Différentes perspectives du développement de l’enfant

Différentes perspectives du développement de l’enfant

Le développement de l’être humain est un processus complexe. De la naissance à la fin de la vie, une multitude de changements jalonne son parcours. Quand le petit d’homme naît, il est immature. Sa néoténie nécessite les soins de personnes qui s’occupent de lui pour qu’il survive. Dès la naissance, il a néanmoins la capacité innée de percevoir le monde. Il est sensible à ses régularités. Il mémorise des informations, produit des sons, répond de manière privilégiée au visage d’un autre être humain. Les fonctions cognitives complexes comme le langage ou le calcul ont des prémices chez le nourrisson. Le bébé est équipé pour traiter les caractéristiques de la parole humaine. Il est également compétent pour avoir conscience d’un nombre d’objets et pouvoir effectuer des opérations sur ces nombres. Cependant, il est totalement dépendant de son environnement pour développer son plein potentiel. C’est un être d’apprentissage, qui tout au long de sa vie multipliera les expériences, développera des pensées, entrera en action dans un environnement qui contribuera à sa représentation du monde et à une vie relationnelle. Les expériences qu’il vit dans ses découvertes sensorielles, ses activités diverses, ses interactions sociales contribuent à sa construction. De nombreux chercheurs, depuis le début du XX è siècle, ont apporté leur éclairage sur le développement de l’enfant. De multiples théories offrent des lectures spécifiques et complémentaires des processus en jeu. Elles amènent à définir des étapes et établir des normes. Elles servent de repères pour comprendre et accompagner l’évolution des enfants.

Les fonctions psychomotrices de l’enfant

Le bébé vient au monde avec quelques outils lui permettant d’établir les premières interactions avec son entourage. En deux ou trois ans, il passe de l’état de totale dépendance à celui d’un explorateur capable d’agir sur le monde à l’aide de ses sens et ses mouvements. Sa maturation biologique lui permet progressivement de multiplier les expériences et les découvertes. La croissance physique est le signe le plus visible de son évolution. Le développement du cerveau au cours de l’enfance permet aux capacités perceptives et aux habiletés motrices d’augmenter et de s’affiner. Le développement moteur offre à l’enfant de nouvelles zones d’exploration.

La croissance physique

La vérification régulière de la taille et du poids tout au long de l’enfance permet de vérifier si la croissance est harmonieuse. Des facteurs multiples interviennent : constitutionnels, énergétiques, endocriniens et psychologiques. Les standards de référence utilisés en France sont les courbes de croissance établies par Sempé et Pédron, présentes dans les carnets de santé, actualisées en 1979 et 1995. Elles permettent de vérifier qu’un enfant grandit normalement. Elles délimitent des tailles extrêmes observées chez moins de 3% des enfants. La taille est une mesure stable pour vérifier la croissance de l’enfant. Le poids complète les indications sur son état de santé et de nutrition. La croissance physique est rapide dans les quatre premières années, et plus particulièrement de la naissance à 2 ans. En un an, les bébés gagnent de 25 à 30 centimètres et triplent leur poids. Ils prennent une dizaine de centimètres la deuxième année. A 24 mois pour les filles et 30 mois pour les garçons, ils ont déjà atteint la moitié de leur taille adulte. Ensuite, de 4 ans à 10-12 ans, l’enfant gagne en moyenne 5 à 6 centimètres par an. Puis une accélération se manifeste à la puberté. La taille adulte est généralement atteinte vers 16 ans pour les filles, 18 ans pour les garçons. Des troubles de la croissance peuvent se manifester. Ils sont parfois liés à des anomalies chromosomiques, des maladies, des problèmes de dénutrition ou des carences affectives graves dans le cadre du nanisme psychosocial (Mariani, Chalies, Jeandel et Rodière, 2010) .

Le développement du cerveau

Le cerveau est à l’origine de nos perceptions, nos pensées, nos actions et nos émotions. Son développement conditionne toutes nos facultés. A la naissance, les parties les plus développées du cerveau sont celles du tronc cérébral. Il détermine le rythme cardiaque, la respiration, la pression artérielle, les fonctions élémentaires comme l’attention, l’habituation, le sommeil, l’éveil, l’élimination et les mouvements de la tête et du cou. La partie du cerveau la moins développée est le cortex cérébral, c’est à dire la couche externe constituée de substance grise qui régit les fonctions supérieures de la perception, les mouvements du corps et tous les aspects de la pensée et du langage.

Sa croissance rapide est due en grande partie à la croissance des neurones. Ils se multiplient et développent leurs connexions. Les dendrites et axones les prolongent pour transmettre les informations aux autres neurones. Le cerveau produit plus de neurones et de connexions que nécessaire. Les connexions les plus utilisées se renforcent, les autres sont éliminées pour gagner en efficacité dans le traitement des informations. Ainsi, l’enfant qui vit dans un environnement riche ou intellectuellement stimulant conserve et développe un réseau plus dense et complexe que l’enfant dont l’environnement offre moins de stimulations. On pense que les différences individuelles concernant l’intelligence résultent des différences dans l’habileté du cerveau à développer des connexions entre les neurones en fonction de l’expérience (OCDE, 2007). Les premières stimulations sensorielles, la malnutrition, les mauvais traitements peuvent avoir un impact durable sur l’aptitude du cerveau à assimiler de l’information et à la stocker. Les enfants abandonnés dans des orphelinats découverts en 1989 après la chute du dictateur Ceaucescu en Roumanie étaient affamés et passifs et ne démontraient aucune émotion. Ils avaient passé le plus clair de leur temps couchés, inactifs dans leur berceau ou leur lit en ayant peu de contacts entre eux ou avec le personnel soignant. La plupart des enfants de 2-3 ans ne marchaient pas et ne parlaient pas. Des tests d’imagerie par résonance magnétique du cerveau de ces orphelins roumains ont permis de déceler une inactivité extrême dans les lobes temporaux qui servent à réguler les émotions et recevoir les informations auditives. Plusieurs de ces enfants ont été adoptés ou placés dans des foyers d’accueil. Ceux qui étaient sortis de l’orphelinat avant l’âge de 6 mois ne présentaient pas de dommages cognitifs à l’âge de 11 ans alors que les plus âgés présentaient un retard important (Kolb et Whishaw, 2002).

Donc les stimulations doivent intervenir très tôt dans la vie. La grande plasticité du cerveau permet de compenser certaines lésions, d’autres circuits se mettent en place pour prendre le relais. Le processus se poursuit tout au long de la vie, les adultes peuvent produire de nouveaux neurones alors qu’on pensait pendant longtemps que le cerveau était presque entièrement formé vers 2 ans.

Les capacités perceptives

De multiples informations sensorielles parviennent à l’enfant. Il s’agit d’une part des sensations d’origine intéroceptive concernant l’état interne de son corps : les sensations de faim, de soif, de douleur entre autres, d’autre part les sensations proprioceptives concernant l’appareil vestibulaire de l’oreille interne et permettant la réalisation d’un grand nombre d’habiletés motrices. S’ajoutent les informations extéroceptives véhiculées par les organes sensoriels.

Dès la naissance, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher sont opérationnels. La vue se développe plus lentement. A la naissance, le bébé voit à 20 cm, soit la distance qui sépare les yeux de l’enfant du visage de sa mère durant l’allaitement. Il peut reconnaître le visage de sa mère quelques heures après la naissance. Il peut percevoir les couleurs quelques semaines plus tard. Les mouvements qu’il fait lui permettent d’apprécier les distances et la profondeur des objets quand il s’en approche et s’en éloigne. Il commence à apprécier la profondeur vers 3 mois et coordonne les informations visuelles des deux yeux vers 7 mois.

Dès la naissance, il perçoit les contrastes phonétiques de toutes les langues naturelles et la perception des sons se fait comme pour l’adulte par catégorisation. Vers l’âge de 8 à 10 mois, il se spécialise dans la langue maternelle et ne discrimine plus les contrastes des langues étrangères.

Cependant, dès les premiers jours de la vie, les nourrissons sont plus sensibles à la voix maternelle qu’ils ont entendue in utero et dès 4 jours ils peuvent différencier leur langue maternelle d’une langue étrangère en utilisant des indices prosodiques tels que l’intonation, le rythme, l’accentuation. Les premiers mots sont compris vers 8 à 10 mois. Ensuite la progression est très rapide : 50 mots à 10 mois, 100 mots à 13 mois, 200 à 16 mois et 300 à 20 mois.

Les habiletés motrices

Les acquisitions motrices sont dépendantes de la maturation cérébrale, des capacités perceptives et cognitives et de l’expérience de l’enfant. Le développement moteur est un processus qui débute dès le début de la vie intrautérine et se poursuit jusqu’à l’âge adulte. Il s’élabore en interaction entre le système nerveux et les sollicitations de l’environnement. Par les actions motrices, les connexions s’établissent. Elles se complexifient à partir d’éléments moteurs simples.

La séquence d’acquisition des habiletés motrices est la même pour tous les enfants. Chaque enfant a son propre rythme de développement même s’ils passent tous par les mêmes étapes (Rigal, 2003). Les enfants handicapés les franchissent dans le même ordre mais en décalage par rapport aux autres. Les progrès sont variables et irréguliers. Ils peuvent être rapides pendant une période puis stagner. Des régressions temporaires sont même observées. Selon Gesell et Ilg (1963), le développement posturo-moteur se fait selon deux lois. La loi céphalo-caudale indique que le contrôle musculaire et postural s’opère de la tête vers les membres inférieurs. Le maintien de la tête précède la station assise qui précède elle-même la station debout. Le contrôle des membres supérieurs précède celui des membres inférieurs. La loi proximo-distale implique que le développement se fait de la partie la plus proche à la partie la plus éloignée de l’axe corporel. L’enfant exécute d’abord des mouvements de la tête et du tronc puis des épaules et du bras avant de développer les mouvements des avant bras et des mains. Enfin l’enfant arrive à être de plus en plus précis et adroit dans ses manipulations. La même progression s’observe pour les membres inférieurs. Comme le manifestent les enfants qui évoluent dans un environnement satisfaisant l’expérience influe sur le développement moteur. Restreindre les mouvements d’un bébé ralentit l’acquisition de ses habiletés motrices. Par exemple, dans un orphelinat iranien, des enfants qui restaient couchés sur le dos dans leur lit marchaient avec un retard d’un an par rapport à des enfants plus libres de leurs mouvements.

