Dispositifs de mesures ultrasonores sous Haute Pression
Deux grandes familles de dispositifs gรฉnรฉrateurs de pression se dรฉgagent dโemblรฉe : la cellule ร enclume de diamant qui permets lโรฉtude jusquโร des pressions considรฉrables (plusieurs centaines de GPa, autrement dit des pressions de l’ordre de celle rรฉgnant au centre de la Terre) dโรฉchantillons de taille micromรฉtrique, et les presses dites โgros volumeโ qui pressurisent des รฉchantillons de quelques mm3 ร quelques cm3 , mais ne permettent d’atteindre au mieux ยซย queย ยป des pressions de quelques dizaines de GPa. Ces deux types dโappareillages diffรจrent donc principalement par la gamme de pression et le volume expรฉrimental, mais aussi par le milieu transmetteur de pression utilisรฉ : essentiellement solide pour les presses gros volume, ce qui implique gรฉnรฉralement des contraintes uni-axiales dont il faut tenir compte lors de lโanalyse des donnรฉes [25]. A lโinverse le milieu transmetteur de pression dans les cellules ร enclume de diamant est souvent liquide, du moins ร pression modรฉrรฉe, ce qui permet une compression hydrostatique de lโรฉchantillon. Cette hydrostaticitรฉ disparaรฎt cependant ร haute pression lors de la transition liquidesolide du milieu transmetteur (la solidification du mรฉlange รฉthanol mรฉthanol autour de 10 GPa ร tempรฉrature ambiante en est lโexemple classique).
La cellule ร enclume de diamant
La cellule ร enclume de diamant (CED) est le dispositif le plus utilisรฉ pour atteindre de trรจs hautes pressions (de plusieurs dizaines ร plusieurs centaines de GPa). Initialement conรงue par Weir et al [1], ce dispositif est composรฉ de deux diamants รฉpointรฉs en vis ร vis. Lโun des diamants est fixรฉ au bรขti de la cellule, lโautre subit, sur le piston, une force appliquรฉe par diverses mรฉthodes ร partir dโune membrane dรฉformรฉe par une pression de gaz dans le cas des cellules conรงues au laboratoire. Un joint mรฉtallique percรฉ en son centre est placรฉ entre les deux diamants. Le volume expรฉrimental formรฉ par ce trou et la face de compression des diamants permet le positionnement de lโรฉchantillon, dโune jauge de pression et du milieu transmetteur de pression. Celui-ci est gรฉnรฉralement gazeux (gaz rares) ou liquide (mรฉlange รฉthanol mรฉthanol, huile siliconรฉe) ร lโambiante. La pression dans le volume expรฉrimental est mesurรฉe ร lโaide de billes de rubis placรฉes au plus prรจs de lโรฉchantillon. Lโรฉvolution dโune raie de fluorescence du rubis est bien connue sous pression [14] et constitue un standard permettant la mesure de la pression avec une prรฉcision de lโordre de quelques pourcents ร 30 GPa. La gamme de pression accessible avec une CED dรฉpend du volume expรฉrimental et de la taille des diamants utilisรฉs (ainsi que de leur gรฉomรฉtrie). Si la gamme de pression courante dโune CED est de 100 GPa, de nombreux dรฉveloppements techniques ont permis dโatteindre 400 GPa.
Lโun des avantages de la CED est de pouvoir rรฉaliser de trรจs nombreux types dโexpรฉriences, allant de la diffusion de la lumiรจre (Infrarouge, Raman, Brillouin) ร lโabsorption optique, la diffraction X, lโabsorption X, le Mรถssbauer et ร des mesures de conductibilitรฉ รฉlectrique grรขce ร la transparence des diamants de lโinfrarouge aux rayons X. La limitation vient surtout de la taille micromรฉtrique de lโรฉchantillon. Il faut aussi noter quโun des atouts, et non des moindres, de ce type de dispositifs est son faible encombrement et sa lรฉgรจretรฉ ( < 1 kg).
De plus, il est possible dโeffectuer des mesures ร hautes tempรฉratures avec une CED :
โฆ Soit par chauffage par effet joule avec un chauffage externe T<700ยฐC (au delร de cette tempรฉrature la rรฉsistance mรฉcanique des supports des diamants ne permet pas un rendement en compression suffisant).
