Etat de l’art
Transition, prolongement, espace intermédiaire, sont les termes que nous utilisons quand nous traitons les espaces autour d’un bâtiment. C’est un entre-deux interposé entre les milieux publics : la rue, la ville, etc. et les milieux privés : le logement, le chez soi.
Il s’agit toujours de la gestion et de l’exigence hygiénique, sécuritaire, sociétaire et environnementale sur le plan social et communautaire. Les interventions telles que l’appropriation et la résidentialisation dans les espaces intermédiaires sont déjà beaucoup abordées en sciences humaines et finement analysées par de nombreuses recherches. En matière d’activités commerciales, les espaces de transition ont été relativement moins abordés.
Lorsque nous parlons de l’ambiance d’un espace commercial, nous abordons tout de suite celle à l’intérieur du magasin. Il s’agit de comprendre comment créer une ambiance la plus favorable et efficace pour les commerçants afin que la clientèle ait envie d’entrer, d’y rester, de consommer et même de revenir. Les dispositions et les orientations des étalages, les lumières, les circulations, ainsi que les odeurs diffusées dans les boutiques sont toutes prises en compte en amont pour tenter de rendre l’atmosphère confortable et agréable, pour conduire aux comportements d’achat. L’accent est toujours mis sur ces gestes actifs de marketing dans des magasins, mais que se passe t-il autour de ces espaces commerciaux ? L’ambiance créée dans le magasin n’exerce t’elle ses influences que sur l’intérieur, ou bien va t’elle aussi déborder vers l’extérieur ? Marc Crunelle dans son livre « Toucher, audition et odorat en architecture» nous amène à réfléchir comment l’on peut traiter l’architecture autrement.
Notre configuration spatiale de l’espace urbain est sujette premièrement au visuel, mais les dimensions invisibles telles que l’ouïe, l’odorat jouent aussi un rôle primordial pour notre perception de l’espace. Des dispositifs déposés devant des magasins, la chaleur, la fraîcheur et l’odeur débordant de la boutique sont tous les éléments visibles et invisibles qui dessinent nos regards sur l’espace urbain, dans une zone commerciale.
La représentation graphique sert à la fois à visualiser, analyser et communiquer ce que nous percevons dans l’espace. Inspiré de la recherche « [Sono]graphie – Comment transcrire une matière impalpable ? » d’Amélie Renevier2, qui a créé « la carte de sons et de délimitations phoniques » en superposant l’espace physique existant à l’espace sonore afin de présenter comment le son ne se limite pas à des contraintes construites, je vais donc aussi cartographier les éléments invisibles (température et odeur) pour montrer des relations entre les configurations sensibles spatiales, les contraintes physiques et le temps.
Réglementation urbaine, routière et commerciale
Les enseignes, les terrasses ou les dispositifs commerciaux (storesbannes, chevalets, présentoirs, jardinières… etc.) sont primordiaux pour les magasins afin de mettre en avant les activités commerciales dans l’espace public. Ils peuvent être considérés comme le prolongement des activités exercées à l’intérieur vers l’extérieur. Ils ne se font pas librement, et sont soumis aux règles législatives, telles que PSM V (Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur), les réglementations routières, les règlements de voirie, les réglementations du commerce et les décrets. Toutes les interventions sur le domaine public sont soumises à une autorisation auprès de l’autorité compétente. « En application de l’article L113-2 du Code de la voirie routière, toute implantation d’équipement ou d’ouvrage sur le domaine public routier communautaire, suppose une
autorisation préalable, sauf dispositions législatives ou réglementaires particulières. », explique le règlement de voirie de Nantes Métropole.
Nous étudions une rue piétonne, la rue Crébillon se situe dans la zone US a2, selon le plan de zonage de PSM V, où la priorité est donnée aux activités commerciales et tertiaires, tout en sauvegardant un minimum d’espace de logements. Les occultations des vitrines au rez-de-chaussée sont bien réglementées dans le PSM V. « Les rez-de-chaussée commerciaux devront conserver leur lisibilité en dehors des heures d’ouvertures des commerces.
Aussi, tous les dispositifs occultant la transparence sont proscrits ». C’est la raison pour laquelle nous pouvons remarquer l’omniprésence de la vitrine dans la rue Crébillon.
Les enseignes ne peuvent être autorisées que sur les façades où se trouvent des activités commerciales ou de service, qui ont pour but d’informer le public sur la nature, la dénomination ou l’affiliation de l’établissement. Dans le cas contraire, elles sont considérées comme des préenseignes, qui sont interdites dans le secteur sauvegardé.
