Architectes
Leo von Klenze
Leo Von Klenze (1784-1864) est l’un des architectes classiques allemands les plus important. Il est avec Karl Friedrich Schinkel (8) l’une des figures de proue du classicisme en Allemagne. Klenze débute des études de droit à Berlin, puis inspiré par le travail de David Gilly (9) il se consacre à l’architecture. Il effectue sa formation au sein de la « Berliner Bauakademie » sous la direction de Friedrich Gilly (10). Il est intéressant de noter que Friedrich Gilly, fils de David Gilly, fut également le
professeur de Schinkel. Cela signifie que toute l’architecture allemande classique de cette époque prend son origine dans le même berceau culturel, celui de l’académie de Berlin.
C’est au contact de Aloys Hirt (11) qui tenait dans cette académie un cours magistral intitulé « Histoire critique de l’architecture » (« Kritische Geschichte der Baukunst » ) que Klenze se découvre une passion pour l’architecture grecque dont il fera l’orientation claire de son travail. Son intention n’était pas seulement d’imiter le style grec mais de l’adapter à son époque et de le développer avec son propre style.
A la fin de ses études, en 1803, Klenze s’installe à Paris où il poursuit sa formation à l’Ecole Polytechnique en tant qu’invité dans l’atelier de Jean-Nicolas-Louis Durand. Suite à cette expérience il travaille à Cassel pour Napoléon jusqu’à sa retraite vers la France en 1813.
Alors à la recherche d’un nouvel employeur, c’est au cours de plusieurs voyages entre Paris et Vienne que lors d’une halte à Munich il fait la rencontre du prince héritier Ludwig I. Du fait de leur passion commune pour l’art antique, Klenze est invité à participer au concours de la Glyptothèque (1816-1830) qu’il remporte en 1815.
Cette réalisation lance sa carrière à Munich et il est nommé dès 1818, architecte de la cour de Bavière. La communauté artistique munichoise voit son arrivée avec hostilité et suspicion mais malgré l’opposition de Karl von Fisher notamment son influence s’accroit. Il a le projet de faire de Munich une ville moderne à l’image des grandes capitales européennes comme Rome et Paris.
Dans ce but il réalise de nombreux palais et bâtiments d’habitation entre 1820 et 1830, notamment le long de Ludwigstrasse et autour d’Odeonplatz. Au contraire de la planification de Maxvorstadt et le concept de ville-jardin, pour laquelle Fischer participe, Klenze applique de son côté le principe de la série fermée et crée des rues rectilignes bâties de part et d’autre par de hauts immeubles de rapport.
Il sera également en charge de bâtiments prestigieux tel que la réhabilitation du Théâtre National (1823-1825) et l’agrandissement de la résidence royale (1832- 1842). Mais l’oeuvre phare qui lui apportera une reconnaissance internationale est la Alte Pinakothek (1826-1836). Avec ce bâtiment il définit le nouveau type de la « Gemäldegalerie » (galerie de peinture) qui sera utilisé comme modèle par les architectes du XIXème siècle.
La théorie de Klenze se synthétise en une phrase :
« Il y avait et il y a seulement une Architecture et il n’y aura qu’une Architecture, à savoir celle qui tire sa perfection de l’histoire grecque et de la culture antique. »
Il avait une vision idéale d’une renaissance moderne de l’architecture grecque, adaptée aux nouveaux besoins économiques, constructifs, esthétiques et politiques de son époque. Son but était à partir du style grec connu de réinventer une nouvelle façon de construire. Il gardera cette posture radicale tout au long de sa vie en dépit des changements sociaux de son époque. De ce fait, son oeuvre est d’une unité remarquable. Mais c’est aussi pour cela, et à l’instar de Schinkel, qu’il ne fut pas reconnu de façon unanime de son vivant et qu’il resta vivement critiqué. Pour finir, malgré le réaménagement de l’acropole (1834-1836) et la construction prestigieuse du Nouveau Ermitage de Saint-Pétersbourg (1839-1852) l’essentiel du travail de Klenze est intimement lié à Munich. Si bien que maintenant l’image de la ville est indissociable de son oeuvre. Chaque endroit remarquable est marqué de son empreinte : Ludwigstrasse, Odeonplatz, Königplatz, Theresienwiese, le quartier des musées et même l’Englischer Garten (avec un kiosque à musique).
Hans Döllgast
Né en 1891 et originaire de Bavière il fait ses études de 1910 à 1914 à la Technischen Hochschule München avant d’être appelé à servir pour la première guerre mondiale.
Il poursuit ensuite sa formation dans les ateliers de Richard Riemerschmid(12) de 1920 à 1923 et de Peter Behrens(13) de 1923 à 1928. Il est très tôt au contact des principes du « Deutscher Werkbund » qui consistent à intégrer les techniques traditionnelles de l’artisanat dans la production industrielle de masse, ces principes prennent leur origine dans le mouvement « arts and craft » anglais. Pourtant malgré le respect qu’il lui portait, son passage chez Behrens n’aura qu’une influence limitée sur son architecture.
C’est son travail dans l’atelier de Michael Kurz(14) à Augsburg qui marquera son travail plus en profondeur. Il eut à cette occasion une expérience pratique de construction et de coopération avec des artistes. Suivant les principes de leur temps, ils composaient librement avec les formes et les matériaux traditionnels et modernes. Les églises de St. Raphael et de St. Heinrich en sont les exemples les plus importants. Cela définit la première phase de son travail, avant la deuxième guerre mondiale, pendant laquelle il se consacre principalement à l’architecte sacrée.
Après la guerre et avec les travaux de reconstruction on distingue la deuxième phase de son travail. Son architecture s’exprime pleinement avec en chef d’oeuvre la rénovation de l’Alte Pinakotehek, et la Basilique St. Boniface où il combine respect de l’histoire et art d’une manière exemplaire. Il n’était pas à la recherche de solutions « intéressantes » mais d’un ordre clair, discipliné et fort. Pour cela, sa méthode de travail était principalement basée sur ses capacités de dessin, il cherchait et pensait constamment à travers le dessin, aussi bien pour les détails techniques que pour les perspectives et le mobilier.
En parallèle, à partir de 1929 il tient un cours d’architecture d’intérieur et de mobilier à la Technischen Hochschule München mais ce n’est que dix ans plus tard qu’il devient professeur titulaire et finalement responsable du département du dessin d’architecture et de l’art de l’espace de 1943 à 1956. C’est dans le domaine de l’enseignement qu’il est reconnu et qu’il acquiert sa notoriété. D’après Winfried Nerdinger(15), si l’on demande aux architectes bavarois de l’époque de citer un professeur les ayant influencé, le nom de Döllgast est l’un des premiers à être mentionné. A sa retraite il est nommé à l’académie bavaroise des Beaux-Arts de Munich.
Sauerbruch Hutton
Louisa Hutton et Matthias Sauerbruch fondent en 1989 leur agence éponyme à Londres. Matthias débute ses études à la Hochschule der Künste de Berlin puis obtient son diplôme à la célèbre Architectural Association (AA) de Londres. Il y enseignera par la suite de 1985 à 1990 aux côtés de Rem Koolhaas et de Zaha Hadid. N’ayant jamais cessé d’enseigner à Stuttgart, Cambridge ou Charlottesville il occupe encore aujourd’hui un poste de professeur invité à l’Université d’Art de Berlin. Il connaît sa première expérience professionnelle dans l’agence de Rem Koolhass, OMA de 1984 à 1988 à Berlin en tant que chef de projet pour des appartements à Checkpoint Charlie. De son coté Louisa commence ses études à Bristol et obtient également son diplôme à l’AA en 1985. Elle y enseigne aussi de 1987 à 1990 tout en travaillant dans l’atelier d’Alison et Peter Smithson.
Ils étaient pendant leurs années londoniennes au coeur du débat architectural le plus important du début des années 80, la victoire du modernisme et l’omission du post-modernisme. De leur point de vue, ils se trouvaient « dans un moment de tension entre la tradition du modernisme et sa révision »*.
Un élément central de leur travail est l’intégration de la couleur dans la conception spatiale. Leur vision de l’utilisation de la couleur se place tout à fait en contre point de la posture des premiers modernes comme Le Corbusier ou du Bauhaus. Matthias Sauerbruch dit d’ailleurs à ce propos: « La couleur est un thème essentiel dans notre travail, nous la considérons comme un matériau de construction » **
L’autre spécificité de leur pratique est la notion de durabilité qu’ils identifient très tôt comme un enjeu prépondérant et qu’ils intègrent autant que possible dans leurs réalisations. Sauerbruch et Hutton se reconnaissent dans un « Modernisme sans dogme » où la fonctionnalité est primordiale et centrale dans la conception. Cependant leurs projets sont toujours empreints d’une certaine « fantaisie créative » transmise par leur professeur Peter Cook(16).