โฆ Soit par chauffage laser (T < 6000 K), cependant les gradients thermiques sont alors รฉnormes. La rรฉgion isotherme est trรจs faible, environ 5ยตm de rayon. [3]
Malgrรฉ les nombreux avantages de cette technique, elle prรฉsente aussi quelques inconvรฉnients. Ainsi les gradients de pression sont souvent trรจs รฉlevรฉs. La pression nโest souvent homogรจne quโau centre de lโรฉchantillon [2]. La plus grande limitation de cette technique est cependant la taille des รฉchantillons qui ne permet pas jusquโร aujourdโhui certains types dโexpรฉriences comme la diffusion de neutrons.
Adaptation aux mesures ultrasonores
Lโadaptation des CED aux mesures ultrasonores ร tempรฉrature ambiante est relativement rรฉcente [4- 6]. Le principe est le suivant : les ondes ultrasonores sont gรฉnรฉrรฉes par un transducteur (ZnO) placรฉ hors du volume de compression, sur une ligne ร retard en saphir, en contact avec la face arriรจre du diamant sur lequel est collรฉ lโรฉchantillon. Les schรฉmas de principe sont prรฉsentรฉs figures I.2 et I.3. Ces premiers dรฉveloppements sur la CED ont permis la mesure de temps de transit sous pression jusquโร 6 GPa. Il faut รฉgalement signaler que cette technique รฉtait limitรฉe il y peu aux seules ondes longitudinales. Mais des dรฉveloppements plus rรฉcents effectuรฉs par la mรชme รฉquipe dโexpรฉrimentateurs ont permis dโรฉlargir cette technique aux ondes de cisaillement dโune part [7] et aux hautes tempรฉratures dโautre part [8].
En effet, afin de rรฉaliser des mesures sur des volumes micromรฉtriques, il est nรฉcessaire de travailler ร une frรฉquence proche du GigaHertz. La frรฉquence de rรฉsonance dโun cristal piรฉzoรฉlectrique est fonction de lโinverse de son รฉpaisseur :ย f = V/2e
oรน f est la frรฉquence fondamentale de rรฉsonance, V la vitesse du son dans la direction cristallographique considรฉrรฉe, et e lโรฉpaisseur de la lame du cristal piรฉzoรฉlectrique. La difficultรฉ technique liรฉe ร la dรฉcoupe dโune lame de cristal (ZnO, LiNbO3, โฆ) de quelques microns pour la rรฉalisation de transducteur transverse a รฉtรฉ contournรฉe en utilisant la propriรฉtรฉ de conversion dโune onde รฉlastique dans un solide entre une onde longitudinale et une onde transverse [7].
Les ondes de cisaillement sont donc gรฉnรฉrรฉes par un transducteur longitudinal ร travers une ligne ร retard en MgO. Lโonde est rรฉflรฉchie sur une facette inclinรฉe ร 45ยฐ qui convertit lโonde longitudinale en onde transverse selon la loi de Snell.
Dโautre part, les premiรจres รฉtudes ร haute pression et haute tempรฉrature ont รฉtรฉ rรฉalisรฉes sur la magnรฉsiowรผstite (Mg, Fe)O [8], ร lโaide dโun four ร rรฉsistance externe. Les nombreuses difficultรฉs techniques ne permettent jusquโร prรฉsent dโatteindre que 250ยฐC en tempรฉrature et 2.5 GPa en pression.
Les cellules multi-enclumes
Les cellules multi-enclumes ont รฉtรฉ dรฉveloppรฉes dans les annรฉes cinquante. Dans ces systรจmes, la pression est gรฉnรฉrรฉe par plusieurs enclumes mobiles mues par des vรฉrins comprimant le volume expรฉrimental dans diffรฉrentes directions. Les milieux transmetteurs de pression sont solides. Le plus souvent lโรฉchantillon est confinรฉ dans un joint en bore ou en pyrophyllite, plus rarement dans une capsule en cuivre โ bรฉryllium ou dans du plomb. Le volume expรฉrimental est beaucoup plus grand que dans les CED de lโordre de quelques mm3 . Ce volume autorise la rรฉalisation de montages expรฉrimentaux complexes permettant lโintroduction de fours tubulaires internes et de thermocouples, nรฉcessaires ร toute รฉtude prรฉcise ร haute pression et tempรฉrature. Les pressions maximales obtenues avec de telles presses sont de lโordre de 15 GPa si un thermocouple est utilisรฉ et de 30 GPa si le dispositif nโen possรจde pas (nรฉanmoins de rรฉcents dรฉveloppements ont permis dโatteindre des pressions de lโordre de 50 GPa). En effet, et nous le verrons plus loin avec la presse ParisEdimbourg qui comporte plusieurs similitudes avec les presses โmultienclumesโ, lโintroduction dโun thermocouple dans le volume expรฉrimental a de nombreuses consรฉquences sur la tenue mรฉcanique et thermique de lโรฉchantillon et de son environnement.
