L’homme, quelles que soient ses activités journalières, produit des déchets. Ces déchets ne cessent d’augmenter à cause de la multiplication rapide de la population. Globalement, l’évolution des modes de vie entraîne une forte augmentation de la production des déchets (5). La Chine, à elle seule, a produit un milliard de tonnes de déchets en 2005, avec une croissance de l’ordre de 7 % par an (8). Au Canada, les activités industrielles produisent chaque année des millions de tonne de déchets, dont, environ, six millions de tonnes contiennent des produits chimiques toxiques tels que des acides, des phénols, de l’arsenic, du plomb et du mercure (4). En France, chaque année, les déchets produits sont de l’ordre de 622 millions de tonnes, dont 30 % représentent les déchets industriels (1).
Le mot «déchet» apparu au XIV siècle, vient du verbe « déchoir » qui traduit la diminution de la valeur d’une matière, d’un objet jusqu’au point où ils deviennent inutilisables en un point et en un temps donné (13). Selon le Code de l’environnement, le terme « déchet » est définit comme: «Tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance ou matériau, tout produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné» (2). Les déchets se classent en déchets urbains, déchets des entreprises appelés aussi déchets industriels, les déchets hospitaliers, les déchets agricoles et les déchets particuliers appelés autre- fois DTQD (Déchets, Toxique, en Quantité Dispersé) (3). Les déchets des entreprises sont des déchets qui découlent des activités industrielles.
Actuellement, à Madagascar, comme ailleurs, les déchets des entreprises ou sociétés représentent l’un des problèmes qui provoquent le changement défavorable des composantes de l’environnement. Ces déchets sont généralement rejetés dans la nature à cause de l’insuffisance de traitement y existant. A Mahajanga, il existe plusieurs types d’entreprises. La majorité de ces entreprises ne pratiquent pas la caractérisation et la gestion des déchets résultants de leurs activités et ne respectent pas la norme de cahier de charge environnementale. En plus, leurs eaux usées sont ni collectées ni traitées. Elles sont directement rejetées dans les canaux, dans les égouts ou directement dans la mer, à part la partie qui s’infiltre dans le sous-sol environnant de leurs points d’implantation. En conséquence, les sous-sols et l’environnement marin reçoivent des polluants qui pourraient dégrader l’écosystème.
En effet, l’un des problèmes qui préoccupent actuellement la commune urbaine de Mahajanga concerne l’assainissement de la ville (10). Elle cherche des moyens d’élimination et de gestion des eaux usées domestiques et des déchets issus des industries (savonneries, huileries, pêcheries, …) et des installations à caractère collectif (casernes, hôpitaux, restaurant, …). Par conséquent, la mauvaise gestion des déchets et des rejets d’eaux usées favorise la multiplication rapide de certains microbes épidermiques (10). Or, à Madagascar, il existe une loi portant politique de gestion et de contrôle des pollutions d’origine industrielle (loi n° 99-021 du 19/08/1999), un décret (décret n° 99-954 du 15/12/1999) portant mise en compatibilité des investissements avec l’environnement (un des textes d’application de la loi n° 90-030 modifiée et complétée par la loi n° 97-012 portant Charte de l’Environnement Malagasy), un décret n° 2003/170 portant réglementation de l’importation et de l’utilisation des substances appauvrissant la couche d’ozone (SAO) et de convention ratifiée à Madagascar : convention de Bâle sur le contrôle de mouvement transfrontière de déchets dangereux et de leur élimination, adopté le 22/03/1989 à Bâle en Suis. Ainsi, il est intéressant de caractériser les différents types des déchets produits par des entreprises et d’étudier leurs impacts environnementaux.
La Société Industrielle du Boina (SIB) est l’une des sociétés implantées à Mahajanga. Elle a été choisie comme entreprise pilote pour être appuyée techniquement par l’Office National pour l’Environnement (ONE), puisqu’elle représente une des plus importantes entreprises de cette ville. Elle a commencé ses activités depuis 1936. Elle produit de l’huile alimentaire, du savon de ménage et du détergeant (SIBAX). Depuis quelques années, elle cherche à se mettre en conformité par rapport aux dispositions légales et réglementaires concernant la protection de l’environnement. D’ailleurs, dans une société, il est intéressant de savoir les caractéristiques et les impacts environnementaux des déchets produits. De plus, la protection de l’environnement est d’intérêt général (11). C’est pourquoi nous avons choisi le thème de notre mémoire comme « Différents types de déchets de la Société Industrielle du Boina (SIB) : leurs caractéristiques et leurs impacts environnementaux. » .
