DIGESTION DU COBAYE
MEDICALISATION DU COBAYE
Comme nous l’avons déjà mentionné, la médicalisation des N.A.C. est un phénomène relativement récent mais en plein essor (11). Les doses thérapeutiques sont souvent extrapolées empiriquement à partir de doses préconisées chez d’autres espèces, il en résulte des traitements soit inefficaces, soit toxiques (31).Après avoir décrit les principales modalités d’administration des médicaments, nous exposerons les grandes lignes de la pratique de l’antibiothérapie chez cette espèce à flore majoritairement Gram (+). Les antibiotiques doivent toujours être utilisés avec parcimonie, afin d’éviter des complications d’origine iatrogène (entéropathies) souvent mortelles.
Voies d’administration des médicaments
– Voie orale:
• Dans l’aliment ou l’eau de boisson
Cette voie est très pratique pour poursuivre chez le propriétaire le traitement débuté chez le vétérinaire. Il suffit de mélanger le comprimé pilé ou la préparation liquide à la nourriture ou à l’eau de boisson, selon la posologie préconisée. Cette voie d’administration est de loin la plus simple pour le propriétaire, et la moins contraignante pour le cobaye, mais elle présente de nombreux inconvénients :
– on ne maîtrise pas la quantité de principe actif ingérée : un cobaye malade boit et mange moins que d’habitude, son traitement risque donc d’être sous-dosé. A l’inverse, si le cobaye ne vit pas seul, les sujets non malades risquent de consommer trop de médicament. Ce surdosage peut s’avérer toxique, surtout s’il s’agit d’un traitement antibiotique (24) (119).
– le cobaye est réputé refuser toute nourriture ou boisson d’aspect ou de goût inhabituels. Cette difficulté peut être contournée en rendant l’eau de boisson appétente par ajout de sucre (69) (90).
– certains médicaments peuvent être altérés par une exposition prolongée à l’air, à la lumière, ou aux déjections de l’animal (7).
Pour toutes ces raisons, on évite, si possible, cette voie d’administration pour la thérapeutique individuelle. En revanche, elle est préconisée pour les traitements collectifs (anticoccidiens par exemple) (119). Si le cobaye est anorexique, ou que l’on veut éviter une prise médicamenteuse aléatoire, on peut respecter la posologie indiquée en le gavant, ce qui requière au minimum une contention efficace.
• Par gavage :
On ouvre la bouche du cobaye en exerçant une pression sur ses joues, puis on place le comprimé au fond de la bouche, à la base de la langue (132) (142). En cas d’échec, on peut s’aider d’un morceaux de bois que l’on dispose transversalement dans l’espace inter-dentaire pour maintenir une ouverture buccale minimum (13). Un médicament liquide s’administre à l’aide d’une seringue dont on introduit l’embout au niveau du diastème, on injecte lentement pour éviter les fausses déglutitions (69). On rappelle qu’une goutte d’une seringue de 2 ml correspond à un volume de 0.02 ml (119). Ce geste peut être réalisé par le propriétaire une fois que le vétérinaire lui a montré la technique. Par cette méthode, on peut administrer des volumes de 2-3 ml en moyenne, en tout cas n’excédant pas 5 ml (119). Pour s’affranchir de cette limite, il faut passer à une technique plus délicate : le gavage par sonde gastrooesophagienne, exigeant souvent une anesthésie générale (119) (132).
PATERSON (1972 in (132)) recommande une sonde flexible en caoutchouc ou en plastique de 3 mm de diamètre. MORELAND (1965 in (132)) conseille une aiguille hypodermique émoussée de 8-10 cm de long, à l’extrémité de laquelle une goutte de plomb a été coulée pour éviter les lésions de l’oesophage. Cette aiguille devra être courbée de 20-30°, 2 cm en arrière de la soudure. Un cathéter du même diamètre fait également l’affaire (7).
Le cobaye est maintenu par la nuque, tête et cou tendus (24). L’ouverture buccale peut être facilitée par une spatule en bois, percée en son centre, que l’on place en arrière des incisives et à l’intérieur de laquelle on glisse la sonde (13). L’utilisation d’un spéculum et d’une source lumineuse peut s’avérer nécessaire (109). On fait progresser la sonde (le cathéter ou l’aiguille) sur la langue, puis doucement, par rotation, on la dirige en direction de l’oesophage puis de l’estomac (132). Une fois la sonde en place, on s’assure en insufflant de l’air, qu’elle n’est pas dans la trachée (91). Le cas échéant, on retire rapidement la sonde (détresse respiratoire) et on réessaie. Une fois que l’on est bien dans l’estomac, on peut administrer le volume de liquide nécessaire.
Voies parentérales
Certes elles sont beaucoup plus sûres, moins aléatoires et plus précises, mais elles imposent aux propriétaires plusieurs visites consécutives chez le vétérinaire. On trouve là un bon moyen de suivre l’évolution de la maladie et l’efficacité des injections (79).Les injections intrapéritonéales et sous-cutanées sont deux voies d’administration de choix.
Voie intrapéritonéale (IP)
Cette injection est facile, elle permet une action rapide du médicament et un volume d’injection important : jusqu’à 10-15 ml (7) (69) (111) (118). Mais elle est déconseillée chez les femelles gravides (69), et réservée aux produits non irritants (86). Une fois tondu et désinfecté, le cobaye est placé sur le dos, les membres en extension et la tête penchée en arrière de sorte que les viscères abdominaux soient refoulés crânialement et libèrent la cavité abdominale (90) (91) (119) (132) (142). L’aiguille (30 mm de longueur, 9/10ème de diamètre) fait un angle de 45° avec l’abdomen (69) (91) (119). On injecte le produit en région paramédiane, dans le quadrant inférieur gauche, pour éviter le foie, 2 cm en avant du pubis (86) (90) (142). On peut également tenir l’animal vertical, la tête en bas, et piquer sur la ligne blanche, toujours sous l’ombilic, à un centimètre de celui-ci (24) (79). Chez une femelle gestante, on réalisera l’injection un cm au dessus de l’ombilic (24) (113). Par précaution, on vérifie toujours avant d’injecter, que l’on aspire pas de sang ou de matières digestives.
Voie sous-cutanée (SC)
On dénombre de nombreux sites d’injection : cou, nuque, flancs, abdomen, pli interne de la cuisse (79). Néanmoins, on réserve la peau des flancs aux femelles reproductrices pour éviter les injections intra-mammaires, et on préfère généralement la peau de l’abdomen pour les autres sujets (24) (113). Cette dernière est plus souple dans cette zone qu’ailleurs. Les injections interscapulaires sont à éviter car elles sont très douloureuses (24). Une aiguille de 30-40 mm de long pour 4/10ème de diamètre convient bien (69). Comme pour toute injection, il convient de désinfecter soigneusement la zone de ponction. Théoriquement, on peut injecter un volume moyen de 3 ml par site par la voie sous-cutanée (7) (69) (79), avec un maximum de 10 ml (118). Selon HUERKAMP (1996), cette voie permet d’injecter un volume maximal de 35 ml, en plusieurs points d’injection. C’est donc la voie de prédilection pour réhydrater un cobaye qui ne s’abreuve plus : la fluidothérapie sous-cutanée s’élève à 100 ml/kg/j, en 2-3 points d’injection de 25-35 ml (89). Cette réhydratation peut être facilitée par l’utilisation de hyaluronidases : avec 0,2-1 U/ml de fluide de remplissage, on peut pratiquer une injection non douloureuse d’un gros volume en un seul point d’injection (91).
