des appâts de la Chine. C’est un coût variable supplémentaire. La société a aussi fait l’acquisition de dix petits bateaux glaciers. Cela engendre un coût fixe supplémentaire sur les amortissements du nouvel armement. Cependant, la même structure terrestre est tenue à la fois pour l’exploitation crevettière que des autres espèces cibles. Donc, la société fait des économies d’échelle et d’envergure sur les charges de structure terrestres. Le coût unitaire diminue. Les résultats nets d’exploitation affichés par la sous filière pêche industrielle sont négatifs depuis 2005 (Annexe n°4). En effet, le chiffre d’affaires est affecté par la fluctuation du prix à l’export des crevettes. Ce chiffre d’affaires augmente moins que proportionnellement à la production (Annexe n°4). D’autre part, REFRIGEPECHE-Est a développé son propre réseau de commercialisation de poissons congelés (M.A.E.P., 2004). RANDRIARILALA et al (2008) ont apprécié quant à eux les efforts remarquables consentis par l’entreprise pour la commercialisation des captures accessoires. Actuellement, il y a neuf poissonneries « REFRIGEPECHE » dont six à Tamatave, un à Moramanga, deux à Antsirabe. Deux nouvelles poissonneries vont bientôt s’ouvrir dans les quartiers populaires d’Antsirabe. Dans le cadre de la situation avec la diversification, l’exploitation de gros pélagiques et de poissons de fond est plus profitable que celle des crevettes. En effet, les chalutiers ont des moteurs de 400 CV contre 200 CV pour les palangriers et les longliners. De plus, RAZAFINDRALAMBO (1983) a déjà rapporté que plus le chalutier est puissant, plus il occasionne des frais supplémentaires. Le chalutage est une technique de pêche active par opposition aux palangres et longlines qui sont passives. Il est clair alors que la cinématique des palangriers et longliners consomme moins de carburant. En outre, ces nouvelles espèces cibles se vendent à plus de 6 Euro/kg sur le marché européen. En bref, la diversification des activités halieutiques pérennise la finance des entreprises de pêche crevettière. La répartition de la couverture des charges à travers les exploitations de poissons pélagiques et démersaux allège les déficits dans l’exploitation crevettière. Toutefois la pêche de ces nouvelles espèces cibles entraîne des coûts supplémentaires. Le volume exact de ces coûts est encore méconnu. Dans une projection dans le moyen et le long terme, l’entreprise peut mais pas forcément abandonner les activités moins rentables.

Rentabilité de la diversification

                L’extension de la période de pêche sur quelques mois de plus au-delà des périodes de production maximale (Figure n°19) n’est pas entièrement rejettée par la théorie de CLOAREC (1961). Ce dernier affirme qu’il est nécessaire de savoir l’intérêt de poursuivre ou d’interrompre l’exploitation du navire dans les périodes de crise. La continuation de l’activité engendre une perte et l’interruption ne supprime pas toute dépense. Il faut faire le gardiennage du bateau au quai et effectuer un minimum d’entretiens pour conserver sa valeur d’utilisation. Entre ces deux points de vue existe un troisième. La dichotomie est contournée par le déploiement de différentes techniques de pêche (engins, espèces ciblées) effectuées à bord d’un même navire. ROCHETEAU a réalisé en 2007 un état des lieux des pêcheries de crevettes grises dans la région littorale de la rade de Lorient à la pointe St Gildas, plus particulièrement dans les estuaires de la Loire et de la Vilaine. Il a remarqué une saisonnalité dans ces pêcheries. Différents métiers sont articulés au cours de l’année. Pour les pêcheurs de Vilaine, la crevette grise constitue un élément clé dans les stratégies annuelles. Elle intervient à la fin de la saison de la civelle et en alternance avec d’autres métiers comme la drague. En estuaire de Loire, la crevette grise ciblée par certains pêcheurs de manière précise, et sur une durée longue. En plus d’intégrer des stratégies de pêche variées, le métier de crevettier a donc aussi une place de métier principal, particulièrement lorsqu’il est en association avec la civelle. Quatre ans plus tard, WALSH et WINGER (2011) ont réalisé quelques analyses économiques sur la flotte palangrière pratiquant la pêche à la senne de fond au Canada. Ils affirment que les navires capables d’employer plus d’une technique de pêche tirent profit du caractère saisonnier des pêches de pélagiques, de poissons de fond, de mollusques et de crustacées. Ils estiment aussi que la construction de bateaux polyvalents capables de pêcher à divers engins de pêche est une solution viable si le retour sur l’investissement est accru. Selon WALSH et WINGER (2011), cette viabilité est obtenue grâce à une baisse des coûts. Il s’agit notamment du coût du carburant, de l’exploitation et de l’entretien. La conjugaison dudit allègement des charges à une plus grande valeur marchande des débarquements et à l’accès à d’autres stocks de poisson améliore favorablement cette viabilité. D’autre part, MOREAU (2004) avertit sur l’existence de « Déséconomie d’échelle ». C’est une éventualité qui peut se présenter dans le cadre de la diversification des activités halieutiques. Celle-ci peut se rencontrer lorsqu’il existe des indivisibilités de facteurs de production ou bien des inefficiences organisationnelles. En effet, l’achat de la moitié d’un bateau ne peut se faire même si celui-ci n’est appelé à servir que la moitié de la saison. Le code de travail ne permet pas d’employer un salarié pour n’importe quelle durée de travail hebdomadaire sauf dans des cas particuliers. HYMER (1968) démontre l’influence de l’organisation dans ses résultats d’analyse des raisons qui poussent à l’intégration internationale des affaires. Il a remarqué le surcroît des charges supportées pour diriger et coordonner des unités nombreuses à mesure que l’entreprise se développe. Cette dernière atteint sa dimension optimale quand les avantages marginaux d’échelle commencent à être dépassés par le coût marginal d’administration.

