Différence d’étymon slave commun pour le mot razЪ et pour le préverbe raz

L’idée de les regrouper dans une même étude ne s’est imposée à nous qu’à la suite d’une première analyse des emplois en contexte des adjectifs et des substantifs en raz-, dont la « valeur intensive » nous semblait devoir être mise en rapport avec celle que l’on retrouve également dans certains des verbes en raz- (7).

Cette analyse a en effet montré que ces formations sont très productives, mais que leur apparition est entièrement conditionnée par le contexte et la situation, ce qui explique leur faible lexicalisation. En effet, ce qui est parfois incompatible avec raz- en soi ? razzelënyj (litt. ? raz-vert), le devient en discours razzelënaja Terra (litt. raz-verte Terre, « une Terre toute verdoyante ») ; ce qui est souvent impossible avec raz- seul ? razzelënaja aktivistka (litt. ? raz-verte activiste), le devient en réduplication dans un contexte donné zelënaja-razzelënaja aktivistka (litt. verte-raz-verte activiste, « une activiste farouchement écolo »).

Ceci nous a conduite à supposer que l’emploi du préfixe adjectival/nominal raz- représenterait un phénomène discursif. Cette supposition est confirmée par la différence importante, déjà mentionnée ici, entre le nombre de formes répertoriées en raz- préfixe et en raz- préverbe, différence qui, à elle seule, montre bien que l’emploi du préverbe raz- est beaucoup plus grammaticalisé et de ce fait, représente un phénomène plutôt dérivationnel et non pas discursif, comme c’est le cas pour le préfixe raz-. Puis, même si les dictionnaires et les grammaires affirment une communauté d’origine du préverbe et du préfixe, notre étude de l’origine du préfixe adjectival/nominal raz- a montré qu’une telle affirmation relève plus du présupposé que d’un réel examen des faits. Contrairement au préverbe, il ne présente jamais la forme roz- ni dans la langue standard où cela pourrait sembler normal puisqu’il n’est jamais sous l’accent, ni dans les dialectes à okan’e, où le préverbe prend la forme roz- même hors accent, ce qui est plus surprenant. La comparaison des données modernes et des données anciennes a révélé l’absence dans les dictionnaires consacrés aux époques les plus anciennes d’exemples avec le préfixe raz- à «valeur intensive » devant les adjectifs et les substantifs, alors que des préverbés en raz- dont certains pourraient être rattachés à la valeur intensive y sont présents : razgněvatisja / rozgněvatisja « exploser de colère », rasplakatisja / rosplakatisja « éclater en sanglots », etc. Ce qui permet de supposer que les formations adjectivales et nominales en raz- seraient probablement plus tardives que des préverbés en raz-.

Etant donné que dans ce cadre, l’invariant, comme le résume R. Camus (1998 : 103), constitue un potentiel de variation, il ne peut pas être fondé sur une valeur, mais sur une fonction. Cela implique que dans le cadre de ce modèle, l’élément commun sous-jacent à la liste de valeurs plus ou moins ordonnées d’une unité polysémique proposée par les dictionnaires et grammaires traditionnels ne peut être:

– ni une valeur abstraite commune articulable avec toutes les acceptions sémantiques de l’unité (recherche d’un invariant sémantique par extraction de la totalité des valeurs de l’unité d’une seule acception, la plus large pouvant englober toutes les autres, ce qui a pour conséquence d’occulter la diversité des valeurs assumées par l’unité : il n’est pas facile de définir un dénominateur commun à toutes ses valeurs, car, dans certains cas, on a affaire à une très grande variation sémantique),

– ni une valeur prototypique ou centrale à partir de laquelle par métaphorisation seraient dérivées des valeurs périphériques (paradigme cognitiviste : les mécanismes qui permettent d’expliciter le passage d’un effet de sens à l’autre restent un problème, car il n’est pas aisé de montrer concrètement comment par métaphorisation on pourrait dériver les diverses valeurs à partir d’une valeur prototypique).

Approche méthodologique et données empiriques 

L’approche méthodologique impliquant ce traitement de RAZ nécessite un va-et-vient permanent entre l’observation et la théorisation des phénomènes liés à son fonctionnement. Ceci ne peut être réalisé qu’à travers un corpus d’exemples suffisamment convaincants permettant de tenir compte des conditions discursives dans lesquelles apparaît notre objet d’étude. Pour s’approcher au maximum des réalités langagières, notre analyse s’appuie sur des données empiriques issues de trois sources principales : des exemples tirés d’œuvres littéraires et de la presse écrite au cours de lectures personnelles forgeant notre culture générale, des extraits du Corpus national russe (http://www.ruscorpora.ru), y compris de la langue orale, ainsi que des fragments de récits et des micro-dialogues avec leur contexte créés par nous-mêmes ou provenant de conversations courantes entre russophones prises sur le vif. L’objectif essentiel de cette démarche est la construction à partir de l’empirique, sous le contrôle d’informateurs russophones natifs, au moyen de procédures canoniques de manipulation, d’abstraction et de formalisation d’une représentation stable et cohérente, libre de toute influence subjective. Ainsi, aux données empiriques relevées s’ajoutent les énoncés élaborés à l’aide de manipulations qui visent à mettre en évidence des contraintes très précises et observables dans lesquelles nous voyons de véritables révélateurs du fonctionnement de RAZ. Par « manipulations », nous entendons aussi bien le remplacement dans un contexte donné d’un énoncé contenant RAZ par un énoncé sémantiquement proche mais ne le contenant pas, que l’insertion d’un énoncé avec RAZ dans un contexte différent de son contexte d’origine. C’est par le degré d’acceptabilité des énoncés ainsi produits par rapport aux énoncés initiaux que nous accèderons aux contraintes imposées par RAZ, à partir desquelles nous construirons ensuite la représentation stable de son fonctionnement pour chacun de ses emplois catégoriels. Ces énoncés révélateurs, comme le souligne à juste titre J.-J. Franckel,

Différence d’étymon slave commun pour le mot razЪ et pour le préverbe raz

En russe, le mot raz a toujours la forme raz /raz/, alors que le préverbe raz- a deux graphies censées représenter la suite phonématique /roz/ : raz- (en syllabe non accentuée : razdát’ « distribuer », razdál « il a distribué », razdávšij « qui a distribué », razdáv « ayant distribué ») et roz- (lorsque la voyelle médiane se trouve sous l’accent : rózdal « il a distribué », rózdannyj « distribué », rózdan « distribué »).

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Table des matières

ABRÉVIATIONS, SYMBOLES ET NOTES PRÉLIMINAIRES
INTRODUCTION
CHAPITRE 1. RAZ MOT AUTONOME ET RAZ- PRÉFIXE : ÉTUDE
ÉTYMOLOGIQUE ET DONNÉES LEXICOGRAPHIQUES
CHAPITRE 2. RAZ- PRÉFIXE NOMINAL : QUAND L’INTENSITÉ N’EST PAS LE HAUT DEGRÉ
CHAPITRE 3. RAZ MOT AUTONOME : VARIATION CATÉGORIELLE ET DIFFÉRENTES PORTÉES DE L’ACTUALISATION
CHAPITRE 4. RAZ- PRÉFIXE VERBAL : DUALITÉ SÉMANTIQUE DE CERTAINES FORMATIONS PRODUCTIVES
CONCLUSION GÉNÉRALE
Volume II
CORPUS DES EXEMPLES CITÉS
GLOSSAIRE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIÈRES

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