Différentes étapes de développement de l’aquaculture
Dans l’histoire du développement de l’aquaculture en eau douce, 3 grandes périodes sont à distinguer :
La première phase se situe entre 1914 et 1963, pendant laquelle diverses espèces de poissons, telles que tilapia et carpe commune, ont été introduites à Madagascar. Selon KIENER (1963), il existe, fin 1962, 85000 étangs de pisciculture familiale répartis dans toute l’île, plus particulièrement dans les provinces de Fianarantsoa et d’Antananarivo. Au début des années 1960, il y a 12 stations piscicoles principales et 30 stations secondaires gérées par le Service des Eaux et Forêts. C’est à cette époque qu’a débuté à Madagascar la pratique de la rizipisciculture.
La deuxième période entre 1964 et 1984 a été marquée par une forte diminution des étangs piscicoles familiaux qui sont descendus jusqu’à 6000 environ selon les rapports officiels de 1984. Les principales raisons avancées pour expliquer le déclin sont la méconnaissance des techniques d’élevage, l’inexistence d’encadrement technique par manque de promotion de développement, l’insuffisance d’appui financier et surtout le manque d’alevins d’espèces intéressantes.
La troisième phase a commencé en 1985 avec l’appui du projet MAG/82/014 « Vulgarisation de la pisciculture et développement de la pêche continentale » dont les activités principales sont la formation, la mise en place d’un réseau de vulgarisateurs et la gestion de la station piscicole d’Ambatofotsy-Ambatolampy dans la région de Vakinankaratra. Le projet MAG/88/005 « Promotion de l’aquaculture et privatisation de la production d’alevins » a débuté en 1989 prenant la relève du projet MAG/82/014 pour consolider les acquis et la zone d’application s’est élargie jusqu’à la Province de Fianarantsoa. Un projet PNUD/FAO/86/005 « Développement agricole intégré de la région du lac Itasy » a fait la promotion de la pisciculture en rizière et en étang. La mission consiste en la mise en place d’un réseau de producteurs d’alevins en milieu rural. Au cours de la campagne 1990-1991, la production des 6 premiers producteurs opérationnels s’élève à 126 000 alevins. Le projet a aussi commencé à étudier l’élevage en cage pour rehausser la production du lac Itasy.
Fonctionnement des stations piscicoles
Il existe à Madagascar 2 stations de recherche piscicole et 31 stations piscicoles de production d’alevins. Les activités de recherches dans la station Andasibe et Kianjasoa sont extrêmement réduites par l’insuffisance de crédit. Les stations productrices d’alevins ont été gérées par la Direction de la Pêche et de l’Aquaculture. Le but est la production d’alevins cessibles pour la pisciculture en étang et en rizière. La station piscicole est donc considérée comme un support indispensable à toute action de vulgarisation et de développement de la pisciculture. Sur les 31 stations piscicoles productrices existantes, il n’y a que 6 qui fonctionnent, 4 sont réhabilitées et 21 sont inactives. Les réhabilitations ne concernent que les stations implantées dans les zones à forte demande d’alevins. Après cette réhabilitation, le Gouvernement propose au secteur privé 2 solutions : soit confier la station à un privé (individuel ou société /association) soit la doter d’un statut de ferme dirigée par un gérant disposant d’une pleine autonomie de gestion. L’absence d’une gestion autonome est la principale raison du manque de productivité des stations étatiques. La politique dans le domaine de recrutement, la formation des cadres dans la station et la pénurie en matériels et autres équipements influent sur l’activité des stations piscicoles. L’analyse technique et économique des résultats d’élevage expérimental de truites menée à Manjakatompo a montré que l’exploitation ne peut être rentable que si la station truiticole n’a pas une autonomie de financement et de gestion.