En outre, les réglementations mises en place proscrivent la publicité sur les immeubles dans le secteur sauvegardé (PSMV)6 ainsi que la publicité télévisuelle pour les entreprises de distribution (article 8 du Décret 92- 280 du 27 mars 1992).
Par ailleurs, le mobilier est autorisé sur l’étendue du secteur sauvegardé à condition de respecter le principe d’intégration au site urbain, qu’ils soient mobiles, rétractables et non fixés au sol.
Pour répondre aux besoins de marketing des activités commerciales étant soumises aux réglementations et interdictions législatives, les commerçants vont alors chercher d’autres moyens de se développer, signaler leurs existence et attirer l’attention des clients potentiels, en créant chacun leur propre atmosphère. « Cette atmosphère se compose de facteurs tactiles, sonores, olfactifs et visuels qui vont amener le consommateur à modifier ses réponses émotionnelles et cognitives et l’amener à un comportement de fuite ou d’approche (Mehrabian et Russel, 1973) ». Le fait de « Crébillonner » est donc de faire l’ expérience de pénétrer dans cet univers multisensoriel.
Choix du lieu de l’expérience
Les attraits de l’expérimentation en terrain réel
Je me suis d’abord intéressé à la notion de transition entre de différents espaces.
Cet entre-deux, existant partout dans notre vie quotidienne, peut être distingué par de multiples degrés de perceptions sensorielles : visible – visuel ; invisible – olfactif, tactile et auditif. Avant de pratiquer des expériences de cobayes sur place, j’ai fait quelques hypothèses de la répartition de la chaleur/fraîcheur devant les magasins ; de la diffusion des odeurs dans la rue .
Cependant il y a beaucoup de facteurs incertains et imprévisibles que je ne peux pas prévoir ou modéliser. Il est donc nécessaire d’aller directement étudier les problématiques in situ en arpentant et observant ce que l’on ressent afin de vérifier et corriger mes hypothèses. En outre, faire pratiquer des expériences aux gens sur place et discuter avec eux me permettent de compléter des aspects que je n’y ai pas pensés tout seul. Travailler sur le terrain me semble nécessaire et indispensable.
La raison pour laquelle j’ai choisi la rue Crébillon
Après avoir décidé de mener des expériences sur place, j’ai orienté mon choix d’espace d’expérimentation vers le centre-ville, facilement accessible pour les futurs cobayes et moi-même, et présentant de nombreuses activités hétérogènes, permettant d’obtenir des résultats plus intéressants et enrichissants. J’avais initialement prévu la rue de la Barillerie et la rue de la Marne ( en continuité de la rue de la Barillerie), qui rassemblaient des activités commerciales différentes, telles que la boutique cosmétique (LUSH ), une boulangerie, la Gallerie Lafayette, des restaurants et bars. Ces deux rues avaient également l’avantage d’être à proxitmité de l’arrêt de tramway Commerce.
Après avoir mené les expériences dans ces rues avec deux premières personnes, j’ai découvert les problèmes suivants :premièrement, les boutiques de télécommunication (SFR, Orange), la Gallerie Lafayette et les banques (Crédit Mutuel, Caisse d’Epargne) présentent aux rues des façades aveugles et monolithiques avec de grandes travées vitrées. Ces espaces sont pour moi considérés comme des vides sur le plan acoustique, olfactif et tactile étant donné qu’ils sont les milieux plus fermés et ne contribuent que peu à l’ambiance urbaine alentour.
Deuxièmement, au bout de la rue de la Marne, il y a une trop grande foule et de restaurants qui se mettent côte à côte, si bien que les cobayes ont des difficultés à bien distinguer les sources des odeurs ou des chaleurs/fraîcheurs venant des foules ou des restaurants.
En considérant les raisons ci-dessus, j’ai décidé de changer l’objet de l’expérience.
La rue Crébillon, de 240m de long et 47 magasins, se situe aussi au centre-ville, reliant la place Royale à la place Graslin. Elle se compose principalement de commerce de vêtements et de joailleries. Il n’y a qu’une seule pâtisserie au milieu de l’artère. La composition des commerces est relativement homogène et similaire aux rues précédentes, mais j’ai pu constater que chaque magasin avait son propre caractère. De surcroît, les boutiques sont réparties plus ou moins régulièrement de chaque côté le long de la rue de telle sorte que les interventions sur l’ambiance de l’espace public sont également régulières et continues. J’ai par conséquent décidé de choisir la rue Crébillon en tant qu’objet d’études.
Différencier les perceptions sensorielles des transitions visibles et invisibles
Visible – visuel : vitrines, dispositifs (stores-bannes, pot de plantes, glacière, chevalets).
