Dimension socio-économique des maladies de bétail

Dimension socio-économique des maladies de bétail 

L’élevage joue à la fois un rôle économique et social. Selon le type d’analyse, l’élevage peut prendre diverses conceptions. Les animaux, notamment ceux utilisés pour la traction sont considérés tantôt comme un bien normal tantôt comme un capital. Certains auteurs (Jarvis, 1974 ; Dillon et Anderson, 1990) ont traité les bœufs comme un “bien capital” et les éleveurs comme des gestionnaires d’actifs combinant différentes catégories d’animaux en complément d’autres actifs. D’autres auteurs (Savadogo et al. 1998, 1995 ; Swallow, 2000 ; Jaeger et Matlon, 1990) ont considéré les animaux de trait comme un facteur de production, c’est-à-dire des éléments essentiels d’une technologie (la traction animale) qui soutient la productivité des exploitations agricoles. Des objectifs multiples justifient donc la détention d’animaux et l’élevage remplit plusieurs fonctions ou fait l’objet d’usages variés (sécurisation financière, réserve de valeur, traction, autoconsommation, statut social). Aussi, la réaction des producteurs vis-à-vis des maladies de bétail dépend fortement des systèmes de production, des caractéristiques et des objectifs de production de chaque exploitation.

Les maladies de bétail ont des conséquences économiques et sociales sur les exploitations. La décision du producteur de soigner ou de ne pas soigner un animal malade dépend fortement de ses objectifs de production et de sa perception de la sévérité de la maladie. Dans une étude en Gambie, Mugalla (2000) a trouvé que la propension à soigner les animaux des producteurs est plus élevée pour les maladies contagieuses ou celles qui sont susceptibles de provoquer des mortalités importantes dans le troupeau. En revanche, les maladies parasitaires reçoivent moins d’attention bien qu’elles occasionnent des pertes économiques non négligeables. L’intensité et la qualité des soins apportés aux animaux varient selon les systèmes de production et les objectifs de production (James, 1996).

Dans l’impossibilité de soigner tous les animaux, les éleveurs peuls s’intéressent d’abord aux vaches en lactation, aux animaux auxquels ils sont attachés. Même lorsqu’ils disposent de fonds nécessaires pour la prise en charge de la totalité du troupeau, les liens affectifs influencent leurs choix (Mugalla, 2000). Dans les systèmes agro-pastoraux, outre les liens affectifs résultant du caractère contemplatif de l’élevage, des critères spécifiques liés aux bénéfices que les producteurs peuvent retirer d’une santé optimale des animaux guident leurs options de soins. A leur niveau, la priorité est accordée aux animaux de traction considérés comme des actifs dont il faut prendre soin pour maintenir ou accroître globalement les performances de l’exploitation. Mais du côté des éleveurs peuls comme des agro-pasteurs, la maladie semble recevoir un traitement comparable à celui des insuffisances alimentaires. Lorsque le producteur ne dispose pas de la somme nécessaire pour assurer la couverture sanitaire de tous les animaux et que le traitement est fait par des non professionnels (amateurs), il suggère l’application de doses importantes aux animaux qu’il préfère et une petite quantité aux autres animaux. Une telle décision peut produire de graves conséquences. Une dose élevée est source d’intoxication pouvant entraîner la mort de l’animal alors qu’une dose faible est un facteur favorisant la résistance (Diall, 1997). Les maladies de bétail comportent donc une dimension économique, sociale et institutionnelle. Il est important de les intégrer dans l’analyse pour une meilleure compréhension des stratégies de contrôle des maladies de bétail, en particulier la trypanosomose animale.

Impact économique de la trypanosomose animale africaine 

La trypanosomose est considérée comme la plus importante des maladies de bétail transmises par les glossines dans les zones humides et subhumides à cause de ses implications économiques pour le développement de l’élevage mais aussi pour les productions agricoles (FAO, 1994). En l’absence de traitements trypanocides, les animaux trypanosensibles meurent tandis que les animaux trypanotolérants connaissent une baisse de leur productivité et un taux de mortalité élevé des veaux (Agyemang et al., 1991). Les conséquences économiques de la TAA comprennent non seulement les pertes directes (mortalité, baisse de fertilité, avortement), la réduction des performances du bétail et du secteur agricole (viande, temps de travail pour les bœufs de trait, rendements en lait pour les vaches) mais également le coût d’opportunité lié à la faiblesse ou même à l’impossibilité d’exploiter les potentialités agricoles de certaines régions à cause de la présence des glossines (Swallow, 2000; Tano, 1998) dans 37 pays en Afrique (Geerts et Holmes, 1998). On estime qu’au moins 70% de la superficie infestée de tsé-tsé en Afrique (près de 9 millions de km2) sont propices à l’agriculture. Dans cet espace, le nombre d’animaux en risque d’infection trypanosomienne est estimé à plus de 60 millions (FAO, 1991).

