Difficultés liées à l’analyse strictement financière des PME

Difficultés liées à l ‘analyse strictement financière des PME

Cette section permet de montrer certaines lacunes de l’information financière des PME comparativement aux grandes entreprises, appuyant par le fait même la remise en question d’un système d’évaluation strictement basé sur cette information. Ang (1991) est l’un des premiers à porter un regard critique sur la validité de l’information financière fournie par les PME comparativement à celle présentée par les grandes entreprises, supportant ainsi l’ idée de développer des outils d’évaluation du risque de crédit spécifiques aux PME qui tiennent compte de leurs particularités (Aaron, Armstrong et Zelmer, 2007; Ciampi et Gordini, 2009). Cette même idée est ensuite partagée par d’ autres chercheurs, dont Allen et al. (2004) et Altman et Sabato (2007). En somme, Ang (1991) met en lumière trois facteurs rendant les données financières de PME plus difficilement utilisables pour faire des prévisions de la situation future d’une entreprise.

1. Les erreurs de classement, entre autres celles liées aux postes du bilan, nécessitant notamment un reclassement. Ce reclassement permet de suivre les normes de présentation des états financiers pour permettre une lecture plus conventionnelle. Si les erreurs ne sont pas corrigées, les données seront erronées et leur utilisation pour en faire des prévisions ou une évaluation de l’ entreprise sera elle aussi faussée.

L’ auteur souligne d’ ailleurs que les erreurs de classement sont souvent commises par une incompréhension entre les postes de la dette et des fonds propres représentant le « knowledge gap» défini et présenté précédemment. Les PME auront tendance à classer de façon inexacte les avances de fonds ou les prêts du propriétaire-dirigeant comme étant de la dette alors qu’ ils représentent les caractéristiques des fonds propres.

2. Dans le contexte d’une PME, le propriétaire-dirigeant est souvent l’actionnaire principal de l’entreprise, contrairement à la grande entreprise. Il devient donc difficile de dissocier la politique de dividendes du propriétaire-dirigeant de sa politique de rémunération.

3. On retrouve également une interrelation entre les états financiers du propriétairedirigeant et ceux de l’ entreprise chez les PME. Le propriétaire-dirigeant peut utiliser les actifs de son entreprise pour des fins personnelles, mais aussi utiliser ses actifs personnels dans l’ exploitation de son entreprise. Cette situation aura des conséquences sur les ratios d’ efficience qui utilisent l’ actif total. Par exemple, les actifs personnels utilisés pour l’ exploitation de l’ entreprise ne figureront pas dans les actifs de l’ entreprise, affectant ainsi les résultats de certains ratios calculés dans l’évaluation faite par les institutions bancaires. Précisons que ce dernier facteur disparaîtra avec la maturité de l’ entreprise et la venue d’ actionnaires externes.

Plusieurs éléments ont été présentés dans cette section exposant les difficultés et les problèmes permettant de questionner la justesse de l’évaluation d’une PME à partir d’une analyse strictement financière. Parmi ceux-ci, on trouve entre autres le cas des PME en croissance, où les investissements contribuent à détériorer leurs ratios financiers à court terme alors que leur rendement est « à venir ». Cet exemple est particulièrement notable, comme il a d’ailleurs été montré par certains chercheurs. Les paragraphes précédents ont aussi permis d’expliquer le contexte informationnel dans lequel les institutions bancaires doivent prendre leur décision de financement aux PME ainsi que le cadre réglementaire qui prévoit leur fonctionnement. La qualité et la validité de l’ information de même que les différents risques supplémentaires liés à ce contexte permettent de mieux comprendre dans quelle optique les institutions bancaires adoptent une attitude sévère envers les PME, cette attitude se reflétant dans leur façon de percevoir et d’ évaluer le risque de crédit. La prochaine section permettra de saisir ce qu’est le risque de crédit pour les institutions bancaires.

LE RISQUE DE CRÉDIT

La présente recherche s’intéresse uniquement au risque de crédit qui implique la relation entre la banque et chacun de ses clients et ce, même si elle fait face à d’autres risques.