La vue est toujours la manière prédominante avec laquelle nous expérimentons les espaces. En vertu des règles législatives en vigueur, les magasins se situant dans la rue Crébillon doivent garder la transparence visuelle et la lisibilité de l’intérieur au rez-dechaussée, en installant des vitrines de telle façon que l’ambiance urbaine dans cette rue soit visuellement plus transparente et traversante.
La vitrine peut être considérée comme une démarche commerciale passive, car elle est relativement stable et se met à distance par rapport aux passants. De même, les dispositifs déposés et aménagés devant des magasins en contact direct avec des gens peuvent être considérés avec les mêmes tentatives que la vitrine, comme un geste plus actif. Souvent, des commerçants s’approprient une partie des espaces publics devant des points de vente en mettant des présentoirs, des étals, des comptoirs ou des étagères pour signaler leur existence et mettre en avant les produits, créant des espaces de transition entre des espaces intérieurs du magasin et des
espaces publics extérieurs. Dans la rue Crébillon, ce genre de dispositif n’est pas présent, peut-être car elle n’est pas totalement une rue piétonne, des camions de livraison se garant souvent dans les trottoirs de 3 mètres de part et d’autre de la rue.
L’appropriation de l’espace public par des dispositifs ne peut donc pas être aussi libre que pour des rues piétonnes.
La rue Crébillon est légèrement en pente, ce qui pourrait aussi être un facteur qui limite la mise en place de ces dispositifs. Par contre, des pots de plantes légers et mobiles sont plus utilisés par les commerçants. Nous pouvons aussi trouver la glacière de DEBOTTÉ avec le parasol à l’entrée de la boutique en fonction du temps.
Selon la réglementation de PSM V, les préenseignes sont interdites. Mais cette règle n’est pas réellement respectée à la lettre, et nous pouvons quand même trouver une galerie de photographie (YellowKorner) et une pâtisserie (CAST ELANN E) qui utilisent les chevalets en tant que diffuseurs de la publicité.
Les stores-bannes, selon la réglementation de PSM V, ne peuvent être installés qu’au rez-de-chaussée. Les façades orientées sud le long la rue Crébillon sont exposées au soleil dans l’après-midi. Selon mes observations, il y a 6 magasins équipés de stores bannes du côté nord de la rue et 4 au côté sud. Il n’y a pas vraiment de différence notable entre chaque côté.
L’installation des stores-bannes n’est pas toujours dans le but de protéger du soleil, c’est parfois tout simplement le choix de décor de la marque. Invisible – tactile (température), olfactif (odeurs), auditif.
Nous pouvons identifier de multiples degrés de transitions qui relient un milieu à un autre en traversant des espaces. Contrairement aux transitions visibles qui pourraient concrètement et directement influencer nos comportements, les transitions invisibles sont les milieux que l’on pourrait négliger, mais en même temps sont les milieux dans lesquelles ont lieu nos vies.
Il y a trois aspects de transitions invisibles en lien avec des magasins que j’ai décidé de traiter : tactile, olfactif et auditif
Tactile/Température
«Phénoménologiquement, le toucher est le sens de l’instantanéité ainsi que de la pratique corporelle et gestuelle de l’espace. (…) Le sol d’une habitation par exemple, avant d’être vu, est senti, touché du fait de la gravité et qu’au minimum nos deux pieds sont en contact avec celui-ci. C’est le toucher seul qui nous révèle du continu d’un espace. » (Marc Crunelle). La perception de la température fait partie aussi du domaine du sens tactile. Nous captons le changement de température de l’air et du courant d’air par la peau.
Contrairement au toucher du sol, nous vivons de manière continue dans de l’air, auquel nous ne portons pas toujours une grande attention. Nous prenons conscience de ce milieu seulement quand il est perturbé.
Des commerçants modifient le système de climatisation en fonction du temps à l’extérieur afin d’offrir à la clientèle un environnement confortable du shopping. Ce changement ne reste pas qu’à l’intérieur du magasin, il va déborder à travers des ouvertures vers l’extérieur. Nous entrons dans la zone de transition entre l’espace public et l’intérieur du magasin juste au moment où nous commençons à percevoir la chaleur ou la fraîcheur en provenance des boutiques. Ce que je voudrais retenir sont ces changements de températures, avec différentes densités et temporalités relevées par les cobayes sur place.
Olfactif
L’odeur est un de nos moyens pour identifier des endroits, il est donc employé par certains commerçants pour attirer l’attention et faire connaître leurs boutiques. Sa présence provient soit de procédés de marketing, soit tout simplement des décors intérieurs, des produits mêmes, ou même des parfums vaporisés sur des vendeurs/vendeuses.
