TISSUS DURS DE LA DENT
Généralités
Les dents humaines sont constituées d’une couronne et d’une racine séparées par le collet. À l’intérieur se trouve la cavité pulpaire (endodonte). La dentine forme un noyau coronaire et radiculaire et compose la majeure partie la dent. Celle-ci entoure et limite la cavité pulpaire. Quant à La pulpe, elle occupe l’espace endodontique, on distingue alors la pulpe camérale (coronaire) qui est contenue dans la chambre pulpaire et ainsi que la pulpe canalaire qui siège dans le canal pulpaire [66]. L’email recouvre la dentine coronaire et forme la jonction amélo-dentinaire qui assure la jonction des deux tissus totalement différents du point de vue structure, composition et propriétés grâce aux nano-éraflures. La dentine radiculaire est tapissée par le cément.
Différents tissus durs de la dent
Définition et description
L’émail mature se distingue par une matrice totalement acellulaire, hyperminéralisée et quasi dépourvue de protéines. C’est un des rares tissus minéralisés de l’organisme [45]. Il entoure la dentine coronaire et constitue une coque protectrice des structures sous-jacentes de la dent de par son épaisseur, sa dureté et sa résistance, répondant également à la fonction de mastication. Ces propriétés physiques résultent de sa forte teneur en éléments minéraux. L’émail est cassant notamment lorsqu’il n’est pas soutenu par la dentine sous-jacente, vulnérable à l’attaque acide et translucide .
Composition chimique
On observe au sein d’un tissu amélaire mature trois phases distinctes
– Une phase minérale : constituée principalement de cristaux d’hydroxyapatite de formule Ca10 (PO4)6 (OH)2 . Cette phase prépondérante constitue 96% du poids de l’émail et en fait le tissu le plus minéralisé de l’organisme. D’autres éléments sont également présents sous forme d’ions : carbonates, sodium, magnésium, potassium, chlore et le fluor.
– Une phase organique : moindre, représentant 0,4% du poids de l’émail. Elle renferme des phospholipides et des glycoprotéines dont la plus notable, l’amélogénine, est indispensable à l’amélogénèse.
– Une phase aqueuse : 3,6% de l’émail. On retrouve dans ce pourcentage 1% d’eau libre (circulant dans les espaces intercristallins) et le reste correspondant à de l’eau liée.
Structure histologique
La structure singulière de l’émail répond à une architecture hautement organisée lui conférant sa dureté et sa grande résistance aux forces masticatrices. Deux types d’émails sont à distinguer en fonction de leurs caractéristiques histologiques : l’émail prismatique et l’émail aprismatique [32].
❖ Email prismatique
Il est constitué de monocristaux d’hydroxyapatite. Ils représentent la plus petite unité structurale identifiable au sein de l’émail (nanostructure d’environ 10 angströms) et leur assemblage donne naissance à des cristallites dont la section hexagonale est 50 fois plus importante que celle des monocristaux (microstructure de 500 angströms). Ces cristallites vont eux-mêmes s’imbriquer pour former les prismes d’émail (section de 3 microns) [32]. On dissocie alors deux types d’émail selon l’orientation des cristallites.
Email prismatique : les cristallites sont orientées parallèlement au grand axe du prisme.
Email inter prismatique : les cristallites adoptent un angle d’environ 60° (quant au grand axe des prismes) pour former une structure en éventail. En coupe longitudinale, la substance inter prismatique coiffe de part et d’autre les prismes. En coupe transversale, l’émail inter prismatique les recouvre totalement ou partiellement, excepté au niveau de leur base où les deux structures ne font qu’une .
❖ Email aprismatique :
Il est, quant à lui, simplement constitué de cristallites et reste dépourvu de cette particularité histologique (prismes). On l’observe de part et d’autre de l’émail prismatique, formant ainsi un émail aprismatique interne (en regard de la (JAD)) et externe (surface coronaire), s’étendant sur environ 30 microns .
Rôle
L’émail assure la protection externe du complexe pulpodentinaire. Il joue un rôle incontournable dans la résistance mécanique de la dent. Sans cette coque rigide, la flexibilité de la dent augmente considérablement (jusqu’à doubler) .
Dentine
Définition et description
La dentine est un tissu minéralisé qui forme l’essentiel de la masse de la dent. Elle lui confère sa forme, son volume et la rigidité nécessaire pour résister aux forces de la mastication. Au niveau coronaire, la dentine est recouverte par une coque d’émail qui la sépare du milieu buccal [60]. Au niveau radiculaire, la dentine est recouverte par le cément. La dentine renferme également la pulpe. On considère que, embryologiquement et histologiquement, la dentine et la pulpe constituent un seul et même tissu. C’est pourquoi on parle de « complexe pulpodentinaire ». Elle résulte de la sécrétion des cellules appelées odontoblastes, dont les prolongements sont logés dans les canalicules dentinaires s’étendant jusqu’à la jonction amélo-dentinaire. Ces canalicules ou tubuli dentinaires peuvent atteindre la densité de 60.000/mm². La dentine formée par les odontoblastes entoure le parenchyme pulpaire sauf au niveau de l’orifice des apex .
Composition chimique
La dentine mature humaine est composée en poids :
– de 70 % d’éléments minéraux essentiellement constitués de cristaux d’hydroxyapatite associés à d’autres phosphates : C, Mg, et des oligo-éléments ;
– de 18 à 22 % de matrice organique, formée principalement de collagène de type I (dentine inter tubulaire), de protéines non collageniques (au niveau peritubulaire) et dans une moindre proportion de glycoprotéines acides, de phosphoprotéines et de protéoglycanes, de lipides ;
– de 7 à 12 % d’eau qui figure sous forme d’eau libre et sous forme d’eau liée à la matrice organique au composant cellulaire ou au composant minéral.
Son degré de minéralisation ainsi que sa composition sont voisins de ceux de l’os, cependant sa structure reste très différente .
Structure histologique
La dentine est constituée de tubules ou canalicules dentinaires qui sont formés autour des prolongements des odontoblastes de la pulpe lors de la dentinogénèse. Ils occupent presque toute l’épaisseur de la dentine, depuis la pulpe vers les jonctions amélo-dentinaire et cémento-dentinaire sauf au niveau du manteau dentinaire qui est acanaliculaire. Les tubules sont responsables de la perméabilité de la dentine. Baume et Ten Cate ont décrit différentes formes de dentine tant au point de vue morphologique que chronologique .
❖Concernant les dentines morphologiques :
● dentine périphérique ou matériau dentinaire,
● dentine circumplaire ou orthodentine.
❖Concernant les dentines chronologiques :
● dentine primaire,
● dentine secondaire,
● dentine tertiaire ou réactionnelle.
Rôle
Au niveau biologique, la dentine, de par sa structure canaliculaire, permet de répondre aux stimuli externes par l’intermédiaire des prolongements odontoblastiques. Ainsi, tout ce qui affecte la dentine aura des répercussions sur la pulpe et pourra entrainer soit la formation de dentine tertiaire (réparatrice ou réactionnelle) soit une inflammation pulpaire réversible ou irréversible (pulpite). Au niveau biomécanique, la dentine joue le rôle d’amortisseur des contraintes subies par l’émail protégeant ainsi la pulpe .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES TISSUS DURS DE LA DENT, LES PERTES DE SUBSTANCES DENTAIRES, ET LES PRINCIPES GENERAUX DES PREPARATIONS CAVITAIRES DES DENTS PULPEES
I. TISSUS DURS DE LA DENT
1.1. Généralités
1.2. Différents tissus durs de la dent
1.2.1. Email
1.2.1.1. Définition et description
1.2.1.2. Composition chimique
1.2.1.3. Structure histologique
1.2.1.4. Rôle
1.2.2. Dentine
1.2.2.1. Définition et description
1.2.2.2. Composition chimique
1.2.2.3. Structure histologique
1.2.2.4. Rôle
1.2.3. Cément
1.2.3.1. Définition et description
1.2.3.2. Histophysiologie
1.2.3.3. Rôle
II. PERTES DE SUBSTANCES DENTAIRES
2.1. Lésion carieuse
2.1.1. Généralités
2.1.2. Etiopathogenie de la lésion carieuse
2.1.2.1. Plaque dentaire
2.1.2.2. Microorganismes cariogènes
2.1.2.3. Glucides
2.1.2.4. Substrat hôte
2.1.2.5. Facteur temps
2.2. Lésions dentaires non carieuses
2.2.1. Terminologie
2.2.2. Etiopathogenie et classification
2.2.2.1. Lésions isolées
2.2.2.2. Lésions combinées
2.3. Traumatismes coronaires
2.3.1. Généralités sur la traumatologie dentaire
2.3.2. Fêlures
2.3.3. Fractures coronaires
2.3.3.1. Fracture amélaire
2.3.3.2. Fracture amélo-dentinaire sans complication pulpaire
2.3.3.3. Fracture amélo-dentinaire avec complication pulpaire
III. PRINCIPES GENERAUX DE PREPARATIONS CAVITAIRES
3.1. Ancienne approche selon Black
3.1.1. Principes des préparations cavitaires selon Black
3.1.1.1. Forme de contour extérieur
3.1.1.2. Forme de résistance
3.1.1.3. Forme de rétention
3.1.1.4. Forme de convenance
3.1.1.5. Ablation des tissus cariés restants
3.1.1.6. Finition des parois d’émail
3.1.1.7. Toilettage de la cavité
3.1.2. Classification des cavités carieuses de BLACK
3.1.3. Préparations cavitaires
3.1.3.1. Préparations pour amalgame
3.1.3.2. Préparations pour matériaux adhésifs
3.2. Approche moderne de préparations cavitaires
3.2.1. Objectifs
3.2.2. Critères biologiques et moyens de détersion
3.2.3. Principes mécaniques de la préparation
3.2.4. Nouvelle classification des lésions carieuses
3.2.4.1. Classification proposée par Mount et Hume
3.2.4.2. Classification Si/Sta et indications thérapeutiques
3.2.5. Préparations cavitaires
3.2.5.1. Préparations cavitaires pour matériaux adhésifs
3.2.5.2. Préparations cavitaires pour amalgame
DEUXIEME PARTIE : EVALUATION DES CAVITÉS DE CLASSE I ET II PREPAREES EN PRECLINIQUE POUR UNE OBTURATION A L’AMALGAME
I. JUSTIFICATION
II. TYPE ET CADRE D’ETUDE
III. METHODOLOGIE
IV. ANALYSE STATISTIQUE
V. RESULTATS
5.1. Données initiales
5.1.1. Type de dents
5.1.2. Localisation de la dent
5.1.3. Type de cavité
5.1.4. Activité pédagogique
5.1.5. Constitution de la dent
5.2. Résultats spécifiques
5.2.1. Résultats globaux
5.2.2. Cavités de Classe I
5.2.2.1. Forme de contours
5.2.2.2. Largeur de la cavité
5.2.2.3. Occluso-convergence des parois vestibulaires et linguales
5.2.2.4. Orientation des parois proximales mésiales et distales
5.2.2.5. Respect des crêtes marginales
5.2.2.6. Fond de cavité
5.2.2.7. Profondeur de la cavité
5.2.2.8. Accidents de parcours
5.2.3. Cavités de classe II
5.2.3.1. Cavité occlusale
5.2.3.2. Cavité proximale
5.3. Résultats analytiques
VI. DISCUSSION
6.1. Données initiales
6.2. Résultats spécifiques
6.2.1. Résultats globaux
6.2.2. Forme de contour
6.2.3. Largeur de la cavité
6.2.4. Profondeur de la cavité
6.2.5. Fond de cavité
6.2.6. Occluso-convergence des parois vestibulaires et linguales
6.2.7. Orientations des parois proximales mésiales et distales
6.2.8. Isthme
6.2.9. Accidents de parcours
6.3. Résultats analytiques
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE