Différents modèles de communication
La communication
Enseigner une langue étrangère n’est pas seulement enseigner pour communiquer dans l’optique de dire ou comprendre quelque chose mais c’est être capable de prendre en compte l’individu dans son intégralité (son fonctionnement psychologique, son expérience de vie, ses identités culturelles, intellectuelles, ses motivations et ses objectifs), en tenant compte du contexte et donc du fonctionnement social. Pour l’enseignement des langues étrangères, il a donc fallu analyser le fonctionnement de la communication pour être en mesure de faire une transposition didactique qui tient compte de ces pratiques sociales de références.
Différents modèles de communication
Lorsque deux individus se parlent, ils entrent en interaction, il y a communication interpersonnelle. Le résultat de cette interaction est dû à trois éléments fondamentaux : une « source » qui émet un « message » (dont la forme et le support peuvent varier) en direction d’une « cible » qui le reçoit. Il est intéressant de constater que trois grands types de modèles existent. Les modèles essentiellement orientés sur les problèmes de la transmission des signaux, ce sont les modèles techniques. Les modèles linguistiques quant à eux privilégient le message. Pour finir, les modèles psychosociologiques étudient la communication dans ses mécanismes psychologiques et sociaux.
Les modèles techniques
Le modèle technique le plus connu est celui de Claude Shannon et Warren Weaver (1948). Il était destiné à l’origine aux renseignements militaires. Ces chercheurs se sont inspirés des systèmes de transmission de signaux dans les télécommunications et ils se sont focalisés sur les problèmes de transmission de messages et de qualité de la réception.Un autre chercheur, Norbert Wiener, père de la cybernétique, apporte pourtant une notion essentielle à la compréhension de la communication, celle de la réaction du récepteur au message émis, le feedback (ou rétroaction). C’est une étape importante car elle permet de passer de la communication à l’interaction. Par la suite, un biais dans les modèles techniques de base est souligné. Ils ignorent la nature du message alors que le langage humain est complexe et influence la communication.
Les modèles linguistiques
En linguistique, le modèle de Roman Jakobson (1963) et celui de Dell Hymes (1962) modélisent assez bien les travaux de la linguistique dans le domaine de la communication.Schéma de la communication verbale d’après Jakobson. À chacun des six facteurs inaliénables de la communication correspond une des six fonctions du langage (entre parenthèses).Le modèle de Jakobson tente de représenter la communication humaine dans toute sa complexité. Il cherche à comprendre à quoi sert le langage, et s’il sert à plusieurs choses. Voici un aperçu de ce qui constitue tout acte de communication : Le message lui-même ; Le destinateur envoie un message au destinataire ; Le destinataire est censé recevoir le message ; Pour être opérant, le message requiert d’abord un contexte auquel il renvoie (c’est ce qu’on appelle aussi, dans une terminologie quelque peu ambiguë, le « référent »), contexte saisissable par le destinataire, et qui est soit verbal, soit susceptible d’être verbalisé ; Le message requiert un code, commun, en tout ou au moins en partie, au destinateur et au destinataire (ou, en d’autres termes, à l’encodeur et au décodeur du message) ; Le message requiert un contact, un canal physique et une connexion psychologique entre le destinateur et le destinataire, contact qui leur permet d’établir et de maintenir la communication. Les six fonctions de la communication telles que les identifie Roman Jakobson sont chacune liées à un de ces éléments. Les fonctions du langage sont les suivantes : Fonction expressive ou émotive (expression des sentiments du locuteur) Fonction conative (fonction relative au récepteur)
Fonction phatique (mise en place et maintien de la communication) Fonction métalinguistique (le code lui-même devient objet du message) Fonction référentielle (le message renvoie au monde extérieur) Fonction poétique (la forme du texte devient l’essentiel du message) Pour imager ces fonctions, nous pouvons prendre comme exemple un message publicitaire. Il doit attirer l’attention (fonction phatique), convaincre (fonction conative), par la raison (fonction référentielle) ou l’émotion (fonction expressive), et faire passer à l’action (fonction conative et référentielle). Il est important de rappeler que le destinataire d’un message est toujours celui qui produit le sens de celui-ci. La signification n’est pas nécessairement celle que l’émetteur a voulue. La transmission implique toujours deux partenaires et si l’un des deux change, le message s’en trouve automatiquement transformé, même si on ne le sait pas, même si on ne le veut pas. Le schéma de Jakobson, malgré sa simplicité, continue à rendre compte d’une manière peut-être limitée, mais efficace, d’une théorie générale transposable à la didactique des langues étrangères. Il permet une description des situations d’enseignement en classe, une meilleure analyse des malentendus inhérents à la communication humaine et une représentation de la communication (Qui dit quoi, à qui, par quels moyens, avec quels résultats ?). Il nous évite d’oublier la manière personnelle que l’individu a d’interpréter les signes de la langue (règles et normes régissant la communication, attachées à une communauté) et les dimensions cachées, les codes implicites, les variations culturelles qui influencent les actes de langage. Toutes ces dimensions préexistent à l’utilisation de la langue et à son apprentissage et il est indispensable de les connaître pour l’élaboration d’une didactique.