Pisciculteurs sur petit étang (dobo)
Peu de gens pratiquent la « pisciculture sur petit étang ». Le recensement a montré seulement 32 étangs en 1990 (Service des pêches, 1990). Les enquêtes menées au cours de l’étude dénotent le nombre stationnaire des pratiquants à cause des coûts d’investissements pour la construction des étangs (voir Annexe I). Les bassins en terre utilisés sont de petite taille et l’alimentation en eau est souvent souterraine. C’est avec l’espèce tilapia que le problème de surpeuplement est souvent rencontré dans la méthode d’élevage. La région de Miarinarivo, située proche du lac Itasy, présente les conditions tant climatiques que pédologiques propices à la pisciculture et particulièrement à la rizipisciculture. A Madagascar, la production de poisson d’eau douce reste quand même faible malgré l’énorme potentialité du pays. La consommation est inégalement répartie au niveau régional. Parmi les 31 fermes d’Etat aménagées, 6 ont survécu et la gestion a été cédée à des privés disposant d’une pleine autonomie. Actuellement, grâce aux PPA, le nombre d’alevins sur le marché va augmenter voire affecter l’effectif des rizipisciculteurs. En effet, la coexistence des fermes d’Etat avec les PPA va redynamiser la filière ; sachant que la politique de l’Etat malagasy s’oriente vers le développement de la pisciculture et de la rizipisciculture. Elle va favoriser l’aquaculture en eaux douces notamment celle du repeuplement et l’élevage en cage. Malheureusement, les réhabilitations et les entretiens des fermes se font seulement dans certaines zones. Et comme la filière n’est pas exempte de problèmes, la forte demande d’alevins existe toujours. Pour voir l’essor de la filière poisson d’eau douce, le principal effort doit se porter sur le développement de la production d’alevins. Ce qui amène à élaborer une méthodologie d’approche pertinente afin d’apporter des éclaircissements et des suggestions d’améliorations.
Comparaison de la construction des étangs des deux stations
a) Station d’Ambohidray : La station d’Ambohidray est bien planifiée et tous les étangs sont numérotés. Le canal d’alimentation et les canaux d’évacuation sont bien spécifiés (Voir photo N°10). Le premier est situé au milieu des étangs et à un niveau plus haut pour pouvoir les alimenter, et les seconds se trouvent sur les côtés latéraux des étangs et à un niveau plus bas par rapport à l’emplacement du canal d’alimentation. Les digues sont bien rehaussées et épaisses. La largeur au sommet mesure 1 m. Il n’y a pas de risques d’infiltration d’eau entre deux étangs contigus. Les risques de propagation des maladies ne sont pas à craindre. Et s’il y a une maladie, on peut limiter le dégât en intervenant tout de suite dans l’étang, source d’infection. Photo N° 10 : Emplacement des canaux d’alimentation et d’évacuation (Station d’Ambohidray).
b) Station de Manjakasoa : Les étangs de cette station sont des rizières aménagées en étangs d’alevinage. En général, les largeurs des digues sont trop étroites (25 cm). La conception des digues entraîne une infiltration d’eau. Et la mise à sec est difficile si les étangs voisins sont déjà occupés. Donc, le développement des prédateurs et compétiteurs sont en avance par rapport aux larves. Les canaux d’alimentation et d’évacuation ne sont pas distincts. L’eau de l’étang voisin alimente un autre étang et cela entraîne une prolifération de maladies s’il y a une infection. D’après cette étude comparative, on peut donc conclure que la production d’alevins dépend énormément du moment de la mise en pose, de la maîtrise des conditions physico-chimiques de l’eau, de l’alimentation bien équilibrée et enfin de la conception de l’étang.
Recommandations : Suite aux problèmes alimentaires rencontrés actuellement au niveau de la masse de la population malgache, il est indéniable que les poissons constituent l’un des aliments nécessaires pour combler les manques en protéine animale. Or, la plupart des malgaches surtout les paysans n’arrivent pas encore à les acheter. Les poissons sont considérés comme des aliments de luxe et leur prix n’est pas à la portée de tout le monde. Ce prix élevé est dû à l’insuffisance des poissons sur le marché malgré les opérations menées pour le développement des activités piscicoles particulièrement la rizipisciculture. Les PPA (Producteurs Privés d’Alevins) dans le Fivondronampokontany de Miarinarivo fournissent des alevins auprès des (rizi)pisciculteurs dans toutes les régions du Moyen Ouest (Arivonimamo, Miarinarivo et Tsiroanomandidy) et même auprès de certains clients résidant à Antananarivo. Le Moyen Ouest est une des zones piscicoles importantes (RABELAHATRA, 1980).