Voie intramusculaire (IM)
Il s’agit de la voie la plus douloureuse, quelle que soit la nature du produit injecté. Elle génère souvent de vives réactions de la part de l’animal. Outre ce désagrément, l’injection intramusculaire créé une inflammation locale pouvant se compliquer de nécrose secondaire et d’automutilation (24) (91). Le volume injecté est très faible, souvent insuffisant : de l’ordre de 0,3 ml par site (90) (91) (119) (142), au maximum 2 ml (118). Ces inconvénients expliquent pourquoi cette voie est déconseillée en pratique. Si toutefois il s’agit de la seule voie praticable, on effectue l’injection dans le muscle quadriceps, 1 cm au dessus du genou, avec une aiguille de 20 mm de longueur et 8/10ème de diamètre (69), en prenant soin de tendre la cuisse en arrière et de pénétrer le muscle sous un angle de 30°. Ces dernières précautions ont pour but de prévenir les lésions des nerfs (sciatique notamment) et des vaisseaux environnants.
Voie intraveineuse (IV)
En théorie, c’est une voie très intéressante puisqu’elle permet un effet très rapide du produit injecté. Cependant elle très difficile techniquement (veines de faible calibre, fragiles et mobiles), demande beaucoup d’expérience et nécessite une immobilisation parfaite du cobaye (anesthésie générale souvent, sédation au minimum). Elle ne présente donc que très peu d’intérêts (91). L’injection s’effectue dans la veine de l’oreille, après rasage et trempage dans l’eau chaude ou frottement à l’alcool (vasodilatation), à l’aide d’une aiguille de diamètre 4/10ème (24), en exerçant une compression à la base de l’oreille (91). Les autres veines les plus accessibles sont les veines saphène, céphalique, jugulaire, et dans des circonstances extrêmes, la veine pénienne dorsale (86) (90) (109). Comme la veine roule sous la peau, on peut réaliser une prudente incision cutanée pour la dénuder et ainsi faciliter son accès (91) (132). On prendra soin de recoudre ou de poser des agrafes après l’injection. On peut ainsi injecter jusqu’à 5 ml environ (69) (79), 1.2 ml en moyenne (118).
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Table des matières
Introduction
PREMIERE PARTIE : PARTICULARITES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES DE LA DIGESTION DU COBAYE – PRATIQUE DE L’ALIMENTATION
1. PARTICULARITES ANATOMO – TOPOGRAPHIQUES DU TRACTUS DIGESTIF DU COBAYE
1.1 Cavité orale
1.1.1 Orifice buccal
1.1.2 Langue
1.1.3 Appareil masticateur
1.1.4 Oropharynx
1.2 Viscères abdominaux
1.2.1 Oesophage
1.2.2 Estomac
1.2.3 Intestin grêle
1.2.4 Gros intestin
1.2.5 Rectum
1.2.6 Récapitulatif
1.3 Organes annexes au tube digestif
1.3.1 Foie
1.3.2 Pancréas
1.3.3 Rate
1.3.4 Glandes salivaires
2. PARTICULARITES BIOLOGIQUES ET PHYSIOLOGIQUES DU COBAYE
2.1 Particularités alimentaires
2.2 Particularité métabolique : incapacité à synthétiser la vitamine C
2.3 Particularités digestives
3. PRATIQUE DE L’ALIMENTATION DU COBAYE DOMESTIQUE
3.1 Besoins nutritionnels journaliers
3.1.1 Eau
3.1.2 Energie
3.1.3 Protéines et acides aminés
3.1.4 Minéraux et oligo-éléments
3.1.5 Vitamines
3.1.6 Tableaux récapitulatifs : besoins nutritionnels du cobaye
3.2 Gestion pratique de l’alimentation du cobaye