Les modèles psychosociologiques
Dans les modèles psychosociologiques de nouvelles dimensions ont été apportées. Ainsi, on sait qu’un nombre important d’informations sont émises de façon non verbale notamment par les gestes, les mimiques et le ton. On a distingué deux catégories de langage ; une forme « digitale », la langue, et une forme « analogique », l’expression corporelle. Ensuite, le statut et l’identité sociale des partenaires influencent les rapports. On ne réagit pas de la même manière si on s’adresse à son enfant ou à son supérieur. D’autres facteurs comme le contexte, le nombre de participants et les conditions sociales influencent la communication et celle-ci obéit également à des règles. Par ailleurs, toute communication contient des enjeux et peut être donc appréhendée comme situation stratégique. Les interlocuteurs désirent maîtriser les éléments qui commandent ces enjeux en « manipulant » leur partenaire. On le voit, la communication ne se réduit pas juste à la relation entre un émetteur et un récepteur. Un modèle pragmatique, le modèle d’inférence, a été ensuite développé par les linguistes (Gardiner, Dan Sperber et Deirdre Wilson,1989). Ce modèle souligne l’importance des faisceaux d’indices que les interlocuteurs émettent et qui, placés dans le contexte, doivent permettre à l’auditeur de comprendre le sens et/ ou les intentions réelles du locuteur. Les modèles de communication ont évolué car il est apparu que la communication est un système extrêmement complexe. Les chercheurs se sont rendus compte que vouloir modéliser un tel phénomène ne pouvait le rendre que rigide et statique et ils ont progressivement abandonné l’idée de schématiser la communication. Cependant, ces différents modèles permettent de mieux saisir toute la complexité de la communication et nous éclaire sur la façon dont on apprend en communiquant, à travers par exemple ce qu’on appelle une « coréférence » (on comprend plus vite si le cadre conceptuel est déjà familier) ou encore en devinant la pensée d’un interlocuteur, en lui attribuant un « vouloirdire », des états d’esprit ou des intentions (Sperber, Wilson, 1989). Les appartenances culturelles et les connaissances contextuelles des interlocuteurs créent, pour chacun d’eux, une sorte de filtre, à travers lequel passe le langage et il est primordial de connaître cet aspect de la communication lorsqu’on enseigne les langues.
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Table des matières
Introduction
2 Problématique
3 Éléments théoriques
3.1 La communication
3.1.1 Différents modèles de communication
3.1.1.1 Les modèles techniques
3.1.1.2 Les modèles linguistiques
3.1.1.3 Les modèles psychosociologiques
3.2 L’enseignement d’une langue étrangère
3.2.1 Définitions langue première, langue seconde et langue étrangère
3.2.2 Le modèle de Krashen
3.2.3 Le modèle du « bon apprenant en langues »
3.2.4 Le rôle des enseignants dans l’enseignement d’une langue étrangère
3.3 Histoire des méthodologies
3.3.1 Méthodologie traditionnelle (de l’antiquité à nos jours)
3.3.2 Méthodologie directe (MD, 1900 – 1920)
3.3.3 Méthodologie audio-orale (MAO)
3.3.4 Méthodologie structuro-globale audiovisuelle (MSGAV,1960 – 1980)
3.3.5 L’approche communicative (1980 – ~1990)
3.3.6 Période de l’Approche post-communicative (l’éclectisme,~1990-~2005)
4 Cadre conceptuel
4.1 Le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL)
4.2 La perspective actionnelle ou approche actionnelle
4.3 La mise en œuvre de l’approche actionnelle en Suisse au secondaire I
4.3.1 Le projet Passepartout
4.3.2 La méthode Clin d’œil
4.4 L’enseignement du FLE avant l’introduction de l’approche actionnelle
4.5 Questions de recherche et hypothèses
Hypothèses
5 Dispositif méthodologique et recueil des données
5.1 Recherche qualitative
5.2 Recherche compréhensive
5.3 Elaboration de l’instrument d’enquête et description des outils de recherche
5.3.1 Grille d’observation pour les séances de FLE
5.3.2 Le questionnaire
5.4 Analyse et interprétation des données
5.4.1 L’approche actionnelle, entre théorie et pratique
5.4.2 La tâche et l’évaluation
5.4.3 La grammaire et le vocabulaire
5.4.4 Gestion de classe, interactions
5.4.5 Les pratiques liées au TICE
5.4.6 Les principales différences de pratiques entre Bonne Chance et Clin d’Œil et quelques difficultés
5.5 Vérification des hypothèses
6 Conclusion
6.1 Apport personnel dans notre pratique
6.2 Limites de la recherche
6.3 Prolongements possibles
7 Bibliographie
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