La littérature économique relative à l’impact de la TAA sur les productions animales et agricoles distingue généralement deux grandes catégories de conséquences : l’impact de l’incidence de la maladie (impacts directs) et l’impact du risque trypanosomien ou impact indirect (Swallow, 2000). Les conséquences directes concernent la mortalité, la morbidité, les avortements, la perte de poids et la baisse de productivité des animaux malades. En revanche, les conséquences indirectes affectent les pratiques de gestion des troupeaux, l’occupation de l’espace agricole, le niveau de la production et les mouvements de populations. Dans une revue bibliographique sur l’impact de la TAA, Swallow (2000) trouve que cette maladie réduit le taux de vêlage des animaux trypanotolérants de 1 à 12% contre un taux de 11 à 20% pour les animaux trypanosensibles. Son impact sur la mortalité des veaux se situerait entre 0 et 10% pour les animaux trypanotolérants contre des taux variant entre 10 et 26% pour les animaux trypanosensibles. La baisse de la production laitière fluctue entre 10 et 40% tandis que la réduction de performance des animaux de trait est estimée à 33% (Agyemang et al., 1991 ; 1997). En général, les indicateurs de perte passent au double pour les races trypanosensibles. Selon les estimations de la FAO (1994), les pertes directes et indirectes de la TAA (en production et investissements de contrôle de la maladie) varient entre 1 et 1,5 milliards de dollars US par an en Afrique. Cependant, la mise en œuvre de politiques appropriées permet d’améliorer significativement la productivité du bétail souffrant de TAA ou en risque. Les travaux de Kamuanga et al. (2001) dans la zone pastorale de Yalé au Burkina Faso montrent que l’association de traitements aux trypanocides et de piégeage comme stratégie de lutte a permis de réduire la mortalité globale des animaux d’environ 56%. Les taux d’avortement et de mortinatalité ont également connu une baisse d’environ 50%. Mais l’utilisation incontrôlée des trypanocides avec le développement de la chimiorésistance constitue une limite sérieuse pour les stratégies de lutte contre la TAA.

Problématique de la résistance aux trypanocides 

Les trypanocides employés pour le traitement de la TAA se sont révélés efficaces au Burkina jusqu’au début des années 1980. Les premières investigations qui ont prouvé l’existence de souches résistantes à l’ISMM ont été faites à Samorogouan (province du Kénédougou, Burkina Faso) par Authié (1984). Cette découverte a suscité des études plus approfondies pour une meilleure caractérisation des souches résistantes (Pinder, 1984 ; Pinder et Authié, 1984). Des études ultérieures dans la même région (Clausen et al., 1992) ont révélé une résistance croisée au Trypamidium® et au Bérénil®. Pour Authié (1984), la chimiorésistance est la pierre d’achoppement des prophylaxies relatives à la trypanosomose malgré les possibilités qu’offrent les techniques actuelles pour la caractérisation des souches. Sur le plan empirique, il n’est pas aisé de distinguer la résistance intrinsèque des réinfections ou des cas de récidives. Mais au-delà du phénomène biologique, la résistance aux trypanocides est conditionnée par l’environnement socio-économique et institutionnel dans lequel vivent les producteurs.