Société Industrielle du Boina
Historique
La Société Industrielle du Boina est l’une des plus importantes entreprises de la ville de Mahajanga. Elle produit de l’huile alimentaire et des savons et détient le statut juridique d’une société de droit privé, notamment une société anonyme ayant un capital de 240 millions d’ariary. Ses numéros d’immatriculation au registre de commerce et statistique sont respectivement N° RCS : MAJ 2001 B 0140 et NIF : 000092726-stat : 020317. Elle a été mise en service en 1936, mais son nom et son statut ont été changés quatre fois. De 1929 à 1947, cette société était une société de collectivité portant le nom de « Etablissement Barday Frère ». A cette époque, il y avait déjà une huilerie et une savonnerie. Outre ces deux activités, il y avait aussi une fabrication du papier et du bonbon et une production du tabac. De 1947 à 1960, l’Etablissement Barday Frères avait acquis le statut de SARL. L’entreprise avait alors cessé de fabriquer le bonbon et de produire le tabac, mais une rizerie avait été mise en place. De 1960 à 1972, l’Entreprise avait acquis le statut de SARL sous l’appellation Société Industrielle du Barday. De 1972 jusqu’à ce jour, l’Entreprise porte le nom de Société Industrielle du Boina en abrégé SIB. Elle avait déjà ses propres modes de récupération, de recyclage et de traitement de ses effluents liquides et de ses déchets solides. Deux bacs FLORENTIN sont utilisés dans le processus de fabrication de l’huile raffinée de coton. A partir de 2002, la SIB dispose d’un bassin de décantation (du type FLORENTIN) à 5 compartiments de capacité globale de 152,25 m3 qui neutralise les effluents issus des unités de production d’huile raffinée de coton et de savon. Le bassin permet de retenir les boues solides et de réduire sensiblement les matières en suspension dans le rejet final. A partir de ce moment, le traitement existant est basé uniquement sur une simple décantation en plus en plus de ces deux bacs FLORENTIN .
Localisation
La Société Industrielle du Boina est située dans une zone industrielle à Antanimasaja (au bord de la RN4 Mahajanga – Antananarivo). Elle occupe une surface bâtie de 15,546 m2 . Le domaine de cette société est limité, au Sud par la baie de Bombetoka et au Nord par les habitations longeant la RN4 .
Unités constitutives de l’usine
La société est constituée principalement par :
• Une unité de production d’huile de coton à usage alimentaire ;
• Une unité de fabrication de savon de ménage et de détergeant SIBAX.
Ressources humaines et matérielles
La société emploie 132 salariés permanents et 75 temporaires. Elle dispose de 11 véhicules (camions et camionnettes) et 2 tracteurs fonctionnels.
Matières premières utilisées dans l’usine
Les matières premières utilisées par la Société Industrielle du Boina sont les graines de coton et d’arachide, les acides gras et les soudes caustiques. Les graines de coton et d’arachide sont collectées dans les régions de la Sofia, du Boina et du Sud (Tuléar). Ces matières sont utilisées pour produire de l’huile alimentaire. Les acides gras sont importés du Singapour. Les soudes caustiques sont aussi importées (conditionnement en fûts métalliques de 50 kg). Ils sont nécessaires à la fabrication des savons et à la neutralisation des huiles.
Autres matériels utilisés par la SIB
Eau
L’approvisionnement en eau de l’entreprise est assuré à partir du réseau de la JIRAMA (en moyenne 1000 m3 à 1200 m3 par mois) et d’un puit (500 m3 à 600 m3 par mois) situé dans le domaine de la société. L’eau venant de ces deux sources passe en général par un adoucisseur avant d’être utilisée dans la production. Elle est nécessaire à la fabrication du savon et de l’huile, à la production du vapeur, au refroidissement et à l’usage domestique.
Courant électrique
L’alimentation en énergie électrique se fait à partir du réseau de haute tension de la JIRAMA.
Elaboration et dépôt d’une demande de stage
Une lettre de demande de stage adressée à Madame le Directeur de la SIB a été formulée, puis déposée au secrétariat de ladite Société. A l’appui de cette demande, une lettre d’introduction a été rédigée par le Chef d’Option STTD.
Visite de courtoisie
Une visite de courtoisie auprès du responsable de la SIB a été effectuée avant de commencer cette étude. Durant celle-ci, une conversation a été faite. Cette visite nous a permis de demander au responsable de la société de faire un stage dans sa société et d’expliquer les objectifs de notre stage.
