Distance et relation en psychomotricité

L’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) 

Pour ma dernière année d’études, j’effectue un stage dans un HIA. A ce jour, il en existe huit en France. Historiquement, le Service de Santé des Armées (SSA) avait vocation à soutenir les forces armées, notamment en opération, sur un plan médical. Son activité s’est ensuite étendue à chaque personne relevant du système de la sécurité sociale. Malgré ces évolutions, le soutien des armées reste la mission prioritaire du SSA. Tout « personnel de la Défense ayant contracté une blessure ou une maladie à l’occasion du service » sera pris en soin en priorité.

Entrée dans l’unité de psychiatrie

Mon stage se déroule au sein du service de psychiatrie générale, accessible aux adultes de plus de seize ans. Il détient un agrément en addictologie et sa spécificité d’action s’étend au registre des troubles psycho-traumatiques. Du fait de l’accueil prioritaire des personnels militaires, la population reçue est majoritairement masculine. Le séjour dans le service varie d’une semaine à trois mois maximum, à plein temps. En consultation ambulatoire, la prise en soin s’étale davantage dans le temps. Dans ce service, il est question de soins psychiatriques libres. D’après l’article de loi L3211-2 (5 Juillet 2011), ceux-ci s’adressent à « une personne faisant l’objet de soins psychiatriques avec son consentement pour des troubles mentaux » . Ils ne peuvent donc s’accompagner d’aucune mesure de contrainte. Pour que l’hospitalisation puisse avoir lieu et perdurer, il est attendu une adhésion et une participation du patient à son projet de soins.

Le service accueille les urgences psychiatriques et prend en soin des troubles psychiatriques aiguës. Les troubles dont souffrent les patients sont compatibles avec une hospitalisation en milieu ouvert.

L’organisation spatiale du lieu 

L’entrée du service débouche sur un vaste espace : la salle d’attente. Elle ouvre sur deux couloirs. L’un mène vers les bureaux administratifs et ceux des médecins psychiatres. L’autre donne sur le lieu de vie temporaire des patients. Dans ce dernier, en forme de U, se suivent les portes d’entrée des chambres. A l’entrée du couloir se trouve le bureau « administratif » de la psychomotricienne. L’autre extrémité donne sur le salon-salle à manger. Les patients y prennent leurs repas, se détendent devant la télé, lisent un livre ou partagent un temps de jeu de société. Entre ces deux pôles, la salle des infirmiers où chaque patient peut solliciter l’équipe. Quelques fauteuils installés devant la porte invitent ceux qui le souhaitent à s’y installer. Entre l’aile des médecins et celle réservée aux patients se situent encore d’autres salles. Il y a d’une part les salles de loisirs, parfois utilisées à des fins thérapeutiques. Deux salles sont concernées : la salle de musique, dans laquelle est laissée à disposition une grande variété d’instruments, et la salle de sport avec une table de ping-pong et quelques autres matériels. Il y a, d’autre part, les salles de pratique thérapeutique. Celle d’ergothérapie regorge de matériaux utiles à la réalisation de travaux plastiques des patients. La salle de psychomotricité est, quant à elle, vaste et épurée, laissant de la place à la pratique corporelle.

La vie du service

Le service compte vingt chambres individuelles. Le personnel soignant – infirmiers et aides-soignants – rythme les journées des patients en assurant les soins, la prise de médicaments et les repas. Selon sa disponibilité, il propose des activités : cuisine, chant, sport, marches à l’extérieur ou encore jeux de société. Chacun est libre de participer ou non à ces ateliers. Des temps sont aussi accordés individuellement aux patients qui ressentent le besoin de parler.

La prise en soin est pluridisciplinaire. Huit psychiatres interviennent dans le service et sont les premiers à prendre contact avec les patients. Ce sont les seuls garants des prescriptions des soins médicamenteux et non médicamenteux. S’ajoutent deux psychologues et une stagiaire ainsi qu’une ergothérapeute, une psychomotricienne et moimême. Mis à part les stagiaires, elles travaillent toutes en temps pleins sur l’hôpital. Une musicothérapeute intervient également. Elle propose un atelier autour du son une fois par semaine. L’équipe paramédicale est supervisée par une cadre de service. Une assistante sociale complète l’équipe.

Les Réunions de Concertation pluridisciplinaires (RCP) 

Les RCP ont lieu chaque jeudi matin, de 9 heures à 11 heures. L’ensemble des professionnels et stagiaires y assistent. Ils ajustent les projets thérapeutiques selon les retours des différents professionnels sur l’état des patients. L’organisation du service est aussi passée en revue. La musicothérapeute étant présente ce jour, la réunion débute par l’évocation des patients susceptibles de vouloir et pouvoir participer à son atelier. Ensuite, la chef de service fait part des informations importantes de tout ordre, relatives au service. Puis, les infirmiers exposent la liste des patients dont ils souhaitent parler spécifiquement. Leurs choix sont motivés par un problème survenu dans le service, la dégradation de l’état de santé psychique du patient ou tout autre questionnement. La présentation de chaque patient comporte une courte anamnèse qui permet aux professionnels de contextualiser l’hospitalisation et d’en saisir les enjeux thérapeutiques. Ils peuvent alors apporter des éclairages pertinents sur les difficultés soulevés. Ces réunions ont pour but de laisser libre l’expression de tous. Se constitue ainsi, au cours des échanges, un tableau clinique complet, au plus près de la réalité du patient.

La psychomotricité dans le service 

La salle de psychomotricité 

Face à l’entrée de la salle sont disposés quelques sièges tenant lieu de salle d’attente. Une fois passée la porte, sur la gauche, nous voyons dans un coin des fenêtres opaques donnant sur le couloir. Que le ciel soit bleu et lumineux ou gris et sombre, la lumière artificielle est constamment allumée. Aux néons du plafond est préféré un lampadaire, créant une atmosphère plus chaleureuse. Dans ce coin, trois fauteuils sont disposés en triangle. L’un est destiné à la psychomotricienne, un autre au patient et le dernier revient au stagiaire. Une banquette est placée à côté et sert couramment de support aux effets personnels des patients. Dans son prolongement, quelques couvertures sont posées au sol et dans le coin suivant est installé un poste de musique. Sur le mur perpendiculaire – face à l’entrée, donc – sont disposés deux tapis où s’allongent parfois les patients. Le reste du matériel est disposé le long du quatrième mur. On y trouve des gros ballons de diamètres variés, des balles, des bâtons en plastique de couleurs et de tailles différentes, des tabourets, etc. Dans le dernier coin – celui menant à la porte d’entrée – préside un quatrième fauteuil. Il sert à la personne observatrice. J’y ai donc passé du temps à mes débuts ici. Enfin, au centre de la pièce, un large espace reste disponible pour la pratique.

La place de la psychomotricité à l’hôpital et dans le service 

Dans l’hôpital, trois psychomotriciennes et une alternante sont réparties dans trois spécialités médicales : neurologie, Médecine Physique et Réadaptation (MPR) et psychiatrie. La psychomotricienne du service de psychiatrie est présente depuis dix-sept ans. Adoptant une orientation psychodynamique, elle a développé une vision intégrative du soin psychomoteur. Aujourd’hui, son point du vue est considéré voire recherché par les autres professionnels. Par son approche corporelle des troubles, elle participe à l’orientation du diagnostic des patients. Les psychiatres font facilement des prescriptions pour des séances de psychomotricité, considérées comme un soin à part entière.