Selon Ajuriaguerra (1974), le développement psychomoteur s’établit selon plusieurs étapes qui vont « du corps subi » au « corps maîtrisé. » D’autres auteurs comme Wallon (1970) ou Staes et De Lièvre (2006) reprennent cette classification. L’étape du « corps subi » concerne le nourrisson de 0 à 3 mois. Elle correspond au stade des mouvements réflexes. Les réflexes primaires ou archaïques apparaissent pendant la vie fœtale. Ce sont des mouvements non volontaires nécessaires à la survie de l’enfant. Ils correspondent à une réponse innée et automatique résultant de stimulations spécifiques. Il s’agit du réflexe de succion qui se manifeste quand on caresse la joue de l’enfant, celui de la marche automatique quand on maintient l’enfant au niveau du tronc, le réflexe d’agrippement quand on lui donne un doigt. Leur présence indique un bon fonctionnement du système sous cortico-spinal. Grâce à la myélinisation du système nerveux, processus par lequel les axones se recouvrent de myéline et permettent ainsi le contrôle volontaire des mouvements, et aux stimulations de l’environnement de l’enfant, ils disparaissent progressivement entre 2 et 4 mois et se transforment en mouvements volontaires. D’autres s’intègrent et se transforment dans des formes de comportement plus complexes comme le réflexe de fouissement, de succion, de déglutition ou le réflexe des points cardinaux. Certains réflexes adaptatifs sont présents toute la vie: clignement des yeux, bâillement, toux, nausée, éternuement, réflexe pupillaire. L’enfant communique d’abord par l’intermédiaire de son tonus qui constitue la base des activités motrices et posturales et la trame de tous les mouvements. Le tonus est l’état de tension des muscles qui assure le maintien d’une position et varie suivant les informations données par le système kinesthésique. Il favorise le déroulement de la motricité volontaire. Le bébé a au départ une motricité globale dont les décharges sont généralisées à tout le corps. Wallon (1934/1949) parle de « relation tonico affective », Ajuriaguerra (1974) parle de « dialogue tonique ». L’hypertonie d’appel correspond à l’expression des besoins et au déplaisir, l’hypotonie de détente exprime la satisfaction des besoins. Au début de la vie, la posture qui correspond à la mise en forme des attitudes dans des positions déterminées se confond avec le tonus. Les mouvements sont souvent accompagnés de syncinésies, mouvements involontaires inutiles et étrangers aux mouvements sollicités. Elles diminuent avec l’amélioration des habiletés motrices et la capacité de dissocier les mouvements. L’ouverture de la main et l’extension des doigts prépare la préhension de l’objet. L’extension de la tête permet de diriger le regard vers l’extérieur. Puis les mouvements se différencient et se précisent.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE THEORIQUE
1. Différentes perspectives du développement de l’enfant
1.1. Les fonctions psychomotrices de l’enfant
1.2. Modèles théoriques de développement : entre pensée et interactions
1.3. Des espaces spécifiques d’acquisition
1.4. Le développement affectif et social
2. De l’enfant à l’élève en milieu scolaire, apprentissages et échecs
2.1. Le milieu de l’école et les apprentissages
2.2. Le milieu scolaire et les situations particulières
2.3. De la difficulté à l’échec à l’école élémentaire
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA RECHERCHE
1. Problématique et hypothèses
1.1. Problématique
1.2. Hypothèses
1.3. Conclusion
2. Population, procédure et outils méthodologiques
2.1. Introduction
2.2. Population
2.3. Procédure
2.4. Méthodologie
2.5. Conclusion
TROISIEME PARTIE : RESULTATS
1. Analyses quantitatives
1.1. Étude 1
1.2. Limites méthodologiques
1.3. Étude 2
1.4. Étude 3
1.5. Étude 4
1.6. Conclusion du chapitre
2. Analyses qualitatives
2.1. L’Épreuve des Trois Arbres
2.2. Le Cahier de l’Arbre
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSION-CONCLUSION
1. Introduction
2. l’expérience corporelle
3. Un accompagnement pour développer la pensée
4. Un espace de jeu et de créativité
5. Le travail du négatif
6. Au delà de l’échec scolaire, un nouveau rapport à l’école et au monde
7. Limites de l’étude
7.1. Un petit nombre d’enfants
7.2. La représentativité de la population
7.3. Le groupe contrôle
8. Conclusion et points à approfondir
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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