Leur première grande réalisation est la rénovation du siège social de GSW à Berlin en 1991. L’enjeu est de donner un caractère moderne, innovant et durable à un bâtiment des années 50. Pour cela fidèle à leur identité, des persiennes de couleurs différentes habillent la façade ouest. Celles-ci participent à donner une image forte au projet et offre une perspective prometteuse à l’architecture berlinoise après la chute du mur.
Collections
Die Alte Pinakothek
La collection actuelle de la Alte Pinakothek fut créée à l’origine en par Herzog Wilhelm IV. von Bayern (1493-1550). Avec son épouse Jacobaea von Baden (1507- 1580) ils commencent à rassembler des oeuvres de peintres de l’Allemagne du Sud. Cette collection royale fut complétée par les différents rois et ducs de Bavière jusqu’au XVIIIème siècle. On peut notamment citer la contribution de Maximilian II. Emanuel (1662-1726) pour l’apport de nombreuses pièces d’artistes flamands, de Karl Theodor von der Pfalz (1724-1799) qui acquiert des oeuvres françaises et hollandaises ou de Ludwig I. (1786-1868) qui se procure des travaux d’artistes italiens. De ce fait la collection, constituée exclusivement de tableaux, retrace de façon pratiquement complète l’histoire de la peinture européenne du XIVème jusqu’au XIXème siècle.
La collection de peintures allemandes est la plus fameuse. Une des pièces majeures est la Bataille d’Alexandre (1529) du peintre Albrecht Altdorfer (1488-1538). On y voit la victoire d’Alexandre le Grand sur Darius III à Issos en 333 avant J.-C. C’est un exemple des thèmes qui sont abordés à cette époque : l’antiquité et l’histoire judéo-chrétienne.
Parmi les peintres néerlandais les oeuvres de Rogier van der Weyden (1399-1464), Rembrant (1606-1669) et de Gerard Terborch (1617-1681) font figures d’exemples. Ils commencent au XVIIème siècle à réaliser des portraits et à représenter des scènes de genres et de la vie quotidienne.
La peinture flamande est principalement représentée par Pieter Brueghel (1525- 1569) et Peter Paul Rubens (1577-1640) avec des chefs d’oeuvres comme Le Pays de cocagne (1567) ou l’Enlèvement des filles de Leucippe (1617). Il s’agit la aussi de portraits, de thèmes mythologique ou de fresques historiques.
Les oeuvres italiennes sont également largement mises en valeur depuis l’époque gothique avec la Scène (1306) de Giotto (1267-1337) jusqu’aux artistes de la renaissance et baroque avec Raphael (1483-1520) et Canaletto (1697-1768). Dans une moindre mesure on trouve aussi des collections plus modestes de peintres français et espagnols comme Nicolas Poussin (1594-1665), François Boucher (1703-1770), Diego Velasquez (1599-1660) et Juan de la Cruz (1553-1608).
Cette collection est donc caractérisée par son unité. Malgré une période s’étendant de la fin du Moyen-Age jusqu’au classicisme du XVIIIème siècle et des thèmes aussi différents que la religion, la mythologie, les scènes historiques, les paysages ou les portraits il s’agit uniquement de tableaux, réalisés par des artistes européens.
Lors de la rénovation du musée, en plus de l’impressionnante collection permanente, une section fut créée pour accueillir des expositions temporaires. Ces dernières n’utilisent pas seulement la réserve d’oeuvres mais sont le plus souvent réalisées en association avec d’autres instituions muséales. La dernière exposition en date était consacrée au travail de Canaletto. L’ouverture et l’organisation d’expositions temporaires sont la manifestation de la modernisation du musée.
Der Pinakothek der Moderne
Comme évoqué précédemment, la Pinakothek der Moderne accueille quatre différents types de collections car il y a en définitive quatre institutions muséales dans un même bâtiment. Le but est de montrer que toutes les frontières de l’art sont devenues fluides et que l’architecture et le design ne peuvent pas être exclus.