L’espace physique réservé à la psychomotricité est aussi un indicateur de la manière dont cette pratique est investie. Une grande salle et un bureau sont mis à disposition comme une reconnaissance de son importance. Toutefois, son emplacement peut poser question. L’espace de pratique psychomotrice est excentré. Ni dans l’un, ni dans l’autre, il est à la frontière des deux sphères. Il s’agit d’un lieu de passage, de transition. Comme si cette pratique servait de relais. Si nous voulons rencontrer ou simplement croiser les équipes nous devons effectuer des détours. Dans le cas où nous décidons de ne pas faire cet effort, les liens ne se font pas hors réunions.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 : IMMERSION DANS LA CLINIQUE
A. PRESENTATION DE LA STRUCTURE
1. L’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA)
2. Entrée dans l’unité de psychiatrie
3. L’organisation spatiale du lieu
4. La vie du service
5. Les Réunions de Concertation pluridisciplinaires (RCP)
B. LA PSYCHOMOTRICITE DANS LE SERVICE
1. La salle de psychomotricité
2. La place de la psychomotricité à l’hôpital et dans le service
3. Le cadre des séances
a. La structure de l’évaluation psychomotrice
b. La structure des séances de psychomotricité
C. HALTE LA, PAS SI PRES !
1. Présentation de M. F
2. Histoire de la maladie
a. Le traumatisme psychique
b. Autres antécédents médicaux-socio importants
3. L’accompagnement en psychomotricité
a. L’évaluation psychomotrice de M. F
b. Une première rencontre surprenante
c. En conclusion
4. Penser le suivi en psychomotricité
a. Le projet thérapeutique
b. Les médiations pensées pour y répondre
5. Que s’est-il passé en séance ?
a. Renouer avec soi et ses sensations psychocorporelles
b. Tonus, régule-toi !
c. Pas trop près s’il vous plait : la distance relationnelle
6. Conclusion
D. A LA RECHERCHE DU CONTACT
1. Présentation de M. C
2. Histoire de la maladie
a. Le traumatisme physique
b. Le traumatisme psychique
c. Autres antécédents médicaux-sociaux
3. L’accompagnement en psychomotricité de M. C
a. Première rencontre et évaluation
b. En conclusion
4. A la recherche de la juste distance
5. Penser le suivi en psychomotricité
a. Projet thérapeutique
b. Médiations
6. Compte-rendu de l’unique séance de M. C
a. La discussion
b. La pratique
c. La verbalisation
7. L’évolution de M. C. dans la prise en soin en psychomotricité
E. EN CONCLUSION
PARTIE 2 : L’ESPT ET SES REPERCUSSIONS SUR LA SPHERE PSYCHOMOTRICE
A. POINT THEORIQUE SUR L’ESPT
1. Un peu d’histoire
a. Définition
b. De la névrose traumatique à l’Etat de Stress Post-Traumatique
2. DSM et évolution de l’ESPT
a. Qu’est-ce que le DSM ?
b. L’ESPT dans le DSM
3. L’événement traumatique
4. Courants de pensée
a. Psychodynamique
b. Thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
c. Neurobiologique
B. EN CONCLUSION
C. L’EMERGENCE DE LA SECURITE D’ETRE SOI ET D’ETRE AU MONDE
1. Wilfried R. BION : comprends moi et je comprendrai le monde
2. Donald W. WINNICOTT : se sentir exister
3. Didier Anzieu : la notion d’enveloppe psychique
a. Qu’est-ce que le Moi-peau
b. Les fonctions du Moi-peau
4. François LEBIGOT : le traumatisme psychique et l’effraction
D. L’ETRE PSYCHOMOTEUR ET L’ESPT
1. La perception du corps
a. La conscience corporelle
b. Le schéma corporel
c. L’image corporelle
2. La régulation tonique
3. La dimension temporelle
4. La dimension spatiale
E. EN CONCLUSION
PARTIE 3 : DISTANCE ET RELATION EN PSYCHOMOTRICITE
A. ESPACE, DISTANCE ET RELATION
1. La culture dans la gestion spatiale des relations
a. Ce qu’en pense Edward T. HALL
b. Armée et adaptation de la distance relationnelle de M. F
2. Les distances interpersonnelles selon Edward T. HALL
a. Les quatre distances relationnelles
b. L’espace personnel : la kinesphère de Rudolf LABAN
c. MM. F. et C., et la mise à distance
B. LA DISTANCE DANS LE SOIN : DE LA DISTANCE THERAPEUTIQUE A LA DISTANCE EN THERAPIE PSYCHOMOTRICE
1. La distance thérapeutique selon Salomon NASIELSKI
2. Distance et relation en thérapie psychomotrice avec des sujets atteints d’ESPT
a. L’instauration d’une relation thérapeutique
b. La gestion de la distance en thérapie psychomotrice
C. CREER UN LIEN, AVEC L’AUTRE AVEC SOI : LE CORPS EN RELATION
1. L’importance de l’intégration d’un contenant psychocorporel pour les patients atteints d’ESPT
2. Le toucher contenant dans la relation psychomotrice
3. Le toucher et l’ESPT, qu’en est-il ?
a. Quand toucher un patient n’est pas envisageable
b. La distance et le toucher en psychomotricité avec M. F
c. L’exception qui confirme la règle
D. DU LIEN A SOI AU LIEN A L’AUTRE
1. La rupture des liens dans l’ESPT
2. Les ruptures induites par l’ESPT chez MM. F. et C
3. Faire du corps un allié
a. La conscience corporelle en psychomotricité
b. Qu’en est-il de la perception des sensations de M. C. ?
c. M. F. et la conscience du corps
4. La considération de l’autre en séance de psychomotricité
a. L’investissement de la relation par M. C
b. M. F. dans la relation à l’autre
CONCLUSION

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