Acceptabilité de la diversification

                      Pour les 80 marins palangriers et longliners, la professionnalisation au métier n’est pas facile. L’apprentissage est impératif. En effet, des responsables de l’entreprise ont affirmé que la formation des employés et le changement des navires s’inscrivent dans l’adoption des nouvelles activités (RAVALOMANANA, 2009). Mais la formation académique de marins subalternes est encore inexistante à Madagascar. La reconversion des 70 marins chalutiers au chômage pose un problème. A l’échelle mondiale, de millions de travailleurs du secteur doivent aussi se reconvertir (S.I.N.U., 2010). Les raisons sont les mêmes qu’à Madagascar. En effet, le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), STEINER a rapporté que les pêcheries du monde entier sont pillées ou exploitées à un rythme insoutenable (S.I.N.U., 2010). A ce rythme, l’ensemble des entreprises de pêche dans le monde vont mettre la clé sous la porte d’ici 2050 si aucune action n’est prise (PNUE, 2011). Les travailleurs du secteur vont alors être à la quête de nouveaux emplois dans d’autres secteurs. Les marins, en particulier les subalternes, sont en permanence en situation d’instabilité dans leur métier. Ils peuvent se trouver sans emploi d’un moment à l’autre vu leurs contrats de travail de courte durée. Malgré cette instabilité, certains pêcheurs traditionnels sont parfois reconnus obstinés par le culte de l’argent facile et l’ostentation (TOVOSITRAKASOAMAHAFALY, 2007 – RAZANAKOTO, 2008). Etant donné que la plupart des marins palangriers et longliners sont des ex-piroguiers, le problème se pose. En cas de rupture de contrat, l’insouciance aux questions d’épargne leur prive de fonds pour se lancer dans d’autres activités génératrices de revenus.

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Table des matières

RESUME
ABSTRACT
REMERCIEMENTS
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ANNEXES
GLOSSAIRE
ACRONYMES
I- Introduction
II- Etat des connaissances sur la diversification des activités de pêche
II-1- Contexte et définition
II-2- Typologie
II-3- Impacts des diverses techniques de pêche
II-3-1- Chalutage des crevettes
II-3-2- Pêche des gros pélagiques à la palangre horizontale
II-3-3- Pêche des poissons de fond à la palangre
II-4- Attentes de la diversification des activités de pêche
II-4-1- Economies d’échelle
II-4-2- Economies d’envergure ou de gamme
II-4-3- Effets d’apprentissage
II-4-4- Restructuration en gestion de ressources humaines
II-5- Synthèse sur le cas d’étude
III- Matériels et méthodes
III-1- Matériels
III-1-1- Matériels animaux
III-1-1-1- Crevettes
III-1-1-2- Gros pélagiques
III-1-1-3- Poissons de fond
III-1-2- Armement
III-1-2-1- Engins de pêche
a- Chalut
b- Longline
c- Palangre de fond
III-1-2-2- Navires de pêche
a- Bateaux congélateurs
b- Bateaux glaciers
III-1-3- Personnel
III-1-4- Matériels de collecte de données
III-1-5- Matériels informatiques
III-2- Méthodes
III-2-1- Enoncé de la problématique, des hypothèses et du cadre opératoire
III-2-2- Indicateurs
III-2-3- Méthodes de collecte des données
III-2-3-1- Données restreintes et confidentialité
III-2-3-2- Données secondaires
III-2-3-3- Entretiens
III-2-3-4- Observations directes
III-2-4- Traitement et analyse des données
III-2-5- Choix de l’organisme d’accueil et la zone d’étude
IV- Résultats
IV-1- Pérennisation financière de l’entreprise
IV-2- Optimisation de l’exploitation des ressources
IV-3- Repêchage des chômeurs et nouvelles recrues
V- Discussions et recommandations
V-1- Rentabilité de la diversification
V-2- Valeur de conservation de la diversification
V-3- Acceptabilité de la diversification
V-4- Perspectives
V-5- Facteurs de blocage
V-6- Recommandations
VI- Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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