Les inconvรฉnients majeurs de ce type de dispositif sont le fort encombrement et le poids (plusieurs tonnes) qui ne permettent pas une mise en place rapide et aisรฉe devant une ligne de diffraction X dโun synchrotron. Les presses multi-enclumes sont donc positionnรฉes de faรงon quasi-permanente sur les lignes de lumiรจre de certains synchrotrons, comme par exemple au Brookhaven Laboratory, N.Y., sur la ligne X17B1 [26].
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Table des matiรจres
Introduction
Chapitre I : Dispositifs expรฉrimentaux
Introduction
I.1 Dispositifs de mesures ultrasonores sous Haute Pression.
I.1.1 La cellule ร enclume de diamant.
I.1.1.1 Adaptation aux mesures ultrasonores.
I.1.2 Les cellules multi-enclumes.
I.1.2.1 Adaptation aux mesures ultrasonores.
I.1.3 La presse Paris-Edimbourg.
I.1.3.1 Adaptation aux mesures ultrasonores.
I.1.4 Le dispositif ultrasons ร basse pression : B18.
I.2 Dรฉveloppement d’une cellule haute pression et haute tempรฉrature pour les mesures ultrasonores en presse Paris-Edimbourg
Introduction
I.2.1 Prรฉsentation du code de calcul par รฉlรฉments finis : MODULEF.
I.2.2 Minimisation des gradients thermiques dans le volume expรฉrimental.
I.2.3 Rรฉsultats et discussion.
Rรฉfรฉrences du Chapitre I.
Chapitre II : Etat de lโart sur le systรจme FeO.
Introduction
II.1 La wรผstite Fe (1 – x)O.
II.1.1 Propriรฉtรฉs structurales sous pression et tempรฉrature.
II.1.2 Equations d’รฉtat.
II.1.3 Elasticitรฉ sous Pression.
II.1.4 Procรฉdure de synthรจse du composรฉ.
II.2 La magnรฉtite FeFe 2O 4.
II.2.1 Propriรฉtรฉs structurales sous pression et tempรฉrature.
II.2.2 Equations d’รฉtat.
II.2.3 Elasticitรฉ sous Pression.
Conclusion
Rรฉfรฉrences du Chapitre II
Chapitre III : Mesures des propriรฉtรฉs รฉlastiques des oxydes de fer sous pression et tempรฉrature.
Introduction.
III.1 Mesures des propriรฉtรฉs รฉlastiques de la magnรฉtite.
III.1.1 Mesures ultrasonores ร basse pression (0-1GPa)
III.1.1.1 La donnรฉe brut: le temps de transit.
III.1.1.2 Constantes รฉlastiques effectives du deuxiรจme ordre et รฉquation d’รฉtat entre 0 et 1GPa.
III.1.2 Mesures ultrasonores sur la magnรฉtite sous haute pression et haute tempรฉrature.
III.1.2.1 Echantillons.
III.1.2.2 Temps de transit.
III.1.2.3 Constantes รฉlastiques effective du deuxiรจme ordre.
III.2 Mesures des propriรฉtรฉs รฉlastiques sur la wรผstite.
III.2.1 Mesures ultrasonores sur la wรผstite sous haute pression et haute tempรฉrature.
III.2.1.1 Echantillons.
III.2.1.2 Temps de transit.
III.2.1.3 Module รฉlastique C11 sous pression et sur diffรฉrentes isothermes.
III.2.2 Mesures neutronique sur la wรผstite sous haute pression.
III.2.2.1 Echantillons.
III.2.2.2 Courbes de dispersion ร conditions ambiante.
III.2.2.3 Modules รฉlastiques de cisaillement C44, et Cโ=1/2(C11-C12) sous pression.
Conclusion.
Rรฉfรฉrences du Chapitre III.
Conclusion
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