Tout d’abord la plus importante, la Staatsgalerie moderner Kunst, occupe la totalité du premier étage. Ce niveau est entièrement consacré aux oeuvres allant de l’origine du modernisme jusqu’à l’art contemporain. La collection fut fondée après la première guerre mondiale en tant que musée d’art contemporain sous le nom de la Neue Staatsgalerie. Elle regroupe à présent d’importantes oeuvres des différents mouvements de l’art moderne de l’ensemble du XXème siècle.
La section du modernisme classique est composée en majorité d’oeuvres d’artistes des groupes Die Brücke (Le pont) et Der Blaue Reiter (Le cavalier bleu) comme Kirchner, Kandinsky, Klee, Marc et Macke. On trouve aussi une exceptionnelle collection de Max Beckmann et quelques oeuvres majeures de Picasso. Le cubisme, le futurisme, le Bauhaus et le constructivisme sont aussi représentés ainsi que le surréalisme qui est un thème majeur. Grâce à la donation de la fondation Theo Wormland on retrouve des oeuvres de Max Ernst et Salvador Dali. L’art american d’après guerre de l’abstraction jusqu’au pop art est aussi présent à travers le travail d’Andy Warhol. Une sélection d’oeuvres de Baselitz, Polke, Kiefer, Lüpertz, Richter et Beuys retranscrit l’art allemand depuis les années 60. Pour finir le développement de l’art dans les nouveaux médias est caractérisé par le travail de Jeff Wall et de Gary Hill.
Au rez-de-chaussée se trouve une série d’expositions temporaires utilisant l’immense collection de la Staatliche Graphische Sammlung (collection graphique). Elle est composée plus de 400 000 pièces aussi bien des gravures que des dessins datant du XVème jusqu’à nos jours. L’éventail des époques étant très vaste on peut rencontrer des dessins de Leonard de Vinci, des gravures allemandes ou néerlandaises, des dessins de la renaissance italienne, du romantisme allemand mais aussi des croquis d’art moderne ou contemporain. Cela permet au musée de proposer autour d’un même support des expositions sur des thèmes différents et ainsi de rester attractif et vivant.
En analogie avec la collection graphique, Das Architekturmuseum der Technische Universität München, (Le musée d’architecture de l’université) présente également au rez-de-chaussée des expositions temporaires basées sur une importante réserve de plans, photos et maquettes. Celle-ci est alimentée par des donations mais aussi par le travail de recherche et production des étudiants de la Technische Universität München. De ce fait, cette collection est une archive significative pour les architectes, les historiens et les conservateurs. Les expositions peuvent se focaliser sur un architecte en particulier, sur un courant d’architecture ou sur les différents aspects de l’architecture contemporaine. Par exemple en septembre 2015 l’exposition était consacrée aux différentes formes d’architecture de l’enseignement en Afrique tandis qu’un an plus tard l’exposition traitait de l’oeuvre de Lina Bo Bardi.
Le sous-sol est occupé par les oeuvres de la Neue Sammlung, il s’agit d’une des plus importantes collections mondiales dédiées à l’art appliqué. On y retrouve plus de 60 000 pièces de design international depuis les années 1990. C’est une exposition permanente qui présente l’histoire des arts appliqués depuis la révolution industrielle. L’accent est porté sur le design industriel et la fabrication en série des appareils électroniques, des motos, des équipements de sports, des nouveaux médias mais également sur le design graphique. Ce qui comprend posters, typographies et photos. Certaines salles comme les amphithéâtres sous la rotonde ont été spécialement conçues pour une collection de chaises et une collection de bijoux. La collection se définit par son éclectisme au niveau des supports : tableaux, sculptures, dessins, mobiliers, films, installations, voitures et même bijoux. Cependant la période couverte est plutôt réduite et se consacre comme le nom du musée l’indique pratiquement exclusivement au XXème siècle.
Musée Brandhorst
Les oeuvres exposées proviennent de la collection privée fondée par Annette et Udo Brandhorst et appartiennent maintenant à une fondation éponyme. Cette vaste collection de plus de 1000 pièces comprend exclusivement des oeuvres du XXème et du XXIème siècle. Elle est composée essentiellement de tableaux, de dessins, de sculptures et plus récemment d’installations, de photographies et d’oeuvres multimédias.
Pour commencer l’accent à été porté sur les artistes classiques d’avant garde (Kazimir Malevich, Kurt Schwitters, Pablo Picasso) et modernistes européennes d’après-guerre (Joseph Beuys, Palermo, Sigmar Polke, Jannis Kounellis et Mario Merz). Cependant, il ne s’agit pas de collection spécifique consacrée à un artiste mais d’oeuvres isolées retraçant le développement de l’art moderne européen de l’abstraction, jusqu’à l’Arte Povera en passant par le Dadaïsme et le surréalisme. Mais rapidement l’intérêt des collectionneurs se dirige vers l’art américain avec entre autres John Chamberlain, Dan Flavin, Bruce Nauman, Jeff Koons et Walter de Maria. Néanmoins, la collection acquiert sa spécificité et sa renommée autour du travail d’Andy Warhol (1928-1987) et de Cy Twombly (1928-2011). En effet il n’y a pratiquement aucune autre collection européenne possédant autant d‘oeuvres de Warhol. Cela donne la possibilité au musée d’organiser des expositions temporaires sur des thèmes précis de son travail. Comme par exemple en septembre 2013 où l’exposition intitulée « Reading Warhol » fut organisée en association avec le William College Museum of Art. Celle-ci retraçait le parcours de Warhol à travers ses travaux d’illustrations et de graphismes méconnus comme pour des livres pour enfants ou des couvertures de magasines.
En ce qui concerne Cy Twombly, il s’agit avec plus de 170 oeuvres de la plus grande collection mondiale lui étant consacré. Elle offre un aperçu de l’évolution de cet artiste à travers différentes peintures, sculptures et dessins. Il faut aller à la Cy Twombly Gallery à Houston pour trouver une exposition comparable. De façon à apprécier son langage pictural propre, la totalité de l’étage est dédié à ses oeuvres avec comme chef d’oeuvre la série des douze tableaux « Lepanto Cycle ». Cette salle fut conçue spécialement pour cette série et avec la participation de l’artiste luimême.
Pour compléter la collection l’acquisition d’oeuvres de Damien Hirst, Mike Kelley et Robert Gober témoignent de la façon dont des collectionneurs sont de plus en plus attirés par l’art contemporain et l’art multimédia avec Isaac Julien, Anri Sala, Stan Douglas et David Claerbout.
L’expansion de la collection continue aujourd’hui grâce au financement privée de la fondation, cela dans une mesure qui serait inimaginable avec des fonds publics.
De ce fait le musée Brandorst malgré sa surface modeste accueille de nombreuses expositions temporaires grâce à l’élargissement constant de ses possessions. Du fait de la nature des collections et en relation avec la Pinakothek der Moderne un vaste éventail de possibilités s’offre à l’élargissement du concept d’exposition d’art moderne et contemporain dans ce contexte à Munich.
Rapport à la ville
Urbanisme
Implantation
L’implantation urbaine est l’une des premières composantes qui caractérise un objet architectural. Elle définit la façon dont le bâtiment réagit vis à vis du contexte, son orientation et donne souvent les prémisses d’une forme. Nous allons ici analyser la ou les postures adoptées par les différents musées en se basant sur l’état de l’existant en fonction des époques et en identifiant les enjeux de chaque parcelle.
Lorsque Klenze réalise le projet pour la Alte Pinakothek, le quartier Maxvorstadt est encore en pleine construction. La trame orthogonale de la voirie est déjà commencée mais les alentours sont pratiquement vierges de toute construction notamment au nord et à l’ouest. On trouve un peu plus au sud la récente édification de la Glyptothèque et de Königplatz mais le seul bâtiment en rapport direct est une caserne (Turkenkaserne) qui occupe à l’est la moitié de l’ilot. Dans le cas de l’université, directement à l’ouest, le premier bâtiment est construit en 1868 puis après plusieurs agrandissements successifs l’ilot entier fut fermé en 1916.
A l’époque de son édification les qualités du site résident dans sa non-définition.
L’absence de construction aux alentours ne définit pas d’usages clairs ni de volumétrie ou de structure de l’existant. Seul les axes de circulation sont tracés. Situé à la périphérie de la vielle ville, il s’agit d’une zone qui doit encore être définie spatialement et fonctionnellement. Ce cas du développement d’un nouveau quartier offre une grande liberté à l’architecte et lui demande souvent d’affirmer son identité. Ce sont les qualités de la parcelle, la recherche d’identité, le symbole de la nouveauté et la totale liberté qui sont à l’origine du choix de bâtir à cet emplacement. L’enjeu pour Klenze est donc clair, créer le symbole du quartier et amorcer la structure bâtie.