Dans la commune de Miarinarivo, la production piscicole de la région, tout type confondu, est estimée à 1,5 tonne/an. Dans les zones d’étude, les résultats d’enquêtes ont montré que la production d’alevins n’arrive pas encore à honorer la demande. La rizipisciculture dépend de la pluviosité, dans la partie Moyen Ouest. Elle commence vers le début du mois de Janvier (après le repiquage). La plupart des achats se font au mois de Janvier – Février alors que pendant cette période, le problème de production et de stockage des alevins se pose à cause de l’abondance de la pluie. Pour faire face à ces problèmes, le présent travail va essayer de ressortir les solutions qui vont être prises dans le plus court terme, le moyen et le long terme. Toutefois, à la base de la chaîne se trouvent les producteurs d’alevins qui méritent d’être encadrés surtout sur le plan technique et organisationnel. Ces recommandations sont de deux ordres :
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie I- Contexte général de l’étude et problématiques
1. Données succinctes sur la Commune de MiarinarivoII
2. Contexte général
2.1 Situation générale de la production des poissons
2.2 Situation générale de la consommation des poissons
2.3 Différentes étapes de développement de l’aquaculture
2.4 Fonctionnement des stations piscicoles
3. Politique de l’Etat pour la production des poissons d’eau douce
3.1 Développement de la pisciculture et la rizipisciculture
3.2 Elevage en cage dans les lacs (cas du lac Itasy)
3.3 Ré empoissonnement des lacs
4. Principales problématiques rencontrées par les pisciculteurs dans la région de Miarinarivo
4.1 Insuffisance d’argent pour l’achat d’alevins
4.2 Technique non améliorée
4.3 Eloignement des points de cession des lieux d’élevage
4.4 (Rizi)pisciculture orientée à l’autoconsommation
4.5 Insécurité
5. Principales problématiques rencontrées au niveau des fermes étudiées
5.1 Problèmes communs
5.2 Problèmes éventuels au sein de la station piscicole d’Ambohidray
5.3 Problèmes au niveau de la ferme privée Manjakasoa
6 Types des pisciculteurs et caractéristiques
6.I Association AASPAMI (Association des Agents de la Station Piscicole Ambohidray
Miarinarivo)
6.2. PPA.
6.3. Rizipisciculteurs
6.4. Pisciculteurs en petit étang (dobo)
Partie II- Méthode d’approche de la production d’alevins
1. Etude bibliographique
1.1. Synthèse bibliographique
1.1.1. Classification
1.1.2 Morphologie de la carpe
1.1.3. Biologie
1.1.4. Développement des produits sexuels
a) Pour les femelles
b) Pour les mâles
1.1.5. Incubation
a) Phase de gonflement de l’oeuf
b) Phase de division cellulaire et le développement du germe
c) Phase de développement de l’embryon
1.1.6. Elevage larvaire
1.1.7. Différents types de reproduction
a) Reproduction naturelle contrôlée
b) Reproduction semi – artificielle
c) Reproduction artificielle
2. Sites d’étude
2.1. Station d’Ambohidray et PPA de Manjakasoa
2.2. Problématique relative
2.3. Objectifs de l’étude
2.4. Itinéraires techniques appliqués dans les deux stations
2.4.1. Préparation de l’étang d’alevinage
2.4.2. Fertilisation de l’étang d’alevinage
2.4.3. Mise en pose
2.4.4. Incubation
2.4.5. Elevage des alevins
2.4.6. Conduite des géniteurs
2.5. Etude proprement dite
2.5.1 Matériels et méthodes
a) Matériel animal
b) Etang
c) Balance pour peser les géniteurs
d) Matériels d’analyse et contrôle de la qualité de l’eau
2.5.2 Traitement des donnés
Partie III- Analyse des résultats et étude économique
1. Analyse des résultats
1.1. Taux de ponte
1.2. Poids de la ponte
1.3. Taux d’éclosion
1.4. Taux de survie
1.5. Etude des corrélations
2. Comparaison de la construction des étangs des deux stations
3. Etude économique de la production d’alevins dans les deux stations
3.1. Etude économique de la station d’Ambohidray
Immobilisations corporelles
Fonds de roulement
Récapitulation des investissements
Compte de résultats
3.2. Etude économique de la station de Manjakasoa
Immobilisations corporelles
Fonds de roulement
Récapitulation des investissements
Compte de résultats
4. Recommandations
Conclusion générale
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