Chaque magasin est ainsi teinté d’une signature olfactive, chaque boutique a sa propre odeur. L’odeur est transmise par l’air de sorte qu’il se propage avec le courant d’air débordant de l’intérieur vers l’espace public. Le relevé des odeurs va nous permettre de tenir compte de la richesse de la composition de l’air dans notre environnement et d’avoir une vision différente autre que visuelle.
Auditif
L’odeur, la température et le son sont tous transmis par l’air, ainsi le son est aussi capable de créer la transition invisible autour des boutiques. Après avoir visité la rue Crébillon à plusieurs reprises, j’ai remarqué qu’il n’y a pas beaucoup de magasins qui émettent de la musique. L’effet sonore sur l’espace public n’est donc pas très évident.
Les expérimentateurs se sont donc concentrés pour essayer de repérer des points intéressants en faisant les relevés du changement de température et de l’odeur.
Méthodologie du relevé des transitions visibles et invisibles
Entretien
J’ai interviewé les commerçants qui ont déposé les pots de plantes devant leurs magasins pour essayer de comprendre les intentions qui ont motivé la mise en place de cette pratique sur l’espace public.
Cartographie
Afin de relever les changements de température et d’odeur, j’ai préparé un plan de la rue Crébillon au 1:100, présentant un maillage tous les 70cm, environ la distance de pas d’un homme.
Les cobayes évaluent dans chaque case l’intensité du ressenti sur une échelle de 1 à 3 ; 1 représentant un ressenti léger, 2 un ressenti plus élevé, et 3 un ressenti puissant. Si le cobaye ne sent pas de changement particulier, il ne note rien sur le plan. Par ailleurs, F représente la porte fermée du magasin.
Le choix de trois degrés d’évaluation permet de faciliter le jugement des expérimentateurs en évitant un trop grand nombre de choix entre les nuances. Nous leur avons demandé d’arpenté lentement la rue, le long des façades de magasins pour noter s’ils aperçoivent des gradients de chaleur/fraîcheur ou des changements d’odeurs. Il est nécessaire de se déplacer doucement, car en vitesse normale il est plus difficile de saisir des ressentis parfois délicats et subtils. La perception de changement de température est immédiate et instantanée, mais le changement d’odeur est soumis à une fatigue olfactive, causée par des expositions prolongées. Par conséquent il est nécessaire de s’arrêter à chaque fois quelques secondes avant de s’approcher d’un nouveau magasin pour se réadapter au nouveau milieu.
La couleur rouge représente la perception de chaleur, la couleur bleue représente la perception de fraîcheur et la couleur verte représente celle d’odeur.
Les deux tests ont été faits l’un après l’autre, pour permettre au cobaye de mieux se concentrer sur un seul facteur.
Par ailleurs, l’étude ne s’applique que sur les phénomènes issus de l’intérieur des magasins, des odeurs de parfums des passants ou de cigarettes ne sont donc pas prises en compte.
Durant les essais et par la suite, j’ai observé et filmé les endroits ayant les résultats les plus remarquables sur les transitions visibles et invisibles afin de récolter les informations plus fines sur des comportements et des réactions des passants.
Déroulement de l’étude
Au total, il y a 18 expériences qui se sont faites dans de différentes temporalités de la journée, de la semaine et également dans les temps variés. Toutes les informations climatiques ont été enregistrées pour les futures analyses.
Comparaison des deux types de relevés
Les arguments par rapport aux conditions temporelles et climatiques peuvent être mieux visualisés à travers la superposition des tableaux créés dans les chapitres précédents. Nous pouvons donc comparer des rapports entre la perception d’odeur et celle de changement de température.
Selon les tableaux 1.1 et 1.2, nous pouvons constater que les groupes (groupes a et c) qui travaillaient dans le temps plus froid ont eu moins de cases superposées, nous voyons plus de cases rouges. De ce fait, on peut déduire que notre sensibilité olfactive diminue et celle de chaleur augmente quand la température environnementale baisse.
Au contraire, selon le tableau 1.3, nous pouvons remarquer que la tendance générale de la sensibilité de fraîcheur est en accord avec celle d’odeur quand il fait chaud.
Le jour en semaine, les résultats du groupe j, par exemple, des odeurs sont bien plus présentes que des sensations de fraîcheur. Comme l’hypothèse que j’ai faite dans le chapitre précédent, des commerçants auraient moins d’intentions de créer une atmosphère du shopping dans les jours en semaine plus agréable par la climatisation, mais en matière d’odorat, cela pourrait être l’effet secondaire à cause des décors, des vêtements ou des parfums sur des vendeuses qui continuent à diffuser des odeurs aux passants à l’extérieur.