• Le risque de crédit a fait l’objet d’une multitude de recherches au cours des années et le sujet continue à attirer l’attention des chercheurs, particulièrement depuis la crise économique de 2008 (Abdelmoula, 2015; Barbulescu et al. , 2015; Burchi et Pierri, 2015; Yoshino, Taghizadeh Hesary, Charoensivakorn et Niraula, 2015).

Aaron et al. (2007, p. 1) définissent le risque de crédit ainsi: « Le risque de subir une perte financière si sa contrepartie ou l’emprunteur manque à ses obligations lorsque celles-ci arrivent à échéance ».

Basel Committee (2000, p. 1) le définit comme étant : « Le potentiel qu’ un emprunteur ou sa contrepartie ne soit pas en mesure de s’ acquitter de ses obligations dans les délais et selon les termes préalablement déterminés ».

Comme il a été présenté à la section 2, l’ évaluation du risque de crédit comprend deux éléments centraux qui feront l’objet des deux prochaines sections. Il s’agit de la capacité de remboursement des emprunteurs ainsi que la défaillance qui seront brièvement définies afm de mieux comprendre leur implication dans l’évaluation faite par les institutions bancaires.

Capacité de remboursement des emprunteurs

En évaluant la capacité de remboursement des entreprises qui font une demande de prêt, les institutions bancaires mesurent le risque de crédit auquel elles s’exposent. C’ està- dire, la probabilité que l’ entreprise soit dans l’ impossibilité de rembourser son prêt et d’ honorer ses engagements exigibles (Benkraiem et Miloudi, 2014).

Les institutions bancaires évaluent la capacité de remboursement des emprunteurs à partir de critères spécifiques qui permettent de discriminer \es bons et les mauvais clients et ainsi prendre leur décision (Benkraiem et Gurau, 2011 ; Benkraiem et Miloudi, 2014; Kiisel, 2013). Plusieurs techniques permettent de faire cette évaluation qui peut prendre en considération diverses variables comme la croissance, les investissements, la liquidité et la couverture des frais financiers (Benkraiem et Miloudi, 2014). Dans le cas des PME, les institutions financières utilisent le ratio de capacité de remboursement du service de la dette (Groleau, 2012).

L’ÉVALUATION DU RISQUE DE CRÉDIT

Les travaux réalisés sur l’évaluation du risque de crédit peuvent être classés selon deux approches, soit les approches traditionnelles et les approches nouvelles qui constituent le prolongement des précédentes en corrigeant leurs lacunes (Allen et al., 2004; Angelini, di Tollo et Roli, 2008). Certains éléments caractérisent les nouvelles approches comme l’ajout de nouvelles variables, l’automatisation du processus ou encore la constance des résultats (Angelini et al., 2008). Les approches seront présentées afin de mieux comprendre leur constitution et leur évolution, pour ensuite se concentrer particulièrement sur les approches qui font appel au scoring qui sera utilisé dans le cadre de la présente recherche.

Les différentes approches sont subdivisées en trois sous-catégories distinctes, soit les systèmes experts, les systèmes de classement (agence de notation) ainsi que les systèmes de credit scoring (Allen et al., 2004; Angelini et al., 2008).

Les systèmes experts

La première forme de système expert utilisé par les institutions bancaires se présente comme étant la méthode des 5c ou Five C’s. Chaque« c» représente un critère spécifique lors de l’ évaluation d’ un dossier de crédit (Angelini et al., 2008; KiiseJ, 2013). Si l’institution bancaire utilise cette technique, seulement une évaluation négative d’un des cinq éléments constituants du 5c peut mener à rejeter le prêt. Voici ces cinq critères :

Le « caractère », représente la volonté de payer de l’ emprunteur. Plus exactement,ce critère est majoritairement basé sur l’expérience passée de crédit, soit les habitudes de paiement.

La « capacité» est, quant à elle, évaluée pour informer le prêteur si l’entreprise répondra à ses obligations. Elle représente donc une mesure pour évaluer si l’entreprise aura la capacité de le faire.

Le « capital» indique plus précisément si l’entreprise possède la mise de fonds requise pour combler la différence entre la somme totale du déboursé pour l’investissement qu ‘ elle fera et le montant du prêt qui sera octroyé. Ce montant peut être plus ou moins élevé selon la nature du prêt.

Les « conditions » sont représentées par les différents mécanismes pouvant être utilisés par les institutions bancaires. Ce sont principalement les mêmes mécanismes qui ont été présentés pour diminuer l’asymétrie d’ information.

Finalement, la partie « collatéral » mesure la valeur des actifs qui sont donnés en garantie. Les actifs tangibles, ayant une valeur de revente qui se conserve dans le temps, assureront une meilleure sécurité pour les institutions financières (Benkraiem et Miloudi, 2014; B1azy et Weill, 2013; Steijvers et al. , 2010).

Cette première forme de système expert est différente des systèmes actuels et son utilisation conduit à deux problèmes principaux. D’une part, la prise de décision standardisée est basée initialement sur l’opinion de l’expert qui laisse place à une certaine subjectivité dans l’ évaluation, alors que l’un des objectifs de cette technique est de minimiser la subjectivité (Angelini et al., 2008). D’ autre part, il n’ y a pas de pondération définie qui détermine le poids de chacun des cinq éléments (Angelini et al., 2008) rendant l’interprétation plus subjective et plus flexible selon l’expert qui analyse le dossier.

Le point de vue de l’analyste de même qu’une multitude de facteurs pourront influer sa décision. Ainsi, sans avoir une pondération ou un poids définis pour chaque variable, le résultat de l’évaluation des 5c pourra connaître une fluctuation plus ou moins importante dépendamment de l’institution à laquelle le dossier est présenté et de l’individu qui le traitera.

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Table des matières

REMERCIEMENTS 
CHAPITRE 1 – INTRODUCTION ET PROBLÉMATIQUE
CHAPITRE 2 – CONTEXTE THÉORIQUE
2.1 Les institutions bancaires et leur fonctionnement
2.1.1 Fonction et nature des institutions bancaires
2.1.2 Processus d’évaluation de crédit des institutions bancaires
2.1.3 Validité et qualité de l’ information présentée par l’ emprunteur
2.2 Le risque de crédit
2.1.1 Capacité de remboursement des emprunteurs
2.2.2 Défaillance des emprunteurs
2.3 L’évaluation du risque de crédit
2.3.1 Les systèmes experts
2.3 .2 Les agences de notations
2.4 Le credit seo ring
2.4.1 L’historique du credit seoring
2.4.2 Les modèles de credit seoring pour évaluer le risque de crédit
2.4.3 Les modèles de seoring de type analyse discriminante multiple (MD A)
2.5 Les modèles de seoring afin d’évaluer le risque de crédit
2.5.2 Modèle multivarié d’Altman (1968), le « Score Z »
CHAPITRE 3 – MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE ET PRÉPARATION DES DONNÉES
3.1 Identification de la base de données
3.2 Préparation de l’échantillon
3.3 Préparation des données
3.4 L’échantillon initial
CHAPITRE 4 – PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉ SUL TATS
4.1 Les erreurs de type 1 et II
4.1.1 Les erreurs de type II
4.1.2 Les erreurs de type 1
4.2 L’analyse exploratoire
4.2.1 Les quatre caractéristiques du dynamisme et de l’ instabilité
4.2.2 Comparer les erreurs de type J et II
4.2.3 Synthèse des résultats
4.3 Synthèse des résultats
4.4 Discussion
4.4.1 La croissance de l’activité
4.4.2 L’ innovation
4.4.3 L’exportation
4.4.4 La croissance de l’actif total
CHAPITRE 5 – CONCLUSION, PISTES ET LIMITES
5.1 Les pistes de recherche
5.2 Les limites
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEX

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