Pour cela, l’implantation choisie par l’architecte est centrale, le volume allongé du musée occupe la parcelle suivant un axe est-ouest. Cela a pour effet de séparer le terrain par son milieu et de dégager deux esplanades de taille équivalente, une au nord et une au sud. En choisissant de ne pas bâtir la rue et en investissant le centre de la parcelle Klenze crée un bâtiment autonome. C’est un objet indépendant se suffisant à lui même trônant au milieu d’un espace dégagé dont on peut faire le tour. Comme dans le cas de la Glyptothèque.
Volumétrie
Volumétrie et implantation sont indissociables pour définir les caractéristiques urbaines d’un bâtiment. Si l’implantation urbaine définit une posture générale vis à vis du contexte, la volumétrie vient compléter cette dernière et fait le premier lien entre forme et organisation intérieure. Elle définit également plus précisément le caractère de la construction.
Du fait de l’implantation centrale choisie pour la Alte Pinakothek, la volumétrie joue un rôle particulier pour affirmer les qualités autonomes du bâtiment. Klenze n’est pas étranger à cet exercice qu’il a déjà réalisé non loin de là pour la Glyptothèque. A cette occasion il réalise un bâtiment très compact de forme carré et de hauteur égale où juste un portique marque l’entrée. Fidèle à ses principes basés sur l’architecture grecque la composition est symétrique, les formes sont simples, l’ordre est clair et les proportions sont classiques.
Dans le cas de la Alte Pinakothek le bâtiment est également unitaire et symétrique mais beaucoup moins compact. Le long volume central est flanqué par deux ailes latérales ce qui donne à la composition une présence beaucoup plus forte sur la parcelle. Le volume possède également à son couronnement un décrochement qui correspond à la double hauteur des salles d’exposition principales. Par ce geste simple, en réduisant la masse du volume sur la partie haute des façades Nord et Sud, l’horizontalité du volume central est renforcé. A contrario, à l’Est et à l’Ouest cette double hauteur se traduit en façade et donne une importance plus particulière au bâtiment sur ses façades transversales. Cela a d’autant plus de sens que dans le projet de Klenze l’entrée se trouvait à l’Est. De part sa forme et sa volumétrie on peut facilement s’imaginer l’organisation intérieure constituée de salles en enfilade sur sa partie horizontale.
Même s’il est possible de contourner le bâtiment la présence des ailes latérales proéminentes couplée à la proximité de la rue et à un alignement d’arbres minimise cet effet. Effectivement la forme en H du bâtiment crée deux angles droits qui referment la perspective. Les façades Nord et Sud sont donc totalement séparées et indépendantes presque comme si elles appartenaient à deux bâtiments différents.
Ce geste simple a un impact très fort, en limitant la capacité du piéton à contourner le musée et à appréhender son volume général Klenze donne à voir deux façades frontales d’une longueur impressionnante : l’effet de monumentalité est immédiat.
Cette perception du volume a un effet direct sur le caractère du musée et lui donne une identité forte.
Au niveau de la volumétrie de la nouvelle pinacothèque Braunfels fait part de respect vis à vis du bâtiment de Klenze. Malgré une surface pratiquement doublée la Pinakothek der Moderne ne dépasse pas en hauteur la Alte Pinakothek. Bien que la rotonde culmine à 25 mètres de haut, le reste du bâtiment reprend fidèlement la hauteur de son illustre voisin. Ce geste fort est rendu possible en plaçant une grande partie des salles d’exposition en sous-sol. `
Dans sa dimension urbaine le bâtiment se définit par sa forme parallélépipédique très simple. Celle-ci est soulignée par le profil continu du toit qui marque la géométrie de la construction. Il fixe une hauteur constante qui n’est dépassée que par la rotonde. Il détermine en plan également les limites claires du musée qu’aucun élément ne vient dépasser. De ce fait un volume pratiquement plein suit cette ligne frontière et seuls les angles nord-ouest et sud-est sont extrudés pour marquer les entrées du musée.
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Table des matières
Introduction
Contexte historique et théorique
Histoire
Architectes
Collections
Synthèse
Rapport à la ville
Urbanisme
Implantation
Volumétrie
Espaces extérieurs
Dimension plastique
Façades
Matérialité
Spatialité intérieure
Rapport aux collections
Concept d’exposition
Scénographie
Thèmes muséaux
Parcours
Circulations verticales
Lumière
Conclusion
Annexes
Bibliographie
Tables des illustrations
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