3.2.1 Les différents régimes possibles
3.2.2 Supplémentation en vitamine C
3.2.3 Abreuvement
3.2.4 Distribution des aliments
3.2.5 Cas particuliers
3.3 Toxiques alimentaires
SECONDE PARTIE : LA CONSULTATION DU COBAYE DOMESTIQUE
1. IMPORTANCE DE L’ANAMNESE
2. CONDUITE DE L’EXAMEN CLINIQUE
2.1 Examen à distance
2.1.1 L’animal dans sa cage
2.1.2 Son environnement
2.2 Examen rapproché
2.2.1 Contention
2.2.2 Examen clinique général
2.2.3 Examen clinique spécial de l’appareil digestif
3. EXAMENS COMPLEMENTAIRES UTILES A L’EXPLORATION DIGESTIVE
3.1 Paramètres physiologiques indispensables
3.2 Examen coproscopique
3.2.1 Définition
3.2.2 Indications
3.2.3 Récolte et conservation des matières fécales
3.2.4 Techniques d’examen
3.2.5 Interprétation
3.3 Imagerie médicale
3.3.1 Radiographie
3.3.2 Echographie abdominale
3.4 Prélèvement de sang
3.4.1 Technique
3.4.2 Paramètres hématologiques et leurs normes
3.4.3 Paramètres biochimiques et leurs normes
4. MEDICALISATION DU COBAYE
4.1 Voies d’administration des médicaments
4.1.1 Voie orale
4.1.2 Voies parentérales
4.1.3 Voies externes
4.2 Pratique de l’antibiothérapie
4.2.1 Toxicité des antibiotiques
4.2.2 Critères de choix d’un antibiotique
4.2.3 Règles d’utilisation des antibiotiques
5. ANESTHESIE
5.1 Particularités métaboliques et physiologiques. Conséquences anesthésiques
5.2 Mesures pré-anesthésiques
5.2.1 Evaluation de l’état général du patient
5.2.2 Mise à jeun
5.2.3 Tranquillisation et prémédication
5.3 Anesthésie générale
5.3.1 Choix du mode d’administration des agents anesthésiques
5.3.2 Présentation des agents et des protocoles anesthésiques
5.4 Surveillance de l’anesthésie
5.4.1 Estimation de la qualité de l’anesthésie
5.4.2 Surveillance des paramètres physiologiques
5.5 Réanimation post-anesthésique
5.5.1 Réversion de l’état anesthésique
5.5.2 Surdosage
5.6 Soins post-anesthésiques
6. ANALGESIE
7. EUTHANASIE ET AUTOPSIE
7.1 Euthanasie
7.2 Autopsie
TROISIEME PARTIE: DOMINANTES DE LA PATHOLOGIE DIGESTIVE DU COBAYE
1. PATHOLOGIES BUCCO-DENTAIRES
1.1 Malocclusions dentaires
1.2 Abcès dento-alvéolaires
1.3 Maladies parodontales
1.4 Corps étrangers
1.5 Fractures dentaires
1.6 Caries
2. PATHOLOGIES DE L’ESTOMAC
2.1 Trichobézoards
2.2 Indigestion aiguë par surcharge de l’estomac
2.3 Syndrome dilatation-torsion de l’estomac
2.4 Ulcères gastriques
2.5 Tumeurs de l’estomac
3. PATHOLOGIES INTESTINALES
3.1 Le syndrome diarrhée
3.1.1 Diarrhées non spécifiques
3.1.2 Entérites infectieuses
3.2 Météorisme
3.2.1 Coccidiose
3.2.2 Entérotoxémie
3.2.3 Origine gastrique
3.2.4 Constipation-occlusion intestinale
3.2.5 Dilatation-torsion du cæcum
3.2.6 Inflammation du cæcum
3.2.7 Intussusception du colon
4. PATHOLOGIES DU RECTUM
4.1 Impaction rectale
4.2 Prolapsus rectal
4.3 Accumulation sébacée péri-anale
5. TUMEURS DU TRACTUS DIGESTIF
6. PATHOLOGIES DES ORGANES ANNEXES DU TUBE DIGESTIF
6.1 Glandes salivaires
6.2 Foie
6.2.1 Hépatite
6.2.2 Stéatose
6.3 Pancréas
7. PATHOLOGIES SYSTEMIQUES AYANT DES REPERCUSSIONS DIGESTIVES
7.1 La toxémie de gestation : une maladie métabolique
7.2 Le scorbut : une maladie nutritionnelle
8. CLE DIAGNOSTIQUE
Conclusion
Bibliographie
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