En général ,la perception de la variation de température ne s’accompagne pas forcément de celle d’odeur quand il fait froid, mais quand il fait chaud, les perceptions de fraîcheurs et d’odeurs sont plutôt cohérentes.
Le tableau1.4 nous montre que, globalement, les résultats de la perception d’odeurs sont plus ou moins homogènes dans de différents moments de la journée (le matin, l’après-midi et la fin de la journée) par rapport aux perceptions de changements de température, nous percevons plus dans l’après-midi.
Effet des dispositifs sur la configuration des transitions
Plantes
Les dispositifs les plus fréquemment présents dans la rue Crébillon sont des végétaux disposés devant les magasins.
Je pensais, avant de réaliser les entretiens avec les commerçants, que les plantes avaient pour simple usage d’orner et de marquer les entrées de magasins, et de signaler l’existence des activités commerciales à la clientèle potentielle.
Les commerçants m’ont appris que le but de ce dispositif est plutôt d’empêcher les voitures de se garer devant leurs boutiques ; afin de garder une meilleure visibilité de leur devanture. N’étant pas allé fréquemment dans la rue Crébillon autrement que le week-end avant ce mémoire, je n’avais eu que l’impression d’une rue piétonnière, le passage des véhicules n’étant pas fréquent. En étudiant l’ambiance spatiale de cette rue, je suis venu plus souvent qu’avant, autant pendant le week-end que les jours en semaine, à différentes temporalités.
J’ai ainsi découvert que la rue était très fréquentée par les véhicules les matins et en semaine, particulièrement par les camions de livraison et de travaux, justifiant pourquoi les commerçants ont eu l’intention et le besoin d’installer des plantes devant leurs boutiques.
Les emplacements et les dimensions des végétaux varient selon les besoins des commerçants. Gourt place ses plantes le long de la chaussée en face de son entrée, pendant les heures ouvrables et les récupère quand il ferme ; tandis que Renaldi Couture et Amazone modifient les positions des végétaux en fonction de la foule et de différentes temporalités.
Pour ne pas empêcher le passage des piétons durant les heures de pointe le vendredi et le week-end, ils déplacent les plantes et les adossent le long de la façade.
La mise en place des plantes n’exerce pas globalement beaucoup d’influence sur le comportement et le déplacement de la foule ; mais elle permet de visuellement marquer l’entrée du magasin.
Contrairement aux cas précédents, les végétaux de l’enseigne Clarisse sont plus petits et leur capacité à créer un espace de transition devant le magasin est moins évidente. Les plantes du magasin Vanina sont toujours placées contre le mur de la façade, et ont, d’après les paroles des responsables de la boutique, le simple but d’orner la devanture. Elles sont encore moins présentes et moins influentes pour les passants.
Chevalet/glacière
Des chevalets et la glacière de Debotté, placés entre rue et magasins donnent un sentiment de prolongement de l’intérieur des magasins vers la rue. Contrairement aux enseignes qui se situent en haut de façade et moins visibles, ils se trouvent à la hauteur des piétons, permettant de réagir plus en avance en les voyant, avant de s’approcher : nous pouvons être attirés ou décider de nous éloigner bien avant être proche de la boutique. Notre comportement et itinéraire peuvent donc être influencés en amont par la présence de tels dispositifs. Les chevalets et la glacière clôturent donc non seulement les champs de transition physique avec les devantures des magasins, mais créent aussi des périmètres de transitions visuelles plus lointaines autour de ces activités commerciales.
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Table des matières
introduction / problématiques
Partie I : Analyse préalable
état de l’art
réglementation urbaine, routière et commerciale
Partie II : méthodologie adoptée et la mise en place des parcours
choix du lieu de l’expérience
différencier des perceptions sensorielles des transitions visibles et invisibles
methodologie du relevé des transitions visibles et invisibles
Partie III : analyser et comparer les résultats de la recherche
Cartographier les relevés
Qualifier et décrire des résultats
Comparaison des relevés d’odeurs selon différentes temporalités/météo
Comparaison des relevés de changements de température selon différentes
temporalités/météo
comparaison des deux types de relevés
effet sonore sur l’espace public
effet des dispositifs sur la configuration
des transitions
Partie IV : conclusion, limite de l’étude et perspective les limites techniques
conclusion
comparaison avec Taïwan sur le plan des dispositions des dispositifs, sonores et olfactifs
Notes
bibliographies
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