NATURES ET ORIGINES DES DECHETS DE LA SIB
La Société Industrielle du Boina (SIB) produit des déchets. Ces déchets sont de trois types selon leur nature. Ce sont des effluents liquides, des déchets solides et des émissions atmosphériques. Leurs origines sont variables.
Effluents liquides
Les effluents liquides de la SIB sont les suivants :
• Eaux de lavage des huiles (durant la production des huiles alimentaires) ;
• Condensas issus de la désodorisation des huiles décolorés (durant la production des huiles alimentaires) ;
• Eaux de décantation des acides gras fondus (pendant la fabrication des savons) ;
• Eaux de lavage des fûts contenant de l’acide gras ;
• Eaux usées domestiques (administration, salle d’eau, toilettes) et de ruissellement.
Déchets solides
Les déchets solides rencontrés dans la SIB sont les suivants :
• Sables, fibres et duvets de coton issus de nettoyage des grains de coton (durant la production des huiles alimentaires) ;
• Coques qui sont obtenues après le décorticage de grains de coton nettoyés (durant la production des huiles alimentaires) ;
• Tourteaux issus du pressage des amandes de coton chauffées (durant la production des huiles alimentaires) ;
• Gâteaux issus du filtrage du décantât obtenu après la décantation (durant la production des huiles alimentaires) ;
• Boues de curage du bac Florentin avant le bassin de décantation ;
• Boues dans le bassin de décantation qui contiennent encore environ 37 % d’huile.
Outres ces différents types des déchets, il existe aussi d’autres déchets solides tels que les fûts vides . Notons que les fûts vides en bon état, et après nettoyage, sont réutilisés pour le conditionnement de l’huile raffinée. Tandis que les fûts cabossés sont utilisés pour stocker les soapstocks ou vendus à la population au même titre que les fûts de soudes vides.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : MATERIELS ET METHODES
1. MATERIELS
1.1. Société Industrielle du Boina
1.1.1. Historique
1.1.2. Location
1.1.3. Structure d’ensemble de la société
1.1.4. Unités constitutives de l’usine
1.1.5. Ressources humaines et matérielles
1.1.6. Matières premières utilisés dans l’usine
1.1.7. Autres matériels utilisés par la SIB
1.1.7.1. Eau
1.1.7.2. Courant électrique
1.1.7.3. Chaudière
1.1.7.4. Produits chimiques
1.1.8. Mode de fonctionnement de l’usine
1.2. Papier pH
1.3. Internet
1.4. Bibliothèques
1.5. Supports des cours
2. METHODES
2.1. Choix du lieu de stage
2.2. Elaboration et dépôt d’une demande de stage
2.3. Visite de courtoisie
2.4. Enquêtes
2.5. Observations visuelles
2.6. Détermination du pH des eaux
2.7. Recherches Bibliographiques
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS
1. DIFFERENTES ETAPES DE PRODUCTION DE L’HUILE ALIMENTAIRE
1.1. Production des huiles brutes
1.1.1. Nettoyage
1.1.2. Décorticage
1.1.3. Séparation
1.1.4. Cuisson
1.1.5. Pressage
1.1.6. Décantation
1.1.7. Filtrage
1.2. Raffinerie d’huile et production d’huile alimentaire
1.2.1. Neutralisation
1.2.2. Centrifugation
1.2.3. Lavage
1.2.4. Décoloration
1.2.5. Désodorisation
1.2.6. Conditionnement
2. DIFFERENTES ETAPES DE PRODUCTION DE SAVON
2.1. Préparation de la soude
2.2. Préparation des acides gras
2.3. Décantation
2.4. Saponification
2.5. Finition
2.6. Conditionnement
3. NATURE ET ORIGINE DE DECHETS DE LA SIB
3.1. Effluents liquides
3.2. Déchets solides
3.3. Emissions atmosphériques
4. CARACTERISTIQUES DES DIFFERENTS TYPES DES DECHES DE LA SIB
4.1. Effluents liquides
4.2. Déchets solides
4.3. Emissions atmosphériques
5. PROFILS ENVIRONNEMENTAUX DE LA SIB
6. IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DE DECHETS DE LA SIB
7. SOURCES D’IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES DECHETS DE LA SIB
8. EVALUATION DES IMPACTS DE DECHETS
9. PLAN DE GESTION ENVIRONNEMENTAL (PGE) DE LA SIB
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
CONCLUSION ET RECOMMANDATION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES