Nous avons recensé dans notre série 34 cas de cancer rectal, représentant 2,5% de tous les cas hospitalisés, 16,9% des cancers digestifs et 41,3% des cancers colorectaux. Les données épidémiologiques des cancers du rectum sont en général délivrées avec celles des cancers du côlon de façon indissociable. En 2008, 1235108 cas de cancers colorectaux ont été enregistrés à l’échelle mondiale, correspondant à 9,4% de l’ensemble des cancers, les deux sexes inclus et occupant, de ce fait, le troisième rang parmi l’ensemble des cancers. Au Japon, le cancer colorectal occupe le deuxième rang après le celui de l’estomac (16,4%) avec 101656 nouveaux cas en 2008 [2]. Dans notre étude la fréquence du cancer se rapproche de celle de la France qui se situe parmi les pays à taux élevé d’incidence [3]. Cependant, les cancers colorectaux représentent le quatrième cancer en termes de fréquence aux Etats-Unis, 10,7% en 2008 selon l’IARC. Le cancer du rectum à Rabat est le deuxième cancer digestif en termes de fréquence après celui de l’estomac [4]. Par contre, selon le registre du grand Casablanca, le cancer du rectum occupe le dixième rang de l’ensemble des cancers masculins (3,1%) et le sixième chez la femme (2,8%) [5].
Sexe :
Selon les statistiques mondiales du cancer, le cancer du rectum est plus fréquent chez l’homme que chez la femme avec un sexe ratio compris entre 1,5 et 2 [1], ce qui rejoint les résultats obtenues dans notre série. En France, le cancer du rectum est caractérisé par une légère prédominance masculine, avec un sex ratio voisin de 1,5. L’incidence du cancer du rectum à Rabat et à Casablanca est plus élevée chez le sexe masculin [5].
L’age :
Le cancer rectal est caractérisé, dans notre série, par sa prédominance chez des patients jeunes. En effet, 26,46% des cas ont été enregistrés chez des patients de moins de 40 ans.
Des résultats similaires sont retrouvés à l’échelle nationale. A Rabat, l’âge moyen des malades est de 51,9 ans chez les hommes (âge médian : 54 ans) et 49 ans chez les femmes (âge médian: 52 ans) [4]. Dans la région du grand Casablanca, La moyenne d’âge chez les femmes a été de 57 ans et chez les hommes de 53.4 ans[5].
A l’inverse, nous avons noté dans la littérature, que le cancer du rectum survient à un âge élevé. Aux Etats Unis, le cancer colorectal est une maladie du sujet âgé, avec plus de 90% des cas surviennent chez des personnes de plus de 50 ans [6]. En France, l’incidence du cancer colorectal avant 50 ans est d’environ 6 %, puis elle augmente rapidement avec l’âge [1-3]. A Oran, l’âge moyen de survenue est également similaire chez les hommes et les femmes, il est de 55.6 ans (± 0,8) et 54.5ans (± 2,5) respectivement, avec un pic d’incidence vers l’âge de 70 ans [7].
L’origine géographique et le milieu socio-économique:
La majorité de nos patients sont issus d’un milieu socio-économique défavorisé. 24 de nos patients (70,58%) sont d’origine rurale, seuls 10 malades (29,71%) sont issus d’un milieu urbain. Dans la littérature, on rapporte une augmentation de l’incidence du CCR qui se superpose au niveau d’urbanisation croissante [8].
A l’échelle mondiale, la répartition géographique du cancer rectal présente une grande disparité. Ceci est dû probablement à des facteurs environnementaux, diététiques et autres. En effet, ces constatations ont été démontrées à travers une étude de l’incidence des cancers colorectaux au sein des populations immigrantes qui rejoint celle des populations d’accueil [9].
Facteurs de risque et lésions précancéreuses
Le cancer colorectal survient le plus souvent de manière sporadique et il ne s’agit d’une affection héréditaire que dans 5 % des cas [10]. Ce chiffre rejoint celui retrouvé dans notre série puisque les antécédents familiaux de cancer colorectal étaient retrouvés chez 5.8% des patients.
Cancers sporadiques :
Facteurs alimentaires
Le risque de cancer colorectal peut augmenter à cause d’une alimentation riche en viande, en graisse, pauvre en fibres alimentaires et en vitamines. L’effet protecteur des fibres alimentaires est actuellement bien démontré. Le calcium, la Vitamine D mais aussi certains médicaments comme les oestroprogestatifs, les antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS) et l’aspirine auraient eux aussi un rôle protecteur [2-11].
Tabagisme et alcoolisme :
Le tabac augmente également le risque de cancer colorectal, mais les études mettent en évidence un délai de 25 ans entre exposition et risque de cancer [12]. En comparant 3292 cas et 5456 témoins dans une population à risque moyen et ayant eu un test de dépistage de sang dans les selles, une étude a montré que la probabilité d’avoir un cancer colorectal était associée de façon significative à la consommation de tabac même ancienne et à la consommation quotidienne d’alcool [13]. Dans notre étude, 55,88 % de nos patients sont tabagiques.
Le rôle de l’alcool comme facteur de risque de cancer colorectal fait l’objet de controverse. En effet, parmi les études cas témoins retrouvées dans la littérature, environ deux tiers suggèrent que la consommation de bière ou la consommation totale d’alcool augmente le risque de cancer rectal, et le tiers suggère que la consommation d’alcool ne joue pas de rôle [14]. Dans notre série, neuf malade étaient alcooliques occasionnels.
Adénomes sporadiques
La séquence adénome – cancer ne fait plus de doute. La présence de foyers carcinomateux est exceptionnelle dans les adénomes purement tubuleux (1,3 %), alors qu’ils sont observés dans respectivement 11,6 % et 14,4 % des cas d’adénomes tubulo-villeux ou villeux purs [15].
Dans notre série, la rectoscopie a noté dans 4 cas (11,76%) la présence d’une tumeur développée sur un adénome.
Autres facteurs :
Autres facteurs sont incriminés dans les cancers sporadiques : notamment la cholécystectomie, l’obésité, et la sédentarité. Dans notre série, quatre malades (11,76%) avaient des antécédents de cholécystectomie. Cependant il est difficile d’analyser les facteurs de risque des cancers sporadiques en raison du caractère rétrospectif de notre étude et du nombre limité de nos patients.
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Table des matières
Introduction
Matériels et methodes
I-Matériéls et methodes
1-Critéres d’inclusion
2-Critéres d’exclusion
3-Critéres de jugement
4-Source des données
Resultats
I-Données épidémiologiques
1-Fréquence
2-Age
3-Sexe
4-Origine géographique
5-Antécédents
II-Etude clinique
1-Délai diagnostique
2-Symptomathologie clinique
3-Toucher rectal
III-Etude paraclinique
1-Examens à visée diagnostique
2-Bilan d’extension
3-Bilan d’opérabilité
4-Staging pré-thérapeuthique
IV-Traitement Traitement Traitement
1-Traitement chirurgical
2-Radiothérapie
3-Chimiothérapie
4-Délai moyen entre diagnostic et traitement néo-adjuvent et entre traitement
néo-adjuvent et chirurgie
5-Résultats thérapeutiques
V-Statut anatomopathologique de la piéce opératoire
1-Statut ganglionnaire
2-Etats des marges de réséctions
3-Classification en stades pTNM
Discussion
I-Epidémiologie
II-Anatomopathologie
III-Diagnostic positif du cancer du rectum
1-Circonstances de découverte
2-Signes physiques
3-Moyens diagnostiques
IV-Bilan pré-thérapeutique
V-Traitement du cancer rectal
1-Préparation colique
2-Moyens thérapeutiques
3-Indications thérapeutiques
VI-Resultats thérapeutiques
1-Résultats péri-opératoires
2- Résultats oncologiques
3-Résultats fonctionnels
VII-Facteurs pronostiques
1-Stade
2- Evaluation de la maladie résiduelle
3-Grade
4 -Envahissement veineux
5-Perforation tumorale
6-Instabilité des locus microsatellites
7-Mutation du gène de la p53
8-Les protéines DCC et SMAD
9-Thymidilate synthase
10-La carcinose péritonéale
11-Facteurs non validés
12-Le chirurgien est un facteur pronostic essentiel
VIII-Prevention et dépistage
1-Prévention primaire
2- Dépistage
Conclusion
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