Selon Geerts et Holmes (1998) et Diall (1997) la résistance peut provenir principalement de trois sources : (i) de faibles dosages de médicaments qui ne parviennent pas à éliminer les parasites, (ii) une fréquence élevée de traitements dans les zones faiblement infestées ou leur irrégularité dans des zones fortement infestées de glossines et (iii) une mutation génétique liée aux capacités naturelles du parasite à s’adapter au changement. Diall (1997) distingue la résistance primaire ou résistance directe de la résistance secondaire ou résistance indirecte. La résistance primaire est généralement causée par une mauvaise utilisation d’un produit auquel le parasite était initialement sensible. Par contre, la résistance secondaire est le résultat d’une utilisation inappropriée d’un autre produit apparenté aux trypanocides. Dans tous les cas, les trypanosomes développent généralement la résistance en réponse aux conditions du milieu, il s’agit donc d’une pression de sélection.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1. CONTEXTE DE L’ETUDE
2. DIMENSION SOCIO-ECONOMIQUE DES MALADIES DE BETAIL
3. IMPACT ECONOMIQUE DE LA TRYPANOSOMOSE ANIMALE AFRICAINE
4. PROBLEMATIQUE DE LA RESISTANCE AUX TRYPANOCIDES
5. DELIMITATION DU SUJET DE RECHERCHE
6. OBJECTIFS DE L’ETUDE
7. HYPOTHESES DE RECHERCHE
CHAPITRE 1 MODELE THEORIQUE ET CADRE CONCEPTUEL
1.1. CADRE LOGIQUE POUR L’ETUDE DE LA CHIMIORESISTANCE
1.2. IMPACT DE LA TAA ET INDICATEURS DE MESURE
1.2.1. Impact de la résistance sur les systèmes de production
1.2.2. Méthodes d’estimation de l’ampleur de la TAA
1.2.3. Principales méthodes de contrôle de la TAA et leurs impacts
1.3. FONDEMENTS THEORIQUES DE L’ANALYSE DES MENAGES RURAUX
1.4. CADRE THEORIQUE DE L’ANALYSE DU MARCHE DES TRYPANOCIDES
1.4.1. Perspective de l’analyse néo-classique
1.4.2. Analyse néo-institutionnelle du marché
1.5. FONCTION DE DEMANDE DE PRODUITS TRYPANOCIDES
1.5.1. Approche duale et déduction des fonctions de demande
1.5.2. Choix de la forme fonctionnelle
1.6. DETERMINANTS DES RECOURS THERAPEUTIQUES
1.7. MODELISATION DES DETERMINANTS DE LA RESISTANCE AUX TRYPANOCIDES
CONCLUSION
CHAPITRE 2 COLLECTE DES DONNEES ET METHODES ECONOMETRIQUES
2.1. METHODES DE RECHERCHE
2.1.1. Choix de la région d’étude
2.1.2. Informations collectées et contenu des données
2.1.3. Techniques de collecte des données
2.2. METHODES D’ESTIMATION
2.2. METHODES D’ESTIMATION DES MODELES UTILISES
2.2.1. Estimation des fonctions de demande de trypanocides
2.2.3. Recours thérapeutiques et déterminants de la résistance
CONCLUSION
CHAPITRE 3 ANALYSE DES PRATIQUES DE GESTION DE LA TRYPANOSOMOSE ANIMALE ET TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS AU KENEDOUGOU
3.1. PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE
3.1.1. Caractéristiques des systèmes de production au Kénédougou
3.1.2. Brève description des villages échantillonnés
3.2. CARACTERISTIQUES DES EXPLOITATIONS
3.2.1. Taille et structure des exploitations
3.2.2. Répartition des ménages suivant l’activité principale et l’ethnie
3.2.3. Superficie cultivée et utilisation des intrants agricoles
3.3.4. Composition et structure des troupeaux
3.3. STRATEGIES DE GESTION DES MALADIES DE BETAIL
3.3.1. Contrôle des maladies infectieuses
3.3.2. Maladies parasitaires et cas spécifique de la TAA
3.4. ANALYSE SYNTHETIQUE DES DONNEES AVEC LES ACP
CONCLUSION
CHAPITRE 4 ANALYSE DU MARCHE DES INTRANTS VETERINAIRES AU KENEDOUGOU
4.1. STRUCTURE DU MARCHE DES INTRANTS AU KENEDOUGOU
4.1.1. La demande de trypanocides
4.1.2. Les fournisseurs de trypanocides
4.2. FONCTIONNEMENT DU MARCHE DES INTRANTS
4.2.1. Les produits vendus
4.2.2. Les stratégies d’approvisionnement en trypanocides
4.3. IMPERFECTION DE L’INFORMATION ET PERFORMANCE DU MARCHE
4.3.1. Coûts de transaction et marché parallèle
4.3.2. Influence du marché malien
CONCLUSION
CHAPITRE 5 ANALYSE DE LA DEMANDE DE TRYPANOCIDES AU KENEDOUGOU
5.1. MODELES EMPIRIQUES DE DEMANDE DE TRYPANOCIDES
5.1.1. Les variables dépendantes
5.1.2. Les variables indépendantes
5.2. PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS ECONOMETRIQUES
5.2.1. Les tests économétriques utilisés
5.2.2. Participation au marché des trypanocides
5.2.3. Demandes de trypanocides
5.3. DISCUSSION DU COMPORTEMENT DES DEMANDES DE TRYPANOCIDES
5.3.1. Les prix
5.3.2. Les autres variables
CONCLUSION GENERALE 

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